"L'enfant et les écrans" (Académie des sciences)

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22 Jan 2013 20:43 - 04 Jui 2019 13:19 #3415 par Loys
L'Académie des sciences vient de publier un rapport : "L'enfant et les écrans" .

Colloque ici : www.academie-sciences.fr/fr/Colloques-co...t-et-les-ecrans.html

Réactions (souvent très positives) dans les médias :
- "Le Point" : "Non, les écrans ne sont pas néfastes pour les petit s" (23/01/13)
- "01.net" : "Pourquoi les écrans numériques peuvent être une chance pour les enfants" (22/01/13)
- "Medscape Pédiatrie" : "Ecrans et enfants : Serge Tisseron et l'Académie des sciences plutôt favorables" (28/01/13)
- "NousVousIls" : "Des tablettes dès la maternelle" (11/03/13)
Dernière édition: 04 Jui 2019 13:19 par Loys.

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22 Jan 2013 21:14 - 10 Aoû 2014 22:00 #3416 par Loys
Autre réaction dans "Le Monde" du 22/01/13 : "Face aux écrans, responsabiliser les enfants plutôt qu'interdire" .

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Quelques commentaires :

Face aux écrans, responsabiliser les enfants plutôt qu'interdire

On n'est raisonnable que quand on a accédé à la raison : or la raison est le but de l'éducation (cf Rousseau). Un tel slogan constitue d'une certaine manière un renoncement à l'éducation.
Ce slogan fait écho à celui de "L'Internet responsable" .

Consoles de jeux, ordinateurs, télévisions, tablettes numériques : les tentations sont de plus en plus nombreuses pour les enfants.

Ces tentations n'existent qu'avec la complaisance des parents. Rien n'oblige à multiplier les écrans ou à en équiper les chambres d'enfant.

De 4 à 14 ans, ils regardent la télévision 2 h 15 par jour en moyenne, selon Médiamétrie.

Et les autres écrans ? :fur

Ce choix est aussi dicté par l'évolution rapide des supports, qui deviennent de plus en plus interactifs, et des contenus, avec des logiciels éducatifs qui prendront de plus en plus de place.

Pour ce dernier point, j'en doute fort. Les jeux éducatifs servent surtout de caution à l'achat.

Avant 2 ans, aucun effet positif, sauf pour les tablettes

Quel effet positif avec les tablettes ? On a hâte de le savoir !

Toutes les études montrent que les écrans non interactifs (télévision, DVD) n'ont aucun effet positif. Les DVD commercialisés pour les bébés peuvent, au contraire, avoir des effets négatifs : prise de poids, retard de langage, déficit de concentration et d'attention...
En revanche, les tablettes tactiles peuvent contribuer, avec l'aide d'adultes, à l'éveil précoce au monde des écrans.

Ah ! L'effet positif d'un écran avant deux ans; c'est de... "contribuer à l'éveil précoce au monde des écrans". :twisted:
Rappelons que précoce signifie "avant l'âge normalement admis".

"C'est le format le plus proche de leur intelligence", signale l'avis. Le principe doit rester celui de formes de stimulation très variées, numériques et non numériques.

Les écrans, addictifs par essence, s'oppose à cette variété.

La violence sur les écrans peut occasionner des troubles du sommeil et une insécurité psychique chez le très jeune enfant.

Heureusement il n'y en a jamais.

De 2 à 6 ans, pas de console personnelle
De 2 à 3 ans, l'exposition passive et prolongée à la télévision sans présence humaine interactive et éducative est déconseillée. A partir de 3 ans, l'intelligence devient symbolique et représentative : l'enfant peut faire preuve d'"imitation différée" – reproduire une scène après l'avoir vue – et devient capable de faire semblant. Les écrans peuvent éduquer à distinguer le réel du virtuel.

Les histoires dans les livres le font tout aussi bien mais demandent un petit effort aux parents. Les écrans les en dispensent : vive la modernité !

Parallèlement, l'enfant doit être invité à parler de ce qu'il voit.

C'est toujours ainsi que se passe l'utilisation des écrans, heureusement.

A partir de 4 ans, les ordinateurs et consoles de salon peuvent être un support occasionnel de jeu en famille. Mais à cet âge, jouer seul sur une console personnelle devient vite stéréotypé et compulsif. "Avant 6 ans, la possession d'une console ou d'une tablette personnelle présente plus d'inconvénients que d'avantages", soulignent les auteurs de l'avis. On peut toutefois en juger au cas par cas, à condition d'établir un contrôle très rigoureux sur les horaires.

Voilà qui fait envie : "stéréotypé et compulsif", "plus d'inconvénients que d'avantages", nécessité d'un "contrôle très rigoureux"... alors que l'intérêt des écrans est de libérer les parents de leurs enfants tout en les gardant à la maison !

De 6 à 10 ans, l'importance de l'autorégulation
L'école élémentaire est le meilleur lieu pour engager une éducation systématique aux écrans. Une éducation précoce de l'enfant à l'autorégulation est essentielle. De l'avis de Serge Tisseron, mieux vaut fixer à l'enfant un temps donné d'écrans par jour, à charge pour lui de se responsabiliser.

Fini le contrôle rigoureux à partir de sept ans... Mais c'est curieux : il faut que l'enfant s'auto-régule ou lui fixer un temps donné ? :scratch:
En famille, les logiciels de contrôle parental installés sur l'ordinateur sont une protection nécessaire mais insuffisante. Le climat de confiance entre enfants et parents est essentiel. L'utilisation pédagogique des écrans et des outils numériques à l'école ou à la maison peut marquer un progrès pédagogique important (logiciels d'aide à la lecture ou au calcul).

Après 12 ans, se méfier des usages nocturnes nocifs

"se méfier des usages nocturnes nocifs", ça paraît effectivement la moindre des choses ! :shock:

"Les outils numériques possèdent une puissance inédite pour mettre le cerveau en mode hypothético-déductif", signalent les auteurs. L'adolescent peut ainsi plus rapidement explorer toutes les possibilités ouvertes (notamment sur Internet) et exercer ses capacités déductives.

:shock: :scratch: :scratch:
A noter les termes "puissance" et "peut" qui suggèrent le conditionnement à un bon usage. Et en cas de mauvais usage ?

En outre, un bon usage peut améliorer le contrôle des émotions et la capacité à contrôler ses pensées, actions, prises de décisions.

Ben voyons, et quoi d'autre encore ?
A noter encore la précaution : "un bon usage peut".

En revanche, un usage trop exclusif d'Internet peut créer une pensée "zapping", trop rapide, superficielle, et fluide, appauvrissant la mémoire et les capacités de synthèse personnelle et d'intériorité.

Ah ça... C'est effectivement ce qu'on constate. Et comment éviter un usage trop exclusif si on laisse l'autorégulation à l'enfant ?

L'apparition de somnolence et de difficultés de concentration, ainsi qu'une baisse des résultats scolaires doivent alerter les parents sur les usages nocturnes excessifs.

