[LVM] "Décrets de 1950 : retour vers le passé"

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13 Déc 2013 20:50 - 13 Déc 2013 20:51 #8818 par Loys
Les négociations (que je n'ai pas commentées en attendant les décisions finales) ont finalement abouti... à une absence de décision.
Ce qui ne ravit pas Maryline Baumard du "Monde" : "La réforme du métier de prof : demain ou jamais ?" (12/12/13)

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Dernière édition: 13 Déc 2013 20:51 par Loys.

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13 Déc 2013 20:54 - 13 Déc 2013 20:54 #8819 par Loys

Maryline Baumard écrit: D’autre part, les syndicats réformateurs ont eux aussi mesuré que, sur le terrain, les enseignants ne s’étaient pas forcément acclimatés à l’idée de réformer ce texte qui ne correspond plus à leurs pratiques mais est perçu comme une protection. Il ne s'agissait pourtant que de lister les missions qu'ils assument sans toucher à leurs 18 heures ou 15 heures hebdomadaires.

:santa:

D’un côté, il y avait ceux qui estiment important que la gauche acte une modernisation du métier, de crainte d’un retour de la droite avec un changement total de modèle. De l’autre, le camp de l’immobilisme, bien plus étroit, qui se félicite qu’on ne touche pas au décret fondateur de la profession. Même si autour, le monde a bien changé.

Maryline Baumard a elle choisi le camp du Bien et de la gauche, de la "modernisation" contre "l'immobilisme".
A noter que sa conclusion est en contradiction flagrante avec la citation précédente... :transpi:
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13 Déc 2013 22:11 - 13 Déc 2013 22:12 #8826 par Loys
Dans la même veine : "Métier enseignant : Réforme impossible ?" du "Café pédagogique" du 13/12/13.

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Dernière édition: 13 Déc 2013 22:12 par Loys.

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13 Déc 2013 22:26 - 13 Déc 2013 22:27 #8827 par Loys

"Les grandes réformes il faut les faire dès la première année au pouvoir avec des ordonnances". Plus clairvoyant que JM Ayrault ou V Peillon, JF Copé peut leur prêter conseil.

On sait à quoi s'attendre, comme ça. :mrgreen:

Après l'échec des négociations sur l'évolution du métier enseignant, le ministre a-t-il eu raison de céder aux résistances ?

Non, bien sûr. :twisted:

Il y a bien des raisons de faire évoluer le métier enseignant. Il y a le décalage visible entre le métier réel, le métier officiel et le métier rêvé. Ces écarts ont un double prix. Pour la société dans son ensemble ils participent de la création d'un échec scolaire qui, de fait, devient insupportable pour la société française.

Quel rapport entre l'un et l'autre ? :shock:

Ils encouragent aussi une souffrance enseignante qui est intolérable.

Alors qu'en en acceptant de voir supprimées leurs décharges statutaires, leur souffrance aurait grandement diminué ! :doc:

Enfin on atteint l'absurde quand on fait heureusement évoluer la formation des enseignants pour la professionnaliser et qu'on maintient une vision officielle totalement décalée. N'empêche. Dans la situation politique qui est la sienne, Vincent Peillon a cédé aux pressions des enseignants de CPGE et remis sa réforme à plus tard c'est à dire probablement à jamais.
Très probablement a pesé sur cette décision le souvenir de tous les échecs précédents. Et d'abord Allègre ployant sous une fronde lancée justement par les professeurs de CPGE. Mais au chapitre des occasions perdues, en copiant sur C Lelièvre, on peut citer Jospin en 1988 ou Thélot - Fillion en 2005. Chacune de ces occasions de moderniser le métier c'est à dire de l'adapter à sa réalité a été perdue.

"moderniser le métier", "l'adapter à sa réalité" : François Jarraud ne dit jamais ce que ces expressions nébuleuses signifient.

Parlons franc. A chaque fois, on a choisi l'élitisme et les avantages des privilégiés à l'intérêt général.

Eh oui, les professeurs français de CPGE qui gagnent autant que les professeurs des écoles en Allemagne sont d'odieux "privilégiés". De même l'heure de vaisselle ou l'heure de chaire dans le secondaire, c'est le choix de l'élitisme ! :doc:

Ce faisant l'école républicaine élargit son grand écart. L'opposition zep - cpge qui s'est introduite dans le débat est malheureuse mais elle est bien réelle. A millions constants entre les CPGE et les ZEP le choix a été fait au lendemain même de la publication des résultats de Pisa. C'est le choix de la société à deux vitesses assumé en toute connaissance de cause.

