Les polémiques sur les vacances scolaires

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01 Juil 2023 17:53 - 27 Oct 2023 22:18 #24577 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Colère rentrée"
Dans "Le Monde" du 28/06/23 : "Avec la durée des vacances d’été, Emmanuel Macron relance un sujet complexe et clivant"


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Sur "France Inter" du 8/07/23 : "Durée, dates de départ et de retour : on a analysé les vacances d'été de ces 64 dernières années"

Attention : Spoiler !


Voir ici : www.laviemoderne.net/veille/etre-enseign...-bashing/24571#24571
Dernière édition: 27 Oct 2023 22:18 par Loys.

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05 Juil 2023 14:33 - 27 Oct 2023 22:22 #24583 par Loys
Et les émeutes de 2023... s'expliquant par les vacances scolaires trop précoces !

Dans 'L'Obs" du 4/07/23 : "Emeutes urbaines : et l’école resta sans voix" par Gurvan Le Guellec.


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Quelques commentaires s'imposent.

Reste qu’on peut et doit s’interroger sur les motifs de cette violence. Le nihilisme destructeur, mâtiné de culte du veau d’or qui semble motiver une partie des émeutiers mériterait peut-être qu’on se questionne sur les projections offertes à la jeunesse d’origine populaire. Et sur l’efficacité des services publics qui leur sont destinés, au premier chef l’école. Tous les jeunes de banlieue ne sont pas des émeutiers, on aimerait que ce soit plus souvent rappelé mais tous les émeutiers semblent bien venir des périphéries fortement ségréguées des grandes villes et être d’âge scolaire pour une grande partie d’entre eux. Ce n’est pas anodin.

C'est ici que le raisonnement déraille : mettre en cause l'école des quartiers pauvres, et pas la pauvreté des quartiers pauvres.

La ségrégation sociale et ethnoculturelle plombe notre école

Depuis deux ans, « l’Obs » a multiplié les dossiers sur la fracture scolaire, l’école à double vitesse, la vraie carte des inégalités, bref la ségrégation sociale et ethnoculturelle qui plombe notre système éducatif et le caractère tout sauf fortuit de ce phénomène. C’est un constat : après trente ans de démocratisation scolaire, les CSP + de droite comme de gauche veulent de moins en moins mêler leurs enfants à ceux des classes populaires, jugés mal éduqués. Malgré les situations d’apartheid que cette accumulation de petits renoncements individuels génère, malgré l’évidence que les quelques politiques de mixité tentées ici et là transforment les destins scolaires… et malgré une série d’études statistiques qui ne permettent plus de s’enfermer dans le déni, les lignes n’ont pas bougé. La droite affirme toujours sans vergogne que la mixité n’est pas une priorité, voire qu’elle est inutile. La macronie ne le dit pas mais n’en pense pas moins. La gauche, gênée, est à peine audible.

L'école publique subit de plein fouet la ségrégation de la société, et lutte contre elle comme elle peut. Mais cette ségrégation qui est présentée ici comme informelle est en réalité institutionnelle : nulle mention n'est faite dans ce billet de l'enseignement privé.

Nahel nous conduira-t-il à une forme de prise de conscience ? Pourquoi pas… Le dernier sursaut républicain, en matière scolaire, date de 2015, quand le gouvernement Valls, après les attentats, jugea subitement pertinent de lancer des expérimentations de « mixité scolaire ». Celles qui commencent à donner des résultats aujourd’hui. Comme s’il fallait forcément du sang et des larmes pour que nous soyons rappelés à nos responsabilités.

On se demande où peuvent être consultés ces résultats...

La mixité (sociale) mise en place n'a été qu'illusoire, et elle n'apporterait de toute façon que des solutions illusoires (la mixité scolaire important beaucoup plus). Le problème est de toute façon celui d'une école qui a perdu une grande partie de son efficacité. Voilà qui permet avant tout d'expliquer pourquoi sont de plus en plus vides "les projections offertes à la jeunesse d’origine populaire".

Mais d'un problème très général, l'auteur du billet en arrive à un problème très limité : la durée des vacances scolaires :

La droite de MM. Ciotti, Larcher et Retailleau n’a toutefois pas tort : la mixité ne peut pas tout. Pour que l’école participe à l’émancipation des esprits et à la déghettoïsation des corps, déjà faudrait-elle qu’elle soit présente… et donc ouverte. Chez nos collègues du « Monde », des profs de banlieue se sont ouverts de leur désarroi face à un déchaînement de violences pas totalement inattendu dans des « populations stigmatisées et précarisées où l’amertume et l’humiliation laissent place à la colère et la rage viscérale ». Ils parlent également de leur inquiétude de voir leurs élèves – bons ou mauvais – emportés par « l’effet de groupe » alors que les établissements sont fermés. Sur ce point-là, le rubricard éducation que je suis ne peut pas s’empêcher de tiquer. Car, en toute logique, les collèges et lycées ne devraient pas être fermés à deux ou même une semaine de la fin de l’année scolaire. Les épreuves du bac et du brevet étant derrière nous...