Les "usages nocturnes excessifs" eux-mêmes doivent alerter les parents tout court. :o
De tels usages traduisent une absence totale de contrôle parental.

Etablir des règles claires sur le temps accordé aux écrans est indispensable.

Non : exercer l'autorité parentale, voilà ce qui est indispensable. Une console ou Internet dans une chambre, c'est renoncer à toute régulation.

Parler avec l'adolescent de ce qu'il voit et fait sur les écrans l'aide à développer son sens critique.

La personne qui a écrit cette phrase ne doit pas discuter souvent avec un adolescent, pour qui les écrans sont précisément un moyen d'échapper au monde adulte.

La maturation cérébrale n'étant pas achevée, l'éducation et le contrôle des parents sont essentiels.

On voit mal comment ce contrôle peut s'exercer, vu les préconisations faites... :shock:

S'agissant des jeux vidéo, faire une distinction entre les pratiques excessives qui appauvrissent la vie des adolescents et celles qui l'enrichissent est indispensable. Pour cela, il faut être attentif aux jeux choisis : un jeu "intéressant" associe des interactions sensorielles, motrices, et des interactions cognitives et narratives.

Et qui "choisit", à votre idée ? :twisted:

Enfin, les réseaux sociaux peuvent être utilisés de façon problématique, notamment dans un contexte de solitude ou de faible estime de soi.

Très rassurant.

Dans ce contexte, les auteurs recommandent de favoriser l'alternance entre médias numériques et non numériques, surtout chez le jeune enfant.

L'alternance n'est possible que si les écrans restent sous le contrôle permanent des parents.

C'est dans ce processus que le jeune enfant construit son intelligence : les repères temporels, grâce aux commentaires des adultes sur le déroulement de sa journée, les repères spatiaux, son intelligence narrative, en racontant ce qu'il fait.

On voit mal l'apport spécifique des écrans dans une telle pratique. :scratch:

Tous ces éléments permettent d'utiliser toutes les formes d'écrans sans s'y perdre.

Une belle conclusion consensuelle : ou comment ne pas se mouiller...
Je note beaucoup de problèmes à l'utilisation des écrans mais aucun problème n'est mentionné quant à l'interdiction. Ça n'empêche pas d'intituler l'article : "responsabiliser les enfants plutôt qu'interdire". :twisted:
Et entre autoriser les enfants à une utilisation auto-régulée et l'interdiction, il n'y a pas un juste milieu plus rationnel permettant le contrôle parental : l'absence d'écran dans la chambre.
Pourtant il n'est question que de dialogue familial et d'échanges dans cet article... :twisted:
Dernière édition: 10 Aoû 2014 22:00 par Loys.

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22 Jan 2013 21:17 #3417 par Loys
"RSLN" a lu ce même article du "Monde" et en tire la conclusion qui s'impose, ainsi que nous l'aurons compris :

Les écrans sont donc bénéfiques et ont une forte capacité d'apprentissage pour les plus jeunes, mais leur usage doit être contrôlé par les parents ou les enseignants afin de contribuer à l'éducation de l'enfant. Une piste sérieuse à suivre pour « refonder l'école de la République par le numérique. »

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22 Jan 2013 21:17 #3418 par Loys
Toujours dans "Le Monde", le même jour : "Enfants et écrans : "Une bonne crise à chaque fois qu'il fallait arrêter le jeu"" .


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23 Jan 2013 18:19 #3429 par Loys
Un chat dans "Le Monde" ce 23/01/13 : "Il faut donner à l'enfant un temps global d'écran par jour" .


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28 Jan 2013 16:08 - 19 Mai 2013 23:47 #3513 par Loys
Dans le prolongement de l'avis de l'Académie des Sciences, cet article étonnant de "DéclicKids" : "Écrans et enfants : quelques éléments de réflexion" (27/01/13).

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Dernière édition: 19 Mai 2013 23:47 par Loys.

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02 Fév 2013 12:28 - 05 Avr 2019 09:32 #3606 par Loys
Autre article sur le blog "Internet Actu" : "Enfants et écrans : psychologie et cognition" (1/02/13)


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Dernière édition: 05 Avr 2019 09:32 par Loys.

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02 Fév 2013 12:28 #3607 par Loys

Enfants et écrans : psychologie et cognition

L'Académie des sciences vient de publier un rapport (.pdf) sur la relation des enfants aux écrans (disponible également sous la forme de livre aux éditions Le Pommier), un rapport qui tord le cou à nombre d'idées reçues sur le sujet...

Tordre le cou à tout ce qui pourrait constituer la moindre critique du numérique, un sport très pratiqué par les inconditionnels du numérique.

... et fait le point sur les connaissances scientifiques, éducatives et neurobiologiques. Comme le précisait Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences lors de la présentation publique du rapport, l'Académie a souhaité éclaircir les bases scientifiques de nos usages excessifs des écrans (voir les vidéos des présentations). Un rapport qui a voulu insister pas seulement sur les effets délétères des écrans - des effets qui existent, qui influent par exemple sur le temps de sommeil, l'attention, mais de manière plus rare qu'on a tendance à le penser - ...

Un rapport qui ne tord pas tant le cou aux idées reçues, alors...

... mais surtout sur les effets positifs de notre exposition aux écrans et notamment de l'exposition des plus jeunes aux écrans.

Les plus jeunes, allez !

Elle souligne notamment, une fois pour toutes, rapporte Jean-François Bach, que s'il peut y avoir des effets de dépendance, on ne saurait parler d'addiction aux écrans.

Dépendance, mais pas addiction : nous voilà rassurés !

L'addiction est réservée aux drogues, au tabac, à l'alcool et aux jeux d'argents. Et les écrans, définitivement, ne relèvent pas du même type d'activité.

Certes.

Culture du livre et culture des écrans : l'indispensable complémentarité

Je suis curieux de savoir à quoi peut ressembler cette complémentarité, car mon expérience professionnelle ne me l'a jamais fait rencontrer.

Le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron qui a activement participé à l'élaboration de ce rapport est longuement revenu sur les raisons qui expliquent l'affrontement de deux cultures auquel nous assistons actuellement : celle du livre et celle des écrans.

Les écrans accèdent donc au statut de "culture". :scratch:

L'être humain a inventé l'écriture puis le livre puis les écrans et la culture qui leur est liée.

J'aime beaucoup ces phrases qui claquent au vent, survolent l'histoire du monde en quelques idées simplistes et inscrivent fièrement les derniers gadgets technologiques dans une progression linéaire et continue de l'Humanité.

Ainsi l'écriture et le livre seraient des "inventions" distinctes ? :scratch:

"Si nous avons inventé les écrans, c'est certainement parce que le support du livre ne suffisait pas à satisfaire nos attentes."

Bien sûr. La tablette vient après le livre : elle lui est donc nécessairement supérieure.

