"EcriTech’5 : "Changer la vie" en établissement par le numérique" (Café pédagogique)

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14 Avr 2014 08:38 #10191 par Loys
A lire dans le "Café" du 14/04/14 : "EcriTech’5 : "Changer la vie" en établissement par le numérique" .

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14 Avr 2014 09:28 - 14 Avr 2014 11:44 #10192 par Loys

EcriTech’5 : "Changer la vie" en établissement par le numérique

Recyclage du slogan du programme de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1981... voilà qui ne nous rajeunit pas.

Comment le numérique transforme-il au quotidien la vie en établissement ?

Curieuse question, qui postule donc qu'on ne le sait pas.

C’est la question posée à tous les participants du colloque EcriTech’5...

Participants bien choisis, bien sûr... Mieux vaut rester entre gens de certitude.

...qui s’est déroulé à Nice les 10-11 avril. C’est que les mutations en cours ou en germe sont essentielles : le numérique peut aider à lutter contre les inégalités culturelles et sociales, renforcer les compétences et les appétences des élèves, modifier les temps et les espaces d’apprentissage, changer les modes de gouvernance et les relations entre les acteurs, ouvrir l’Ecole sur le monde…

Que des vertus et pas la moindre critique. Pas de doute : nous sommes en plein numérisme ! :cheers:

« Poser la question de l’établissement scolaire, explique Catherine Becchetti-Bizot, c’est vraiment le bon niveau pour comprendre ce qui est en train de bouger dans le système éducatif ». A EcriTech’5, enseignants, chefs d’établissements, chercheurs, cadres de l’Education nationale se sont retrouvés pour rappeler à l’Ecole que dans une société désormais numérique elle est confrontée à une alternative : s’adapter ou mourir.

Voilà un programme qui laisse le choix, effectivement. Le "tsunami numérique" est passé par là. :santa:

Au programme : du changement à tous les étages de la « pyramide »…
Défis et ambitions
En ouverture du colloque, Catherine Becchetti-Bizot, Inspectrice générale de l'Éducation nationale, au nom de la Direction du Numérique pour l’Education (DNE) nouvellement créée, souligne les défis collectifs à saisir pour prendre la mesure du nouvel écosystème, à la fois technique et culturel, en train d’advenir.

Un "écosystème" qui "advient" : diantre !

Le numérique entraine une évolution de nos pratiques pédagogiques, de nos organisations, de nos rapports aux autres et aux savoirs.

Le numérique ne change fondamentalement rien à l'apprentissage. Au mieux il est un outil périphérique, au pire il constitue une grave nuisance.

EcriTech’ doit aider à penser cette école de demain, donner aux acteurs une vision prospective.

Oui : comment subir ce qui ne peut manquer d'advenir.

La question posée à tous est d’ailleurs aussi la suivante : pour quels buts voulons-nous que le numérique change l’Ecole ?

Curieuse question : le numérique change l'école malgré nous mais nous pourrions lui assigner des buts.

Sans doute pour qu’il y règne plus d’égalité, plus de motivation, plus d’ouverture et de lien avec l’environnement …

:santa:

Cette belle ambition a été inscrite dans la Loi de juillet 2013 et le nouveau ministre a dit vouloir continuer à la porter.

Surtout "belle" pour le partenaire technologique du "Café pédagogique", Microsoft.

La cinquième édition d’EcriTech’, rappelle Catherine Becchetti-Bizot, veut creuser la question de la vie au quotidien d’un établissement : pratiques pédagogiques, accès aux ressources, pilotage, relations à l’intérieur et vers l’extérieur… Les 23 « Collèges Connectés » (« CoCon ») lancés à la rentrée précédente ont été conçus comme des « lieux d’incubation », intégrateurs de changements.

En tout cas le jargon commercial des new techs est déjà là : c'est un bon début...

Le but est de réunir des conditions optimales d’équipement pour permettre aux équipes de se concentrer sur les apports pédagogiques du numérique. Le dispositif permet aussi d’expérimenter un nouveau mode de gouvernance partagée avec les collectivités territoriales.

Où les enseignants deviennent de simples exécutants pédagogiques puisqu'ils doivent faire avec "l'équipement" décidé par une "gouvernance" qui les ignore.

Il a vocation à se déployer plus largement à la rentrée prochaine : « nous visons une centaine d’établissements ainsi connectés », « les résultats des CoCons doivent irriguer l’ensemble des établissements ».

Les "résultats" sont déjà avérés, donc... Curieuse expérimentation.

Des points communs d’ores et déjà se dessinent, qui tracent des pistes pour tous : l’ouverture sur le monde (le proche territoire, les familles, l’international…), la porosité des lieux et le continuum des apprentissages, la redéfinition des rôles de chacun, la nécessaire évolution des cadres du système.

:scratch:

« Notre approche, souligne Catherine Becchetti-Bizot, est de faire confiance aux équipes pédagogiques, mais aussi de les aider, par exemple dans la protection des données personnelles » : il s’agit de « valoriser les innovations, tout en donnant des cadres clairs ».

Suis-je le seul à voir ici une forme de schizophrénie ?

La Direction du Numérique pour l’Education existe officiellement depuis le 31 mars 2014 pour mettre en synergie tous les acteurs des mutations en cours.

Le vocabulaire du management d'entreprise est entré dans l'école.

Catherine Becchetti-Bizot en éclaire les objectifs : mettre en place le « service public du numérique éducatif » pour déployer ressources et services susceptibles de répondre aux besoins de la communauté éducative ; valoriser les nouvelles compétences numériques dont les élèves ont vraiment besoin (par exemple en menant une Education aux médias et à l’information, obligation pour tous les enseignants désormais inscrite dans la Loi) ; encourager, valoriser et mutualiser les innovations, qu’elles soient pédagogiques ou administratives, et ce par la mise en réseau ; renforcer la formation, au numérique et par le numérique, initiale et continue, des enseignants et des cadres ;

Le numérique n'est plus un outil au service de l'enseignement : il devient un objet d'enseignement.

...mettre en place une gouvernance partagée avec les collectivités territoriales ; construire un partenariat entre les acteurs publics et les acteurs privés de la filière numérique ; optimiser le pilotage des moyens ; faciliter la tutelle des opérateurs scolaires (Cned, Canopé …).

Voilà qui devrait faire des heureux.

L’Ecole doit relever cinq défis majeurs : la réduction des inégalités d’accès aux savoirs...

C'est absurde : il n'y a jamais eu d'inégalités d'accès aux connaissances depuis qu'existent les manuels scolaires et les centres d'information et de documentation. :evil:
En revanche, avec le numérique, il n'y a jamais eu autant de divertissements (au sens pascalien) qui éloignent des connaissances.

... l’amélioration des compétences des élèves...

Lesquelles ?

le renouvellement des pratiques pédagogiques, la modernisation des environnements de travail,...