Le brevet a eu lieu les 26 et 27 juin 2023, le grand oral du bac jusqu'au 30 juin 2023 et les oraux de français jusqu'au 4 juillet en Île-de-France, sans parler des épreuves du second tour (le rattrapage) : donc, non, les établissements ne "ferment" pas "leurs portes" après la fin des cours. L'un des passagers de 14 ans du bolide dont la mort du conducteur, âgé de 17 ans et déscolarisé depuis longtemps, a déclenché les émeutes, était d'ailleurs conduit à son brevet...

La raisonnement laisse de toute façon perplexe : si les troubles avaient eu lieu après le 14 juillet ou après le 15 août, la cause en aurait aussi été les vacances scolaires ?

[...] ils devraient même être pleinement et intensément ouverts, profitant du temps suspendu de la fin d’année pour aborder les apprentissages de manière plus concrète, mettre en avant les talents scolaires et extrascolaires des élèves avant le grand relâchement cérébral et cognitif de juillet-août. Et contribuer à raffermir le sentiment d’attachement à l’école que l’on sait particulièrement dégradé en France à partir de l’entrée dans le secondaire.

Comme nous l'avons vu, le temps n'est suspendu dans les établissements scolaires que parce qu'il s'y passe des examens, avec des épreuves qu'il faut faire passer et corriger, avec des réunions pour ce faire s'y ajoutant.

Rien de vraiment nouveau à ce que les cours eux-mêmes n'aient plus lien dans la dernière partie du mois de juin. Les vacances d'été étaient même plus longues autrefois dans une école plus efficace. Faux problème donc, mais vraie obsession d'une partie des politiques et par là des médias. Le président de la République n'a-t-il pas mis en cause les vacances quelques jours plus tôt au nom de la lutte contre les inégalités ?

Et à faux problème, fausse solution (pédagogique) faisant le procès des enseignants et de leur enseignement : les apprentissages plus concrets (?) pour "mettre en avant les talents scolaires et extrascolaires des élèves" ?

Un simulacre d'enseignement (dans des établissements "pleinement et intensément ouverts") pour en réalité... faire garderie. L'auteur met par la suite "le service public de l’éducation et le service public des vacances pour tous" sur un même plan.

Fustigeant la non-reconquête du mois de juin, l'auteur ne fait aucune observation sur les nouvelles épreuves du baccalauréat passées en mars, occasionnant une atterrante démobilisation scolaire ensuite. Il s'agit plutôt de faire le procès des enseignants.

Lycées et collèges fermés signifient oisiveté forcée

Que font les élèves depuis ce temps ? La question ne se pose pas vraiment pour les enfants de cadres, de profs ou de journalistes. Leurs loisirs estivaux sont aussi programmés que leur carrière scolaire est tracée. Certains sont déjà revenus de leur stage linguistique, d’autres partent en camp scout ou dans la résidence avec piscine de papi-mami.

 

Les minots qui me réveillent à 2h30 du matin à coups de mortiers et que j’aperçois depuis mon balcon panoramique donnant sur l’avenue principale de ma ville de banlieue semblent beaucoup moins occupés.


L'école, responsable des activités nocturnes des élèves également ?

Et guère politisés. Je les entends s’alpaguer – le béton résonne – et, derrière leurs petites ombres noires, je vois curieusement mes deux fils de 6 et 12 ans jouer au chat et à la souris avec leurs amis, la violence en plus, le respect de l’autorité en moins.

Si ça se trouve, il y a même peut-être des enfants d'origine populaire qui sont travailleurs, respectent l'autorité et ne pratiquent pas la violence !

Quelle est la part de l’oisiveté forcée dans ces débordements ? Ce serait bien présomptueux de le dire. Mais force est de constater que cette violence n’est pas nouvelle – les banlieusards n’ont pas attendu la mort de Nahel pour découvrir le bruit des mortiers – qu’elle connaît bien des pics saisonniers, et que ces pics correspondent à la période de latence entre la fermeture « officieuse » des établissements et le vrai début des grandes vacances après le 14 juillet.

Bref, le cœur du billet est sans objet...

Vivre en banlieue c’est accepter de se coltiner la violence que génère notre société et parfois tenter, à son humble niveau, de la résoudre. Les énergies qui s’y déploient, malgré le fatalisme, malgré la résignation, peuvent être phénoménales.


Mais visiblement pas celle des enseignants, qui n'en font pas assez et qui pourraient assurer leurs cours en même temps qu'ils surveillent, corrigent et harmonisent des examens.

Mais si le service public de l’éducation et le service public des vacances pour tous – de plus en plus inexistant hélas, c’est encore un autre sujet – pouvaient assumer leur rôle pleinement et nous aider à rafraîchir les esprits échaudés, avouons tout de même que cela aiderait. La fameuse « reconquête éducative du mois de juin » que nous promettent les ministres de l’Education nationale depuis vingt ans sans jamais s’en donner les moyens, n’a rien d’un caprice de parent d’élève énervé. C’est un dû et un enjeu de société.

La clef de l'article apparaît enfin car, même si l'auteur s'en défend, on dirait quand même un caprice d'un parent d'élève énervé.
Dernière édition: 27 Oct 2023 22:22 par Loys.

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27 Oct 2023 22:21 #24784 par Loys
Dans "Le Monde" (abonnés) du 25/10/23 : "Retour à l’école le 20 août : « Les vacances risquent-elles d’altérer les compétences ? »" par Philippe Askenazy.

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