On croirait entendre Pangloss : "Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes." :mrgreen:

Longtemps, la culture des écrans a été dépréciée...

Pas sur "Internet Actu", blog visionnaire. En quoi cette "culture" consiste-t-elle ? On le le saura pas. Mais elle existe : on nous le garantit.

...mais elle a pris son autonomie en devenant la culture numérique. Pour comprendre la transformation en cours, explique Serge Tisseron, il faut comprendre que la culture numérique introduit une révolution dans la relation au savoir, dans la relation aux apprentissages, dans le fonctionnement psychique et dans les liens et la sociabilité.

Ben voyons. La relation avec le savoir a changé : ce qui était sur une page de livre est sur une page d'écran. Et ça, ça change tout.

Et la sociabilité a bien changé, et dans le bon sens : nous avons des milliers d'amis virtuels et nous existons sous des dizaines de pseudonymes.

La culture du livre est une culture de l'Un...

Qui peut affirmer des choses aussi ineptes ? :fur

...alors que la culture numérique est une culture du multiple, explique le psychiatre.

Ah oui... un psychiatre. :mrgreen:

La culture du livre implique de lire un livre à la fois, un seul lecteur et un seul auteur.

Ah parce que la culture, c'est ce qui existe simultanément. Voilà qui est très intéressant.

Chaque tâche est unique et elle implique de réaliser une seule tâche à la fois.

Oui, c'est ce qui s'appelle la concentration. Mais on peut se concentrer sur des livres successifs...

La relation au savoir est verticale : le livre "sachant" s'adresse à l'ignorant dans un dialogue privilégié.

Le "livre sachant" ? :shock:

La culture des écrans, c'est tout le contraire.

Oui c'est le zapping, l'absence de concentration, de lecture profonde, de réflexion.

C'est une culture qui implique plusieurs écrans ou fenêtres...

:lol:

...plusieurs spectateurs, plusieurs créateurs (les créations y sont plus collectives, ce qui pose notamment des questions profondes à notre conception du droit d'auteur)...

:lol:

Wikipédia, le parangon du modèle collaboratif, c'est en France 700 millions de pages vues en avril 2012 mais seulement cinq milliers de contributeurs actifs (ayant contribué 5 fois pendant le mois).

La culture numérique permet de mener plusieurs tâches en parallèle, des tâches toujours inachevées et provisoires, contrairement au monde du livre.

C'est donc un progrès.

Dans la culture numérique, la relation au savoir se déploie de manière horizontale et multiple, sur le modèle de Wikipédia.

Un modèle pour la pensée.

Le passage d'une culture à l'autre joue également un rôle dans la relation aux apprentissages. Alors que la culture du livre est centrée sur la temporalité et la mémoire, celle du numérique favorise une pensée spatialisée.

Comme c'est joliment dit... pour dire qu'il n'y a plus de savoir.

La culture du livre, elle, favorise une pensée linéaire, sur le modèle du langage (c'est-à-dire une succession de mots, de lignes, de paragraphes).

Complètement rétrograde, comme façon de penser.

Avec le livre, la mémoire est évènementielle : les apprentissages se font par une pratique répétitive. La mémoire se construit dans la temporalité, à l'image de la Bible qui commence par une généalogie.

Un bon exemple archaïque pour bien caricaturer le débat. L'absence de temporalité ets une excellent chose, c'est certain. Je l'observe d’ailleurs tous les jours dans les classes et je m'en réjouis comme il se doit.

Lire c'est se construire sa propre histoire en assimilant la pensée d'un autre, en faisant sienne une narration.

Effort démesuré et sans intérêt.

Là encore, la culture numérique est tout le contraire. Les apprentissages se font par changement de stratégies et de raisonnements, par essai-erreur.

Ou coment réinventer l'eau chaude plusieurs fois par jour : bienvenue dans le constructivisme, au cœur des nouvelles pédagogies.

Elle consiste en une "construction narrative de la discontinuité". Elle favorise notre capacité à faire face à l'imprévisible. Dans le jeu vidéo, le joueur doit constamment réajuster sa stratégie, ses objectifs.

Ce qui oblige être plus intelligent qu'en lisant du Platon en grec ancien. :mrgreen:

Si cela était d'ailleurs plus généralisé et plus encouragé par les concepteurs de jeu vidéo (plutôt que trop souvent favoriser la persévérance),

Nul doute que les concepteurs des jeux vidéos sauront adopter des objectifs hautement pédagogiques. :mrgreen:

...cela permettrait d'intérioriser plus encore cette capacité à innover, remarque le psychanalyste. Pour Serge Tisseron, alors que la culture du livre se fonde sur le concept de l'assimilation chère à Jean Piaget, celle du numérique est plutôt proche de ce que Piaget appelle l'accommodation.

Si Piaget avait su que sa réflexion servirait à défendre l'usage des jeux vidéos... :pendu:

La culture du livre et des écrans induit une révolution dans notre fonctionnement psychique. Elles s'opposent dans les mécanismes de définition privilégiée de notre identité et dans notre façon de les utiliser pour nous définir. Dans la culture du livre, l'identité est stable, unifiée... C'est l'individu qui prime. Quand une identité change c'est après un évènement essentiel dont on expose l'avant et l'après.

C'est bien fumeux, tout ça.

Dans la culture numérique, les identités sont définies en référence à l'espace social. La personne n'est pas un individu, car elle a plusieurs identités, profils ou avatars. "C'est un "dividu"".

:lol:

La culture numérique valorise les identités multiples.

Car la littérature ne permet pas l'identification à des personnages... et car être anonyme, c'est évidemment affirmer son identité avec force.

Elle permet de s'adapter aux changements culturels et sociaux auxquels nous allons être confrontés dans la vie.

Le livre, c'est le refoulement des désirs...

Il va falloir que je crée un nouveau smiley pour ce genre de propos.

...alors que le numérique permet le clivage entre différentes parties de nos personnalités selon les situations et contextes auxquels nous sommes confrontés. "Ce clivage de soi qui a longtemps été considéré comme pathologique ne l'est plus.

Bonne nouvelle : les pathologies sont bienvenues, dans le monde moderne !

La culture numérique a fait évoluer les modèles de la normalité. Alors que dans la culture du livre la parole et l'écriture étaient les premiers moyens d'accès au monde, désormais, avec la culture du numérique, ce sont les images et la symbolisation qui prédominent."

Voilà qui a le mérite d'être clair. Le numérique est une régression du logos.

Enfin, ce passage d'une culture à l'autre révolutionne la sociabilité. La culture du livre favorise une proximité physique, forte, basée sur les liens forts, généalogiques...

Le livre s'en fout, de la "sociabilité". Il faut arrêter avec cet utilitarisme permanent de la culture.

...la culture du numérique privilégie les relations élastiques et activables, ce que l'on appelle les liens faibles.

Et ça, c'est mieux, donc ?