Ce choix, c'est plutôt celui du "Café pédagogique" qui, sous ses bonnes intentions idéologiques, a contribué à diffuser ces nouvelles pédagogies qui gangrènent aujourd'hui l'école, défavorisent les défavorisés et creusent les inégalités. Certains élèves défavorisés, s'ils n'étaient pas condamnés à l'échec par ces néo-pédagogues, auraient pu entrer dans les CPGE, lesquelles ne font qu'entériner une terrible reproduction sociale dont l'école est en partie responsable pour avoir renoncé à sa mission. :fur

Toute réforme est-elle impossible ? Certainement pas. Si la gauche s'avère incapable de la faire, sans nul doute la droite la fera pour en finir avec des tensions de valeurs et de système qui deviennent intolérables. La solution est toute prête et a été détaillée en septembre par l'UMP : autonomie des établissements avec chèque éducation, gestion des enseignants par les chefs d'établissement, hiérarchisation officielle des établissements avec des " Maisons familiales d'éducation" destinées aux enfants du peuple.

L'actuelle majorité n'a qu'une chose sensée à faire : écouter enfin les enseignants !

La journée du 12 décembre semble nous amener inexorablement vers le retour à un double système éducatif dont la nostalgie, à travers le souvenir des Jules, semble peser sur la société française comme une dalle de granite.

On peut, sans regretter un système scolaire inégalitaire, regretter un système qui apprenait au moins à ses élèves à lire et poussait les meilleurs d'entre eux vers le haut. Quel Camus aujourd'hui peut sortir de l'école ? :fur
Dernière édition: 13 Déc 2013 22:27 par Loys.

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16 Déc 2013 23:28 #8855 par Loys
Encore une chronique inspirée d'Emmanuel Davidenkoff sur "France Info" du 16/12/13 : "Métier d'enseignant : réformer en temps et en heures" .

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16 Déc 2013 23:41 - 16 Déc 2013 23:45 #8856 par Loys

Le fond du débat est donc là : que peut-on imposer à enseignant en plus de ses heures d'enseignement...

Merci Emmanuel Davidenkoff ! :cheers:

...– par exemple les réunions avec les autres enseignants, les rencontres avec les parents, la réalisation de contenus numériques, la préparation d'un voyage scolaire, l'organisation d'une sortie culturelle, le tutorat individualisé, etc. Tout cela, quand les enseignants le font, est noyé dans ce volant d'heures non affectées qui ne sont pas passées devant les élèves. Résultat, certains le font et débordent largement notre moyenne annualisée de 35 heures, d'autres ne le font pas, sans que l'on puisse affirmer pour autant qu'ils ne font pas leur travail.

Mais visiblement ça pose quand même problème à Emmanuel Davidenkoff...
Fixer le nombre de parents à recevoir par semaine, de temps à réaliser des contenus numériques, à se réunir, à préparer un voyage scolaire etc. Quelle bonne idée et simple à mettre en place !

Il n'y a en somme aucun moyen de le leur imposer...
Aucun. Tout relève de la dynamique qui existe ou pas dans un établissement, généralement du charisme du chef d'établissement, de sa capacité à convaincre qu'on travaille mieux en travaillant autrement.

Par contre un enseignant tout seul n'est bon à rien. Merci Emmanuel Davidenkoff !

Oui. Aux quelques exceptions que j'ai mentionnées, on estime qu'un professeur de mathématiques dans un lycée tranquille de centre ville, un professeur de technologie dans un collège difficile ou encore un professeur d'Education physique et sportive d'un lycée professionnel exercent, fondamentalement, le même métier.

Eh bien non, pas du tout. L'enseignement professionnel relève d'un statut particulier et l'enseignement de l'EPS également. :roll:

Donc ce n'est pas tellement une réforme du temps de travail qui fait débat, mais une réforme du contenu du métier.
Exactement. En 1950, les relations avec les parents n'étaient pas un sujet. Aujourd'hui, on considère qu'elles sont stratégiques. Comment introduire ce temps. En 1950, le numérique n'existait pas. Comment prendre en compte aujourd'hui le temps que va passer un enseignant à produire des contenus qu'il mutualisera ensuite ou bien à gérer les échanges avec élèves et parents.

En diminuant les maxima de service ? :santa:

En 1950 aussi, l'heure d'enseignement était sans doute moins dévoreuse d'énergie dans bien des cas, le rapport à la discipline étant à l'époque beaucoup plus ferme qu'aujourd'hui.

Mais si on écoutait Emmanuel Davidenkoff il faudrait néanmoins faire beaucoup plus de choses : cherchez l'erreur.

