La suppression des notes

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01 Déc 2014 12:45 #12573 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Dans "VousNousIls" du 01/12/14 : "Vers la fin des notes à l’école ?"


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01 Déc 2014 13:01 - 01 Déc 2014 13:56 #12576 par archeboc
Réponse de archeboc sur le sujet La suppression des notes

Loys dit: Annotations et appréciations sont bien plus personnalisées qu'une grille pré-établie...

Mais beaucoup plus difficile à faire remonter à un organe centralisateur.

On le voit, il s'agit ici de caricaturer la pratique de la notation en la réduisant à la seule note.

Ou de préparer un pilotage de l'enseignement par la performance, comme un genre de PISA permanent.

C'est contre l'informatisation et la prise en compte des seules notes qu'il faut se battre...

Conception artisanale du métier. Le slogan d'un ancien DGESCO, "On a réussi la massification de l'enseignement, mais pas sa démocratisation", dissimule des envies de taylorisation.

Elle est plutôt dans constatation des lacunes et des manques que dans la capitalisation des progrès, le symbole étant la dictée où on enlève des points à chaque erreur, et même si les points négatifs du thème latin ont disparu (encore que…)

Cette logique est proprement aberrante : une dictée avec un mot sur deux comprenant une faute serait donc une dictée à moitié réussie. Voir notre article à ce sujet : "Loto dictée" .

En complément de cet article, je voudrais ajouter :
- la constatation des lacunes et des manques, que fustige le cahier pédagogique, est pourtant bien la raison d'être de l'évaluation. C'est l'opération de "check" dans la boucle de la qualité, qui va permettre de définir les actions de remédiations. "capitaliser les progrès", en revanche, cela ne permet jamais de progresser.

boucle de qualité, dite roue de Deming
- quant à la dictée, la notation soustractive est conforme à la compétence visée : lorsque nous lisons un rapport ou un article et que nous tombons sur une faute, nous sourions : tient, il s'est fait avoir. A la seconde et la troisième faute, nous fronçons les sourcils : il aurait pu faire attention. Chaque faute supplémentaire réduira notre capacité de concentration sur le document et notre adhésion à son contenu. Passé un certain seuils de crasse, aucune faute supplémentaire ne peut plus pénaliser l'auteur : il a atteint le niveau zéro. La notation soustractive de la dictée semble ainsi parfaitement adaptée à l'évaluation de ce que doit être une orthographe correcte dans le monde réel.
Ouvrons les yeux : les gens qui ont mis en place les notations soustractives n'étaient ni des crétins, ni des sadiques. C'était tout simplement des vrais pédagogues, et la condescendance de nos pédagogistes à leur égard est l'exact corolaire de la nullité de notre école.

Par ailleurs une évaluation qui considère indistinctement la plupart des apprentissage comme "en cours d'acquisition" permet beaucoup moins de "capitaliser les progrès" que les notes...

J'ai déjà dit ici combien cette catégorie "en cours d'acquisition" est profondément inepte. Lorsqu'on utilise vraiment le concept de compétence, on gradue celle-ci sous la forme "initiation / pratique / autonomie / maîtrise / expertise", chacun de ces palliés étant défini au moins par une courte phrase.
En cours d'acquisition, c'est simplement un cache misère.

On a beaucoup de mal à évaluer le travail collectif et les résistances sont très fortes chaque fois qu’on s’y essaie (cas des TPE)

En quoi l'évaluation par notes s'y oppose-t-elle ?
Il faut dire, dans le cas des TPE, que les professeurs sont amenés à évaluer des candidats dans des disciplines qu'ils ne maîtrisent pas...

Bien-sûr ! La mise en avant des TPE est un moyen de valoriser les seules compétences des élèves, construites en opposition au savoir disciplinaire. La défense des TPE est un bon marqueur du caractère pédagogiste du discours.
Sur le fond, j'ai entendu dire que l'équivalent des TPE dans les classes prépa scientifiques, qui s'appelle TIPE, est en perte de vitesse. Les commanditaires des concours se sont rendus compte de deux choses :
- organiser une épreuve sur les TIPE est très cher (contrairement à l'éducation nationale, ces gens-là savent compter ce que coûte les lubis pédagogistes).
- la note sur les TIPE n'est pas discriminante. Elle ne permet pas de recruter des candidats meilleurs, elle ne permet même pas de recruter des profils "différents". Elle ne sert à rien : c'est une perte de temps.

L’évaluation est trop peu collégiale. Chez certains enseignants, 13, c’est déjà bien, tandis que c’est «  faible  » chez d’autres.

Les appréciations servent précisément à relativiser les notes...

Et l'enseignant donne aussi le mode d'emploi. Entendu en réunion parent-prof : l'objectif, cette année, c'est d'avoir 17. En dessous, vous devez réagir.

Un nébuleux "en cours d'acquisition" aura le mérite de mettre tout le monde d'accord. :santa:

Ce n'est pas seulement nébuleux. C'est surtout très hypocrite dans le résultat, et d'abord très lâche dans l'intention.

Le 20 semble impossible dans certaines matières de la part de professeurs.

Dans Affelnet la note maximale affectée pour une compétence est 16. :mrgreen:

Excellent !