"Dans le monde du livre, l'autorité est instituée et repose sur une culture de la culpabilité"

Serge Tisseron est inénarrable ! :lol:

...(comme nous le propose le dispositif Hadopi, souligne avec ironie le psychiatre), "alors que dans le numérique, elle repose sur la participation de tous et la reconnaissance par les pairs et privilégie comme mécanisme régulateur, la honte". Ici, c'est l'affirmation de son originalité qui permet de rejoindre le groupe auquel on s'identifie.

Encore, encore !

Comme il le confiait dans une longue et passionnante interview pour le site Culture Mobile, "Je crois que la culture numérique est ce qui est en train d'affranchir la culture des écrans de la référence du livre."

Youpi !

Mais je croyais que les deux devaient être "complémentaires" ? :scratch:

Pour autant, s'il les distingue, Serge Tisseron souligne que la culture du livre et celle des écrans sont avant tout complémentaires.

Ah ! quand même, nous sommes rassurés.

Elles ont toutes deux des défauts : la culture du livre implique une ultra spécialisation des savoirs, elle valorise les apprentissages par coeur, les personnalités rigides, peu évolutives et des liens de proximité ;

Vas-y, Serges, lâche-toi ! :mrgreen:

la culture numérique, elle favorise la dispersion du savoir, implique des apprentissages intuitifs. Elle nous demande de nous immerger dans des situations toujours nouvelles, sans recul cognitif ni temporel et donc sans conscience de soi. Elle privilégie les liens virtuels, faibles, et nous pousse à fuir la réalité.

Que des choses positives, en somme ! :mrgreen:

A l'inverse, chaque culture apporte également son lot d'avantages.

Un partout, la balle au centre.

Le livre stimule les habitudes et les automatismes, elle permet de s'approprier sa propre histoire en s'en faisant le narrateur comme l'expliquait Paul Ricoeur en évoquant l'identité narrative. La culture numérique elle, stimule l'interactivité et l'innovation et nous permet de mieux faire face à l'imprévisible.

A force de massacrer des orques et des trolls dans "WoW", on développe ce genre de qualités.

"Laisser faire ce qu'il veut à l'enfant qui n'a pas développé sa volonté, c'est trahir le sens de la liberté" disait Maria Montessori.

Oui. C'est pour cela qu'il faut les laisser s'autoréguler face aux écrans, en bonne logique.

Les enfants ne sont pas que des êtres à protéger, rappelle pour conclure le psychiatre. Il est nécessaire de les inviter très tôt à participer, mais également à leur apprendre l'autorégulation.

Avant même la maternelle, si possible : l'enfant est capable de s'autoréguler très tôt, dès un ou deux ans. Tout le monde peut en faire l'expérience.

Et surtout, valoriser les deux cultures, user de notre intelligence spatialisée et de notre intelligence narrative pour stimuler les pratiques créatives et valorisantes.

Valoriser l'écran (la facilité) aide à valoriser la lecture ( la difficulté) : ça ne fait aucun doute !

Répondant à une question du neurophysiologiste Alain Berthoz, Serge Tisseron souligne qu'il faut distinguer les pratiques excessives pathologiques et les pratiques excessives non pathologiques, même si les pratiques pathologiques n'ont pas vraiment d'existences et demeurent très minoritaires. "Beaucoup de comportements excessifs ressemblent à des pathologies sans en être.

Beaucoup de parents démissionnaires vont remercier M. Tisseron. Un bon message ! :fur

Le jeu, les écrans, sont souvent des refuges temporaires qu'il faut prendre en compte pour qu'ils ne deviennent pas définitifs." La difficulté vient parfois quand on construit toute son estime de soi à travers un jeu et qu'on ne sait pas parler aux autres autrement que via le jeu sur lequel porte toute notre estime. Là, il faut être attentif. Mais, dans le domaine des écrans, le travail de prévention doit demeurer plus important que celui du traitement de pathologies qui ont le plus souvent bien d'autres causes que les écrans.

C'est curieux mais pour le livre on n'a pas besoin de faire de "prévention"... :twisted:

Ce ne sont pas les écrans qui sont négatifs, c'est le fait d'être laissé seul devant

C'est bien l'intérêt des écrans de pouvoir laisser les enfants seuls face à eux. :twisted:

Pour Olivier Houdé, responsable du Laboratoire de Psychologie du Développement et de l'Éducation de l'enfant, pour comprendre les effets des écrans sur le développement cognitif des enfants, il faut d'abord comprendre comment celui-ci évolue. La "maturation cérébrale" est très distribuée dans le temps. Notre développement cognitif commence par le développement du système sensori-moteur et se termine par le développement du cortex préfontal et temporal (là où se situent les zones du langage). Elle se fait par la maturation cognitive, la spécialisation interactive des différentes zones du cerveau et par l'apprentissage d'habiletés.

Oui...

Le développement cognitif des enfants porte d'abord sur les objets (leur reconnaissance) puis le dénombrement (c'est-à-dire le traitement quantitatif), puis la catégorisation (le traitement qualitatif) et enfin le raisonnement (qui nous permet de distinguer des idées et non plus seulement des objets concrets). Quel est le rôle des écrans sur le développement de ces quatre aspects ?, questionne Olivier Houdé. Le système cognitif de l'enfant en développement un un système dynamique non linéaire. C'est-à-dire qu'il est capable de faire des progrès fulgurants, puis d'avoir des chutes de performances. Il se fait par étapes et toutes ne sont pas égales pour tous. Sans compter que ces développements s'appuient sur plusieurs types d'intelligence...

Oui...

Olivier Houdé estime qu'il est nécessaire d'avoir recours à une pédagogie différenciée selon l'âge, mais que le principe général consiste à éduquer l'enfant à l'autorégulation face aux écrans, et ce, dès le plus jeune âge.

La solution est toute trouvée : le nourrisson responsable. :doc:

"Ce ne sont pas les écrans qui sont négatifs, c'est le fait d'être laissé seul devant", explique-t-il avant de détailler les 26 recommandations de l'Académie (voir la synthèse par Le Monde et le détail sur NetPublic).

Nul doute que les parents, retenant uniquement le "permis d'écran" qui leur est officiellement donné par l'Académie, se précipiteront pour lire et appliquer ces 26 recommandations.

Les bébés aiment toucher du doigt ce qu'ils voient. Et les tablettes entrent en résonnance avec la forme d'intelligence sensori-motrice du bébé.

Les deux propositions me semblent totalement contradictoires, au contraire. :doc:

Dans ce cadre d'éveil précoce, une tablette numérique, peut, avec le concours d'un adulte, participer au développement cognitif de l'enfant en l'aidant à appréhender la catégorisation des formes, des couleurs, des sons...

Des formes... en deux dimensions.

Entre 2 et 6 ans, c'est l'âge où émerge l'intelligence représentative et symbolique. C'est l'âge du dessin et des jeux où l'on joue à faire semblant. Les écrans peuvent permettre d'appréhender la différence entre réel et virtuel.