Ce sont des objectifs en soi de l'école ? :shock:

...le renforcement des liens avec l'environnement.

Qu'est-ce à dire ? Et pourquoi ?

Des adolescents connectés
Pour Jean-François Cerisier, professeur des universités, directeur du laboratoire Techne à l’Université de Poitiers, la problématique du numérique à l’Ecole ne peut se réduire à des questions uniquement didactiques : l’usage continu des technologies numériques transforme profondément et durablement les relations de chacun (élève, enseignant, parent …) à son milieu, ce qui constitue une définition possible du mot culture ; dans cette nouvelle « culture à l’ère du numérique », l’élève connecté questionne la forme scolaire elle-même. Le laboratoire Techne s’intéresse en particulier à deux questions : pourquoi les usagers font-ils ce qu’ils font ? qu’est-ce que ces pratiques changent en eux ? (« We shape our tools and thereafter our tools shape us », Marshall McLuhan).

Si ce sont les outils qui nous façonnent sans même qu'on les choisisse, comment peut-on leur assigner des "buts" ? :scratch:
Et puisqu'on parle de ce que les usagers font, pourquoi M. Cerisier ne parle-t-il pas de la réalité des usages, qui sont loin d'être pédagogiques ?

93 % de nos étudiants de 1ère année, constate Jean-François Cerisier, sont équipés d’un ordinateur portable connecté qu’ils utilisent pendant le cours.

Quel rapport avec le secondaire ? :shock:

Il convient sur le sujet de lever des idées reçues négatives : si beaucoup sont sur Facebook, c’est pour échanger avec leurs pairs sur le cours en train d’avoir lieu !

Ah... Voilà qui est rassurant. :santa:

Ainsi se met en place une interactivité pédagogique invisible, mais forte. Certains recherchent aussi en ligne des informations supplémentaires susceptibles d’enrichir ou de nuancer les propos du professeur : un étudiant connecté vivifie le cours !

Sympathique démarche... Et considérer qu'il y a plus d'"interactivité" parce que les étudiants ont les yeux rivés sur des écrans pour faire autre chose que suivre le cours, il fallait oser !

De manière générale, l’adolescent connecté cherche à reconquérir un espace-temps qui échappe à la vigilance des adultes :

Ah si c'est une "reconquête" alors... Au fait, on parle d'adultes ou d'adolescents ? Il faudrait savoir.

...les espaces physiques ont disparu dans la cité comme les squares remplacés par des parkings, beaucoup de parents s’ingénient à occuper le temps de leurs enfants en leur organisant des activités multiples…

Le numérique et sa vocation occupationnelle.

Qu’en est-il alors des attentes quant au numérique à l’Ecole ? A la question « aimez-vous l’Ecole ? », 24 % des élèves répondent oui en 6ème, 6 % en 3ème, 13 % en terminale. A la question « aimez-vous les cours ? », 68,4 % des élèves répondent oui en 6ème, 36 % en 2nde, 46,4 % en terminale. A la question « aimez-vous l’ordinateur à l’Ecole ? », 48,8 % des élèves répondent oui en 6ème, 66,6 % en 3ème, 73,5 % en terminale.

On peut légèrement s"'inquiéter de la contradiction... lors que l'ordinateur est supposé "revivifier" le cours.
Dans le genre de questions intelligentes à poser : est-ce que les adolescents préfèrent faire leurs devoirs ou aller à la fête foraine ?

Autrement dit, le fossé entre l’adolescent et l’Ecole tend à se creuser au milieu de son parcours, vers la fin du collège. Autrement dit aussi, l'intérêt pour l'ordinateur à l'Ecole croît à mesure que l'intérêt pour l'Ecole décroît.

Ne pas voir de corrélation, bien sûr. :santa:

Encore faut-il raison garder : les jeunes peuvent s’inquiéter qu’on vienne marcher sur leur espace-temps personnel ; ils réfutent l'intérêt d'activités réalisées avec le numérique qui auraient pu avoir lieu sans ; ce qui les motive, c’est moins le numérique lui-même que la mise en activité que souvent il favorise.

Les jeunes sont plus lucides que les adultes de ce colloque, on dirait...

La forme scolaire, souligne Jean-François Cerisier, est un choix : de rapport au savoir, d’espace-temps, de règles de sociabilité, de normes sociales et de types d’activités. Ce choix politique est délicat puisque ces questions sont posées à des acteurs de l’Ecole qui n’ont pas toutes les cartes en main. Mais ce choix est essentiel : si l'école, sous-système, ne s'adapte pas alors que le système global évolue fortement, elle meurt. C’est le « syndrome Kodak » qu’évoque Emmanuel Davidenkoff dans son récent ouvrage sur « le tsunami numérique ». Le numérique est dans la société, les transformations d’ailleurs ne sont pas terminées, il est illusoire de croire que l'Ecole peut les refuser.

Le syndrome Kodak est surtout une belle ânerie...
Il y a plein de choses qui sont dans la société et qui n'ont pas leur place dans l'école. Et tout dépend de ce qu'on appelle "avoir leur place" puisqu'on ne distingue pas ici le numérique aux mains des enseignants et aux mains des élèves.

Des établissements connectés
Qu’en est-il alors des établissements qui, tels les « Collèges connectés », expérimentent de nouveaux usages et pilotages de l’Ecole à l’ère du numérique ? Dans un des quartiers les plus pauvres d’Europe, le collège Eclair de la Belle de Mai à Marseille tente ainsi de développer une stratégie numérique pour mieux accompagner les élèves, développer les liens avec les familles, favoriser le travail d’équipe entre les professeurs, aidés par les inspecteurs et des enseignants-ressources.

Pour quel résultat ?

Le but, selon Brigitte Jauffret, déléguée académique au numérique, c’est de faire en sorte que les élèves prennent du plaisir et réussissent mieux :

Comment cette réussite est-elle évaluée ?

« j’ai vu des élèves de 6ème écrire un conte, prendre plaisir à écrire et m’expliquant comment le numérique, ici l’ordinateur, les aidait à casser la difficulté qu’ils pouvaient avoir avec l’écrit manuscrit »

Je n'ai jamais vu d'élèves de 6e qui ne prenait pas de plaisir à écrire un conte...
Et quelle différence y a-t-il entre l'écriture au clavier et manuscrite ? :scratch:
En revanche, nul doute que ces élèves ne sont pas invités à écrire en manuscrit et à vaincre les difficultés, souvent même graphiques, pour écrire... :fur

...« j’ai vu sur une classe de 24 élèves, 24 activités différentes »...

Concrètement, ça veut dire quoi, "24 activités différentes" ? Et pour quel résultat ?

...« j’ai vu des élèves très attentifs »...

Les écrans sont de meilleurs capteurs d'attention que les professeurs : voilà la solution pour les quartiers difficiles !

