Avatars modernes de l'écriture

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07 Jan 2014 11:39 - 09 Jan 2014 11:51 #9076 par Loys

L’écriture avec des tablettes et des ordinateurs est nécessaire à l’école

On ne peut-être que reconnaissant envers Yann Leroux de s'intéresser désormais à l'école et à ce qui lui est "nécessaire". Rappelons que Yann Leroux estime "normale" chez les 7-8 ans une exposition moyenne de 7h30 aux écrans par jour.
De quelle "école" s'agit-il ? De la maternelle ? Du primaire ? Du secondaire ? S'agit-il ici d'apprendre en plus l'écriture numérique ou bien en lieu et place de l'écriture manuscrite ?
Un billet qui s'annonce bien confus et bien peu scientifique, malgré quelques références en début d'article.

Yann Leroux, Docteur en psychologie, psychanalyste et geek ;

Rappelons que sa thèse ("Psychodynamique des groupes sur le réseau internet"), soutenue en 2010, a été dirigée par Serge Tisseron, autre promoteur occasionnel des écrans pour les plus jeunes.

...auteur de "Les jeux vidéo ça rend pas idiot" nous donne matière à réfléchir en ce début d'année 2014 sur l'apprentissage de l'écriture.

...matière à promouvoir les écrans, surtout, puisque c'est la raison d'être de "LudoMag" .

Dans notre culture, l’écriture est une étape importante pour le développement neuro-psycho-affectif de l’enfant.
En apprenant à écrire, l’enfant complète son développement neurologique. Il doit mettre en place des capacités de coordination visuo-motrice très fine puisque les lettres doivent avoir une forme précise, être tracée dans un ordre déterminé, et veiller à ce que les lettres respectent un stricte alignement horizontal.

Autant de capacités que ne peut mettre en place la frappe au clavier.

Sur le plan psychologique, l’écriture soutient l’abstraction, la généralisation, et la spatialisation. L’écriture rompt avec le monde de l’oralité et introduit l’enfant au monde de la « raison graphique » (J. Goody)

L'écriture ou l'écriture manuscrite ? La spatialisation de l'écriture est moins évidente avec un clavier que sur une ligne d'écriture.

Sur le plan affectif, l’apprentissage de l’écriture est une lente appropriation d’un élément fortement investi par les adultes. Pour l’enfant, l’écriture est donc associée à son désir d’identification aux grandes personnes, et à l’estime de soi.
Jusqu’il y a peu de temps, l’écriture était associée au dispositif papier- crayon (ou ardoise-craie).

L'apprentissage de l'écriture se fait par la maîtrise de gestes précis : trois doigts coordonnés (pouce, index et majeur) tenant un "outil scripteur" (craie, crayon, stylo) et le déplaçant sur une surface selon un tracé précis et encadré. Cet apprentissage est concomitant avec celui de la lecture, le geste dans l'espace permettant de mémoriser, d'identifier et de distinguer les lettres. Il s'anticipe par l'apprentissage du dessin, qui permet dans un premier temps d'apprendre à tenir le crayon et ensuite de maîtriser peu à peu le geste dans la direction voulue et selon les inflexions voulues.
Le mouvement d'une souris ou le geste du doigt sur une tablette tactile imite ce geste mais avec infiniment moins de précision, pour des raisons différentes selon qu'il s'agit de la souris ou du doigt.
"outil scripteur", souris ou clavier, l'écriture se fait toujours par l'intermédiaire d'un outil. Le geste du doigt est un geste orphelin : il ne débouche sur aucune utilisation concrète dans la vie.
Sauf utilisation non experte, dans le cas du clavier, de la souris, de la tablette graphique, une disjonction s'ajoute à cette intermédiation : elle s'opère entre la surface où a lieu le geste (clavier, tapis de souris, tablette) et la surface d'un écran où il s'affiche simultanément. Cette disjonction demande un apprentissage de coordination supplémentaire, puisque le regard quitte la surface où se fait le geste pour celle où il s'affiche .

Les tablettes et les ordinateurs sont aujourd’hui utilisés banalement pour écrire...