Elle peut conduire à des humiliations quand elle est rendue publique (l’annonce à haute voix des résultats, les remarques publiques désobligeantes, etc.

Ce n'est pas la note qui est mise en accusation ici. Dire publiquement qu'un élève n'est pas compétent produirait les mêmes effets...

Pire même, car la note permet un continuum entre les meilleurs et les moins bons. En segmentant la classe en trois ensembles localement étanches, la notation qualitative tronçonne la classe et me semble potentiellement plus dangereuse pour la cohésion du groupe.

Autre glissement très grave : les "compétences" deviennent ici une "capacité à s'investir" ou des "attitudes intellectuelles". Avec ces "compétences" nébuleuses et évaluées au doigt mouillé, en toute docimologie, ce n'est donc plus le travail de l'élève que l'on juge, mais l'élève lui-même. :fur

A ce titre, le concept de "savoir être" est extrêmement problématique - évalue-t-on l'essence des individus ? En français correct, on devrait parler de "savoir vivre". Si on voulait aller plus loin dans la bienveillance, on parlerait de "savoir se tenir".

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01 Déc 2014 20:04 #12583 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Merci archeboc, notamment pour l'info sur les TIPE. Je vais creuser un peu la question.

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01 Déc 2014 20:06 #12584 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Dans "Le Figaro" du 1/12/14 : "Vers la fin des notes à l'école" .


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01 Déc 2014 20:24 - 01 Déc 2014 20:25 #12585 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes

La note chiffrée ne serait, elle, qu'un élément d'évaluation parmi d'autres.

:scratch:

Elle se devrait d'être «indicative», et non «perçue exclusivement comme un moyen de récompense ou de sanction et un instrument de tri et de hiérarchisation sociale des élèves».

Depuis quand une note servirait-elle de sanction ou de récompense ? :shock:
D'instrument de tri ou de hiérarchisation sociale des élèves ? :shock:
Le seul tri effectif, c'est le tri effectué à partir des notes par les logiciels d'affectation académiques ! :fur

Le document remis à Najat Vallaud-Belkacem oppose à cela l'évaluation dite «positive», au-delà de la «réponse binaire de succès et d'échec».

En quoi une note est-elle une "binaire" ? Au contraire, une compétence acquise ou non acquise, voilà une évaluation "binaire". :fur

«Purement démagogique»
Abandon de l'«évaluation sanction», au profit de l'«évaluation bienveillante»? Le discours est dans les tuyaux depuis le début du mandat de François Hollande. Ses trois ministres de l'Éducation successifs en ont sagement repris les termes jusqu'à Benoît Hamon, qui, en cinq mois seulement passés Rue de Grenelle, a trouvé le temps d'ajouter sa pierre à l'édifice en lançant une grande concertation sur le sujet…

C'est vrai qu'il n'y a pas d'autres priorités...

«En quoi la notation sur 20 serait-elle malveillante?» s'indigne-t-on au Snalc. Le syndicat d'enseignants, qui défend bec et ongles cette traditionnelle notation «précise et parlante», dénonce «une démarche purement démagogique». «Focaliser l'attention du public sur l'évaluation permet d'évacuer les vraies difficultés, liées aux apprentissages», poursuit le syndicat, qui pointe «le mythe du collège unique» et «l'illusion d'un succès uniforme». À l'Unsa, en revanche, on salue les propositions du conseil des programmes. «On ose enfin secouer le cocotier», se félicite Christian Chevalier. «En trois ans, le débat est arrivé sur la place publique», poursuit-il, rappelant la pétition en faveur de la suppression des notes signée en 2010 par une vingtaine d'intellectuels, parmi lesquels le neuropsychiatre Boris Cyrulnik et le pédopsychiatre Marcel Rufo.

Il n'y pas de débat à vrai dire : tout est déjà décidé...

Concrètement, pour le conseil des programmes, il ne serait plus question de notes chiffrées pour les évaluations «certificatives», qui viennent valider un cycle d'apprentissage ou le «socle commun de connaissances et de compétences» (voir ci-contre), ce bagage que tout élève doit maîtriser à l'issue de la scolarité obligatoire.

Quel rapport entre compétences et notes ? Une compétence peut parfaitement être évaluée par notes, c'est d'ailleurs ce qui se passe dans certaines académies dans Affelnet...

Le concept de socle, venu des pays scandinaves et apparu en France avec la loi Fillon de 2005, s'accommode mal, en effet, de la note sur 20.

On se demande bien pourquoi... :shock:
En quoi "Identifier les périodes de l’histoire au programme" (LPC) ne pourrait-il pas s'évaluer avec précision, de 1 à 20 ?
Le concept de socle est plutôt importé des pays anglo-saxons, du common core américain et des test PISA.

Voici donc le grand retour de la notation par lettres?

Dans l'alphabet il y a plus de paliers que de 1 à 20. :mrgreen:
Et au fait, si on y revient, pourquoi en était-on parti ?