...« quand on les interroge, ils disent qu’ils sont contents de continuer le travail chez eux grâce au numérique». Dominique Tesorière, principal du collège, insiste : « nous avions des élèves décrocheurs, nous avions un fort taux d’absentéisme, nous avions des pratiques un peu rébarbatives pour des enfants en difficulté scolaire, l’intégration des outils numériques a donné aux enfants de l’appétence pour la chose scolaire ».

Un beau jugement subjectif, mais toujours pas de résultat concret.
Quant à l'idée qu'il faut éviter aux enfants en difficulté scolaire les pratiques rébarbatives, c'est effectivement très éducatif. Puisse toute leur vie continuer ainsi !

L’ouverture du collège à son environnement apparaît aussi comme une valeur ajoutée du numérique : « Dans des quartiers aussi difficiles que le nôtre, vous comprenez bien qu’il y a des attirances extérieures fortes. On ne peut lutter contre elles que si l’on propose quelque chose de différent à l’interne, mais aussi en travaillant en réseau », par exemple à travers un projet autour de l’astronomie mené en partenariat avec des écoles du secteur ou encore des sixièmes qui se font tuteurs d’écoliers. « Par le numérique, on arrive à redonner du sens à l’Ecole, ce qui est le cœur du problème. »

"Redonner du sens" : vivent les nouvelles pédagogies.

Capucine Vigel, proviseure du lycée Simone Weil à Dijon, raconte comment, nommée il y a 3 ans sur ce lycée polyvalent de centre ville, elle s’est retrouvée face à une situation contradictoire : un des deux bâtiments n’était pas câblé, mais parallèlement il y avait déjà des équipements de pointe et 5 professeurs dynamiques, 5 « experts ». Comment mobiliser l’ensemble de la communauté ? La première étape a consisté en un état des lieux de ce qui existe : obstacles, ressources, projets, budget… D’où la création d’un Conseil numérique, qui ne sois pas réservé aux experts, mais ouverts aux lycéens du CVL, usagers susceptibles d’avoir un regard sur les intérêts éducatifs de ce qui était proposé, à des enseignants néophytes… Un projet s’est dessiné : que 100 % des divisions de l’établissement soient investies dans le numérique (« nous en sommes à 60 %). Des animations sont régulièrement organisées : des « micromeetings » d’un quart d’heure qui permettent aux uns et aux autres de montrer comment marche tel ou tel outil, de valoriser les expertises, de partager les pratiques.

:shock:

Le collège Léonard de Vinci à Saint-Brieuc est l’un des 23 « collèges connectés » du territoire national : un collège urbain, de taille moyenne (600 élèves), situé au pied de grandes tours, avec une SEGPA de 64 élèves et un déficit de recrutement. Le principal Guy Josselin souligne combien l’image s’est bien redressée grâce au dynamisme des enseignants qui ont compris la nécessité d’utiliser le numérique pour mettre en place des dispositifs adaptés : deux d’entre eux, Jacques-Olivier Martin, professeur de lettes, et Agnès Giannantoni, professeure de mathématiques, témoignent d’ailleurs avec un enthousiasme communicatif de l’esprit créatif et collaboratif qui règne dans le collège.

Des professeurs qui ne sont pas "numériques" ne peut pas avoir cet esprit, bien sûr. :doc:

C’est aussi peut-être que l’approche, mûrement réfléchie, se veut humaine et non technique : pour Guy Josselin, un « Cocon », ce n’est pas une masse de matériel et de ressources, mais une volonté de travailler autrement. Par exemple, pour les tablettes numériques, le choix n’a pas été celui du « one to one », d’un équipement généralisé, mais de quelques tablettes disponibles en classe pour une pédagogie collaborative. Des soutiens se sont avérés précieux pour mener le projet : ainsi l’enveloppe de 50 HSE de la DGESCO, la présence forte du réseau de formateurs Résentice de l’académie de Rennes représenté au colloque par Didier Perret, les liens établis avec des associations de quartier comme « Le cercle »…

Autant de choses qui n'ont pas forcément à voir avec le numérique...

L’expérience a débuté par un état des lieux, des usages et des attentes. Un questionnaire anonyme a permis par exemple de faire apparaître que 77% des élèves de 3ème étaient équipés de smartphones et que le taux de connexion internet à domicile était de plus de 95%.

Pas d'"inégalités d'accès aux savoirs", donc. :devil:

Les enseignants, demandeurs de formation et de guidance dans la classe...

:roll:

...se sont donné des objectifs : mieux accompagner les élèves en difficulté ou situation de handicap, différencier davantage, lutter contre le décrochage scolaire, aider à individualiser le travail sur l'orientation, réduire l'écart entre les pratiques du numérique à l'école et à l'extérieur, évaluer et valoriser les compétences des élèves, ancrer davantage l'école dans le monde moderne, modifier les pratiques pédagogiques, engager une dynamique de travail en équipe…

C'est mieux que se donner les objectifs suivants : moins bien accompagner les élèves en difficulté ou situation de handicap, renforcer le décrochage scolaire, ne pas individualiser le travail sur l'orientation...

Pendant l’été, une tablette a été mise entre les mains de chaque enseignant pour qu’il puisse se familiariser avec l’outil. Ils ont été aussi initiés à Linux, système d’exploitation installé sur tous les postes de l’établissement. Un comité de pilotage avec tous les partenaires a été mis en place.

Sûr que Linux permet de "réduire l'écart entre les pratiques du numérique à l'école et à l'extérieur" et d'"ancrer davantage l'école dans le monde moderne"... :rirej

L’atelier consacré au collège Leonard de Vinci témoigne de pratiques pédagogiques. Quinze classes sont équipées de Vidéo-Projecteurs-Interactifs : les élèves utilisent chez eux aussi le logiciel libre Open Sankore, construisent leurs diaporamas, envoient ensuite en classe leurs camarades au tableau … Le réseau social Twitter et la plateforme Moodle sont aussi utilisés pour des activités collaboratives.

Pour quel résultat ?

En français, un travail autour de l’argumentation est mené sur un jugement de tribunal : il se fait selon un dispositif en îlots (des groupes où les élèves jouent les rôles de procureur, juge, avocat, accusé), il débouche sur des productions de textes, photos, vidéos.

Rien qu'on ne puisse... sans aucune dépense numérique.

En mathématiques DNL pour la classe européenne, les élèves avec les tablettes sont amenés à illustrer un lieu géométrique, à modéliser, à réaliser une bande dessinée sur l'expérience menée, à présenter le travail à l'oral. On détourne aussi des applications a priori non éducatives : ainsi, en allemand, l’appli Ikea permet de construire une pièce virtuelle, puis de la décrire...

Effectivement, c'est plus motivant pour les élèves...

La tablette s’avère propice à la construction rapide de documents par les élèves et à leur analyse : des animations pour réécrire des fabliaux du moyen âge...