On n'écrit pas avec un clavier, on tape ou on frappe (même image) sur un clavier, physique ou virtuel. Le geste est fondamentalement différent et fait l'objet - pour être efficace et rapide - d'un autre apprentissage spécifique, la dactylographie. La plupart des utilisateurs de claviers modernes frappent avec deux doigts seulement (les index) : la disposition des lettres n'est pas optimisée pour cet usage. Cet apprentissage dactylographique devient par ailleurs caduc avec le clavier virtuel d'un appareil mobile qu'il faut tenir avec une ou deux mains : de plus la disposition des lettres dans le clavier virtuel varie d'un appareil à l'autre. La génération des plus jeunes, moins habitués au geste du clavier, utilise spontanément les deux pouces sur le smartphone, son moyen privilégié d'écriture : ce type d'écriture, moins efficace, oblige au format court (SMS, tweets etc.) et à l'adoption d'une langue abrégée spécifique. Il serait très long de taper un texte de longueur moyenne sur un smartphone.
Dans ces conditions : de quelle "écriture numérique" l'apprentissage est-il nécessaire : dix doigts, deux majeurs, deux pouces ? :scratch:
A noter de plus qu'il existe aujourd'hui des logiciels de reconnaissance vocale permettant de s'abstenir même de tout geste ou presque pour écrire. Ces logiciels connaissent des limites : reconnaissance approximative et conditions d'utilisation plus restrictives.

...et la question de leur introduction à l’école se pose de plus en plus.

Que faut-il comprendre par l'expression "introduction à l'école" ? De quoi parle-t-on ?

Souvent, cette introduction est pensée en termes antagonistes : l’écriture numérique est opposée à l’écriture papier-crayon.

Absolument pas. L'écriture numérique (qui ne se définit donc pas par un geste, comme on vient de le voir, mais par un résultat : des caractères numériques, enregistrés dans la mémoire d'une machine informatique, s'affichant sur la surface d'un écran et pouvant être reproduits et/ou diffusés instantanément) est le prolongement naturel de l'écriture manuscrite. L'écriture manuscrite permet l'écriture et la lecture numérique, mais l'écriture numérique ne permet pas l'écriture manuscrite. Quelqu'un qui ne saurait que taper à la machine ne pourrait pas écrire et aurait des difficultés à lire une écriture manuscrite.
Plusieurs observations historiques connexes :
- le clavier, invention du XIXe siècle, est bien antérieur au numérique qui perpétue ici une tradition d'écriture déjà ancienne. La question que se pose Yann Leroux n'a donc pas beaucoup plus de raison d'être aujourd'hui qu'au milieu du XXe siècle par exemple, quand les machines à écrire étaient déjà très répandues dans le monde professionnel.
- Avec l'imprimerie l'écrit s'est depuis longtemps affranchi du geste de l'écriture manuscrite (même si elle se fonde généralement au départ sur un exemplaire manuscrit original) : seul le différé de la reproduction et de la diffusion distingue l'écriture imprimée de l'écriture numérique, immédiate dans son affichage mais aussi éventuellement dans sa reproduction et sa diffusion.

Les discussions sont souvent nimbée d’un halo de nostalgie qui idéalise l’écriture sur le papier.

Ou comment disqualifier par avance tout contradicteur éventuel, suspect de conservatisme. :santa:

On oublie alors que l’abandon de la plume sergent-major a été vécue comme un drame et présentée dans des termes qui sont ceux du débat actuel sur les dispositifs numériques.

De fait, avec l'abandon de la plume, la graphie manuscrite s'est détériorée d'un point de vue esthétique : il suffit d'observer des cahiers d'écolier pour s'en convaincre.
On constate ainsi que des élèves en fin de scolarité obligatoires peuvent encore - dans les publics scolaires les plus défavorisés - avoir de graves problèmes non pas seulement de langue, de syntaxe mais de graphie, dont la principale cause est l'insuffisance de la mise à l'écrit.
Quant à la graphie numérique, elle est plus lisible mais offre une esthétique standardisée qui ne renforce "l'estime de soi" que de façon très illusoire. Curieuse conception de la psychologie qui - pour renforcer l'estime de soi face à un obstacle - propose de supprimer l'obstacle...
L'écriture manuscrite, plus simple à mettre en œuvre et plus rapide, offre par ailleurs des garanties que n'offre pas l'écriture numérique, surtout quand elle est connectée : celle (avec quelques limites bien sûr) d'un travail personnel par exemple, lors d'un examen ou d'un concours. C'est d'ailleurs ce qui singularise aussi l'écriture manuscrite : son caractère personnel. Une graphie est propre à une personne, ce qui n'est pas le cas d'une police.