Vincent Peillon n'est pas le premier à se casser les dents sur cette réforme...
Non. Plusieurs exemples récents l'illustrent : Lionel Jospin en 1988 renonce à réformer alors même que le PS et la FEN avaient passé un accord en ce sens avant les élections. 1998, Claude Allègre envisage de passer à 19 heures pour les certifiés : 15 heures d'enseignement devant les classes, donc trois heures de moins, mais quatre heures d'activités pédagogiques qui auraient été choisies par chaque enseignant. Mais pour que cela marche au lycée il faut recruter. Il ne peut pas et envisage donc de diminuer le nombre d'heures de cours.

Il n'y a qu'à les faire travailler plus. :transpi:

Levée de bouclier contre ce qu'on appelle le lycée " allégé ", le " lycée light " ; il recule. 2004, la commission Thélot propose une réforme, François Fillon l'enterre. 2006 Gilles de Robien remet le couvert, mais l'élection de Nicolas Sarkozy sonne le glas de la tentative, ce dernier promettant pendant la campagne de ne rien toucher.

Mais Nicolas Sarkozy a proposé pendant sa campagne de 2012 8h de présence supplémentaire dans l'établissement. :rirej
Je le cite : "Je propose que désormais tout enseignant qui voudra travailler davantage, puisse le faire avec 26 h de présence dans l’établissement au lieu de 18h de cours aujourd’hui" (Montpellier le 28 février 2012).

Et les 60.000 créations de postes promises, elles ne pouvaient pas servir, justement, à libérer des heures pour des activités autres que l'enseignement, sans baisser les horaires ?
Si. Mais pour cela il aurait fallu que cela soit préparé à l'avance. Or ces postes ont été promis par François Hollande pendant la campagne sans aucune contrepartie.

Donc les enseignants auraient dû accepter de travailler plus avec comme "contrepartie" le fait d'être plus nombreux ? :shock:
Dernière édition: 16 Déc 2013 23:45 par Loys.

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03 Jan 2014 00:30 #9023 par Loys
A lire sous la plume de Jean-Paul Brighelli : "Brighelli : quand Peillon veut passer les profs à la moulinette" .

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07 Jan 2014 20:55 #9079 par Loys
A lire dans "VousNousIls" du 07/01/14 : "Statut des enseignants : pas de réforme pour le second degré avant la rentrée 2015" .

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19 Jan 2014 09:49 #9243 par Loys
A lire sur le site de l'iFRAP du 7/01/14 : "Témoignage d’un enseignant sur la nécessaire réforme du statut des professeurs" .

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19 Jan 2014 10:57 - 19 Jan 2014 12:04 #9244 par Loys

Témoignage d’un enseignant sur la nécessaire réforme du statut des professeurs

Curieux "témoignage" qui ne témoigne de rien. Avec sept propositions numérotées, on dirait plutôt un programme d'action.

Le 7 janvier 2014 par une contribution extérieure

Façon polie de dire que l'article est anonyme. On se demande bien pourquoi. :shock:

Un professeur dans un lycée, qui a souhaité l’anonymat, a contacté la Fondation iFRAP...

Un témoignage spontané !
Il est vrai que l'iFRAP, un think tank libéral reconnu d'utilité publique, a déjà montré - avec tout le sérieux scientifique possible - sa préoccupation pour le système éducatif français. :devil:

...afin de nous livrer quelques réflexions sur la nécessité de réformer le statut des enseignants...

Des réflexions ou un "témoignage" ? Il faudrait savoir...

...pour le bien des enseignants eux-mêmes...

Nul n'en doute. :santa:

...ainsi que pour celui des élèves qu’ils doivent conduire à la réussite scolaire et personnelle.

Ah... Les professeurs doivent mener les élèves à la "réussite personnelle"... :shock:

En se basant sur son expérience personnelle, cet acteur de l’Éducation nationale...

On y insistera jamais assez... :transpi:

...souligne, ici, les défauts et effets pervers du système actuel et nous livre ses propositions de réformes. La Fondation iFRAP publie ce témoignage en exclusivité.

Espérons qu'il est plus fiable que les chiffres inventés de l'iFRAP sur le nombre de professeurs ou d'élèves en France.

Comme tout service public, l’Éducation nationale doit répondre aux principes d’égalité, de continuité et d’adaptabilité.

Le postulat de départ est donc irrecevable puisque l'école n'est pas un service public. :
Attention : Spoiler !