Quel intérêt ? :shock:

...des travaux d’illustration en roman-photo autour de la chanson de Craonne, des cartes heuristiques pour aborder une notion grammaticale, des bandes dessinées via Comic Life en FLE… Les élèves, soulignent Jacques-Olivier Martin et Agnès Giannantoni, sont motivés par la mise en activité, deviennent vite experts...

C'est facile d'être "expert" avec le numérique ! :cheers:

...abordent des tâches complexes, mènent un intéressant travail d’essai-erreur, prennent des initiatives et collaborent, réalisent eux mêmes des capsules vidéos ou des exercices pour leurs pairs.

Quel beau jargon néo-pédagogique. Mais toujours pas de résultats tangibles...

Les apports sont ainsi recensés par les enseignants du collège : le numérique me permet de différencier et varier mes activités, de travailler l'autonomie, de rassurer et restaurer la motivation des élèves, de travailler l'orientation de manière différenciée, de questionner mes pratiques, de favoriser la concertation, de créer une nouvelle dynamique dans l'établissement, de réduire l'écart des pratiques numériques, de repenser les positionnements de chacun...

Autant d'évaluations relevant de l'impressionnisme. Et pour le niveau scolaire ?

Comment poursuivre et amplifier la dynamique ?

Dont on ne sait pas sur quoi elle débouche...

En identifiant et levant certains freins : le besoin de s'opposer de certains, la possible crainte du déclin des rapports humains, la mise en danger, l'essoufflement (par exemple lié aux injonctions multiples de l'administration qui modifie sans cesse les règles), les « geeks » eux-mêmes (on peut être gêné ou écrasé par des personnels absorbés par la technicité). En cherchant à convaincre : il faut travailler dans la transparence et utiliser les moyens de communication, c’est pourquoi tout le projet est en ligne sur le site de l’établissement. En impulsant une dynamique collaborative chez les enseignants : des demi-journées banalisées sont régulièrement organisées pour permettre concertation et échanges de pratiques, des cours en coanimation ont lieu (des tableaux en salles des profs permettent de s’inscrire pour ces séances à 2), le système des ProfLabs va être mis en place pour favoriser des temps de partage d’expériences entre collègues volontaires. En se nourrissant de ce qui se fait ailleurs : l’outil de veille Scoop.it est intégré au site du collège, une liste de diffusion permet d’informer les enseignants des nouveautés liées à leur matière.

Vive l'innovation, la révolution pédagogique permanente dans l'école et le renoncement au travail individuel ! :cheers:
A noter que les freins ne peuvent venir du numérique lui-même... Toute critique ne peut relever que du "besoin de s'opposer de certains", qui refusent "la mise en danger"... A admirer : "la possible crainte du déclin des rapports humains" et non "la crainte du déclin possible des rapports humains".

En accompagnant les changements : des psychologues extérieurs à l'éducation nationale sont susceptibles d’animer des groupes de parole.

Il faut d'urgence ouvrir des "cellules psychologiques" pour accompagner cette catastrophe ! :rirej

En diffusant le projet pour le valoriser et le faire rayonner.
Selon Pascal Plantard, chercheur au CREAD, qui avec son équipe observe l’expérience du collège Leonard de Vinci, il n'y aura pas d'effets quantitativement mesurables des Cocons en tant que tels...

Voilà qui est dit. :shock:

...mais on peut analyser les écosystèmes à l’œuvre : il y a au moins une cinquantaine d'acteurs qui sont mobilisés autour de ce projet ; la dynamique de collège connecté de Léonard de Vinci met du mouvement tout autour et l'inverse est vrai, c’est ainsi une vraie dynamique de territoire qui est en action ;

Un beau résultat, en effet, pour un tel investissement... :santa:

... il apparaît aussi que les élèves apprennent mieux, se motivent, développent le désir de savoir.

On devrait donc pouvoir mesurer les "effets quantitativement mesurables"... :devil:

Des enseignants connectés
Durant le colloque, ateliers et tables rondes ont aussi permis aux enseignants de présenter expériences et réflexions autour des changements importants que le numérique entraîne au quotidien dans les modes d’apprentissage des élèves. Un atelier par exemple permet de découvrir la « classe inversée ». Le principe est connu : avant la classe, les élèves ont accès à la « leçon », le plus souvent sous forme de capsules ; pendant la classe, le temps est libéré pour la mise en activité des élèves. Olivier Massé, IA-IPR de Lettres dans l’académie de Bordeaux, rappelle que traditionnellement l’élève subit en classe, puis travaille chez lui, or chez lui l’élève est seul et en classe il s’ennuie…

Quand un inspecteur de lettres raye d'un trait toute la tradition scolaire... La partie la plus passionnante de l'enseignement pour le professeur et la plus délicate pour l'élève mérite en effet d'avoir lieu à la maison, quand l'élève est seul. :cheers:
Sur la classe inversée, voir cette section du forum .

La classe inversée privilégie d’ailleurs la tâche complexe qui permet à l’élève de déterminer son parcours en autonomie : l’enjeu est aussi de développer l’esprit critique et la liberté de choix, de former un citoyen, de considérer comme Socrate que chacun porte en soi les moyens d’accéder à la vérité.

Vive le constructivisme ! Mais si tel est le cas, pourquoi conserver le principe du cours ? :scratch:

Yves Castel, professeur de sciences physiques dans l’académie de Nice, témoigne de son expérience de classe inversée en terminale S : pour briser l’ennui qu’il ressentait chez ses élèves (et même chez lui), pour optimiser son temps de présence en classe, pour pouvoir aider ceux qui en ont besoin dans un classe de 34 élèves…

Et comment le cours est-il rendu moins ennuyeux à la maison ? :santa:

La plateforme collaborative Moodle est utilisée pour rendre accessibles aux élèves des capsules vidéos (le cours tel qu’il aurait pu être fait en classe au TBI, des petits films scénarisés …) ou des exercices ludiques.

Un cours d'une heure face aux élève dont on suit la compréhension et qui peuvent poser des questions et intervenir ou une vidéo enregistrée de cinq minutes (parce que sinon c'est trop long et les élèves décrochent), c'est pareil ! Vive la vie moderne...

En début de séance, une synthèse commune est réalisée.

Pour ceux qui n'auraient pas résister à l'attrait du cours à la maison...

Puis les élèves sont mis en activité et l’enseignant change de posture : il peut davantage accompagner et individualiser.

Dans les exercices en classe, l'enseignement peut déjà passer dans les rangs et aider ses élèves... Quelle révolution ! Par contre, le cours diffusé en vidéo est assez peu "individualisé"...

En fin de séance, des prolongements sont proposés. Les retours des élèves sont variés : certains se plaignent quand la vidéo n’est pas en ligne avant le cours, d’autres confient se trouver perturbés dans leurs habitudes d’élèves scolaires.