Les enseignants savent l’importance de l’écriture en termes d’intégration de l’image du corps. Les bonnes performances en copie sont associés aux compétences visuomotrices (Weil & Cunningham Amundson, 1994). Par ailleurs, l’écriture a des effets d’entrainement sur ces capacités. Il y aurait donc une sorte de cercle vertueux de l’écriture qui tirerait les enfants vers le haut.

On notera l'emploi du conditionnel s'agissant des vertus supposés de l'écriture (manuscrite puisqu'il faut le préciser ici). :doc:
Yann Leroux ne semble en rien associer les apprentissages de la lecture et de l'écriture. C'est fâcheux pour quelqu'un qui émet des recommandations aussi radicales que les siennes. La frappe au clavier suppose en effet acquise la reconnaissance des lettres, ce qui n'est pas sans difficulté pour certains élèves, d'autant que le clavier comporte toutes les lettres et dans un ordre qui n'est pas l'ordre alphabétique.

Mais l’écriture peut également être un cercle vicieux, entrainant l’enfant toujours plus bas dans la mésestime de soi.
En effet, trop souvent l’école identifie l’écriture à l’élève. Un bon élève aura une bonne écriture, et une bonne écriture sera le fait d’un bon élève.

Un écriture lisible, propre, voire agréable, témoigne surtout de la prise en compte de celui qui lit. Ce respect est généralement le signe d'une bonne volonté scolaire et inversement : rien de plus.

Pour les élèves qui écrivent « mal » , ce rapport a des effets gravement inhibant.

Le problème n'est pas dans les effets mais dans les causes. Comment se fait-il qu'un élève écrive mal ? A ce sujet la lecture de Michel Desmurget apporte quelques éléments de réponse : la passivité devant les écrans est en effet corrélée avec la faiblesse des capacités graphiques dès le plus jeune âge.
Merci Serge Tisseron et Yann Leroux, bons apôtres des écrans pour les enfants ! :santa:

Puisque écrire bien est le signe d’une bonne pensée...

:shock:

...cela signifie qu’ils pensent mal ou que leur pensées ne sont pas bonne a partager.

Et Yann Leroux, en pédagogue qu'il est, postule que ce n'est pas possible. :doc:

La rature et la réécriture sont insuffisamment valorisées à l’école, et sont compris comme des échecs, alors que ce sont des traductions des aller-retour et des hésitations de notre pensée.

:roll:
Le travail au brouillon au contraire est extrêmement valorisé à l'école. Mais en tant que travail au brouillon : la mise au propre d'un travail de rédaction témoigne - elle - de la prise en compte d'autrui, but louable s'il en est. La mise au propre a cette vertu de contraindre à finaliser un travail.
Par ailleurs cette réflexion ne vaut pour le travail d'un document sur un traitement de texte, lequel ne représente en vérité qu'une partie très négligeable de l'écrit des adolescents. Qui écrit des brouillons de SMS ?
Notons enfin que le travail au brouillon (suppression, ajours, déplacements, copier-coller etc.) est nettement facilité par l'utilisation de la souris en plus du clavier. La tablette constitue de ce point de vue une régression d'usage : personne ne songerait à utiliser une tablette pour rédiger un texte long. Tablettes et smartphones sont de ce point de vue peu favorables à l'écrit.

Pour les élèves en mal d’écriture, l’encre numérique peut être salutaire.

On ne sait toujours pas de quels élèves parle Yann Leroux !

Les tablettes et les ordinateurs portables mettent enfin les plaisirs du travail de l’écriture à portée de main.

Si tel est le cas, pourquoi les élèves, habitués à ces outils, ne trouvent-ils pas plus facilement ce plaisir depuis une dizaine d'années ? On constate pourtant le contraire. Ordinateurs et maintenant tablettes soustraient à l'économie de l'attention et ne valorisent pas le travail ou l'effort mais la consommation passive de contenus (souvent peu pédagogiques, voire rarement sous forme écrite même). :devil:
A noter que l'écriture numérique, outre qu'elle exige matériel technologique et électricité : elle est également beaucoup plus lente que l'écriture manuscrite. Ses principaux avantages sont effectivement sa souplesse et ses possibilités infinies de reproduction et de diffusion.