«Les travaux scolaires les plus formateurs sont ceux où la préoccupation de la note s'efface», indiquait en 1969 le ministre Edgar Faure dans une circulaire appelant les enseignants à remplacer les notes par des lettres… Vaine tentative puisque, rapidement, les A, B, C, D, E s'étaient trouvés agrémentés de + ou de -. Avant d'être délaissés…

Mais ça, personne ne cherche à savoir pourquoi...

Cap sur l'évaluation par compétences
En annexe du rapport du Conseil supérieur des programmes (CSP), un document «provisoire» de trois pages fixe les nouveaux contenus à évaluer. Dans le bloc de compétences «comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française», traduisons à l'ancienne «cours de français», il faut à l'issue du CE2 savoir «faire à l'oral un récit structuré.

Pour préparer aux exercices de PISA ?

Communiquer en se faisant comprendre devant la classe. Écrire de manière autonome un texte court». En fin de troisième, on attend une interaction à l'oral «de façon argumentée en employant une langue adaptée à la situation de communication». Ou encore «lire et repérer les intentions, dégager les implicites dans des textes de genres variés».
L'évaluation par «compétences» telle qu'elle est promue par le CSP est décriée par les «antipédagogistes» comme les professeurs affiliés au Snalc ou le polémiste Jean-Paul Brighelli, combattent . Pour le CSP, il faut «prendre en compte l'ensemble des compétences définies par le socle commun et ne pas se limiter à celles évaluées par les épreuves classiques».

C'est compréhensible compte tenu de l'ampleur du naufrage...

Agacés par cette paperasserie supplémentaire, beaucoup d'entre eux rechignent toujours mais, depuis la loi Fillon de 2005, les professeurs d'école et de collège ne sont plus censés simplement noter les élèves en français ou en mathématiques. Ils se doivent d'évaluer leurs compétences de façon transversale à la fin de chaque classe de CE2, de sixième et de troisième.

Pour quel résultat neuf ans après ? Bah...

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02 Déc 2014 09:53 #12588 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Dans le "Café" du 9/12/14 : "Evaluation du socle : Les propositions mesurées du CSP"



François Jarraud

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03 Déc 2014 08:43 - 12 Juil 2015 20:52 #12598 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Dans "Rue 89" du 02/12/14, cet article-blague : "Notes à l’école : 1969, de Gaulle cède « à la pédagogie gauchisante »"

"Le Conseil supérieur des programmes (CSP) propose de remplacer la notation sur 20 par un autre, plus léger. Dans son édito du 2 décembre, Le Figaro moque la « pédagogie post-soixante-huitarde ». Pourtant, c’est un ministre de l’Education nationale sous de Gaulle qui avait proposé pour la première fois de supprimer les notes sur 20, jugées trop « perturbantes » pour les élèves.
Je me suis amusé à écrire un imaginaire article du Figaro sur la (vraie) directive Faure, datée du 6 janvier 1969, en me faisant passer pour un certain Yves Préau. Pour retrouver l’ambiance de l’époque, j’ai contacté Claude Lelièvre, historien de l’éducation.
Rémi Noyon"



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03 Déc 2014 09:00 - 03 Déc 2014 15:45 #12599 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Un exemple que l'évaluation par compétences ne s'oppose pas à la notation :


Analyse de quelques points de l'article :

En clair, vos enfants ne reviendront plus à la maison avec une note sur 20, mais avec des « appréciations globales » telles que « très satisfaisant » ou « moyen » et – « si on le juge bon » – des symboles A, B, C, D, E, ou 1, 2, 3, 4, 5 ». On se demande bien comment les enseignants vont pouvoir évaluer finement les progrès de leurs élèves, dont on sait à quel point ils peuvent se sentir encouragés par le passage d’un 7 à un 8 venant récompenser un dur labeur.

En l'occurrence le peu d'évolutions possibles dans un système de paliers limités est assez peu encourageante...

Faure, ministre « saltimbanque »
Depuis qu’il a pris ses fonctions, Edgar Faure semble résolu à bouleverser de fond en comble l’Education nationale, sans que le président de Gaulle, hélas, ne s’en inquiète outre-mesure. La droite est gênée puisque, dès mars de l’année dernière, Alain Peyrefitte, le précédent ministre de l’Education nationale, stigmatisait « les excès de l’individualisme, qui doivent être supprimés en renonçant au principe de classement ». On ne saurait être plus clair !

On confond ici volontairement notation et classement. On peut parfaitement noter sans classer et on peut parfaitement évaluer par compétences et classer.

Le ministre souhaite remplacer l’actuel système de notation par des « appréciations globales ». Qu’en pensez-vous ?
C’est stupéfiant de niaiserie. Si ça continue, on mettra les tables en U et on donnera la parole aux élèves. Et pourquoi pas respecter les rythmes naturels de l’enfant ? Le rythme naturel d’un gamin, c’est la glande. On ne fait pas une nation avec ça.

Comprendre : les réformistes donnent la parole aux élèves, mais pas les autres. De même allusion aux rythmes scolaires, progrès pour les élèves : cette mesure était pourtant dans les cartons de Luc Chatel. Pourtant ces rythmes sont bien éloignés des préconisations de l'Académie de médecine. :devil:

Quels sont les enjeux de ce débat ?
Cette circulaire s’inscrit dans un mouvement plus large de sape de l’autorité, à l’école comme dans d’autres institutions. L’enseignant n’a plus pour fonction de transmettre le savoir mais d’aider les élèves à découvrir « leur » vérité. Autant vous dire qu’on fabrique une génération d’abrutis.

