"Les réseaux sociaux vont-ils changer l'école ?" (RSLN)

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26 Sep 2012 20:05 #1444 par Loys
A lire sur RSLN du 24/09/12 cet article : "Les réseaux sociaux vont-ils changer l'école ?"

La forme de la fausse question commence à devenir une habitude tenace des promoteurs du numérique.


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26 Sep 2012 20:06 #1445 par Loys
Quelques commentaires.

« Faut-il autoriser Internet aux examens ? ». Cette épineuse question, dont nous nous faisions écho récemment, soulève un débat de fond sur nos méthodes d'apprentissage. Dans un monde où les informations sont disponibles à tout moment et en tout lieu, peut-on en effet libérer notre mémoire de toutes ses connaissances pour apprendre plutôt des compétences, plus souples ?

C'était, en substance, la question qu'explorait le colloque « Apprendre avec les réseaux socionumériques » qui, du 17 au 21 septembre, réunissait à Poitiers des pédagogues, des universitaires et des professionnels du numérique éducatif.

Au vu de l'intitulé du colloque, la question semble résolue. :mrgreen:

Un questionnement qui part d'un constat : les outils numériques, les réseaux sociaux et les usages du web social en général ont radicalement transformé les pratiques d'information des élèves d'aujourd'hui.

L'école n'a pas grand chose à voir avec l'information.

Jusqu'à dessiner un nouveau modèle d'apprentissage ? Certains le pensent, et nous prédisent un contexte éducatif moins magistral, structuré et linéaire, que ce que l'école propose depuis plus d'un siècle.

Des pédagogues inventifs l'avaient déjà proposé et même en partie imposé à l'école bien avant la venue du numérique, avec le slogan de "l'élève au centre du système" au tournant des années 1990. Avec les résultats que l'on constate aujourd'hui.

> La montée en puissance des apprentissages informels

Pour Patrick Neuhauser, la révolution numérique nous engage à prendre en compte la montée en puissance des apprentissages informels tout au long de la vie. Citant un modèle proposé par Michael Lombardo et Robert Eichinger, du Center for Creative Leadership, il estime que notre formation serait à l'origine de 10% de nos apprentissages à peine. Nos relations fourniraient 20% supplémentaires ; quant aux 70% restants, ils seraient fournis par nos expériences :

« L'apprentissage informel, c'est la balance entre la réflexion et l'action », explique le formateur.

Des chiffres ébouriffants : qu'attend-on pour fermer les écoles ? :spider:

Autrement dit, l'éducation et la formation embrassent tous les aspects de la vie, même dans les situations où nous ne sommes pas conscients d'apprendre. D'où, selon Patrick Neuhauser, l'intérêt de trouver comment reconnaître, et valoriser les choses apprises en dehors de l'école... et tout au long de la vie !

Ça tombe bien, l'école s'arrête à un moment donné.

Pour lui, l'entreprise est un bon exemple...

Ah...

...sachant que les professionnels négocient en permanence, et de façon sélective, leur engagement au travail, leurs missions et activités, leurs attentes de changement... peut-être pourrait-on encourager et faciliter la progression de chacun en développant une culture de l'apprentissage qui tiendrait compte de l'apprentissage informel ?

Hein ? :scratch:

> Une idée toute faite : le « digital native », naturellement agile

Si ces idées sont à la mode, c'est en partie grâce à une nouvelle catégorie de jeunes qui laissent une impression forte : la figure du « jeune geek » qui s'auto-forme dans une « culture de la chambre », seul face au formidable dispositif d'information qu'est le Web. Karine Aillerie, qui a longuement exploré les pratiques de recherche d'information des adolescents, a pu en témoigner : de nouvelles pratiques et compétences se développent au gré des expériences des jeunes. Celles-ci dessinent une nouvelle littératie, la « littératie numérique », que la chercheure décrit comme une « métacompétence informationnelle » : une compétence à la recherche d'information.

La "métacompétence informationnelle", ça en jette ! je ne l'ai malheureusement pas vérifiée dans ma pratique professionnelle...

« La requête est au centre de tous les usages d'internet, donc sa maîtrise est première à toutes les autres sur le web, a-t-elle expliqué.

En gros savoir utiliser Google Search, quoi. Tout de suite la "métacompétence informationnelle" déçoit.

De nos jours, la maîtrise de l'information touche à des compétences sociales. Alors qu'auparavant, elle était l'apanage des professionnels, elle est devenue nécessaire à tous pour gérer sa vie au jour le jour ».

Hein ? :scratch:

Mais les prouesses de certains « natifs du numérique » ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt : en explorant les pratiques de recherche d'information des adolescents, Karine Aillerie a constaté, de son côté, que la « génération Y » n'est pas celle du miracle numérique.

En effet, certains jeunes se comportent en stratèges, sachant trouver les ressources et les passeurs d'information, quand d'autres sont plus dépendants.

Sans rire ?

Même s'ils sont conscients des problèmes de fiabilité de certaines informations sur Internet, « tous privilégient l'accessibilité par rapport à la crédibilité de l'information », remarque la chercheure.

Nooooon ? :transpi:

Cela donne aux jeunes générations une grande dépendance à l'égard des performances du moteur de recherche. Quant aux fortes disparités dans les usages, elles dessinent une « fracture numérique » d'un nouveau genre.

Effectivement.