On se demande dans quel grand texte républicain le principe d'"adaptabilité" de l'école est mentionné. :twisted:

Cela est vrai du contenu des enseignements, puisque les programmes sont révisés en fonction du progrès des connaissances et s’adaptent aux nouveaux besoins qui émergent, comme la sécurité routière, la maîtrise de l’informatique, etc.

C'est tellement vrai que le mot "informatique" est déjà obsolète. :P
On peut d'ailleurs se demander comment les programmes devraient concrètement s'adapter au "nouveau besoin" de la "maîtrise de l'informatique".
Évidemment, considérer que les programmes sont liés au "progrès des connaissances" est une absurdité dans la plupart des disciplines : l'enseignement des mathématiques a-t-il besoin de suivre l'évolution des connaissances en mathématiques ? C'est en réalité une vision scientiste de l'enseignement.

Mais cela est également vrai du statut des enseignants qui date de 1950 et qui doit être adapté aux évolutions du service public.

La vocation de l'enseignement public est la même depuis que l'enseignement public existe. L'instruction est une mission nationale, un principe républicain. Un principe ne s'adapte pas.

Car, depuis 1950, la société et le monde éducatif ont bien changé.

Dans l'idéologie libérale il y a en revanche il y a beaucoup de choses qui n'ont pas changé.

Ainsi, parle-t-on de « massification scolaire » pour désigner l’accroissement du nombre de jeunes poursuivant des études secondaires : en 1950 on comptait 30 000 bacheliers, soit 5 % d’une génération, alors qu’en 2012 il y en avait plus de 500 000 soit près de 75 % d’une classe d’âge. Cette massification s’est accompagnée de la création de nouvelles sections, dans l’enseignement général (la section B en 1969 devenue ES en 1992), dans l’enseignement technologique et professionnel. Ce qui a conduit à un recrutement massif de professeurs. Il y a désormais près de 840 000 enseignants dont 700 000 dans le public.

Voilà une évolution qu'il ne fait bon remettre en cause, en revanche. Il faut d'un côté des élèves de 15 ans entrant dans les critères minimalistes d'employabilité de PISA et de l'autre une génération de bacheliers.

Il convient donc de réformer un statut qui est inadapté parce que trop rigide et peu incitatif, parce que source d’inégalités entre salariés et entre usagers.

Quelles inégalités ? "salariés" et "usagers" ? :scratch:

Le statut actuel crée de la frustration...

:scratch:

...et ne permet pas un réel progrès de l’efficacité du travail des enseignants dans l’intérêt des élèves, de leurs familles et de la société.

C'est curieux car la massification, commencée dès les années 50, s'est produite en pleine trente glorieuses et le statut des enseignants ne posait alors aucun problème d'efficacité.

Voici donc quelques propositions argumentées qui sont soumises à votre réflexion.

Où est donc le témoignage ?

PROPOSITION n° 1 : Aligner le statut des professeurs sur celui des enseignants du privé sous contrat d’association pour favoriser la mobilité du corps enseignant par un statut plus souple.

On dirait une proposition de la Cour des comptes . :mrgreen:

Le service public d’enseignement ne correspond pas à un service régalien...

Voilà qui est dit. :shock:

... justifiant d’un statut rigide. C’est ce que nombre de gouvernements ont déjà compris, comme celui du socialiste portugais José Sócrates qui a modifié le statut des enseignants en CDI.

Un professeur qui réclame l'abandon de son statut de fonctionnaire : on aura tout vu. :shock:
On voit au passage que le "socialisme" en politique a des vertus. :devil:

* Les professeurs de l’enseignement public ont un statut trop rigide qui rend plus difficile la mobilité professionnelle. Changer d’emploi est à la fois difficile parce qu’il faut soit passer un nouveau concours pour accéder à un autre emploi de la fonction publique (alors qu’on en fait déjà parti et qu’on a fait ses preuves), soit parce qu’il faut obtenir une autorisation administrative pour congé sabbatique et rejoindre le secteur privé.

Quel curieux raisonnement : dans quelle autre profession, pour changer d'emploi, faut-il demander un congé dans son emploi précédent ? :scratch:

Dans tous les cas, le risque de perdre définitivement son poste, son emploi, et de devoir éventuellement repasser un concours pour pouvoir éventuellement enseigner plus tard, suffit à décourager ceux qui voudraient faire une pause (par lassitude, par fatigue) dans leur métier et qui pourraient pourtant retrouver de la motivation en vivant une autre expérience professionnelle pour un temps.