Pourquoi ? :scratch:

Pour les 2-6 ans, il existe également des logiciels ludiques d'apprentissage des associations entre graphèmes (lettres) et phonèmes (sons), comme Graphogame.

Il y a même des magazines qui répertorient toutes les applications - gratuites ou payantes - pour rendre vos enfants plus intelligents que les autres à partir de un an.

L'école primaire (6-12 ans) est le premier âge d'une pédagogie explicite du rapport de l'enfant aux écrans. A l'occasion de la publication du rapport de l'Académie des sciences, la Fondation la Main à la Pâte vient de mettre en ligne un ensemble de cours et de jeux (ainsi qu'un livre) pour apprendre l'autorégulation face aux écrans.

Sans même parler de l'âge, comment peut-on inviter à l'accompagnement des enfants et en même temps à leur autorégulation ?

On trouve également quelques applications dédiées intéressantes comme une qui agit sur la dyslexie en faisant varier l'espacement entre les lettres. Une autre, la Course aux nombres, développée par le laboratoire de Stanislas Dehaene permet d'aider les enfants dyscalculies, c'est-à-dire ceux ayant des difficultés en calcul.

Heureusement ces enfants n'existeront plus car ils auront bénéficié d'applications magiques sur tablettes dès le plus jeune âge !

La question des jeux vidéo est une question transversale aux âges, rappelle encore Olivier Houdé. Les jeux vidéo améliorent la capacité d'attention visuelle et favorisent l'identification de cible, la flexibilité, l'attention simultanée, la prise de décision rapide...

Transformons : l'absence de capacité d'attention sans stimulus mouvant, l'impossibilité à se concentrer, le zapping permanent, l'absence de réflexion.

Pour les adolescents (12-18 ans), les écrans permettent d'exercer une pensée rapide et fluide et permettent d'explorer plusieurs possibilités, ce qui peut aider au raisonnement hypothético-déductif.

Constructivisme pur-jus. Finalement les écrans rendent intelligent : on s'en est d'ailleurs déjà rendu compte avec la télévision que les enfants de 12-17 ans regardent 14h par semaine (en plus de 16h par semaine pour les autres écrans).

Reste qu'un certain nombre d'études montre que l'usage d'internet appauvrirait la mémoire...

Une fable, répandue par des médisants.

les gens retiennent plus les accès aux contenus que les contenus eux-mêmes ou leur synthèse.

C'est finalement plus important, non ? Pourquoi s'encombrer de connaissances inutiles qu'il suffira de rechercher ? Pourquoi synthétiser quand il n'y en a plus de nécessité ?

La rapidité de traitement de l'information a pour corolaire de nous faire oublier la synthèse ou la profondeur.

Quelle bonne nouvelle pour la pensée !

Du fait de pratiques excessives, on note également des problèmes liés aux troubles de la vision, au manque de sommeil voir au manque d'activité physique ou sociale...

Si peu, si peu...

Et sur la pratique de la lecture, rien ? :twisted:

Comme Serge Tisseron, Olivier Houdé insiste sur le fait qu'il faille apprendre aujourd'hui aux enfants à être à l'aise dans les deux mondes.

L'un exclut l'autre, malheureusement. Offrez un livre et un jeu vidéo à un enfant pour faire l'expérience.

Pour autant, reconnaît le chercheur, il y a encore plusieurs choses que la recherche ne sait pas. Si on commence à connaître les effets d'une surexposition à la télévision, on ne dispose pas pour l'instant de mesure des effets d'une surutilisation des autres types d'écrans.

A partir de quand y a-t-il sur-utilisation ? Car d'ores et déjà les élèves passent plus de temps devant les écrans qu'à l'école.

Assurément, les écrans sont un progrès dans l'accès à l'information, notamment dans les milieux socio-culturels les plus démunis, souligne le docteur en psychologie. Mais l'accès ne remplace pas l'éducation : apprendre à raisonner, valider, sélectionner, synthétiser, distancier une information reste primordial.

On ne saurait mieux dire.

Mais cela a toujours été le rôle de l'éducation. "Le moteur de recherche ne remplacera pas l'abstraction."

Michel Serres affirme exactement le contraire dans Petite Poucette.

Et surtout les difficultés généralisées de concentration ou de mémorisation, le rejet de l'écrit, le besoin de stimulation permanente créent des difficultés immenses dans l'enseignement.

La durée passée devant les écrans est un problème qui peut avoir d'autres conséquences que simplement perdre son temps, ou que générer des conflits familiaux, souligne encore Jean-François Bach. Nous passons 2 à 5 heures par jour exposé à un écran quelqu'il soit. Pour Olivier Houdé, c'est par le contrôle de l'attention, le développement d'automatismes que nous permettrons aux enfants d'en prendre conscience. Serge Tisseron rappelle que depuis 1999, l'Académie de pédiatrie américaine ne cesse de lancer des alarmes contre le temps de consommation audiovisuelle. "Mais les mises en garde ne sont pas une solution. Elles n'ont aucun effet. Les enfants qui regardent le plus la télévision sont ceux dont les tuteurs regardent le plus la télévision. A Strasbourg, ils ont mis en place un programme annuel sur une dizaine de jours pour apprivoiser les écrans, invitant les familles à s'en passer. L'injonction à regarder moins les écrans parce qu'au-delà d'un certain temps d'exposition ils auraient un effet toxique ne marche pas. La seule chose que nous pouvons promouvoir, c'est d'inviter les gens à faire autre chose, à développer d'autres formes de liens entre eux."

Si l'injonction ne marche pas dans un cas, pourquoi marcherait-elle dans l'autre ? :scratch:

De mon point de vue, le discours institutionnel de mise en garde contre les écrans a toujours été inexistant. Aucune campagne institutionnelle contre la télévision dans la chambre, par exemple.

Faisons confiance à l'enrichissement cognitif de notre environnement

Pour le neuroscientifique Stanislas Dehaene, responsable de l'unité de neuroimagerie cognitive de l'Inserm-Cea, auteur de la Bosse des maths et des Neurones de la lecture, l'enrichissement permanent de notre environnement par des symboles et outils nouveaux nous a toujours été bénéfique. Les technologies nouvelles ont toujours engendré des inquiétudes, comme le rappelle le Phèdre de Platon, où Socrate critiquait l'arrivée de l'écriture et de la lecture.

Socrate était un philosophe, pas un enseignant.

On sait depuis que c'est faux. "Contrairement à ce que pensait Socrate, la lecture augmente la mémoire.

Oui mais le parallélisme n'a aucun sens puisque les écrans la diminue. :rirej

Et si on se souvient de cette phrase, c'est grâce à la lecture. On sous-estime souvent l'importance des révolutions cognitives sur le cerveau lui-même."