:mrgreen:

Marie Soulié est professeure de Lettres au collège Daniel Argote d’Orthez dans l’académie de Bordeaux, un collège difficile avec une forte présence de gens du voyage. Elle aussi dit avoir éprouvé le sentiment de faire son métier comme elle n’avait pas envie de le faire : essentiellement sous la forme d’un cours dialogué, ce qui présente pédagogiquement des limites et motive peu les élèves. La classe inversée lui a permis de repenser tout le dispositif. Des capsules vidéos sont mises à disposition la veille du cours : « je me suis vite rendu compte que la capsule ne devait pas être une mini notion, mais une approche », « les élèves viennent en classe avec le menu, avec l’envie d’apprendre »

Et leur demander de lire quelque chose dans la même perspective, ce n'"tait pas possible jusque là...

En classe se déroule alors une étape d’interaction, avec travail en ilots : la composition des groupes est libre et varie tous les jours ; un « ilot des curieux » réunit ceux qui la veille ont posé des questions sur les capsules grâce au questionnaire disponible sur Google Drive...

Peu d'élèves en somme.

... l’enseignante peut leur donner des réponses individualisées ;

C'est vrai qu'interroger la classe en début de cours ne le permettait pas...

... dans les ilots, les élèves arrivent à résoudre par les échanges bien des problèmes, l’enseignante s’est dégagé du temps de parole, donc du temps pour faire autre chose tout en libéré la parole des élèves. Se déroule ensuite une phase de construction : une activité qui va permettre d’aller plus loin autour de la notion, par exemple la réalisation de cartes heuristiques qui seront ensuite projetées.

Effectivement ça va loin.

Enfin, la phase de production permet aux élèves de réaliser leurs « chefs-d’œuvre », sous forme écrite ou vidéo.

Car tout enfin moderne est un artiste. Avec la technologie l'Art s'est enfin démocratisé. :doc:

Les capsules sont mises a disposition sur le site du collège. Les enfants du voyage qui n’ont pas d’ordinateur et de connexion...

:santa:
Un public pour qui la classe inversée s'impose, en effet.

...peuvent les visualiser au collège sur la plage 17 h - 17 h 15. Pour Marie Soulié, la classe inversée, c’st non pas éloigner les enfants de la classe, mais les intégrer davantage grâce au plaisir retrouvé d’apprendre.

Que font les "enfants du voyage qui n’ont pas d’ordinateur et de connexion" à la maison, exactement ?
Toujours rien sur les résultats...

Professeur de français au lycée de l’Iroise à Brest, Jean-Michel Le Baut...

Auteur du présent article... :mrgreen:

...souligne combien en 2014 il est amené, dans l’exercice de son métier, à utiliser des environnements numériques multiples et variés, institutionnels ou non, fermés ou ouverts : plateforme Moodle, blogs pédagogiques, comptes Twitter, cahier de textes et de notes numérique, espace Facebook, site SPIP de l’établissement, Calaméo, Prezi, Padlet, Storify, ENT académique Toutatice, M@gistère, Framapad…

Quel beau catalogue, très techno-professionnel !

L’expérience montre que les outils ne fonctionnent pas quand l’usager ne se sent pas chez lui dans l'espace numérique qui lui est proposé : quand il éprouve un sentiment d'insécurité technique, de malaise professionnel (par exemple à cause de la présence intimidante de la hiérarchie), voire d’étrangéité (pour l’usager, l’écran est un miroir, il faut favoriser l’identification aux espaces et la possibilité de personnaliser les parcours).

:scratch:

La dynamique du projet i-voix est éclairante : les lycéens français et italiens qui animent ce blog dans le cadre d’un projet eTwinning autour de la littérature ont depuis 5 ans publié plus de 17 000 articles, créatifs et sensibles, qui ont reçu plus de 900 000 visites ! En matière pédagogique, les environnements fonctionnent quand on s'adapte aux usages, valeurs, et attentes de la génération numérique, celle que Marcel Lebrun nomme la « génération 3 C » : collaborer, créer, communiquer. Cela fonctionne par exemple quand il s’agit d’un espace partagé, où chacun est à la fois émetteur et récepteur. Si l’on veut que les usagers viennent se saisir des ressources mises à leur disposition (sur un blog, sur Moodle ou sur le site de l’établissement), il faut les inviter à produire eux-mêmes des ressources ! Plus les échanges sont horizontaux, plus ils sont d’ailleurs dynamiques et efficaces : sur i-voix, les premières L du lycée de l’Iroise se perçoivent comme professeurs de lettres à destination des élèves italiens partenaires...

Professeur de langue et professeur de lettres, ce n'est pas la même chose. :xx:
Retenons l'essentiel : par la grâce du numérique, n'importe quel élève peut devenir professeur. Ce qui permet accessoirement au professeur de se décharger utilement de son travail sur ses élèves.
Je vais songer aux 3C pour mes prochains paquets de copies. :transpi:

ces élèves italiens eux-mêmes, qui apprennent le français, se font un point d'honneur à commettre le moins de fautes possibles et accomplissent des progrès fulgurants dans la maîtrise de la langue...

"fulgurants", rien que ça.

Au bout du compte, chacun, élèves et profs, se fait tour à tour enseignant et apprenant.

Ah... Qu'est-ce qu'a appris M. Le Baut ?

Le partage ne doit pas se limiter à la classe, à l'espace-temps scolaire, ni même au monde éducatif...

Vive le temps scolaire totalitaire !

...pour qu’une activité numérique ait de la valeur aux yeux des élèves, il faut aller travailler sur le « vrai web », pas simplement sur des espaces scolaires ;

Et pourquoi donc ? :twisted:

...pour que la rencontre et l'action éducatives soient possibles, il faut aller débusquer les élèves là où ils sont et de là engager un vrai travail éducatif, réaliser un déplacement pédagogique, les amener ailleurs.

Pour amener les élèves ailleurs il faut donc aller là où ils sont. Logique ! :spider:

Un exemple est donné d’une récente rencontre entre les élèves et un poète : le blog est utilisé pour des activités de lecture-écriture-remix autour de recueils poétiques ; Twitter permet de diffuser ces créations, d’échanger avec des écrivains, de réaliser des travaux de Twittérature autour de l’œuvre, de susciter la rencontre ; sur l’ENT Moodle, les questions sont collaborativement préparées sur un forum ; le jour J, des élèves mènent un Live Tweet pour diffuser et fixer en direct sur la toile l'essentiel des propos de l'auteur ;

Le "live-tweet" pour "fixer"... :roll:

...après la rencontre, les traces de l’événement...

C'est le cas de le dire...

...sont mises en ligne sur le blog, Facebook, le site du lycée, Storify, une émission de radio locale …

Autant de mises à disposition du monde qui passionnent le monde entier.