Il n'y a pas de caricature ici : c'est le discours constructiviste... :santa:

Qu’est-ce qu’une évaluation « qui évite de dramatiser » selon vous ?
C’est un concept fumeux. Ces gens sont aveuglés par les sociologues marxisant à la mode. Comme si l’école n’était que le lieu de domination des bourgeois. C’est grotesque. Molière, c’est peut être bourgeois, mais c’est la France. Le niveau chute, ce n’est pas en cassant le thermomètre que ça va s’améliorer.

Il serait bon s'interroger sur ce que le discours de Bourdieu et sa récupération pédagogiste ont produit comme reproduction sociale.
Et au fait : le niveau chute-t-il ou non ? S'il ne chute pas, tout va bien. S'il chute, pourquoi ces records au bac d'une part et la nécessité absolue, l'urgence de réformer l'évaluation, source soudaine de bien maux dans l'école ?

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03 Déc 2014 13:50 #12600 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Et une réponse à Rémi Noyon dans notre article : "La pégagogie “gauchisante”" (3/12/14)
Fichier attaché :

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03 Déc 2014 17:55 #12603 par Loys
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03 Déc 2014 20:36 - 03 Déc 2014 20:36 #12606 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Sur "La vie des idées" du 3/12/14 : "Faut-il en finir avec les notes ?" par Pierre Merle.


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03 Déc 2014 20:36 #12607 par Loys
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04 Déc 2014 19:28 #12620 par archeboc

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07 Déc 2014 11:05 #12646 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Un membre d'un syndicat lycéen donne son avis : "Et l'école, elle mériterait quelle note?" (4/12/14)


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07 Déc 2014 11:17 - 07 Déc 2014 11:35 #12647 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes

Une moyenne de 13 en langue cache parfois de profondes disparités: l’élève peut être considéré comme bon à l’oral mais moins solide à l’écrit, voire parfois faible. Cependant, comment cerner une faiblesse dans une moyenne globalement satisfaisante?

En lisant l'appréciation qui accompagne la note ?
On confond ici les notes et les moyennes...
Dans une évaluation par compétences, le principe des moyennes est bien conservé puisque des "piliers" peuvent acquis malgré des compétences non acquises. Il est vrai que ce système est plus hypocrite puisque le seuil à partir duquel un pilier est acquis reste bien vague...
De même on peut faire des moyennes de points de couleur...

La moyenne a tendance à camoufler les divergences pour tout recentrer autour d’une seule note, souvent insignifiante, voire parfois décourageante, dévalorisante et dégradante.

Quel professeur accorde la moindre valeur à une moyenne générale, sans observer les moyennes ni écouter les observations des collègues ? C'est en vérité, comme on le constate ici, un travers des élèves eux-mêmes...

Entre 9,78 et 10, la marge est faible. Pourtant, un élève à 9,78 se sentira frustré d’être considéré « en-dessous » de cette moyenne tant recherchée.

La marge entre acquis et non acquis est parfois faible également...

Des professeurs sont d’ailleurs d’accord sur ce principe, et quelques-uns sont prêts à tenter l’aventure de l’école sans note.

L'école n'est pas un lieu d'aventures.

Des expériences ont déjà été entreprises. Notation grâce à des codes couleurs, bilan pour évaluer les progressions sans aucune note, transmission aux parents de l’évolution des acquis de leurs enfants: toutes les méthodes sont essayées. Et il faut dire que cela intéresse de nombreux chefs d’établissements, qui semblent désireux de revoir ce système, notamment en collège où les notes ne semblent plus dire grand-chose.

:shock:
C'est vrai : pourquoi accorder une importance à des compétences en mathématiques pour en affectation dans une filière mathématique ?
Allons jusqu'au bout de cette logique : qu'est-ce qui vaut, en ce cas, à cette lycéenne d'être dans le lycée qu'elle a choisi ?
Amusant de voir en tout cas des lycéens du même avis que des chefs d'établissement.

D’ailleurs, au côté peu significatif de celles-ci, s’ajoute le stress qu’elles apportent. Il n’y a qu’à voir les yeux des élèves au bout de cinq semaines. Tout le monde est fatigué, stressé. L’abondance des contrôles en fin de trimestre (pour « faire les moyenne », justement) n’apporte même pas d’aspect positif, puisque les apprentissages sont souvent fais très vite et sous pression.

Le problème n'est donc pas la note par elle-même...

Inutile de préciser qu’une semaine après l’épreuve, la moitié des connaissances s’est déjà envolée. Le problème étant que le système actuel valorise plus le fait de réussir que le reste et est donc, une sorte de machine à trier.

Il faudrait donc qu'il n'y ait pas de sélection : puisse cette élève s'appliquer à elle-même ce généreux principe au moment de l'affectation post-bac.

Il n’y a qu’à voir le nombre de décrocheurs chaque année, si notre système reste performant quant à la formation des élites, il est un véritable calvaire pour les élèves considérés comme « moyen moins ».