"Le cerveau humain avait évolué pour le langage parlé, mais pas pour apprendre à écrire". On peut enrichir notre cerveau de compétences nouvelles, mais cela ne se fait pas à partir de rien. Cela nécessite de réorienter le fonctionnement de certains de nos neurones. C'est ce que Dehaene a appelé le recyclage neuronal. "Le cerveau d'une jeune enfant est organisé. Quand on observe le cerveau d'un enfant de 2 mois qui écoute un langage parlé, on constate que les zones activées sont très proches de celles d'un adulte qui lit" (hormis les régions frontales du cerveau, même si des études récentes montrent qu'elles s'activent et travaillent avec lenteur, dès la naissance). Les apprentissages structurent et réorientent le cerveau de l'enfant. "Dans le cadre de l'apprentissage de la lecture, le cortex visuel s'enrichit. Il est capable petit à petit de faire des discriminations plus fines qui ne concernent pas que la lecture d'ailleurs, mais également les images par exemple. On constate que des régions du cerveau liées à la forme visuelle des mots et à la représentation du langage parlé se modifient selon qu'on est alphabétisé ou non. Les connexions mêmes entre ces différentes aires se transforment par l'apprentissage de la lecture et nous avons tendance à sous-estimer comment la lecture fait évoluer notre cerveau. On perd des compétences. La zone du cerveau qui se spécialise dans l'apprentissage de la reconnaissance des lettres nous fait perdre des capacités à répondre aux visages. En fait, le système se réorganise à mesure que l'enfant apprend à lire."

"C'est en cela qu'il faut comprendre que tout objet culturel introduit dans notre environnement a des effets", explique le neuroscientifique. Des chercheurs israéliens ont imaginé un système de substitution sensorielle pour les aveugles de naissance qui leur permet, en quelques semaines d'apprentissage d'apprendre à voir par le toucher et les sons. En stimulant la région qui sert normalement à reconnaître les lettres par l'audition, les aveugles apprennent à voir. Cet exemple montre qu'on peut inventer de nouveaux modèles de recyclage neuronal, estime le spécialiste.

Et attendant d'inventer ces nouveaux "modèles", tous aux écrans !

"Quand on observe de près les effets des écrans sur le cerveau, on constate que le support informatique ne change pas grand-chose à la lecture". Les rares études qui ont mis en avant une différence entre la lecture sur écran et la lecture de texte imprimé sont très mauvaises, estime le spécialiste. Il existe pourtant des différences, qu'on n'a d'ailleurs pas suffisamment exploitées.

La première est le temps de lecture moyen consacré à chaque page Internet : une minute environ...

"Certes, les stratégies d'exploration oculaires des pages internet ne sont pas les mêmes, car l'organisation des pages n’est pas les mêmes. Certes cela génère une stratégie de lecture plus difficile, moins capable de mémorisation. Mais les supports et les interfaces évoluent très vite. Et les différences (par exemple de vitesse de lecture) ne semblent pas significatives."

Il n'y a surtout plus de lecture profonde.

Le problème, par contre, estime Stanislas Dehaene, c'est la disparition de l'écriture". Un article récent (.pdf) de PNAS montrait qu'en Chine, l'usage du clavier avait un réel effet sur la baisse de performance de lecture des enfants, car avec le clavier, ils doivent passer par la phonologie pour entrer un caractère. On sait également, dans le domaine de l'écriture alphabétique, que le circuit visuel et gestuel de l'écriture facilite la mémorisation.

D'où l'intérêt des tablettes en maternelle.

On sait qu'apprendre à écrire en même temps qu'on apprend à lire facilite l'apprentissage de la lecture, certainement parce que le cerveau mémorise mieux l'information quand il utilise des codes multiples. "Pour autant, je m'indigne que l'école n'apprenne pas à taper au clavier. C'est une habileté indispensable. L'école doit à la fois conserver la compétence de l'écriture et l'adapter aux compétences dont nous aurons tous besoin demain."

Comment ont fait les générations précédentes ? Savoir écrire (au sens large) permet d'écrire sous toutes les formes. Mais savoir taper au clavier ne permet pas de savoir écrire.

Le potentiel cognitif des jeux vidéo

Stanislas Dehaene a souhaité insister sur le potentiel cognitif des jeux, ces "boîtes à outils mentales de notre environnement". Les jeux vidéo enrichissent notre capacité à représenter des situations nouvelles. Dans le domaine de l'apprentissage de la lecture, il existe des logiciels très efficaces, comme l'évoquait Olivier Houdé. Un apprentissage optimisé, conçu selon des pratiques cognitives, peut avoir des effets positifs. Des jeux de plateaux très simples, comme le jeu des petits chevaux, ou encore la course aux nombres ou l'attrape-nombre ont montré qu'ils pouvaient aider des enfants à risque de dyscalculie. Les effets sont modestes, mais réels et pourraient augmenter à mesure que les ordinateurs seront capables de s'adapter aux difficultés des enfants. Daphné Bavelier, professeure de neurosciences à l’université de Rochester à New York et directrice du laboratoire Cerveau et apprentissage de l'université de Genève a étudié l'impact cognitif des jeux vidéos standards, et a montré qu'ils avaient globalement un impact cognitif positif, que ce soit des jeux de tir en vue subjective comme des jeux d'habiletés sur le modèle de Tetris. Ceux qui jouent à des jeux d'action rapide ont des performances cognitives et visuelles améliorées : acuité visuelle, attention visuo-spatiale, changement rapide de tâche, prise de décision, transfert d'apprentissage... Et notamment voient leur flexibilité cognitive, c'est-à-dire la capacité d'apprendre à apprendre, se développer.

Les jeux vidéos rendent intelligent : oyez bonnes gens !

Où l'on retrouve les vieux slogans des nouvelles pédagogies comme "apprendre à apprendre".

Par contre, modère le spécialiste, on ne sait pas l'effet qu'engendre le temps passé consacré aux jeux vidéo, et on connaît mal les effets des jeux vidéos violents.

Rien du tout, nous dit Microsoft !

Daphné Bavelier travaille sur cette question. Pourquoi les jeux violents sont les plus efficaces ? Peut-on concevoir des jeux motivants, mais non violents ?

La violence n'est pas positive ?

Quels impacts ont les jeux sur la cognition sociale ou la lecture ? Et si ses études portent sur les jeunes adultes, elle a peu travaillé avec les jeunes enfants. "Dans le domaine des jeux vidéos, les limites de nos connaissances sont réelles", insiste Stanislas Dehaene. "Reste que l'ordinateur s'insère dans notre histoire culturelle et augmente notre cognition. Nous ne devons pas en avoir peur, mais adapter les programmes scolaires en conséquence. Ces changements culturels sont là pour durer, essayons de les utiliser au mieux."

Quel volontarisme !

