"Peut-on toucher aux disciplines ?" (Alain Boissinot)

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26 Jan 2015 17:38 - 26 Jan 2015 17:39 #13001 par Loys
Dans le "Café" du 26/01/15 : "Peut-on toucher aux disciplines ?" avec Alain Boisssinot

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Dernière édition: 26 Jan 2015 17:39 par Loys.

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26 Jan 2015 17:53 - 26 Jan 2015 18:46 #13002 par Loys

Peut-on toucher aux disciplines ?

Ah mais on ne s'en prive pas... Voir la diminution d'un quart des horaires de français dans la scolarité obligatoire depuis la mise en place du collège unique. :fur

Qu'est ce qui est au coeur de l'identité enseignante et qui parait immuable ? La discipline scolaire. Dans un article de la revue Administration & éducation (n°4), Alain Boissinot remet en question l'ordre disciplinaire.

Avec une liberté de ton qu'il n'avait pas à la tête du CSP... même si on pouvait deviner sa pensée en le lisant attentivement.

Pour lui il empêche l'Ecole de s'adapter à l'évolution des besoins éducatifs et conduit à l'inflation des horaires.

En vérité il faudrait définir les "besoins éducatifs" : on pourrait surtout considérer que cette "adaptation" vise à masquer en peu plus le naufrage.
A noter que cette "inflation" (relative, on l'a vu) a été décidée par des décideurs comme Alain Boissinot...
A noter aussi que l'inflation des horaires n'a pas eu lieu en primaire, avec 24h seulement de cours hebdomadaires depuis 2008, record depuis le début de la République.

Ancien président du Conseil supérieur des programmes et ancien recteur, nous avons recueilli son avis. Au moment où le ministère introduit deux nouvelles disciplines du primaire à la terminale, l'enseignement moral et civique et l'informatique, pour lui la coupe est pleine...

Tiens, encore des disciplines que personne n'a demandées...

Pourquoi remettre en cause les disciplines ?
Dans le débat éducatif on est souvent sommé de choisir entre l'éducation et l'instruction, les connaissances et les compétences, pour ou contre les disciplines. Pour certains celles-ci sont porteuses de tous les maux comme le corporatisme. Pour d'autres elles sont intouchables.

On sait où se situe Alain Boissinot.

En fait, il est impossible de faire abstraction des disciplines. En revanche il faut admettre qu'elles ont des défauts et il faut les analyser pour que le système éducatif réponde mieux aux besoins de la société actuelle.
On peut distinguer deux défauts. D'abord le risque de fixisme disciplinaire. C'est à dire considérer qu'elles sont définies une fois pour toutes et qu'elles ne doivent plus évoluer.

Il faut dire que les enseignements fondamentaux n'ont fondamentalement pas besoin d'évoluer...

On peut citer par exemple l'histoire-géo. Par exemple quand sont nées les SES, la géographie aurait pu répondre au besoin de connaissances économiques. Mais il a fallu créer une nouvelle discipline.

Cet exemple est une exception, qui ne concerne que le lycée.

Ou encore le français. On dit qu'il faut développer les pratiques de dialogue, de débat chez les élèves. Cela devrait être dans l'enseignement du français. Mais cette discipline s'est sclérosée avec des exercices imposés comme le commentaire de texte. Les disciplines doivent être capable d'évoluer.

C'est vrai que le commentaire de textes, à l'heure où les élèves ne lisent plus et ne savent plus lire par eux-mêmes : adaptons-nous à notre propre échec ! Le dialogue et le débat sans la capacité à penser, à lire et à mobiliser une culture, c'est l'avenir ! :cheers:

Le second reproche que l'on peut faire aux disciplines c'est qu'elles ne correspondent pas entre elles.

Et alors ? :shock:
Chaque discipline est une ouverture de l'esprit. La réussite de l'enseignement permet aux élèves de construire des liens entre elles. Ces liens, construits artificiellement, ne peuvent que déstructurer des enseignements structurés.