Ainsi les élèves ont-ils fait l'expérience vivante de la poésie (lecture, écriture, rencontre)...

Effectivement c'est convaincant. L'expérience de la poésie par le live-tweet...

...expérience qu'ils ont convertie en connaissances (notamment par les gestes de transformation de l’œuvre, de fixation et de diffusion des idées échangées), et ce à travers différents outils numériques dont ils ont simultanément développé la maîtrise.

C'est vrai que maîtriser Twitter, Facebook ou un blog déjà créé sont des compétences numériques avancées. :transpi:

Parmi tous les outils proposes, souligne l’enseignant, deux seulement sont estampillés « Éducation nationale » (Moodle et le site du lycée) et plusieurs sont par défaut filtrés dans l'établissement (la plateforme de blog, Twitter, Facebook) : le système doit s’interroger suer sa capacité à favoriser ou freiner le bonheur et la fierté d'apprendre…

Quel sens de la formule !
Twitter et Facebook ou "le bonheur et la fierté d'apprendre"...

Quels enseignements en tirer ? Il faut donner à nos élèves le sentiment d’appartenance à une communauté d'apprentissage. Et pour y réussir il faut en sortir…

Voilà qui est limpide !

L’éclatement des outils disponibles, loin d’être un handicap, est la condition de la réussite. Il importe de pouvoir varier les espaces de travail et de diffusion, de pouvoir aussi créer entre eux des passerelles. Si on accepte d’envisager le web tel qu’il est, c’est-à-dire comme une invitation, saisie par beaucoup d’adolescents, à échanger et à créer, à se cultiver et à se construire...

Et rien d'autre, bien sûr.

...alors on peut les y accompagner pour encore mieux les former. Ce qu’il faut aussi désormais penser, c’est le développement, chez les élèves de la « génération mobile », de nouveaux usages du web liés en particulier aux Smartphones : il va nous falloir accepter ceux-ci dans les lieux d’apprentissage (et les moments d’évaluation ...)...

Quel volontarisme et quelle autorité pour l'école... :spider:

...concevoir des usages et des ressources pédagogiques adaptés...

En plus, il faut s'adapter aux smartphones...

...(sont à repenser la présentation et la taille des textes que nous leur transmettons et/ou qu’ils produisent, la possibilité d’une interactivité…)...

En clair : des textes pas trop longs pour la "génération mobile". Un tweet, c'est 140 caractères, ne l'oublions pas.

...rendre techniquement possible le fait que les élèves reçoivent sur leurs téléphones des notifications de nature scolaire (quand le prof a déposé un document sur l’ENT, quand un autre élève a déposé un commentaire sur une production etc.).

Trop hype ! :rirej

Qu’attendre alors de l’Education nationale ? Avant tout qu'elle favorise la révolution culturelle en cours. Cela passe par certains changements essentiels : des obstacles aux usages (sites filtrés, wifi interdite...) doivent être levés tant ils découragent les bonnes volontés ;

L'école doit renoncer à toute forme de maîtrise et même de connaissance sur ce que se passe en son sein.

...les programmes et les modalités d'évaluation sont à refonder d'urgence, tant ils figent des pratiques pédagogiques obsolètes ;

On ne saura pas pourquoi. Lire, comprendre et commenter un poème en livrant une interprétation personnelle et en construisant une pensée personnelle, c'est archaïque. En revanche le live-tweet collectif d'un poète, ça, c'est vraiment important et utile. :papy:

... les mentalités doivent évoluer un peu partout, tant il paraît impératif que l'administration et les enseignants acceptent de perdre un peu le contrôle.

Pas un peu : entièrement...

Pour le plus grand profit des élèves.

Ou pas.

Un système éducatif connecté
« Vivre le numérique au quotidien en établissement » : c’est le titre même du colloque qu’est chargé d’éclairer Jean-Louis Durpaire, Inspecteur général de l’Éducation nationale. La vie des élèves est changée par les outils mobiles, de même qu’est bousculée par les nouvelles technologies celle des professeurs, qui d’ailleurs parfois s’autocensurent, n’osant pas par exemple se lancer dans un projet de « twittclasse » parce que le règlement intérieur de l’établissement les en empêche. De nouveaux « règlements de vie » sont à inventer à l’heure du numérique : qu’allons-nous interdire ou autoriser ?

Ben tout, si on écoute M. Le Baut.
C'est vrai que Twitter a tout à fait sa place à l'école ...
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comment intégrer par exemple le « Bring Your Own Device » (BYOD), autrement dit la pratique, de plus en plus courante, qui consiste à utiliser ses équipements numériques personnels en classe ?

Pratique surtout très économique...

Le numérique, ajoutera-t-on, parce qu’il abat les murs de la classe et de l’établissement, ne rend-il pas obsolète le terme même de « règlement intérieur » ?

:shock:

Vivre le numérique à l’Ecole, insiste Jean-Louis Durpaire, c’est traiter la question de l’éducation tout court (au lire, écrire, compter, créer…) qui désormais se pose à l’intérieur d’une société du numérique, celle que les élèves habitent.

La société que les élèves habitent est depuis longtemps très différente de l'école... :roll:

Il convient d’ailleurs de dépasser l’opposition entre un numérique post classe (abondant et ludique) et un numérique scolaire (rare et sérieux) : cette dissociation des temps est préjudiciable aux élèves, il faut leur démontrer qu’après la classe ils peuvent aussi se servir utilement des outils.

Et réciproquement : les élèves peuvent aussi faire autre chose en classe qu'étudier ! :P

La question du numérique en établissement risque quant à elle d’être modifiée par la réforme des collectivités territoriales envisagée par le nouveau Premier ministre. Plus fondamentalement, l’éducation est à repenser en termes de continuités et d’interactions : les réseaux sociaux par exemple peuvent aider à mieux former les élèves, tout en les armant pour réfléchir à leur identité numérique.

Il suffit de l'affirmer, après tout. Ça coûte rien et ça fait moderne.
Pour les réseaux sociaux, voir cette section du forum .

Une table ronde animée par Yaël Briswalter, délégué Académique au Numérique dans l’académie de Grenoble s’attache à montrer combien le numérique rompt les règles d’unité du théâtre classique de la classe.

Et rompre l'unité, c'est bien. :santa:

L’action pédagogique était jadis concentrée en un temps et un lieu clairement définis et délimités : tous les élèves d’une même classe, à une heure donnée recevaient un même enseignement, selon une pédagogie magistrale suivie d’exercices d’application. Le numérique est une révolution qui annule l’espace, comme le dit Michel Serres. Le lieu du savoir n’est plus seulement la salle de classe : il s’étend aux espaces en ligne, est accessible par des outils mobiles, s’organise autour de CDI transformés….

Michel Serres a dit beaucoup de choses intelligentes sur l'école et le numérique , dont on trouve ici quelques exemples...