En répondant aux questions des académiciens, Stanislas Dehaene précise encore certains points. Le développement des espaces entre les mots (qui s'est généralisé entre le 7e et le 9e siècle) a profondément modifié notre vitesse de lecture. A l'avenir, peut-être lirons-nous d'une manière très différente d'aujourd'hui. Des systèmes permettant de faire défiler les mots sous vos yeux, plutôt que d'avoir à bouger les yeux, permettent par exemple de lire beaucoup plus vite. Il est possible que demain les écrans nous offrent de nouvelles modalités de lectures. Notre cerveau s'adapte très bien à nos outils.

Qu'il s'adapte ne dit pas s'il s'agit d'un progrès pour lui, malheureusement.

Le danger c'est le manque d'interactivité des outils. Le danger n'est pas le support, mais l'interactivité. Si on expose un enfant à une vidéo de cours de langue étrangère, il ne l'apprendra pas par magie. Seule l'interaction avec un humain permet à un enfant d'assimiler une langue. D'où l'importance des enseignants. L'interactivité, c'est la marque de l'engagement de celui qui apprend et de celui qui enseigne.

Quoi !? Le numérique ne permet pas une vraie interactivité ? :mrgreen:

On pourra demain enseigner avec de nouvelles méthodes comme les systèmes d'éducation massive par l'internet...

Des économies substantielles pour l'Etat en perspective et des marchés numériques juteux.

...mais peut-être pas pour tous les âges de la même manière, ni sans trouver des systèmes d'interactivité adaptés.

On a quand même du mal à comprendre : il faut de l'accompagnement et de l'interactivité, mais vivent les cours en ligne !

Quand Jean Salençon spécialiste de la mécanique des solides interroge sur les effets de la violence, c'est Serge Tisseron qui répond. Il rappelle qu'il avait été sollicité entre 1997 et 2000 pour mener une étude sur les conséquences des images violentes de la télévision et du cinéma sur les enfants. L'étude avait montré que celles-ci avaient des conséquences différentes selon les enfants. Un tiers s'identifiaient à l'agresseur et avaient tendance à développer des comportements violents. Beaucoup s'identifiaient aux victimes et avaient tendance à se laisser victimiser plus facilement. Et certains s'identifiaient au redresseur de torts ! Dès qu'on mettait les enfants en groupes après des images violentes, on avait tendance à avoir des réponses violentes plus fréquentes sur une durée de temps assez courte après l'exposition à des contenus violents.

"Les jeux violents ne transforment pas les enfants en criminels, mais ils tendent peut-être à diminuer les réactions prosociales d'entraide et de solidarité, d'autant que dans le jeu vous êtes souvent identifié à l'agresseur et vous êtes plus rarement appelé à vous identifier aux victimes.

Voilà qui est encourageant.

Un enfant est violent pour d'autres raisons que les jeux." Reste qu'on doit s'en soucier, souligne le psychologue. C'est le point sur lequel le rapport demeure le plus alarmiste. On ne limitera pas les jeux vidéo violents, mais on pourrait peut-être réfléchir à favoriser les jeux prosociaux, lance le psychanalyste à l'adresse du secteur.

Comme c'est naïf ! "Call of Duty" et "Grand Theft Auto" n'ont qu'à bien se tenir !

Pourquoi les joueurs préfèrent-ils les jeux violents ? Comment pourrait-on concevoir des jeux différemment ? Les attitudes d'entraide sont moins valorisées, moins mises en scènes, alors qu'elles existent toujours et qu'on les retrouve toujours dans toute situation de violence... Nous n'effacerons pas la violence de nos sociétés, mais peut-être pouvons-nous réfléchir à mieux montrer et valoriser la compassion et la générosité.

:lol:

L'espoir fait vivre.

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03 Fév 2013 12:54 #3627 par Loys
Les médias emboitent le pas à l'Académie des sciences.

Dans "Libé" du 3/02/13, avec la couverture papier : "Les petits dans la cour d’écrans" . Bon, je sais, un article entre d'autres d'Erwan Cario, celui qui qualifie de "vieux cons" les gens qui comme moi critiquent un certain usage d'Internet... Je n'ai jamais eu de droit de réponse d'ailleurs. On en s'étonnera pas du ton mesuré de l'article.


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Un autre article sur le même sujet sur "Écrans" : "Les jeux vidéo maniés avec adresse" .

Rappelons à toutes fins utiles que "Libé" est à l'origine du magazine en ligne... "Ecrans" , dirigé par Erwan Cario. :spider:

Justement nouvel article dans "Libé" d'Erwan Cario : "L’Académie et la tablette aux alouettes" .


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03 Fév 2013 12:56 #3628 par Loys

Les petits dans la cour d’écrans

Où l'on retrouve déjà la mythe de l'enfant précoce grâce aux écrans.

Un front large comme un pare-brise, un AK-47 glissé dans la barboteuse, des membres inférieurs atrophiés et des pouces maousses comme des poêlons à raclette. C’est — en gros — le portrait bien trop souvent dessiné du lardon d’aujourd’hui, croulant sous l’avalanche des écrans : télé, console de jeux vidéo, ordinateur, Facebook, smartphone et désormais tablette. Nocive, l’avalanche, évidemment…

Voilà un article qui s'annonce nuancé.

Psychologies Magazine relaie d’ailleurs, ce mois-ci, l’appel à la vigilance de cinquante experts « face à l’utilisation abusive des écrans », accompagné de huit pages anxiogènes sur le sujet.

Allez hop, on écarte d'un revers de main ces cinquante experts, sans même résumer leur appel, avec un jugement expéditif : "anxiogène". Difficile pourtant s'opposer à une utilisation "abusive" des écrans, non ? Même l'Académie le fait. Eh bien, si "Libé" en est capable.

En même temps ce jugement ("anxiogène") en dit long : ce qui pose problème, ce n'est pas les risques potentiels des écrans, c'est l'effet produit par ces risques dans l'opinion publique. La bataille de "Libé" et de son magazine "Écrans" est une bataille médiatique : la réalité des risques est secondaire.

Mais voilà qu’un rapport intitulé l’Enfant et les écrans vient faire un sort aux idées reçues. Oui, les jeux vidéo « peuvent stimuler de nombreuses compétences ». Oui, les réseaux sociaux « peuvent être un espace d’expérimentation et d’innovation ».

Notez les verbes modaux ("peuvent"). "Libé" oublie évidemment d'indiquer qu'il s'agit de certains jeux par exemple, non précisés par l'Académie.

Ce rapport n’est pas l’œuvre d’une bande de hippies geeko-libertaires, mais de l’Académie des sciences qui, sous la plume de Jean-François Bach, Olivier Houdé, Pierre Léna et Serge Tisseron (1), dessine « un chemin de raison », rappelant sans cesse l’évidence, à savoir la nécessité d’un encadrement parental et scolaire dans les activités numériques...

"L'encadrement parental" de quatre heures et demie d'écran par jour (moyenne pour les 12-17 ans, sans inclure les jeux vidéos) ? :lol:

...de ceux que Michel Serres appelle joliment les « petits poucets » et « petites poucettes ».

C'est tellement mignon...