Au lieu de cela elles se définissent d'une façon de plus en plus étroites. On arrive à l'émiettement. Par exemple faut il 3 ou 4 disciplines scientifiques au collège ?

Ajouter l'informatique est-il nécessaire : c'est la seule vraie question...

Au lycée devait-on ajouter l'ECJS ?
Mais le système éducatif multiplie encore les disciplines avec par exemple l'ECJS, l'Histoire des arts, une discipline non universitaire, l'informatique bientôt l'enseignement moral et civique (EMC) et le coding. Ce n'est pas nécessaire ?

Autait d'ajouts subis par les enseignants.

Il faut s'interroger. En se spécialisant les disciplines laissent échapper des champs savants et on invente des disciplines nouvelles pour les traiter. C'est dramatique. L'ECJS est née des carences du français, des SES, de la philosophie.

L'ECJS est un "champ savant" ? :shock: :P

Le futur EMC c'est un peu pareil. Agir ainsi c'est une forme d'échec d'un système éducatif qui n'arrive pas à gérer les évolutions nécessaires.

Ce sont surtout des enseignements dont on doit interroger la pertinence.

Cela aboutit à l'inflation des horaires qui ne sont plus raisonnables.

La disparition des disciplines serait bien utile, dans cette perspective, en y ajoutant une facilité accrue de grestion des ressources humaines. :)

Des disciplines doivent disparaitre ? Lesquelles ?
Certaines tendent à disparaitre. Regardez par exemple les langues anciennes. Elles n'occupent plus la place qui était la leur. On a besoin des disciplines mais vivantes, capables de dialoguer avec les autres.

Et évidemment les langues anciennes - le latin, le grec - ne peuvent dialoguer avec rien. La détestation toute sociologique des humanités classiques et leur destruction organisée atteint son point de non retour.

L'exemple de l'enseignement supérieur montre que des évolutions sont possibles.

C'est vrai que l'enseignement supérieur est toujours un bon exemple pour penser le secondaire.

Actuellement dans l'enseignement supérieur on se rend compte que trop de spécialisation freine la réflexion et on voit se créer en université des formations à spectre large qui décloisonnent.

C'est vrai que les lettres classiques, qui regroupent l'enseignement du latin, du grec et du français, est trop spécialisé.
On s'occupe de décloisonner ce qui n'a pas de fondation.

Par exemple Paris Ouest a créé une licence humanités qui regroupe des lettres, de la linguistique, des techniques commerciales, de l'histoire.

Que d'économies en perspective, pour un enseignement toujours plus exigeant !

On voit aussi des bi-licences apparaitre.
Mais toucher aux disciplines c'est toucher à l'identité des enseignants. Ça semble impossible.
On peut les faire évoluer, les enrichir et simplement leur redonner du sens.

Car par elles-mêmes les disciiplines n'ont pas de sens.

Regardez l'expérience de l'enseignement intégré des sciences (EIST).

Une réussite ! :spider:

Cette réflexion est prévue dans les nouveaux programmes du collège ?
Je l'espère. Ça me semble indispensable. L'émiettement disciplinaire au collège est excessif. C'est particulièrement vrai en 6ème. On a maintenant un cycle commun cm1- 6ème qui devrait pouvoir faire bouger les choses.

Primariser le collège : on y vient. Il s'agit de décloisonner le secondaire par les deux bouts.

Mais on voit les choses bouger aussi au lycée. Observez les enseignements d'exploration. Les enseignants y trouvent de l'intérêt à décloisonner leur discipline dans des enseignements comme "littérature et société"...

Encore une autre belle réussite de la réforme du lycée...

...qui devrait en fait remplacer le programme de français...

En toute simplicité. :shock:

...ou "méthodes et pratiques des sciences" où les disciplines se croisent.

Avec une réussite jamais évaluée, bien sûr.
Le paradoxe, c'est que l'enseignement de langues anciennes, amené à disparaître, est précisément le plus transversal de tous les enseignements. :|
Dernière édition: 26 Jan 2015 18:46 par Loys.

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