"#Toutchanger : sauvons l'éducation et faisons face au front conservateur et réactionnaire" (Louis Steffen)

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02 Jan 2016 16:52 - 02 Jan 2016 17:27 #15583 par Loys
A lire dans le "Plus" du "Nouvel Obs" du 1/01/16 : "#Toutchanger : sauvons l'éducation et faisons face au front conservateur et réactionnaire" par Louis Steffen, professeur retraité.

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Dernière édition: 02 Jan 2016 17:27 par Loys.

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02 Jan 2016 17:24 - 02 Jan 2016 18:02 #15584 par Loys
Précisons que Louis Steffen est militant CFDT.

Pour l'éducation, faire face au front conservateur et réactionnaire
Le front conservateur et réactionnaire qui s’est constitué contre la récente réforme du collège, allant du syndicat enseignant majoritaire, le Snes, à l’extrême-droite nationaliste-populiste n’est que la énième mouture d’une lutte qui dure depuis des décennies. Elle oppose les défenseurs de la vieille culture dite "classique", élitiste, ségrégative et reproductrice d’une société de "places" et de rentes et les partisans d’une école démocratique, ouverte aux nouvelles formes de savoirs et de techniques, de création et de représentation artistique.

Curieuse vision : le PCF, le Front de Gauche, le NPA, LO, le CNT seraient donc partisans de la ségrégation et de la reproduction sociale, opposés à une "école démocratique" ? Et le MEDEF, l'OCDE et l'Institut Montaigne, avec le soutien d'Alain Madelin ou de Benoît Apparu, seraient des progressistes ? :rirej
Évidemment M. Steffen ne s'interroge pas sur les raisons qui ont rendu l'école actuelle, pilotée par des progressistes animées de ses généreuses idée, plus inégalitaire qu'il y a quelques décennies...

L’imposture des conservateurs doit être dénoncée. Alors qu’ils ont combattu - avec succès - tout changement sérieux de l’enseignement secondaire depuis des décennies, ils ont le culot d’accuser les rares réformateurs d’être responsables des maux évidents dont celui-ci souffre :

A vrai dire il n'y a qu'à observer les changements qui ont eu lieu dans l'école...

...incapacité de tenir ses objectifs et de remplir les missions qu’il prétend s’assigner, inefficacité auprès d’une partie grandissante du public scolaire.

Comment cette inefficacité peut-elle être "grandissante" dans un système conservateur ? M. Steffen se trahit quelque peu... :devil:

Les événements tragiques que nous avons tous en tête montrent à l’évidence que le choix d’une école principalement vouée à extraire l’élite de la masse par le biais des filières, des classes préparatoires et des grandes écoles aboutit à des catastrophes sociales.

Une récupération politique de plus : le terrorisme au service de la réforme du collège !
Ce qu'oublie de dire M. Steffen, c'est que jamais l'Ecole n'a été aussi démocratique ni autant couronnée de succès, comme en témoignent les records d'une génération au bac...

Ce choix, de nature politique et qui ne se fonde sur aucune nécessité pédagogique, présente l’inconvénient majeur de priver une fraction importante de jeunes des outils indispensables pour la compréhension du monde : la langue orale et écrite, la capacité de raisonnement et la possibilité de distanciation et de critique logique.

Tout ceci ne serait pas enseigné au collège ?

La radicalisation religieuse d’un côté, l’abstention massive ou le vote en faveur du Front national des nouvelles générations de l’autre, montrent l’échec de l’école méritocratique et sa responsabilité dans leur fuite vers les propositions extrémistes.

On pourrait tout aussi bien accuser l'idéologie ou l'aveuglement, dont le déni ci-dessus de M. Steffen est un bon exemple, de ceux qui pilotent la dégradation de l'école.

Il est urgent de réformer profondément cette école en prenant quelques mesures courageuses, malgré les cris d’orfraie du bloc conservateur.

Ce "bloc conservateur" concerne les trois quarts des enseignants, mais ils ont forcément tort.

Voici quelques mesures :
1.Soutenir les initiatives des pédagogies qui rompent avec les « bonnes vieilles recettes » et qui innovent en matière de contenus, de méthodes, d’évaluation...

Car ce qui est innovant est nécessairement bon, comme on a pu le constater depuis quelques années. Comment la tradition de l'enseignement de la lecture peut-elle avoir du sens dans un monde où il faut innover pour exister ?

...notamment dans les disciplines littéraires qui sont les plus touchées par le conservatisme didactique et le dogmatisme culturel. L’humiliation ressentie par des cohortes si nombreuses de collégiens et de lycéens qui se vivent comme "mauvais" dans leur langue parce que jugés tels par la culture scolaire est un puissant levier de l’anti-intellectualisme et de l’intolérance qui l’accompagne.

Et si l'incapacité de l’École à apprendre aux élèves leur propre langue dès le primaire était en cause ? Car c'est bien ce qui s'est passé, avec des méthodes innovantes : au sortir de l'école primaire, les élèves en difficulté sont bien plus nombreux en 2007 qu'en 1987. Et les disciplines littéraire n'ont pas grand chose à voir là-dedans, si ce n'est qu'elles montrent plus cruellement cet échec.
Quant à l'anti-intellectualisme, il s'exprime paradoxalement dans le rejet de la "culture scolaire" par M. Steffen. Comme de nombreux "progressistes", il souhaite aux élèves d'être enfermés dans leur propre culture.

2.Fermer les classes préparatoires en lycée qui gangrènent l’enseignement obligatoire, du lycée et du collège jusqu’à l’école élémentaire.

Car l'esprit de compétition, responsable de l'échec scolaire, règne en maître dans les classes primaires, où l'évaluation par notes a presqu'entièrement été supprimée. :doc:
On se demande bien comment les classes préparatoires peuvent gangréner l'école dans son entier : il s'agit plutôt ici d'une détestation personnelle...

L’esprit de compétition exacerbé et le bachotage érigé en pédagogie unique qu’elles génèrent ont des conséquences désastreuses pour ceux qui ne seront pas élus, la majorité des jeunes.

Mais comment se fait-il que le terrorisme n'ait pas décru avec la baisse du nombre de décrocheurs, suppression des notes, du redoublement, la réussite éclatante au brevet ou au baccalauréat ?

L’idéologie du "toujours plus", le mépris des laissés-pour-compte, le conformisme cupide et la désagrégation de la société minée par l’égoïsme individualiste trouvent dans ce fonctionnement élitiste de l’école une partie de leur origine, avant que le système publicitaire médiatique prenne le relais.

C'est vrai que les "disciplines littéraires", en totale déshérence parce que ne répondant pas à une vision utilitariste de l'Ecole, et les humanités d'une manière générale, ont une large responsabilité dans cette "désagrégation". :santa:
M. Steffen a raison : quand on aura supprimé totalement les filières littéraires, d'ailleurs prépondérantes en classes préparatoires, le pays connaîtra des jours meilleurs où le terrorisme n'aura plus cours ! :santa:
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