"Quand l’économie collaborative disrupte l’éducation" (Béatrice Gherara)

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28 Déc 2016 16:21 - 28 Déc 2016 16:22 #18060 par Loys
Dans "La Tribune" du 28/12/16 : "Quand l’économie collaborative disrupte l’éducation"

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Dernière édition: 28 Déc 2016 16:22 par Loys.

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28 Déc 2016 16:57 - 28 Déc 2016 18:24 #18061 par Loys

Quand l’économie collaborative disrupte l’éducation
Restauration, hôtellerie, voyage, plus un secteur ne résiste à la déferlante de la sharing economy ! Dernier secteur impacté ? L'éducation !

Impossible d'être à la pointe de l'innovation numérique sans employer le verbe "disrupter" (au sens de : bousculer positivement, dans l'esprit de Mme Gherara). :doc:
Quand à l'économie collaborative, ou "sharing economy", le concept reste volontairement nébuleux, nous verrons d'ailleurs pourquoi.

Partage de repas entre particuliers sur Vizeat, location de chambre de courte durée sur Airbnb ou location de son véhicule sur Drivy... Valorisée à plus de 335 milliards de dollars d'ici 2025, l'économie collaborative n'a pas fini de renverser les ordres établis. À l'heure où 600.000 bacheliers s'apprêtent à passer leur examen du Baccalauréat, un vent d'innovation souffle sur l'école, à rebours des convictions et traditions. Retour sur les 5 innovations collaboratives qui dépoussièrent les modes d'apprentissage !

Reste à voir ce que Mme Gherara appelle "l'école".

La fin de la dictature du diplôme
Érigé en indispensable sésame, le diplôme voit son existence remise en question par l'irruption de nouveaux acteurs, partisans d'une éducation plus ouverte. Fondée en 2013 par l'entrepreneur français, Xavier Niel, l'École 42...

Il ne s'agit donc pas de "l'école", mais du supérieur... :roll:
Encore une cas de fascination pour le modèle "42" : ne pas proposer de diplôme permet à "42" de se dispenser de toute homologation par l’État et de toute exigence de niveau.

... est devenue en quelques années la figure de proue d'un système éducatif pragmatique et décomplexé.

Le financement de cette école, véritable vitrine médiatique pour Xavier Niel, par sa fondation a en effet quelque chose de "pragmatique et décomplexé" puisque ce sont les contribuables qui la financent indirectement. On se demande en quoi cet exemple peut se rattacher à "l'économie collaborative"... :shock:

Dédiée à l'apprentissage de l'informatique, celle-ci ne sélectionne pas sur la base du diplôme pour réaliser une sélection de ses étudiants sur la base de cas pratiques.

Et les étudiants ne sont pas diplômés en sortant de l'école : le futur employeur n'aura qu'à faire une sélection "sur la base de cas pratiques" !
Problème d'ailleurs, les étudiants de "42" n'étant recrutés et formés que sur leurs compétences informatiques, le recruteur ne devra pas attendre d'eux une culture plus générale (la maîtrise d'une langue vivante par exemple...).
Pour le reste, la sélection drastique à l'entrée de "42", avec des épreuves relativement éprouvantes, n'a rien de vraiment innovant pour "dépoussiérer les modes d'apprentissage". L'école devrait sans doute, dans l'esprit de Mme Gherara, ne sélectionner que les meilleurs pour les former ! :santa:

Étudiants en reconversion, mordus du code... ses rangs comptent des profils variés tous réunis par la passion du web.
L'École 42 pousse la logique collaborative au-delà de la simple étape du recrutement puisque son enseignement est dispensé... par ses élèves ! Ouverte tous les jours et accessible 24h/24, elle ne compte aucun professeur ou cours magistral : les étudiants apprennent entre eux et à leur rythme, au fil de cas pratiques...

Si "l'économie collaborative" (confondue ici avec l'apprentissage collaboratif) n'est pas évidente dans cet exemple, l'économie (pour l'école 42) est en revanche bien visible ! :santa:

Fort du succès enregistré en quelques années, cette petite révolution s'exporte aujourd'hui outre-Atlantique, en s'implantant depuis ce printemps au sein de la Silicon Valley, en Californie.

Le cursus (fluctuant il est vrai) à "42" est de trois ans : les premiers entrés en 2013 sont donc sortis en 2016. Difficile de voir sur quoi se fonde Mme Gherara pour affirmer qu'il s'agit d'un "succès". A moins qu'il ne s'agisse du succès médiatique de cette école...

Le peer-to-peer learning
Portée par l'essor des plateformes de mises en relation entre particuliers, une multitude d'acteurs de la French Tech se positionnent sur le partage de biens, de services et plus récemment... de savoirs. Ainsi, la startup Kokoroe permet aux particuliers de partager leurs savoirs et savoirs faire entre pairs, et ce, sans condition de diplôme. Cuisine, langues, danse, mais aussi ukulele, hula hoop ou pilotage de drone : chacun y partage et monétise sa compétence, aussi insolite soit-elle...