Pour les forçats de l’écriture manuscrite...

Avec le terme "forçats", on est vraiment dans la rigueur de l'analyse scientifique. :roll:

...pour ceux qui doivent se concentrer sur la taille de la lettre, leur rattachement à la lettre suivante, l’espacement des mots, l’encre numérique est une bouée de sauvetage.

Ou plutôt une béquille. Yann Leroux suggère donc à des élèves ayant des difficultés de graphie de renoncer à surmonter ces difficultés : c'est effectivement une bonne façon de renforcer leur "estime de soi" ! :cheers:
Pour donner raison à Yann Leroux, le travail au brouillon numérique est effectivement une chose extrêmement appréciable (même s'il présente aussi des inconvénients : la perte de mémoire du cheminement de la pensée. Que seraient les brouillons d'un Flaubert aujourd'hui ?)

Ils n’ont plus à se soucier de savoir si leur ligne d’écriture tombe mollement vers un coin de la feuille, ou si elle décolle irrépressiblement vers le haut. Il leur reste à gérer la seule question importante : les idées. Leurs idées.

Le sens primant sur la forme : une vieille revendication néo-pédagogique en forme de renoncement.
La réflexion de Yann Leroux témoigne surtout d'une méconnaissance des élèves, qui ne sont au contraire pas du tout inhibés par leur graphie puisqu'ils n'ont pas consciences des enjeux de celle-ci.
La mise en forme d'une pensée ne passe pas uniquement par la graphie mais par de nombreuses autres contraintes (paragraphes, alinéas, justification, majuscules, ponctuation, orthographe, syntaxe, étapes d'une construction narrative ou argumentative etc.). Si seules les "idées" comptent, pourquoi ne faire abstraction que de la graphie ? :santa:

Pour les élèves qui ne sont pas en difficulté, le bénéfice est également important puisqu’ils bénéficient d’un support d’écriture supplémentaire.

Il n'est plus "supplémentaire" si l'apprentissage de la frappe au clavier remplace l'apprentissage de l'écriture manuscrite.

Il peuvent passer des plaisirs de la page blanche aux plaisirs de l’écran blanc.

:scratch:

L’intérêt de l’écriture numérique est connu depuis Sketchpad. Les dispositifs numériques permettent d’écrire et de réécrire mille fois un texte. Elle libère de la culpabilité de la tâche et de la rature.

Cette "culpabilité", à supposer qu'elle existe car on la rencontre rarement dans nos copies, n'existe que pour ceux qui n'utilisent pas le brouillon : ceux-là par définition s'exonèrent de tout travail et il y a peu de chance que le numérique y change quoi que ce soit (en plus du fait qu'il leur propose d'autres distractions...).

Elle permet de se lancer dans les plaisirs de l’écriture. Sa fluidité la rend plus proche de la manière dont nous pensons. En ce sens, elle allège la pensée.

C'est vrai pour ceux qui aiment penser et réfléchir. Pour les autres, elle l'allège mais d'une autre façon . :mrgreen:

Mais la capacité de sauvegarde rend également les choses moins futiles.

C'est vrai pour ceux qui écrivent vraiment et qui utilisent des documents à cet effet, avec toutes les limites habituelles des machines informatiques et du stockage qu'elles proposent : disparition au fond d'un dossier, effacement volontaire ou pas, panne et perte définitive. Nous avons retrouvé des textes écrits de plusieurs centaines d'années. Sera-ce le cas avec nos disques durs actuels ?

Par sa fonction de mémoire, l’écriture numérique « aggrave » la pensée.

Est-ce si vrai s'agissant des SMS ou des tweets ? :santa:

En d’autres termes, l’écriture numérique est l’écriture tout court...

:scratch:
Eh bien non : l'écriture numérique s'adjoint un adjectif, comme l'écriture manuscrite d'ailleurs.

... et c’est pour cela qu’elle devrait être proposée à l’école.

Elle l'est souvent. :roll:

Que l’on s’entende bien. Les outils numériques ne sont pas une panacée.