L’organisation temporelle, par l’immédiateté de l’accès aux connaissances et l’instantanéité des échanges, en est également chamboulée, tout autant que l’unité d’action, qui vole en éclats avec la classe inversée, les travaux collaboratifs, les parcours personnalisés, les ateliers et les projets. Si le numérique rompt les règles d’unité du théâtre de la classe, va-t-il déclencher une « bataille d’Hernani » ? Comment le système peut-il affronter certains « principes de réalité » comme l’architecture des établissements, l’organisation des emplois du temps, les habitudes de pédagogie frontale… ?

Des détails, des détails...

Le cauchemar de Jean-Pierre Véran, inspecteur d’académie, c’est que, puisque les savoirs sont partout, advienne une société sans Ecole : « le numérique implique non pas moins d’école, mais mieux d’école ».

Voilà qui est syntaxiquement correct.

Il faut favoriser « l’apprentissage démocratique » qui passe par « le self-government ». Il faut viser à ce que l’élève ne fasse pas que des devoirs, que chacun puisse être un éditeur numérique, capable de s’exprimer, de créer, de produire de l’information.

:shock:

Le système éducatif dans son organisation est héritier des temps monastiques : une flexibilité temporelle est à inventer. Le décret de juillet 1985 indique d’ailleurs que l’établissement est autonome pour l’organisation du temps scolaire : pourquoi ne le fait-on pas ?

:shock:

Des freins existent : la forme scolaire française fait système (organisation des divisions, des apprentissages au sein de la classe, de l’évaluation…), elle a du mal à laisser autre chose que des marges à ce qui la remettrait en cause fondamentalement.

Alors qu'il faut arrêter de "faire système", c'est évident. Pour que l'école continue d'exister, il faut qu'elle renonce à être l'école.

Le but d’un chef d’établissement est de bâtir en début d’année des emplois du temps sans « trous » : peut-être faute de lieux adaptés, mais il y aurait la possibilité d’exploiter intelligemment ces « trous », de favoriser l’émergence de parcours personnalisés, de mettre en place des ateliers en collaboration avec le CDI ou la Vie scolaire, pour peu que les personnels y aient des missions d’assistants pédagogiques plus que de surveillants.

:santa:

Il faut être optimiste : un « changement de velours » est possible, équivalent à celui qu’entraîna au 19ème siècle selon Anne-Marie Chartier le passage de la plume d’oie à la plume métallique.

C'est vrai que c'est tout à fait la même chose...

Jean-Paul Moiraud, enseignant à l’Université Jean Moulin Lyon 3, souligne la porosité vie privée – vie professionnelle : comment gérer son écosystème numérique ? comment faire entrer le savoir dans la maison pour des temps à déterminer ? Si tous les profs se mettent au numérique, il va falloir mieux penser ce temps de l’élève hors la classe en l’organisant, en collaborant, en prévoyant un temps de déconnexion.

Comme c'est gentil d'y penser !

Dans l’établissement, le numérique change la question du nombre d’élèves par classe, désormais modulable : tout l’établissement peut être réuni pour des visioconférences (on peut inviter en classe des experts de toute origine) tandis qu’à d’autres moments seront conduits des travaux en petits groupes.

Voilà qui sera simple à organiser, en effet... :santa:

Didier Vin-Datiche, IGEN-EVS, oppose deux modèles éducatifs : hier des élèves sous perfusion qui absorbent goutte à goutte le savoir déversé par le maître...

Sympathique image d’Épinal, radicalement inepte. Si les IGEN pensent ainsi, on peut avoir les plus grandes craintes pour l'avenir de l'école...

...demain peut-être un régime d’apprentissage où le temps est plus élastique et l’espace plus poreux, ou les inégalités sociales vont se réduire grâce aux outils numériques...

:santa:

...qui aident à différencier la pédagogie et mieux construire les parcours d’orientation.

Différencier la pédagogie en lissant les enfants seuls face à des écrans.

Les enseignants doivent désormais apprendre à construire des scénarios pédagogiques pour adapter la formation.

Scénarisons, scénarisons !

Questions à se poser : est-ce qu’un établissement ce peut être autre chose que des heures de cours agrégées ?

C'est vrai que c'est pathétique, comme façon d'enseigner. Dire qu'on a pratique cela pendant des décennies...

comment faire pour que tous les temps non scolaires en établissement soient des temps d’apprentissage, cognitif ou de socialisation ?

Le numérique, totalitaire. Encore. Même la socialisation dans l'établissement doit passer par le numérique : riante perspective pour les générations futures !

Il faut faire évoluer les cultures professionnelles, les représentations traditionnelles du métier d’enseignant.

Y renoncer, même. :doc:

L’accompagnement pédagogique des équipes est à renforcer, sur le terrain, au plus près de leurs besoins. A l’ère de la massification, les CDI ont rempli une fonction historique pour offrir des conditions nouvelles d’accès a la culture. A l’ère du numérique, ils sont amenés à se transformer en « Centres de connaissance et de culture » : ces « carrefours d’apprentissage » sont des bibliothèques auxquelles on associe des fonctions technologiques et pédagogiques d’aides aux usagers.

:mrgreen:

Olivier Rey, responsable du service Veille & Analyses de l’IFE-ENS Lyon, appelle de ses vœux une Ecole de la bienveillance et de la fierté.

:shock:

Il est impératif de réconcilier les Français avec leur Ecole, de faire en sorte que les parents puissent mieux dialoguer avec les enseignants pour que tous se comprennent mieux, que les élèves eux-mêmes puissent montrer ce qu’ils font à l’école et en être fiers. Cela suppose de ne pas communiquer que par les moyens de l’ENT. Un élève qui finit sa scolarité en France, avec quoi part-il ? Le brevet des collèges ?! Le Livret Personnel de Compétences ?! Ne faudrait-il pas imaginer qu’en fin de 3ème chacun ait réalisé un « chef-d’œuvre », un projet qu’il puisse montrer ?

Comme en maternelle, en somme...

Il importe par ailleurs de penser l’organisation non plus en termes d’heures de cours, mais de temps nécessaire pour les apprentissages : cela suppose de centrer vraiment le curriculum sur les élèves.

Organisons le grand n'importe quoi de l'enseignement, avec des heures variables !

S’approprier le savoir, c’est le transformer, souligne Olivier Rey. Dès lors se pose aussi la question de l’évaluation, appuyée encore pour l’essentiel sur les formes traditionnelles de connaissances, sur des modalités individuelles et non collectives, avec un poids important de la comparaison sociale.