"Cuisine, langues, danse, mais aussi ukulele, hula hoop ou pilotage de drone" : tout ceci est très intéressant mais quel rapport avec les disciplines scolaires et la construction d'une programmation d'enseignement sur toute une scolarité ?
Intéressant que, de façon "pragmatique et décomplexée", Mme Gherara donne en exemple sa propre start-up. L'auto-promotion n'est pas vraiment innovante non plus. :mrgreen:
Pour défendre son propre modèle commercial, on comprend mieux pourquoi Mme Gherara,elle-même diplômée de Sciences-Po et enseignant à l'université Dauphine, célèbre "la fin de la dictature du diplôme" : après tout n'importe qui peut enseigner n'importe quoi n'importe quand !
A noter que cette start-up (appartenant à "l'économie collaborative", vraiment ?) a effectué une levée de fonds de 250.000€ en 2015, notamment auprès de... Xavier Niel (Kima Ventures). On comprend mieux l'éloge de "42".

Les encyclopédies collaboratives
Fini l'ère où seul le professeur était détenteur de la connaissance !

C'est vrai qu'avant les encyclopédies en ligne, les encyclopédies n'existaient pas...
Mme Gherara ne fait que répéter des éléments de langage aussi naïfs que vides de sens. Les professeurs n'ont jamais été et n'ont jamais prétendu être les seuls détenteurs de la connaissance. En revanche, ce sont des pédagogues, bons connaisseurs d'une ou plusieurs disciplines académiques : on se demande bien en quoi une encyclopédie, en ligne ou pas, pourrait les remplacer...

Le savoir sort de la salle de classe et devient accessible à portée de clics...

En quelques clics, grâce à Wikipédia, on parle anglais ou sait résoudre un problème de mathématiques ! :santa:

...soutenu par le développement des encyclopédies collaboratives. Référence en la matière, Wikipedia agrège une multitude de savoirs, grâce à son active communauté de bénévoles.

Mme Gherara n'a pas remarqué qu'il n'existe qu'une seule "encyclopédie collaborative", dont le modèle comme le monopole n'est précisément pas sans poser problème.

Créée par les Américains Jimmy Wales et Larry Sanger, l'encyclopédie figure parmi la très disputée liste des 10 sites les plus visités au monde.

Quel rapport avec l'éducation ? Mme Gherara confond visiblement mise à disposition des connaissances (comme dans un vulgaire manuel scolaire, plus adapté aux élèves) et assimilation de ces mêmes connaissances...
Pour le reste, si l'encyclopédie se prétend bien collaborative (en dépit de l'absence de travail collaboratif), on se demande bien le rapport avec "l'économie collaborative"...

La gamification pour tous
Désireuse de garantir la confiance et la sécurité au sein de ses communautés, l'économie collaborative a très vite misé sur la gamification. Objectif : garantir le sérieux de ses membres et créer des dispositifs de recommandations visibles de tous.

Quel rapport avec la "gamification" ?
Voilà donc ce qui peut remplacer les diplômes : "des dispositifs de recommandations".

Les systèmes éducatifs ont de même rapidement suivi ce principe de ludification en adoptant des badges attestant des certifications obtenues.

Quel rapport entre "badges attestant des certifications obtenues" et "ludification" ? :scratch:

Dernièrement, Mozilla a ainsi lancé son projet collaboratif d'Open Badges, rendant accessible la gestion d'un portefeuille de certifications. Ces badges d'un nouveau genre sont stockables et partageables sur les réseaux sociaux, comme Linkedin, et permettent de reconnaître les compétences obtenues, à l'école mais également en dehors du cadre académique classique (MOOCs, cours en ligne...) !

Puisse "Open badges" reconnaître les badges de Kokoroe !

Les MOOCs
Adepte de l'éducation pour tous, les Massive Online Open Courses (MOOCs) permettent à tout un chacun de disposer de cours en ligne gratuits et dispensés aux quatre coins du globe. Nés sous l'impulsion des grandes universités américaines, comme Stanford ou Harvard, les MOOCs abordent une large palette de territoires pédagogiques, allant des mathématiques, à la biologie en passant par la gestion de projet ou le management. Pionnière dans ce domaine et créée en 2006 par Salman Khan, la Khan Academy compte ainsi plus de 2.200 mini-leçons couvrant de vastes champs comme la physique, l'informatique ou l'algèbre. Plus d'excuses pour ne pas apprendre et partir à la conquête de nouvelles connaissances...

Encore une fois, quel rapport avec "l'économie collaborative" ou l'école ?
Ce manque de pertinence récurrent dans le propos de Mme Gherara relève moins de la confusion que de la dissimulation : masquer, derrière la vitrine d'une "économie collaborative", une "disruption" beaucoup plus archaïque : la libéralisation de l'école.
Son dernier exemple (les moocs) est intéressant puisque Mme Gherara ne semble pas avoir mesuré l'échec des moocs dans le domaine universitaire. Il s'agit moins pour elle de promouvoir une idéologie (et une entreprise personnelle) que d'observer les faits.
Dernière édition: 28 Déc 2016 18:24 par Loys.

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