Parle-t-on de l'écriture numérique ou des "outils numériques" ? :scratch:

Ils posent des questions et des problèmes inédits. Par exemple, puisqu’il est facile d’écrire et d’effacer, il devient plus facile d’écrire n’importe quoi.

Ni plus ni moins que sur n'importe quel brouillon.

En d’autres termes, si la culpabilité peut être stérilisante avec un papier et un crayon, son absence devient tout autant problématique avec un dispositif numérique puisque les pensées peuvent être insuffisamment filtrées.

C'est surtout l'anonymat qui est désinhibant, sur Twitter par exemple .

Le second problème correspond à ce que j’appelle la tyrannie de l’idéal. Les mondes numériques sont des mondes de la perfection. Les possibilités d’ajustement sont si nombreuses, si précises, que l’on peut perdre beaucoup de temps a tenter d’atteindre la perfection. Concrètement, cela signifie que l’élève procrastinera pour savoir s’il mettra Helevetica 12 bleu ou Georgia 11 noir. En d’autres termes, il perdra de vue le contenu en donnant trop d’importance au contenant.

Les quelques objections faites par Yann Leroux semblent bien faibles et bien éloignées des véritables problèmes que pose l'écriture numérique.

Un autre argument en faveur de l’écriture électronique à l’école est qu’elle est tout simplement inévitable.

Argument massue. Il aurait fallu commencer par là. :mrgreen:

Les enfants qui arrivent à l’école ne sont pas vierge de toute écriture. Il existe une pratique enfantine de l’écriture qui ne dépend pas de l’école Les pédagogues apprennent cette écriture « inventé » ou « approchée » selon l’importance que l’on donne à l’écriture adulte comme modèle. Cette écriture s’appuie sur des désirs d’identification de l’enfant aux parents. Or, que voient les enfants aujourd’hui ? Sur quoi écrivent leurs parents ? Comment donnent-ils des nouvelles à leurs proches ? Ou écrivent-ils les listes des commissions ?

A ce compte-là il faudrait aussi renoncer à la lecture... :santa:

Dans un monde où le mail a remplacé la carte postale et le smartphone le bout de papier, va-t-on demander encore longtemps aux enfants d’écrire à la main ?

Il s'agit donc bien de renoncer à enseigner l'écriture manuscrite. :fur
Appliquons le raisonnement techniciste jusqu'au bout : dans un monde où la recherche sur Google peut être vocale, va-t-on demander encore longtemps aux enfants d’écrire ?

Va-t-on demander aux enfants d’être les conservateurs d’un musée que les adultes ont déserté ?

Les enfants doivent en tout point imiter les adultes : c'est le fondement de l'éducation. :doc:
En quoi des enfants destinés à devenir eux-mêmes des adultes seraient-ils condamnés à être des "conservateurs" ? :scratch:

Puisque la culture est devenu numérique...

Vu comme ça... :transpi:
Cette question d'une culture numérique est assez déroutante. Une culture est affaire de contenus, pas de contenants.

... va-t-on encore longtemps éloigner les enfants du numérique ?

Car en tous points l'école doit ressembler à la maison. :doc:

N. B. Bien évidement, les tablettes et les ordinateurs coûtent cher. On peut donc penser que c’est une question d’équité que de ralentir leur introduction à l’école. J’aurais plutôt tendance à penser que c’est le meilleur moyen de maintenir d’inégalité.
Les enfants de milieu favorisé auront de toute façon chez eux des ordinateurs et des tablettes.

Yann Leroux, qui connaît bien les élèves défavorisés, sait à quel point ils sont cruellement privés d'écrans. :transpi:

Les autres n’auront pas ce que l’école aurait pu leur apporter : une occasion de pallier un mauvais jet de dés de la société.

Ultima ratio : la promotion des écrans au nom de l'égalité des chances. Yann Leroux serait resté bloqué sur la première fracture numérique, qui n'existe presque plus, et n'aurait jamais entendu parler de la seconde fracture numérique ? :santa:
L'école peut - et doit - leur apporter bien autre chose que la "culture numérique" qui est déjà la leur (et dont Yann Leroux, prudemment, ne donne aucun exemple).