C'est vrai que dans le privé on change actuellement d'emploi comme de chemise. :transpi:
Il n'est évidemment nullement nécessaire de demander une "autorisation administrative" pour rejoindre le privé : l'enseignant perd simplement le bénéfice du concours qu'il a passé. De même que dans le privé un cadre ne peut espérer garder l'assurance d'être recruté à nouveau ainsi que le bénéfice de son avancement dans l'entreprise qu'il quitte pour une autre. :roll:
Le raisonnement de l'auteur est assez curieux : l'école publique ne fonctionne pas au prétexte que ses professeurs... ne pourraient pas l'abandonner. Évidemment l'auteur n'envisage pas qu'existe, corollaire de la mission républicaine de l'école, une vocation enseignante.

Faute de pouvoir vivre autre chose, nombre d’enseignants font une pause de type médicalisée, sous forme d’arrêts maladie à coup de dépressions.

Rien à voir - bien sûr - avec la dégradation des conditions d'enseignement (mutations, incivilités, déconsidération, paupérisation).

Cela a un coût pour la société, financier certes, mais aussi moral puisque les élèves trouvent en face d’eux des adultes parfois fatigués, découragés et peu productifs.

Mais qui - n'en doutons pas - dans le privé deviendraient des adultes productifs. :doc:
Pour lutter contre le découragement et la fatigue, mettons à bas les derniers statuts qui protègent encore les enseignants ! :santa:

De nombreux assimilés fonctionnaires, à commencer par les professeurs de l’enseignement privé, bénéficient d’une sécurité de l’emploi, d’un cadre juridique protecteur et en même temps d’une souplesse du statut qui favorise leur mobilité professionnelle.

Ils choisissent surtout l'enseignement privé pour ne pas être affectés dans certains académies déficitaires ou dans certains établissements difficiles. :santa:
Pour résumer sur ce point, on ne voit pas en quoi le statut des enseignants pose problème. :scratch:

PROPOSITION n° 2 : Il faut rendre l’évaluation des enseignants par les inspecteurs plus juste, plus transparente et plus efficace en faisant précéder les inspections d’une ou deux visites de mise au point où l’inspecteur ferait ses remarques et pourrait voir l’évolution du travail effectué.

Aucune proposition évidemment sur le nombre insuffisant des inspecteurs et sur les nombreuses tâches annexes qui leur sont aujourd'hui dévolues, au point qu'ils ne peuvent plus inspecter suffisamment régulièrement.

Les inspections pédagogiques sont trop rares, entre 5 et 10 ans, voire plus, certains professeurs sont même amenés à demander une inspection lorsque celle-ci tarde trop.

L'auteur ne se pose évidemment pas la question du pourquoi cet état de fait.

Les inspections sont trop opaques : les professeurs ne sont pas évalués selon une grille précise et connue à l’avance...

Ce sont quasiment les termes du rapport de la Cour des comptes ("aucun cadre national clair en lien avec les mission"). Cet "témoignage" est de plus en plus intéressant.

...ils ne savent pas comment est déterminé leur note (ou plutôt quels éléments ont conduit à l’augmentation de leur note de tant de points).

Car les professeurs n'ont pas d'entretien avec l'inspecteur après l'inspection et ne reçoivent pas un rapport d'inspection détaillé. :doc:

La notation peut sembler aléatoire, d’autant qu’elle n’est connue que plusieurs mois après avoir reçu le « rapport d’inspection ».

Le lien logique est assez fascinant ici. :shock:

C’est comme si un élève recevait sa copie avec quelques remarques et sans note, note qu’il recevra avec son bulletin mais sans savoir sur quel barème il a été évalué.

Voilà un "professeur anonyme" qui semble bien connaître le fonctionnement des inspections ! :cheers:

Les professeurs ne peuvent donc pas vraiment progresser d’une inspection à l’autre, ils peuvent au mieux essayer d’appliquer quelques recommandations, mais sans être sûr que cela suffise à améliorer leur évaluation dans l’avenir.

Ce n'est donc pas le statut des professeurs qui pose problème, mais l'incompétence supposée des inspecteurs. :xx:

Le système d’évaluation n’est pas incitatif car il ne permet pas de récompenser les mérites et les efforts de chacun, il ne distingue qu’une minorité (20 %) qui bénéficie d’un avancement d’échelon plus rapide.

La logique est encore une fois défiée : un "système incitatif" consisterait donc à récompenser une majorité.

L’évaluation est donc relative : même si tous les professeurs travaillent mieux, il y aura toujours une minorité qui sera récompensée (les 20 % qui avancent au « petit choix ») et une minorité qui sera pénalisée (les 30 % qui avancent à l’ancienneté »).