Les décrocheurs n'ont jamais été aussi peu nombreux et les bacheliers si nombreux : alors pourquoi la nécessité de changer maintenant ?
Cette élève récite ici des clichés ressassés par des syndicats dits "progressistes" ou la FCPE.

Si nous voulons changer cela, il faut lutter pour une école plus juste. Il est souhaitable d’obtenir une véritable égalité des chances, qui manque encore désespérément à l’appel. Faire de notre école l’école rêvée du XXIeme siècle n’est pas une chose évidente, mais nous n’y parviendrons pas sans obtenir petites réussites sur réussites.

Il y a malheureusement de fortes chances qu'une école sans note soit une école encore plus injuste. Mais ce sera moins visible !

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07 Déc 2014 12:57 - 07 Déc 2014 12:58 #12652 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes

Loys dit: Et une réponse à Rémi Noyon dans notre article : "La pégagogie “gauchisante”" (3/12/14)

Un prolongement dans l'actualité. "Le Monde" du 5/12/14 : "« Les élections chez les enseignants montrent une mobilisation de l’électorat de droite »"

A l’issue des élections professionnelles chez les enseignants, les syndicats FSU du primaire et du secondaire restent en tête, mais reculent nettement : le SNUipp-FSU, dans le premier degré, cède près de 4 points, tandis que le SNES-FSU recule d’environ 6 points, perdant la majorité absolue parmi les certifiés et les agrégés.
En revanche, FO et le SNALC réalisent une percée, deux syndicats qui « ont en commun un discours réactionnaire, hostile à tout changement pédagogique », explique Laurent Frajerman, spécialiste du syndicalisme enseignant, chercheur à l’Institut de recherche à la FSU et auteur de La grève enseignante en quête d’efficacité (éditions Syllepse, 2013).

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07 Déc 2014 13:02 #12653 par Loys

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07 Déc 2014 13:03 #12654 par Loys
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07 Déc 2014 18:03 #12661 par Loys
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Sur le blog de Michel Zakhartchouk : "Sacro-saint thermomètre" (7/12/14)


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07 Déc 2014 18:42 - 07 Déc 2014 18:51 #12662 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes

Difficile par moments de rester serein quand on lit le déferlement de commentaires négatifs sur le rapport sur l’évaluation des élèves rendu par le Conseil supérieur des Programmes.

A vrai dire ce n'est pas un "rapport" : ce sont des propositions.

Certes, des débats contradictoires ont parfois été organisés, mais trop souvent autour de la question : « faut-il supprimer les notes ? » alors que le CSP n’a jamais posé le problème de l’évaluation de cette manière très réductrice. Certes, des personnalités ont pu prendre la parole pour dire des choses intéressantes (par exemple Pierre Merle sur France Culture –mais c’était France Culture !) et on a juste eu droit à quelques flashes sur des expériences de classes sans notes, avec souvent un parent pour et un parent contre (telle cette mère argumentant sur TF1 pour les notes, car il faut bien qu’un jour « le couperet » -sic !- arrive…)ou la vue d’une fiche d’évaluation (du collège de Vic-Fezensac sur i-tele par exemple) qui, sortie de son contexte d’utilisation, peut sembler une pièce d’une machinerie d’usine à gaz ou à cases…

Si peu ! :mrgreen:

Mais on a surtout eu un florilège calamiteux d’intellectuels médiatiques et de politiciens, qui visiblement n’ont pas lu le rapport du CSP et du haut de leurs certitudes ont fait feu sur ces affreux gauchistes-bisounours-apprentis sorciers, Khmers rouge ou décadencenaïfs irresponsables, qui veulent détruire un des piliers de notre civilisation.

Finalement, sans "débat contradictoire", ce serait tellement mieux. :mrgreen:

On pouvait espérer mieux de la part d’un ancien ministre de l’éducation nationale qui fut responsable du conseil national des programmes, du chef d’un des partis de l’opposition réputé modéré ou d’un linguiste qui, en son temps, avait produit quelques idées intéressantes sur l’illettrisme.

Le parti de l'opposition n'est "modéré" en somme... que quand il contribue à supprimer les notes. :doc:

Dans leurs différentes déclarations, j’ai relevé quelques figures de la rhétorique conservatrice qui s’ajoutent à la paresse intellectuelle qui consiste à parler d’un rapport sans jamais le citer vraiment, sans le situer, sans prendre en compte le message essentiel, en l’occurrence : il faut changer le système d’évaluation. On est loin des réflexions soixante-huitardes (mais de mars ! au colloque d’Amiens) d’un ancien ministre de l’éducation nationale gaulliste, réputé très droitier pourtant...

Comme quoi... :mrgreen:

....qui doutait de la validité d’un système qui a peu changé depuis cette époque, mis à part la tentative avortée d’Edgar Faure quelques mois plus tard.
La contradiction : ça ne change rien ou c’est le doigt dans l’engrenage ?
Cela n’embarrasse pas les défenseurs de la notation traditionnelle : ils peuvent à la fois clamer qu’une évaluation non chiffrée ne change rien (le rouge aussi traumatisant que le zéro, comme si le problème était là !) et qu’abandonner la déesse note serait un pas de plus vers la décadence et le triomphe de l’enfant-roi et de l’égalitarisme absolu.