Par ailleurs, la question de l’inéquité n’est qu’une question de temps. Il ne fait pas de doute que des tablettes et des ordinateurs a 100 euros seront bientôt courants. Que cherchera-t-on alors comme excuse ?

Yann Leroux s'est longuement documenté pour écrire ce billet : www.laviemoderne.net/veille/ecrans/5289-...ablettes-dans-l-oise
Quant à terminer par l'argument du coût, c'est finir avec l'argument le plus indigne d'un "psychologue".
Dernière édition: 09 Jan 2014 11:51 par Loys.

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08 Jan 2014 08:10 #9091 par Spinoza1670
:papy: J'oubliais ...
De très bons articles "pratiques" sur Tilekol : www.tilekol.org/archives
Danièle Dumont, polices d'écriture, marges et carreaux, tablettes...

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13 Jui 2014 09:32 - 13 Jui 2014 09:33 #10904 par Loys
Dans "Le Monde" un an et demi après on trouve toujours colportée la même erreur :

Pis, dans 45 Etats américains sur 50, l'enseignement de l'écriture manuscrite est entre-temps devenu optionnel . « C'est dommage, car les notes manuscrites stimulent mémoire et créativité », rappelle le site Cerveau & Psycho.

Source : www.lemonde.fr/societe/article/2014/06/1...es_4435270_3224.html
Dernière édition: 13 Jui 2014 09:33 par Loys.

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09 Juil 2014 10:53 #11210 par Loys
Dans "EducaVox" du 4/07/14 : "Bacheliers, c’était la dernière fois que vous avez écrit à la main !" par Michel Guillou.

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09 Juil 2014 11:09 - 09 Juil 2014 11:44 #11211 par Loys

Bacheliers, c’était la dernière fois que vous avez écrit à la main !

Comme c'est la dernière fois que les bacheliers ont composé dans la plupart des disciplines présentes à l'examen... :roll:

Savez-vous, heureux bacheliers, que c’était la dernière occasion pour vous de vous servir d’un stylo pour écrire ? Savez-vous que vous pouvez, pour l’été qui vient et pour la vie future, ranger soigneusement pour la postérité et les montrer, plus tard, à vos enfants, tous ces stylographes de toutes les couleurs que vous transportiez jusque là dans cette si jolie trousse ?

On dirait que Michel Guillou n'a jamais eu connaissance des stylets pour tablette tactile ou tablette graphique. :mrgreen:

À l’université ? Il y a toutes les chances du monde que les professeurs exigent de vous, étudiants, que vous rendiez vos rapports, devoirs, comptes rendus sous forme dématérialisée, sur l’espace en ligne réservé à cet effet ! Rares sont ceux d’entre ces professeurs qui tolèrent encore, dans certaines spécialités — et ce ne sont pas obligatoirement des enseignements littéraires —, qu’on puisse rendre son travail sous forme manuscrite !

C'est vrai que c'est plus simple de contrôler le copier-coller avec des travaux non manuscrits. :transpi:
Voir ce site : archeologie-copier-coller.com/

Et si vous voulez vous faire bien voir et qu’on accorde un peu plus de temps et de considération à ce que vous avez produit, il vaut mieux et de loin utiliser la forme numérique, qui conviendra d’ailleurs bien mieux à votre imagination et à vos productions sonores ou faites d’images fixes ou animées.

"qui conviendra d’ailleurs bien mieux à votre imagination"... :transpi:
Forme numérique dont rien ne garantit qu'elle est bien l'émanation d'un travail personnel, contrairement à l'écriture manuscrite.

Au travail, dans les entreprises ou les services ? Il y a aussi bien longtemps que ces secteurs de l’économie ont fait leur mutation numérique. Il y a, là aussi, de fortes chances qu’on vous rie au nez si vous rendez ce rapport tant attendu bien écrit à la plume, avec des pleins et des déliés !

Michel Guillou confond avec les années 30... :papy:

Et qu’on vous le fasse refaire.

Mais bien sûr ! :santa:

Oh ! on tolère bien de temps en temps, dans les réunions, que vous sortiez un joli petit calepin pour y glisser quelques notes manuscrites. Ça peut faire tout de suite plus sérieux. Mais n’en abusez pas et apprenez à vous servir de la tablette qu’on vous a confiée pour la saisie des notes, cela montrera votre engagement dans l’entreprise et le numérique.