Notre professeur témoin confond visiblement "grand choix" et "choix". Le "petit "choix" n'existe pas.

L’inspection devrait être précédée d’une « visite conseil » de l’inspecteur ou alors, ce qui revient au même, être faite en deux fois sur deux classes différentes et sur deux points du programme différent, pour que les recommandations faites lors de la première inspection puissent être mises en application avant la seconde. L’inspection doit viser d’abord et avant tout l’amélioration du service éducatif.

Proposition intéressante, qui suppose - sans le dire - que le nombre d'inspecteurs soit multiplié par trois ou quatre mais encore une fois une proposition qui n'a rien à voir avec le statut des enseignants.

PROPOSITION n° 3 : Aligne le temps de travail de tous les enseignants qui doit être le même quel que soit le statut, en ne maintenant qu’une pondération selon le niveau d’enseignant.

Le "temps de travail" des enseignants ne peut être aligné sans rompre la liberté pédagogique qui est la leur. Le statut, lui, ne définit qu'un temps de service (bien inférieur). Encore une fois, une confusion étrange dans la bouche d'un professeur.

Dans la fonction publique, tous les fonctionnaires qui assurent le même type d’emploi ont toujours la même durée de travail, même si des différences de salaires peuvent exister du fait de la différence de grade. Ainsi, un Proviseur 2e classe (issu du corps des Certifiés) est astreint au même temps de travail qu’un Proviseur 1ere classe (issu du corps des Agrégés). De même, un commandant de Groupement de gendarmerie travaille autant d’heures qu’il soit Lieutenant ou Capitaine, qu’il soit un ancien sous-officier ou un ancien Saint-Cyrien. Il faut donc en finir avec l’avantage horaire dont bénéficient les Agrégés sur les Certifiés et PLP.

Cette différence résulte déjà d'une volonté de porter atteinte - pour des raisons économiques - au statut des enseignants dans le cadre de la massification en créant un corps parallèle, les certifiés, avec des obligations de service supérieures et une rémunération inférieure.
A noter que l'agrégation constitue une forme de promotion possible pour les certifiés : l'auteur, qui déplorait précédemment le manque de possibilités de promotion, voudrait donc - en bonne logique - supprimer la plus importante.

Les Agrégés méritent un salaire plus élevé, mais pas une décharge horaire supplémentaire car cela n’existe nulle part ailleurs [1].

Considérer que les agrégés ont une "décharge" est assez amusant d'un point de vue historique. Évidemment parler de "décharge" permet d'envisager sa suppression, au nom de l'équité professionnelle bien sûr.
Dans l'esprit de l'auteur il n'est évidemment pas question d'aligner le service des certifiés sur celui des agrégés. Revaloriser le métier n'est pas sa préoccupation.

Il doit y avoir une pondération horaire qui ne soit attaché qu’au seul poste de travail, autrement dit aux niveaux d’enseignement. Le plus simple est d’aligner tous les professeurs sur le temps de travail des professeurs des écoles...

Le plus simple... et le plus économique (27h d'obligations de service) ! :cheers:

...en pondérant le temps de cours selon le niveau d’élèves : le temps devant élève serait donc toujours moins important en lycée qu’au primaire, en classe préparatoire qu’en lycée.

Quel intérêt donc ? :shock:

Le temps de travail des professeurs doit être annualisé, en particulier pour les professeurs du supérieur court (BTS, classes préparatoires) comme cela se fait à l’Université car il n’est pas normal qu’un professeur agrégé en BTS, par exemple, travaille moins de temps qu’un PRAG à l’Université du fait, notamment, de l’absence d’élèves durant leurs périodes de stage. En effet, les professeurs en STS se retrouvent parfois plusieurs semaines sans élèves du fait de leur obligation de stage en entreprise. Pendant ce temps, les professeurs sont rémunérés sans avoir d’autres obligations de service, tandis que le PRAG est obligé d’assurer un certain nombre d’heures de cours et de TD ainsi que des tâches administratives.

Un professeur de BTS ne fait pas sa rentrée en octobre...
Et allons jusqu'au bout de la logique de l'annualisation : quelles seraient les conséquences concrètes pour les professeurs concernés ?

PROPOSITION n° 4 : Mieux distinguer les postes d’agrégés et de certifiés dans les établissements en créant pour les emplois de catégories A+, des postes à profil comme cela existe dans les autres corps de catégorie A+, par rapport aux catégories A.
Les Agrégés coûtent, en moyenne, à l’Etat, 30 % de plus que les Certifiés.

