"Vincent Berger : "Le cours magistral est devenu désuet"" (VousNousIls)

Plus d'informations
21 Déc 2012 18:34 #2530 par Loys
A lire sur "VousNousIls" du 21/12/12 : "Vincent Berger : "Le cours magistral est devenu désuet"" .


Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
21 Déc 2012 18:57 #2531 par Loys

Vincent Berger : "Le cours magistral est devenu désuet"

Énième article sur le sujet : ça va devenir un marronnier.

Vincent Berger est le rap­por­teur géné­ral des Assises de l'enseignement supé­rieur et de la recherche. Certaines pro­po­si­tions de son rap­port, rendu le 17 décembre à François Hollande, recom­mandent la fin du cours magis­tral à l'université. Une « ins­ti­tu­tion » qui, à l'ère du numé­rique, doit selon lui être repen­sée.

Est-ce une position personnelle ou officielle du "rap­por­teur géné­ral des Assises de l'enseignement supé­rieur et de la recherche" ? :scratch:

Lors des Assises, la per­ti­nence du cours magis­tral a été remise en ques­tion, pourquoi ?

L'émergence des tech­no­lo­gies numé­riques change la donne. Le numé­rique, ce n'est pas seule­ment un outil, c'est aussi un bou­le­ver­se­ment de notre rap­port aux savoirs.

C'est pourtant la rhétorique habituelle : le numérique, un outil au service de l'enseignement.

La connais­sance est par­tout, dis­po­nible en per­ma­nence, sur Internet, sur les télé­phones...

Et alors ? Quand elle serait disponible dans un dictionnaire d'espagnol que j'aurais sous la main, ça ne ferait pas de moi un hispanisant. Sinon, ça ferait longtemps qu'on aurait acheté des manuels aux étudiants et fermé les facultés...

Sans parler qu'un cours de littérature sur une page web ou dans une vidéo sur Internet, ça n'a pas grand chose à voir avec un cours magistral qui exige une attention, une concentration, une prise de note toute personnelle. La preuve, c'est que les étudiants qui récupèrent les cours des autres partent avec un sacré handicap. Et si le CNED préparait mieux au concours, les étudiants le sauraient et se dispenseraient de l'effort d'aller en cours depuis longtemps. On cherche à imposer comme modèle universel un mode dégradé d'enseignement.

Cela modi­fie for­cé­ment le rap­port à l'enseignant. Il n'est plus le seul dépo­si­taire de la connais­sance.

Il n'a jamais prétendu l'être.

Il n'est plus là pour déli­vrer le savoir mais pour ensei­gner à « savoir savoir ».

Et pourquoi Internet ne pourrait pas enseigner à "savoir savoir" ? :transpi:

Dans ce contexte, le cours en amphi­théâtre, qui est uni­di­rec­tion­nel, parait désuet, voire anachronique.

Alors que quand on lit une page ou une vidéo web, ce n'est plus du tout unidirectionnel.

Évidement, comme avec Michel Serres, on retrouve derrière cette idée une horizontalité : l'enseignant a tout autant à apprendre de l'étudiant.

Par quoi seraient alors rem­pla­cés ces cours magistraux ?

Il ne faut pas ima­gi­ner que le numé­rique puisse résoudre tous les pro­blèmes et que, par son uti­li­sa­tion, on ne vise que la réa­li­sa­tion d'économies !

Bien sûr que non ! Ce n'est pas comme si l'université français était en faillite... :mrgreen:

Rien ne rem­place le contact humain. La valeur ajou­tée de l'université aujourd'hui c'est l'humain.

Ben voyons... en instaurant l'école en ligne... Il faut oser tout de même. :twisted:

Nous pré­co­ni­sons une double approche, avec d'un côté le déve­lop­pe­ment des cours en ligne et de l'autre une nou­velle rela­tion au savoir entre l'enseignant et l'étudiant avec plus de temps consa­cré au suivi des études. On peut ima­gi­ner davan­tage de tra­vaux diri­gés, de tra­vail en petits groupes et d'échanges directs avec les ensei­gnants. C'est une tran­si­tion qui se fera sur plu­sieurs années, la trans­for­ma­tion des pra­tiques sera longue.

Et à quoi ressembleront les "cours en ligne" ? Pourquoi les élèves auraient-ils besoin d'un suivi si l''école en ligne leur donne toute l'autonomie nécessaire ? :scratch:

Comment imaginez-vous cette uni­ver­sité en ligne ?