:mrgreen:

Et puis, ce sera tellement plus facile à partager avec vos collègues !

Sans doute mais précisément l'écriture manuscrite dans les examens vise à empêcher ce sympathique "partage" qui ne garantit pas un travail personnel. Il est vrai que pour Michel Guillou la notion même de travail personnel n'a aucun sens (même s'il continue de signer de son nom ses innombrables articles).
Les moocs buttent d'ailleurs sur l'identification de la frappe au clavier pour délivrer leurs certifications et proposent de bons vieux examens en présentiel. Comme quoi la tradition scolaire a du bon... :cheers:

Dans la vie de tous les jours ? Pour remplir votre déclaration d’impôts, payer une amende pour vitesse excessive, demander un extrait de l’acte de naissance… que sais-je ? Tout ça se fait en ligne maintenant, de manière complètement automatisée. Ne sortez pas vos lettres et vos timbres, vous n’en aurez pas besoin.
C’est fini, vous dit-on !

Enfin, tant qu'il y a de l'électricité et du réseau. :rirej

Oh, c’est vrai, ça ferait tellement plaisir, cet été, à votre vieille tante de recevoir une carte postale de votre lieu de vacances ! Oh, c’est vrai, ça fait tellement plaisir à votre médecin que vous lui fassiez un chèque avec la somme bien écrite à la main !
Gardez donc un stylo pour ce faire. Et rangez tout le reste…
Ah non, ne le rangez pas tout de suite, en fait. Gardez-le encore un peu, des fois que vous souhaitiez devenir professeur. Dans vingt ans, il vous faudra corriger les copies du bac ! En rouge, s’il vous plaît.

Bon, à part exprimer pour la énième fois sa détestation des enseignants, un corps conservateur qui aime mettre des notes pour stigmatiser les élèves, on se demande bien quel est le but de cet article de Michel Guillou...
Dernière édition: 09 Juil 2014 11:44 par Loys.

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10 Sep 2014 17:46 - 26 Nov 2014 19:08 #11655 par Loys
Sur le site de l'Académie de Paris : "Conférence : écrire à la main, écrire au clavier"

"Conférence : écrire à la main, écrire au clavier"
Le 22 mai 2014, Jean-Luc Velay, chercheur au CNRS, spécialiste de l’écriture et du cerveau, a expliqué ses recherches pour mettre au jour la spécificité de l’apprentissage de l’écriture manuscrite et de l’écriture dactylographique.
Jean-Luc Velay a présenté ses hypothèses, ses expériences et les conclusions – provisoires – qu’il en tire.
Retrouvez dans " En savoir plus " le Powerpoint de Jean-Luc Velay ainsi que la vidéo de son intervention.
Présentation Powerpoint : est-il toujours utile d'enseigner l'écriture manuscrite ? (9,49 Mo)
Vidéo de la conférence de Jean-Luc Velay sur l'écriture (22 mai 2014, 1h29mn)

Dernière édition: 26 Nov 2014 19:08 par Loys.

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16 Nov 2014 22:14 - 16 Nov 2014 22:14 #12414 par Loys
Dernière édition: 16 Nov 2014 22:14 par Loys.

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26 Nov 2014 19:10 #12518 par Loys
Rebelote avec la Finlande : "La Finlande abandonnera l’enseignement de l’écriture manuscrite en 2016"
L'article a été édité à la suite d'un de mes commentaires, mais le titre est resté le même.

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26 Nov 2014 22:05 - 26 Nov 2014 22:06 #12524 par Loys
Quand ça veut pas, ça veut pas. :mrgreen:
Toujours la même confusion dans "Le Figaro" du 26/11/14 : "Le linguiste Alain Bentolila s'élève contre la fin de l'écriture manuelle"

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Dernière édition: 26 Nov 2014 22:06 par Loys.

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28 Nov 2014 20:07 - 30 Nov 2014 00:16 #12537 par Loys
Et encore un article (plus où moins copié-collé) où la confusion est systématique : "En Finlande, fini les cahiers, vive les claviers !" ("Nouvel Obs" du 28/11/14).

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Dernière édition: 30 Nov 2014 00:16 par Loys.

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