Question de point de vue : historiquement ce sont surtout les certifiés qui coûtent moins cher. :mrgreen:

Il convient donc d’employer ce personnel qualifié là où leurs compétences sont les mieux employés à savoir l’enseignement supérieur en priorité (Université, IUT, STS…). Cela se fait déjà mais il conviendrait de l’assurer de façon plus systématique en réservant ces emplois aux Agrégés de façon statutaire [2].
Comme tous les agrégés ne peuvent être employés dans le supérieur, il convient de créer des « postes à profil » également dans le secondaire pour supprimer la possibilité pour eux de travailler en collège.

Cette "possibilité" ne correspond pas à une demande des agrégés mais sert surtout à gérer plus souplement les ressources humaines. Nous avions déjà calculé ici que si tous les agrégés au collège enseignaient au lycée, cela ne modifierait qu'à la marge leur proportion au lycée (ils passeraient de 29 à 35% des postes).

Ensuite, il faudrait créer des postes d’agrégés en priorité dans les lycées où il y a des classes préparatoires et dans les lycées ZEP qui en ont besoin (dans le cadre du recrutement de Science Po Paris par exemple).

L'auteur n'a pas l'air de savoir qu'il n'y a pratiquement pas de lycées ZEP en France. :rirej
Quel sens a la première proposition ? Quel intérêt de réserver à des agrégés les postes des lycées où il y a des classes préparatoires ? N'est pas en outre une forme de discrimination pour tous les autres lycées ?
La seconde proposition porte atteinte à la liberté de mobilité des enseignants, que l''auteur semblait pourtant vouloir promouvoir.

Il faudrait engager moins d’Agrégés...

Voilà qui est clair. :devil:

... et revaloriser les Certifiés, par exemple en créant une « classe exceptionnelle »

Curieuse "revalorisation" qui ne s'appliquerait qu'à certains.

...(comme cela a été fait pour le corps des « Attachés d’administration ») qui récompenserait les mérites (à définir) en fin de carrière de certains enseignants. Car un grand nombre d’entre eux atteint l’échelon maximum au bout de 30 ans de carrière, alors qu’ils leur reste encore 12 ans à faire avant la retraite.

Ce système existe déjà : il s'appelle la "hors classe". Ce "professeur" a l('air très peu renseigné.

La multiplicité des corps enseignants est injuste pour les usagers. Car si on considère que les Agrégés sont « meilleurs » que les Certifiés alors l’Éducation nationale fait preuve d’inégalité envers les élèves en mettant des professeurs plus qualifiés dans certaines classes et de moins qualifiés dans d’autres.

Ce que propose pourtant l'auteur à une échelle plus grande encore en les affectant dans certains lycées... :santa:

Les élèves devraient disposer de professeurs également qualifiés au même niveau d’enseignement. Le principe d’égalité est donc bafoué pour l’utilisateur du service public.

Ce principe a été bafoué le jour où des décideurs - pour des raison d'économie - ont créé le corps des certifiés. Beau principe que "l'égalité" pour ensuite supprimer le corps d'origine. :devil:

PROPOSITIONS n° 5 : La formation continue doit être rendu obligatoire, s’exercer hors du temps scolaire et le nombre de jours ou d’heures de formation doit être précisé dans le statut.
La formation continue est en grande partie facultative, ce qui laisse penser qu’elle est accessoire donc peu utile. Pourtant elle est coûteuse. La formation doit être rendue obligatoire

Parce que "coûteuse", elle doit devenir "obligatoire" ? Curieuse logique, encore une fois. :scratch:
La formation continue n'est pas obligatoire dans le privé. Pourquoi le serait-elle dans le public ?

...il faudrait que dans le statut des professeurs soit inscrit en plus du nombre d’heures de cours devant élèves, le nombre de journées de formation obligatoire pour tout enseignant.

Dans le privé : "La formation mise en œuvre dans le cadre du plan de formation a lien en principe durant le temps de travail."
Source : travail-emploi.gouv.fr/informations-prat...-formation,1069.html
A noter par ailleurs que les vacances scolaires sont aussi en partie du temps de travail pour l'enseignant. Toujours la même confusion regrettable entre temps de service et temps de travail.

Par exemple, 5 jours de formation, y compris la journée de prérentrée.
Les Académies devraient choisir entre des journées de formation étalées sur les périodes de vacances (1 jour ou 2 pendant les vacances de la Toussaint, 1 ou 2 pendant les vacances de Printemps…) ou en les concentrant sur une période (1 semaine à la Toussaint…).
Ce temps de travail supplémentaire pourrait être en partie rémunéré en augmentant la prime « ISOE » que touchent les enseignants sachant que le Ministère réaliserait déjà des économies en ne rémunérant plus des professeurs pour remplacer leurs collègues en formation voire pour s’auto suppléer en heures supplémentaires (cas des lycées).