Les États-Unis déve­loppent déjà l'université en ligne.

Avec plein de startups... et plein de problèmes. Notamment sur la définition de ce que l'on appelle dans ce cas-là des "étudiants" ou sur la vérification de l'acquisition des connaissances. sans parler d'une hypothétique validation de l'efficacité pédagogique d'un tel modèle...

Ce pays a un modèle d'université qui selon moi n'est pas tenable en France. Aux États-Unis l'enseignement supé­rieur est un mar­ché et où les frais d'inscription sont très élevés. En France, c'est un ser­vice public. Cela doit le res­ter.

Mais un service public au rabais, sur des pages web...

Mais l'université et l'école en ligne à la fran­çaise sont à construire. Tout est ima­gi­nable, à com­men­cer par une coopé­ra­tion entre les établis­se­ments d'enseignement supé­rieur, avec la mise au « pot com­mun » de cer­tains cours.

Et la question de la propriété intellectuelle de ces cours ? Pas sûr que les grandes écoles acceptent... :transpi:

Toutes les uni­ver­si­tés auraient ensuite le droit d'utiliser ces cours. Dans cette confi­gu­ra­tion, on deman­de­rait aux étudiants de suivre en ligne tel cours avant une date don­née. Bien sûr, cela repré­sen­te­rait un inves­tis­se­ment de départ impor­tant et un énorme tra­vail de fabri­ca­tion du « maté­riau pre­mier » et de réa­li­sa­tion des sup­ports adéquats.

Mais non, tout est sur Wikipédia : Michel Serres l'a dit dans Petite Poucette.

C'est donc l'avenir de nos universités ?

Les uni­ver­si­tés et les écoles fran­çaises s'ouvriraient à tous, sur le ter­ri­toire natio­nal comme à l'étranger. Tout étudiant motivé pour­rait suivre les cours et décro­cher un diplôme, qu'il soit malade et dans l'incapacité de se dépla­cer, qu'il s'agisse des étudiants empê­chés, c'est-à-dire en pri­son, ou encore des élèves fran­co­phones basés à l'étranger, en Afrique par exemple.

On se demande bien comment serait validée l'acquisition des connaissances et des compétences. En ligne ? Sans aucune vérification ? :scratch:

Si l'université fran­çaise rate ce virage, des struc­tures étran­gères s'engouffreront dans la brèche.

Argument probant : il faut aller vite pour aller plus vite que les autres.

A la vérité peu importe que les "structures étrangères" s'engouffrent dans la brèche puisque le savoir sera universel et à la portée de tous. :twisted:

Lors des Assises natio­nales de l'enseignement supé­rieur et de la recherche, beau­coup de col­lègues, qui n'avaient pas vu venir ces chan­ge­ments, en ont pris conscience. C'est devenu un sujet d'indépendance natio­nale.

C'est sûr qu'avec des partenariats avec des grands groupes technologiques étrangers ou Wikimedia Inc. notre indépendance est assurée.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
21 Déc 2012 23:29 #2532 par Wikibuster

Loys écrit: C'est sûr qu'avec des partenariats avec des grands groupes technologiques étrangers ou Wikimedia Inc. notre indépendance est assurée.


En effet, notre indépendance ? Qu'on pense à tous les partenariats entre Wikimedia et les institutions françaises, un des derniers en date : Wikimédia France et la Cité de la céramique s'associent . Wikimedia avec ses millions en banque reçus des généreux donateurs (c'est à dire les contribuables français pour 66% des dons !) offre ses logiciels et ses serveurs, mais en échange de quoi, de la promotion de la Culture ? Qu'ils arrêtent de se moquer du monde, car à ce niveau de crédulité il faudra aussi croire que la Scientologie travaille pour l'épanouissement personnel de ses membres... puisqu'elle le dit. :topla:

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
22 Déc 2012 14:22 #2538 par mlepoivre
Il convient de réagir systématiquement et avec force à ce genre de discours, qui émane de plus en plus souvent d'instances officielles plus ou moins liées au pouvoir. Où l'on voit que la propagande du tout-numérique procède d'affirmations péremptoires, sans réel fondement. La phrase "le cours magistral est devenu désuet" dans sa sècheresse brutale énonce en réalité une pseudo-vérité, qui ne correspond pas parfaitement aux réalités du terrain. Dans de nombreux cas, la forme du cours magistral reste toujours de mise mais en plus parfaitement adaptée à telle situation pédagogique. Bref, une fois encore, c'est le discours du bluff, qui vise à nous faire prendre pour une réalité ce qui ne l'est pas, mais éventuellement pourrait l'être. Mais sans réellement nous prouver en quoi le cours magistrale serait par définition moins bien, moins efficace que les les formes innovantes (peut être justement en cela; forme qui n'est pas innovante, c'est à dire qui ne passe par l'usage des machines)
Mais allons au bout de cette idéologie répandue jusqu'à la nausée et tirons en les conclusions philosophiques implicites que ce monsieur Berger n'ose pas faire. Si le cours magistral est décrété désuet et donc mort, c'est bien parce que l'enseignant, c'est à dire l'homme, est considéré inférieur aux machines, qui désormais doivent prendre la relève pour effectuer cette tâche d'enseignement. On ne sait d'ailleurs pas très bien quelle place aura le prof dans ce dispositif: "apprendre à savoir savoir". Mouais, ça sonne bien, mais c'est bien flou: apprendre à utiliser les machines donc. Plus encore, en effet, ce discours ne sait tellement pas ce qu'il vise qu'il finit par sombrer dans la contradiction la plus ridicule: ce qui prime c'est l'humain! nous dit on juste après avoir affirmer que le même humain devait céder sa place aux machines. bref, monsieur Berger ignore peut-être qu'il donne raison à ce que le philosophe allemand Gunther Anders avait prévu: soit le sentiment de "honte prométhéenne", qui s'empare du sujet humain lorsqu'il éprouve son infériorité face aux machines et automates plus performants que lui. C'est sur, en tant que prof,pauvre humain dépositaire du savoir, je pèse quoi face à Google?
Autrement dit, le discours de m. Berger est porteur d'un nihilisme anti-humaniste, voire post-humaniste, et ce nihilisme semble avoir été adopté par l'Education nationale et le parti socialiste.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
22 Déc 2012 14:43 #2539 par Typhon
C'est impressionnant de voir quels torrents de bêtise hystérique (cf les deux posts précédents), un assortiment de salades à la mode peut déclencher.

Tout ça alors qu'il suffit de voir qu'il y a déjà une fac qui n'a pas de cours magistraux, Paris VIII, et de constater qu'il ne s'agit pas vraiment de notre établissement le plus réputé.

Typhon

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
22 Déc 2012 16:25 - 22 Déc 2012 20:07 #2540 par Wikibuster

mlepoivre écrit: Autrement dit, le discours de m. Berger est porteur d'un nihilisme anti-humaniste, voire post-humaniste, et ce nihilisme semble avoir été adopté par l'Education nationale et le parti socialiste.


Typhon je voudrais bien répondre à votre dernière invective mais le problème c'est qu'encore une fois je ne comprends rien à ce que vous écrivez, dites c'est chez moi ou chez vous ?

mlepoivre je ne connais pas le milieu de l'enseignement mais je connais bien Wikipédia et je peux vous affirmer qu'il n'y a pas la moindre trace d'"humanisme" dans cette organisation, sur Wikipédia les gens ne comptent pas, leur nom n'a pas même d'importance (il ne faudrait tout de même pas qu'ils se prennent pour des auteurs non plus !), la contributrice "dame éliane" par exemple est sommée par un administrateur de ne plus indiquer son vrai nom. La plupart des mafieux qui ont pris le pouvoir savent parfaitement qu'ils se comportent comme des petits gardes rouges mais ils estiment que c'est un mal nécessaire pour atteindre l'objectif suprême : bâtir une encyclopédie. Quant aux contributeurs ils ne font que s'affronter pour savoir qui imposera son point de vue, et l'emportent ceux qui ont des copains administrateurs. Hier sur Twitter un internaute (pardon un gazouilleur) s'interroge... "je me demande: y a une ambiance si pourri que ça entre contributeurs ?" Oui, Wikipédia est un lieu inhospitalier et inhumain, c'est un champ de bataille, de lutte de pouvoir, un outil de propagande.
Dernière édition: 22 Déc 2012 20:07 par Wikibuster.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Propulsé par Kunena