Non plutôt de l'imposture, mais il est vrai que les notes y participent déjà, du moins dans le cadre des examens. Mais il s'agit ici d'imposer une pratique pédagogique dans l'enseignement.
A noter que si contradiction il y a, elle est plutôt chez ceux qui, au nom du bien-être de l'élève, proposent de remplacer un système d'évaluation par un autre qui n'en diffère que sur la forme.

Cela peut être les deux en même temps. Cela me rappelle la chanson de Brel Ces gens-là quand le personnage qui parle dit : « j’ai jamais tué de chats, ou alors il y a longtemps, ou ils sentaient pas bon… » Car, pourquoi s’affoler si ça ne change rien ? Ou alors, pourquoi dire que ça ne change rien si cela détruit un des piliers essentiels de ce qu’il resterait de notre système éducatif (en détresse, comme on disait déjà dans les années 80, trente-cinq ans déjà) ?

Eh oui, les premiers ravages du pédagogisme commencent à remonter mais ses conséquences actuelles sont bien tangibles.
Pour l'instant, des invectives mais aucun argument justifiant un changement de système d'évaluation.

Le coup du thermomètre
« Comparaison n’est pas raison » : cet ancien précepte est toujours valable. La métaphore du thermomètre qu’on casserait en abolissant les notes est particulièrement inappropriée dès lors qu’on s’imagine être non dans l’illustration d’une idée mais dans l’explication par l’analogie. Si on veut rester dans cette métaphore, on aura beau jeu de dire que lorsqu’un thermomètre est peu fiable, il faut le remplacer, mais au-delà il y a deux points essentiels qui interdisent à cette comparaison d’avoir une vertu éclairante. Le thermomètre ne fait qu’indiquer une mesure objective, la note serait plutôt du côté de ce qu’on appelle maintenant en météo la température « ressentie », puisqu’il y a variation selon les correcteurs, selon l’ordre de correction, selon qu’on est dans tel ou tel établissement, telle ou telle classe. Que quelqu’un qui est sur le terrain me contredise : vraiment le 12/20 est équivalent du collège REP+ du 93 au collège-lycée prestigieux des beaux quartiers ?

C'est la preuve que la notation est bienveillante...
De fait la notation, dans le cadre de l'enseignement, n'a jamais prétendu à une objectivité universelle, contrairement à la notation dans le cadre des examens où des exigences académiques ou nationales sont définies. En vérité, le naufrage est tel que ce n'est pas la notation qui pose problème dans ce cas précis, mais le niveau d'exigence, malheureusement adapté aux différents publics scolaires.

Et puis le thermomètre n’a aucune influence sur la température. Alors que la note, en décourageant ou encourageant peut modifier la qualité du travail, l’observateur modifiant ainsi l’objet observé. Et souvent c’est beaucoup plus simple dans le sens négatif. Sans parler des prophéties auto-réalisatrices (« de toutes façons, j’aurai zéro, car je suis nul « ).

Ce qui est décourageant, ce n'est pas la note, c'est le fait de ne pas atteindre le niveau des exigences attendues.
Pour renverser la proposition, ceux qui militent pour l'évaluation positive veulent un thermomètre qui affichera la bonne température même en pleins frimas.

Les vrais naïfs sont ceux qui, au mépris de tous les travaux en docimologie qui ont plus de cent ans, croient encore au miracle de la note-repère, objective et suffisamment informative pour permettre à chaque élève de se situer dans ses apprentissages.

Que de naïfs face à un esprit supérieur comme celui de M. Zakhartchouk !
Comment une note portant par exemple sur l'apprentissage de dix verbes irréguliers en anglais par exemple pourrait-elle présenter la moindre scientificité ?

Que de nombreux enseignants compensent la pauvreté des informations qu’elle donne par des appréciations, des grilles de critères, des barèmes, cela est indéniable.

Ces éléments ne sont pas des éléments de compensation : dans le cas d'une évaluation complexe, ils importent plus que la note elle-même...

Mais il s’agit souvent de palliatifs et de toute façon, cela est assez peu pris en compte par les élèves qui ne regardent que le chiffre global.

Chose qui ne se produira pas avec les mentions "acquis"/"non acquis" ou des pastilles de couleur ! :cheers:

Le mépris pour les pratiques différentes et la désinformation
Le plus insupportable dans ces anathèmes lancés contre des innovations autour de l’évaluation, réside surtout dans le mépris suffisant pour les pratiques réelles des équipes qui travaillent à construire d’autres types d’évaluation. Que l’on puisse émettre des avis critiques, bien sûr ! Mais encore faut-il étudier réellement ce qui se fait ici ou là en regardant aussi les résultats obtenus (les progrès constatés, les chiffres d’obtention du brevet, etc.) Réduire ce qui est fait à Clisthène (qui garde en partie des notes), à Vic, au collège privé Saint-Louis la Guillotière à Lyon, et dans toutes ces « classes sans notes » qui se multiplient dans notre pays à un livret de compétences lourd et chronophage ou encore au développement d’un laxisme généralisé est tout bonnement scandaleux. Que savez-vous de cela, monsieur Lagarde, avez-vous été lire de près les productions de ces équipes, monsieur Bentolila, avez-vous fait une enquête précise et rigoureuse, monsieur Ferry –puisqu’il faut les appeler par leur nom (voir plus haut), mais ce ne sont que trois exemples d’une grande indigence intellectuelle face à ces questions ?