Face à ce constat de vigilance, Karine Aillerie propose de prendre en main une formation des jeunes au numérique, qui enseignerait la façon dont on peut se fier aux réseaux sociaux comme sources d'information... en fonction d'un projet personnel d'information.

Je propose le contraire. :mrgreen:

> L’école reste le ciment de la communauté

Alors, comment l'école peut-elle se saisir de ces nouvelles pratiques, capitaliser sur ce qu'elles offrent de meilleur, sans dénaturer la base du contrat éducatif ? En posant cette question, Bruno Devauchelle nous a permis de faire le point sur le match « école vs. réseaux sociaux ».

Ecole et réseaux sociaux : on voudrait les comparer, pour déterminer lequel offre les meilleurs apprentissages. Pourtant, il y a une différence fondamentale entre eux, explique le professeur. En réalité, l'école n'est pas un réseau, mais une communauté : la communauté éducative. C'est-à-dire, un lieu de socialisation.

Oui.

« Historiquement, l'école, c'est d'abord l'intention politique d'installer une nouvelle forme de socialisation complémentaire de l'espace privé et familial. Or, après la suppression de l'armée, il n'y a guère plus qu'elle pour structurer une façon d'être ensemble à l'échelle de la société... explique Bruno Devauchelle.

Être ensemble, pas forcément : c'est un projet de société très glissant. Mais ne pas être élevé dans la négation de l'autre.

L'établissement scolaire reste le seul lieu de mise en relation obligatoire. Environ 50% de la population tente d'échapper à cela...

Hein ? :scratch:

...c'est l'une des raisons pour lesquelles on voudrait que le numérique 'ouvre' l'école. Pourtant, ce sanctuaire a son utilité : à travers lui, le jeune accède à une sociabilité élargie ».

Alors, les réseaux sociaux n'auraient pas leur place à l'école ? Probable que si. Car en tant que communauté, l'école est un vecteur de réseaux : associations de parents d'élèves, réseaux d'anciens élèves qui se retrouvent, portés par la dynamique de sites comme copainsd'avant...

Sauf qu'en matière de réseaux, l'école a des besoins très spécifiques... et parfois assez problématiques, comme la remotivation des élèves décrocheurs. Sur ces besoins, et face à ces enjeux, nombre de « solutions techniques » toutes faites se sont cassées les dents... C'est pourquoi, dans le match « école contre réseaux sociaux », Bruno Devauchelle annonce un match nul :

« Le monde scolaire suit les modes : Twitter et Facebook sont au cœur des expérimentations médiatisées.

Je commence à trouver certaines observation de Bruno Devauchelle assez judicieuses.

Mais dans le même temps, il préserve son territoire... Malgré tout, ce qui a vraiment changé, c'est qu'aujourd'hui, c'est la société qui tire l'école - et non l'inverse ».

Le problème, c'est que le souci d'une pensée globale sur la question n'apparait pas actuellement dans les discours des décideurs :

« Equiper, former les profs, on en parle. Mais pour penser l'individu de demain dans un monde de réseaux, il n'y a plus personne...

Heu... Il y a moi ! Et quelques autres ici ! ;)

Alors, est-ce que les gens vont vraiment s'emparer des réseaux sociaux pour en faire des objets éducatifs non formels, au-delà de l'utopie coopérative ? », interroge Bruno Devauchelle.

Non, en montrer la vanité me semble plus intéressant.

Pour le savoir, il suffira peut-être de continuer à observer les expériences des professeurs innovants : en s'inspirant des choses qui marchent, ils pourraient peut-être réussir un jour à troquer des têtes « bien pleines » de savoirs, contre des têtes « bien faites » de compétences utiles pour le nouveau millénaire...

Toujours cette exaspérante tarte à la crème de Montaigne. Citons le texte original de Montaigne :

À un enfant de maison, qui recherche les lettres, non pour le gain (car une fin si abjecte est indigne de la grâce et de la faveur des muses, et puis elle regarde et dépend d’autrui), ni tant pour les commodités externes que pour les siennes propres, et pour s'enrichir et parer au dedans, et si l'on veut faire de lui un habile plutôt qu'un homme savant, je voudrais qu'on fût soigneux de lui choisir un conducteur qui ait plutôt la tête bien faite que bien pleine.

Une tête bien faite n'implique pas pour Montaigne, ce monstre d'érudition, qu'elle soit bien vide. :twisted:

La recommandation s'adresse au précepteur, non à l'élève. Quant à ce dernier, c'est un "un enfant de maison". On est loin de notre horizon démocratique et de celui de la classe collective. :twisted:

Moi je retiens surtout la première partie de la phrase : "qui recherche les lettres, non pour le gain [...], ni tant pour les commodités externes que pour les siennes propres, et pour s'enrichir et parer au dedans".

:topla:

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26 Sep 2012 21:08 #1446 par Loys
Une petite recherche sur le colloque dont il est question nous apprend qu'en fait de pédagogues il n'y a aucun professeur du secondaire parmi les intervenants pendant ces cinq jours. En revanche le représentant de Microsoft Education ou d'autres encore, ceux que Tommy Pouilly appelle pudiquement les "professionnels du numérique éducatif". :twisted:

Comment débattre de "l'école" de demain en invitant au mieux des universitaires, au pire des marchands de technologie ?

www.c2e-poitiers.com/programme

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