Où l'on voit que l'évaluation risque de montrer l'inanité de cette école numérifiée... :devil:
Quelles sont donc les "formes modernes de la connaissances" ? :mrgreen:

Julie Higounet, chef de projet « Usages du numérique - Premier degré », perçoit le numérique comme une chance pour faire sortir les élèves de l’école et pour y faire entrer autre chose. L’enseignant doit apprendre à modéliser de nouvelles interactions : entre ses élèves, avec ses élèves, avec le monde extérieur. Les professeurs-documentalistes sont amenés à jouer un rôle essentiel, notamment avec le développement de « bibliothèques 3èmes lieux ». Pour l’accompagnement des enseignants, le service de formation hybride M@gistere déjà lancé dans le primaire peut commencer à débloquer les choses.

Former les enseignants par le numérique, c'est aussi économique !

De nouvelles modalités d’évaluation s’inventent, qui s’éloignent du modèle sommatif.

:santa:

En Arizona, raconte Julie Higounet, il a fallu se poser la question des longs temps de transport entre la maison et l’école : les cars scolaires ont été équipés de Wifi, il s’est avéré que les taux de réussite ont augmenté…

Vive les mirabilia de la vie moderne !

Alain Thillay, chef du bureau des usages numériques et des ressources pédagogiques à la DGESCO, anime une table ronde qui explore les moyens de faciliter les usages de services et ressources numériques dans les apprentissages : comment les faire connaître ? comment identifier es besoins ? comment aider les uns et les autres à se les approprier et/ou à en produire à son tour ? François Villemontex, enseignant-chercheur à l’Université de Cergy-Pontoise, rend compte d’une étude menée dans le premier degré sur l’usage de tablettes tactiles dans 8 établissements et 8 écoles. Des questions sont soulevées : quel geste professionnel doit-on associer pour organiser une évaluation de documents numériques ? comment résoudre les problèmes de manipulation de ces documents (récupération, affiliation, diffusion) ? comment gérer les traces laissées par les élèves ? comment former les enseignants à une ingénierie pédagogique complexe ?

A une usine à gaz...

Jean-Michel Leclercq, directeur délégué du CNED en charge du nouveau programme de soutien scolaire « D’Col », en présente l’ambition : mettre à disposition des établissements un nouvel outil pour l'accompagnement personnalisé, dans l’établissement et hors établissement, des élèves de 6ème en difficulté. Un « agent conversationnel », Tom, a été créé pour guider l’usager dans la plateforme : construit autour d'une base de connaissances, il est en capacité de répondre aux questions de l’élève, de reformuler, d’orienter, de mettre en relation si besoin avec un enseignant tuteur du CNED…

Comme les agents virtuels incarnés de la grande distribution en ligne : quelle chance !
A lire : notre article sur D'Col.
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15 000 interactions par jour ont actuellement lieu avec cet avatar, ce qui d’ailleurs donne un instantané intéressant des questions les plus posées en maths en classe de sixième.

Rappelons que D'Col s'adresse à... 30 000 élèves.

L’objectif est de renforcer l'interaction en trouvant une valeur ajoutée pédagogique.

Ce serait une bon,ne idée, effectivement.

D’ores et déjà un millier de collèges ont déployé le dispositif D’Col.

Un déploiement de fait sans expérimentation...

Bertrand Cocq, directeur général adjoint du réseau CANOPÉ, présente certains services numériques désormais en place. « Les fondamentaux » proposent de petits films pour développer l'acquisition des connaissances fondamentales en école élémentaire, avec des fiches d’accompagnement pour les parents et les enseignants.

Des choses qui ne pouvaient exister à l'ère des manuels scolaires imprimés...

D’ores et déjà sont en ligne 120 vidéos, 109 fiches pédagogiques et 14 fiches parents, avec un trafic en constante augmentation malgré l’absence de communication sur le dispositif.

Des "fiches pédagogiques", il fallait y penser : c'est l'avenir !

« Edutheque » est un portail unique vers des sites d’établissements publics à caractère culturel ou scientifique (BnF, Centre Popisou, Ina, Louvre, Cnes, Insee…) : il permet aux enseignants de découvrir et de récupérer de multiples et précieuses ressources : 16 partenaires sont déjà présents, 35 000 enseignants s’y sont déjà inscrits.

Pour le coup, une initiative plutôt très intéressante.

Pour Marie Deroïde, chef de projet ENT et services numériques à la DGESCO, les enseignants doivent avoir accès à toutes les ressources depuis n’importe quel matériel. Des compromis sont à trouver : lever un maximum d’interdictions tout en favorisant un sentiment d’appartenance...

C'est comme si c'était fait.

...prendre en compte le besoin de personnalisation tout en protégeant les données à caractère personnel…

Même chose.

Il s’agit de mettre en place un cadre de confiance et de cohérence.

Bon courage !

En guise de conclusion
Dans sa conférence de clôture, Daniel Auverlot, Inspecteur général, appuie sur quelques tiraillements perceptibles. Il raconte par exemple la mésaventure survenue à un professeur d’anglais approfondi : ses élèves à l’examen doivent présenter un dossier, beaucoup ont choisi de le faire via Prezi, Powerpoint ou des blogs, or dans le centre d’examen il n’est pas techniquement prévu de permettre à l’examinateur de les visualiser pour mener avec les candidats les échanges à leur sujet…

Le "tiraillement", c'est seulement que l'école n'est pas assez numérifiée... Voilà la seule limite du numérique ! :cheers:

« La nature et les modalités d'enseignement changent quand les examens et les concours changent », note Daniel Auverlot. Il y a aujourd‘hui aussi un décalage entre une politique volontariste et la pratique de terrain, des inégalités de traitement peu compréhensibles entre les académies (la wifi autorisée ici, interdite ailleurs) ou les établissements (des sites filtrés ici, accessibles ailleurs), une contradiction entre l’architecture des établissements, historiquement construits selon le principe de l'école de la surveillance, et la capacité du numérique à faire disparaître la clôture, ce que certains jugent inquiétant.

Mais visiblement pas Daniel Auverlot.

Désormais, l'établissement entier est amené à devenir un espace d'apprentissage, même la cafétéria quand on mange, l’escalier où on s’assoit, la pelouse où on s’allonge …

:santa:

Il convient de surmonter les tensions entre les souhaits de l’institution en quête de cohérence, de clarté, de sécurité… et les aspirations des enseignants ou des élèves en recherche d’autonomie, de liberté, d’ouverture, de créativité.

C'est vrai que ni enseignants ni élèves ne peuvent souhaiter cohérence, clarté et sécurité.

Changer la vie par le numérique dans les établissements scolaires : une utopie ? Et s’il s’agissait tout simplement pour l’Ecole de s’adapter à la réalité du monde ?

Et si l'Ecole avait par essence vocation à extraire les élèves hors d'un monde technologique qu'on leur impose par des moyens publicitaires ?
Dernière édition: 14 Avr 2014 11:44 par Loys.

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17 Avr 2014 14:34 #10217 par Loys
La synthèse par Daniel Auverlot sur "Ludomag" du 17/04/14 :

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