Dommage que M. Zakhartchouk ne porte pas de jugement sur les exemples précis donnés dans la presse ! :P

La désinformation, elle règne aussi lorsqu’on oublie d’inscrire dans l’histoire cette réflexion sur l’évaluation au lieu de clamer qu’il s’agit de la dernière lubie de notre ministre, lorsqu’on ne mentionne pas ce qu’est le CSP (un organisme dirigé par un scientifique éminent et comprenant aussi des parlementaires de l’opposition), lors qu’on n’évoque qu’en termes lapidaires ce qui existe dans d’autres pays (certains journalistes l’ont fait, mais pas toujours avec précision), en particulier dans des pays par ailleurs très compétitifs en Océanie ou Europe du Nord.

L'Australie et la Nouvelle Zélande, des pays à peine meilleurs que la France dans PISA 2012, ont perdu entre 4 et 5% dans PISA en douze ans (la France 1,5%). Pour le reste, en Europe du Nord la Suède, le Danemark et la Norvège ont de moins bons résultats que la France à PISA 2012...
Des pays "très compétitifs", on le voit !

La désinformation règne quand il est affirmé que les pays qui ont essayé d’autres modes d’évaluation sont revenus dessus, ce qui n’est pas vrai pour la majorité, et ceux qui ont abandonné une évaluation davantage basé sur les compétences l’ont davantage fait pour des considérations politiques (l’intense campagne droitières de l’UDC en Suisse, le retour en arrière éducatif de la Suède et partiellement du Québec)

Pour le coup Jean-Michel Zakhartchouk oublie de rappeler la dégringolade (-6%) de la Suède dans PISA depuis douze ans... :xx:

Pour le moins, tout cela devrait provoquer un vrai débat, autrement qu’en termes binaires, à partir de la problématique : « que faut-il faire pour rendre notre système évaluatif plus juste et plus efficace ? » On espère que la conférence nationale de décembre sous l’impulsion d’un président du jury qui est aussi une haute figure intellectuelle, le permettra davantage.

On sait déjà quelles seront ses conclusions. :santa:
L'argumentation en faveur d'une réforme s'est montrée ici d'une grande pauvreté. :shock:

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07 Déc 2014 22:44 #12663 par Loys

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08 Déc 2014 20:48 - 10 Déc 2014 21:03 #12668 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
A lire sur son blog "La fin des notes à l’école, ce running gag" (08/12/14) par Marie-Caroline Missir.


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10 Déc 2014 21:03 #12685 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes

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10 Déc 2014 21:20 - 10 Déc 2014 21:45 #12686 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes

A quoi peut bien servir une conférence nationale sur l'évaluation ? Ceux qui ont des doutes sur sa pertinence ont de bons éléments de réponse dans l'étude innovante qu'a publié le Cnesco le 9 décembre.

Même les études sont "innovantes" à présent ! :P

Sa présidente , Nathalie Mons, à présenté une étude internationale des modes d'évaluation et de leur histoire en abordant la question sous l'angle de l'évolution des systèmes éducatifs. Demandée par la Conférence nationale sur l'évaluation, elle en éclaire singulièrement les objectifs.
Une grande variété des évaluations
L'étude montre la grande variété des modes d'évaluation dans les pays développés. Cela va de la notation de 1 à 100 en Corée ou au Québec, aux lettres ABCDEF utilisées en Suède. La remarque souligne, si besoin était, l'absurdité du débat sur le maintien ou non de la note.

Enfin surtout l'absurdité d'un tel débat... :roll:

Un mouvement mondial de repli de la liberté pédagogique

Quelle curieuse formulation... :rirej

Mais N Mons a surtout situé le débat sur l'évaluation dans l'évolution globale des systèmes éducatifs. Elle constate que depuis les années 1970 et surtout 1990, dans tous les pays développés on assiste à un encadrement croissant des procédures d'évaluation. Partout de nouveaux textes réglementaires tentent de contraindre l'évaluation pratiquée par les enseignants.

Voilà qui a le mérite d'être clair.

La France fait exception. Le socle commun de 2005 a bine essayé d'encadrer les pratiques enseignantes avec le livret personnel de compétences mais avec un rare insuccès.

Autre aveu...
Comme quoi les atteintes à la liberté pédagogique émanent aussi bien de la gauche que de la droite au pouvoir.

Si les enseignants français sont cadrés par un programme national de façon très stricte, ce qui n'est pas forcément le cas ailleurs, ils ont toute liberté pour concevoir les procédures et els supports d'évaluation.

Un vrai scandale !

L'enjeu de la conférence nationale c'est d'en finir avec cette liberté enseignante pour cadrer la façon dont les enseignants évaluent en France comme cela se pratique,par exemple avec des tests nationaux, ailleurs.