Mesurée, renseignée, mais aussi enthousiaste vis-à-vis du numérique voire parfois fascinée, cette somme dresse la liste des « meilleurs services que nous puissions rendre à cet enfant du siècle nouveau ».

Heu... non : c'est une lise de recommandations pour un bon usage. Car les écrans exigent une "prévention" et des signaux d'"alerte".

La vilaine télé

Bouh, la vilaine télé ! S’il y a un écran à propos duquel les choses ne changent pas, c’est bien le petit. Qu’on pourrait résumer ainsi : la télé, c’est pas pour les enfants. Et surtout pas les plus jeunes. Ainsi, indique le rapport, « l’exposition passive et isolée aux écrans — y compris l’exposition aux DVD spécialement commercialisés pour enrichir précocement le vocabulaire — n’aide pas les bébés à apprendre le langage ».

Et ça ne s’arrange pas avec l’âge, assure l’Académie, évoquant des « conséquences problématiques bien au-delà des premières années : prise de poids, déficit de concentration et d’attention, risque d’adopter une attitude passive face au monde… » Le rapport quantifie les risques. Plus de deux heures par jour ? 7% de diminution de l’intérêt en classe et 6% sur les habiletés en mathématiques à l’âge de 10 ans.

Philippe Desmurget a montré qu'il s'agit d'une erreur factuelle dans l'avis de l'Académie s'agissant d'une étude tierce. Je le cite : "En fait, cette étude montre une baisse de 6 % par heure de télévision hebdomadaire (!) soit 42 % par heure de télévision quotidienne, dès la première heure."

La gentille tablette

Ce sont les stars de l’avis.

Tout est résumé.

Ordinateurs, consoles de jeu, smartphones et tablettes, tous ces supports issus de la culture numérique vont accompagner l’enfant durant sa croissance et son apprentissage.

On croirait un message publicitaire pour Lactel ou Nutella.

Dès la préface, Jean-Pierre Bach, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, établit que « cette évolution, qui apparaît aujourd’hui irréversible, a des effets positifs considérables en améliorant tout à la fois l’acquisition des connaissances et des savoir-faire, mais aussi en contribuant à la formation de la pensée et à l’insertion sociale des enfants et adolescents ». L’avis revient d’abord sur l’impressionnante collection d’idées reçues qui entoure les usages numériques des enfants. La violence des jeux vidéo (lire ci-contre) et la supposée addiction à ces nouveaux usages numérique sont ainsi remis en perspective.

Sans aucune démonstration scientifique, et avec des petits problèmes de logique, comme j'ai pu le relever.

Sans nier ces problématiques. Ainsi, « l’isolement dans les écrans devient problématique s’il n’est pas utilisé pour trouver du plaisir, comme les activités distractives normales, mais pour fuir un déplaisir ». En clair, si votre ado s’éclate à monter son elfe de la nuit au niveau 85 dans World of Warcraft, pas la peine de paniquer.

Voilà ce que "Libé" veut retenir.

Mieux vaut donc s’intéresser aux effets bénéfiques.

Mieux vaut (sous-tendu : pour "Ecrans").

Les jeux vidéo d’action améliorent la « capacité d’attention, de concentration et de prise rapide de décision », certains logiciels peuvent « éveiller et exercer les capacités d’attention visuelle sélective, de dénombrement, de catégorisation » et, pour l’adolescent, les outils numériques ont « une puissance inédite pour mettre le cerveau en "mode hypothético-déductif" et explorer tous les mondes possibles ».

Aucune preuve scientifique n'est apportée à ces assertions, qui ne reflètent que les "préjugés" des auteurs du rapport.

L’Académie stipule cependant régulièrement que ces qualités ne valent que dans le cadre d’une utilisation modérée et dans un environnement encadré, surtout pour les plus petits.

Avec plus de 7h d'écrans par jour aux États-Unis en moyenne, on est bien dans une "utilisation modérée". :mrgreen:

Avec ces précautions, même les bébés (moins de 3 ans) peuvent profiter de la révolution numérique, et c’est grâce aux petites dernières de la grande famille des écrans : les tablettes tactiles.

Si on lit bien le rapport, à partir de l'âge de six mois ! :doc:

« Elles peuvent contribuer, dans un contexte relationnel, […] à l’éveil précoce des bébés au monde des écrans. C’est le format le plus proche de leur intelligence. »

Ben voyons... Et toujours rien pour démontrer une telle assertion.

Les tablettes sont d’ailleurs régulièrement encensées dans le rapport, ce qui est un peu surprenant. Le support est encore jeune (l’iPad a tout juste 3 ans), et n’est pas vraiment arrivé à maturité. On a du coup parfois l’impression que sa mise en avant relève plus de la fascination que du constat scientifique.

Si même "Écrans" le dit... Une telle fascination a un nom : le numérisme.

La grosse tête internet

Au fait, c’est bien joli tout ça, mais Internet rend-il bête ? C’est la grande question mais, pour l’Académie des sciences, « l’angoisse actuelle sur ce sujet ne doit pas faire céder à la caricature ».

Surtout que le rapport, qui passe sous silence de tout ce qui pourrait contredire son enthousiasme, est bien caricatural lui-même.

En prenant bien soin de préserver des périodes de réflexion « sans écran », plus posées...

Et comment celles-ci seraient-elle "préservées" face au caractère "omniprésent" des écrans et "irréversible" de cette "évolution" ?

...l’utilisation du Net permet d’exercer « l’intelligence fluide et rapide ».

D'où les progrès fantastiques que l'on constate à l'école.

Avec le Web, les écrans font aussi dans le social, et le rapport n’ignore pas que la majorité des enfants s’inscrivent sur Facebook (pourtant interdit au moins de 13 ans) dès qu’ils le peuvent.

Ce sont souvent les parents eux-mêmes qui les inscrivent...

Selon l’Académie, les bénéfices des réseaux sociaux sont nombreux : c’est une cour de récré, ils permettent de nouvelles formes de mise en scène de soi et de l’intimité, ainsi qu’un renforcement des relations sociales existantes et de l’estime de soi.

Curieux concept que celui de la "mise en scène de l'intimité"... Et en quoi l'exposition de l'intimité serait-il positif ? :scratch:

Les dérives, comme la surexposition de soi ou le cyber-harcèlement, sont aussi abordées et montrent la nécessaire implication des parents.

On se demande bien comment les parents pourraient "s'impliquer" s'il s'agit de l'intimité des adolescents... :scratch:

Mauvaise nouvelle pour eux, ils ont toujours beaucoup de boulot : actifs ou pas, les écrans ne seront jamais de bonnes nounous.

Effectivement. Ils ne le sont déjà pas dans les faits, on voit mal comment ils le deviendraient. Les recommandations de l'Académie semblent bien vaines et par conséquent son jugement globalement positif pour un usage précoce bien imprudent.

(1) Paru aux éditions Le Pommier, 17 €.[/quote]

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