Pour cinq jours de formation les remplacements doivent être rarissimes. :roll:

PROPOSITION n° 6 : La formation continue doit être mutualisée entre Académies sous forme de MOOC accessible par tous les professeurs et être organisée de façon complémentaire et progressive, ce qui suppose un plan de formation pluriannuel.

Si elle a lieu sous forme de mooc (rires), il y a contradiction entre les propositions 5 et 6. L'enseignement en ligne rend inutile des "journées de formation"... :transpi:

Une partie des modules de formation doit être mutualisée entre académie via un site internet dédié sur le modèle des MOOC et accessible à tous les professeurs.

Voilà une formation qui ne coûtera pas cher et sera - n'en doutons pas - très utile. Car il ne faut pas laisser croire qu'"elle est accessoire donc peu utile". :doc:

Il faut organiser les formations de façon pluriannuelle de sorte qu’il y ait une certaine cohérence dans les modules proposés d’année en année. Il faut qu’au moins les contenus des séquences de formation soit articulées et soient cohérentes pour donner sens à la formation. Une durée de 3 ans parait adéquate.

Allez, au doigt mouillé.
Encore une proposition qui n'a donc strictement rien à voir avec le statut des enseignants.

PROPOSITION n° 7 : La formation continue doit être réalisée par des intervenants aux profils variés et être évaluée par les professeurs dans une perspective d’amélioration permanente.

Bis : Encore une proposition qui n'a donc strictement rien à voir avec le statut des enseignants.

Des formateurs extérieurs à l’Éducation nationale doivent être intégrés, pour donner un autre regard sur certains thèmes et parce qu’ils ont une autre approche pédagogique.

Des non-enseignants qui ont "une autre approche pédagogique" : en voilà des formateurs intéressants !

Les universitaires ne doivent pas être les seuls acteurs de la formation même s’ils y ont leur part. Le recours à des professionnels doit être développé.

Des "professionnels de quoi" ? Parce que les universitaires ou les enseignants eux-mêmes ne sont pas des "professionnels" ? Curieuse vision pour un professeur.

Les formations ne doivent pas prendre la forme de conférences universitaires mais doivent consister en étude de cas et en mise en situation qui permettent d’acquérir des savoirs et savoir-faire réutilisables dans sa classe.

Et pour cela rien de mieux que des "formateurs extérieurs à l’Éducation nationale". :doc:

La formation doit avoir une visée pratique c’est-à-dire d’améliorer la façon de faire cours (de le construire et de le conduire), de manager sa classe et d’évaluer les élèves.

Manageons, manageons ! :doc:

Les formations doivent être mieux évaluées, il faut que ceux qui sont formés puissent donner leur avis sur la qualité de la formation c’est-à-dire non sur la qualité du formateur (s’il est sympa, s’il a bien travaillé…) mais sur l’utilité de la formation. Cette évaluation doit servir à améliorer la formation. ..

Ah bon ? Mince : pourquoi personne n'y a pensé avant ?

Conclusion
Un État moderne doit être un État qui se mette vraiment au service du public pour lequel il est fondé...

Car l'État est un service public. :doc:

...un État qui s’adapte à la demande de la société, qui soit plus efficace pour atteindre les missions qui lui sont confiées et qui, donc, réforme son fonctionnement bureaucratique.

La bureaucratie dans l’Éducation nationale est réduite à la portion congrue, compte tenu de ses ressources humaines quasi inexistantes.

Que l’État arrête de fonctionner pour lui-même, selon les intérêts de ses salariés...

De ses fonctionnaires. Quand on voit - par comparaison avec d'autres pays de l'OCDE - les conditions de travail dégradées de ses enseignants depuis plusieurs décennies (taux d'encadrement, incivilités, rémunérations), on se demande ce que ce serait s'il ne fonctionnait pas "selon les intérêts de ses salariés"... :santa:

...l’administration doit être au service de ses usagers, et non l’inverse.

:scratch:

[1] Voir les précédents articles de la Fondation, Statut des enseignants et temps de travail, Le temps de travail des agrégés et sa proposition pour augmenter de 2 heures, le temps de travail des enseignants.
[2] Voir les propositions de la Fondation en matière d’Éducation pour annualiser le temps de travail des enseignants, dans notre étude de septembre 2013.

Quel "témoignage" opportun ! :cheers:
Dernière édition: 19 Jan 2014 12:04 par Loys.

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