Le cynisme du "Café" est saisissant ! :spider:

La France peu préparée est au milieu du gué
N Mons montre aussi que la France est particulièrement peu préparée à cette évolution.

Une évolution dont la nécessité n'a fait l'objet d'aucune justification... :shock:

De tous les pays de l'OCDE c'est le pays où on pratique le moins l'auto évaluation par les élèves. C'est le pays où la coopération entre enseignants est la moins développée alors qu'ele sert de base au changement des pratiques d'évaluation.

Encore une atteinte à la liberté pédagogique.

D'où l'idée que la France "est au milieu du gué". "Alors que, dans la grande majorité des pays de l’OCDE, des réglementations strictes imposaient dès les années 1970 des critères d’évaluation des élèves de plus en plus prescriptifs, et que, dans d’autres pays, les collectifs enseignants fortement présents imposaient, de fait, des formes d’harmonisation, les enseignants français ont longtemps bénéficié d’une marge de manoeuvre individuelle sur le sujet", écrit N Mons. "Depuis une dizaine d’années, la France a clairement rejoint le mouvement de réformes internationales qui rendent les réglementations plus prescriptives.

Et c'est une bonne nouvelle, bien sûr.

C’est le cas, récemment, avec le développement du « nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture (article 13 de la loi du 8 juillet 2013) » qui comporte de nouveaux critères d’évaluation des élèves par les enseignants. La France n’est donc pas ce « village gaulois » qui passerait à côté du raz de marée international des réformes en éducation".

Mais de quel "raz-de-marée" parle-t-on puisque, dans tous les pays, on note d'une manière ou d'une autre ? :roll:

Mais "entre immobilisme et mouvement, entre attente réglementaire et difficultés de mise en oeuvre d’une politique d’évaluation, la France est désormais au milieu du gué... C'est cet assemblage, à ce jour hétéroclite, d’ancien et de nouveau qu’il faut mettre en cohérence à l’avenir. C’est la condition de la lisibilité de l’école pour les professionnels de l’éducation qui y oeuvrent au quotidien, mais aussi pour les parents, soucieux de suivre et de comprendre les progrès de leurs enfants à l’école."

Avec l'évaluation par compétences, la lisibilité de l'école a bien régressé, précisément...

Un débat intensément politique
Un dernier apport, décisif, de l'étude c'est de faire le lien entre évaluation et alternance politique. N Mons montre que la question de l'évaluation des élèves est un sujet politique.

Ben non...

Elle explique comment l'Angleterre conservatrice vient d'imposer la note A+ pour distinguer la crème qui alimentera "Oxbridge" du vulgaire.

Mince ! Et le "raz-de marée" ?

Elle le montre aussi clairement en reprenant l'exemple des cantons de Genève et de Vaud en Suisse. A Genève, une majorité de gauche impose une évaluation formative. Cela entraine un débat politique mené par la droite qui se remet en selle politiquement en défendant une évaluation sommative assurant le tri des élèves.

Mais de quel "tri" parle-t-on avant la troisième ? Et par la suite, il faut donc renoncer à toute sélection ? :shock:

Un référendum (une votation) tranche et se fait en faveur de la droite chargeant le gouvernement de gauche en place de changer la donne. Autrement dit les évaluations sont sensibles au débat politique et c'est sur ce terrain là que l'initiative ministérielle pourrait être attendue.

En France la suppression des notes en primaire est le fait d'une majorité de droite... Quel chance que ce consensus national !

Ce que ne dit pas N Mons, c'est qu'à Genève, comme l'explique Lucie Mottier Lopez, l'injonction politique de faire une évaluation formative a été accueillie par les enseignants pour ce qu'elle était : une volonté politique temporaire. La seconde injonction, appelant à rétablir l'évaluation sommative, a été reçue de la même façon. Sur le terrain pédagogique les enseignants s'en sont tenus à ce qu'ils jugent bon pour leurs élèves. La formation aurait pu faire bouger les lignes. Mais L Mottier Lopez observe que personne ne demande de formation à l'évaluation formative... Sur le terrain, la liberté pédagogique a la vie plus longue et dure qu'une alternance politique. Une récente étude du Céreq sur les pratiques d'évaluation en bac pro montre la capacité des enseignants à se cramponner à ce qu'ils jugent bon pour les élèves.

Quels rétrogrades !

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10 Déc 2014 21:24 #12687 par Loys

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10 Déc 2014 21:36 - 10 Déc 2014 22:47 #12688 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes
Où l'on apprend l'existence du concept d'"échelle de notes ordinale".

Il est sidérant de constater que cette "étude" se borne à relever des pratiques d'évaluation assez différentes d'un pays à l'autre (en attestant par ailleurs qu'aucun pays n'a renoncé à une forme de notation)... sans jamais en évaluer le moins du monde l'efficacité : elle se contente d'opposer "pratiques innovantes" et "immobilisme". Celle-ci est supposée toujours meilleure ailleurs ! :doc:
A retenir malgré tout :

en moyenne, dans l’échantillon de pays TALIS (voir figure 4), 54 % des enseignants du premier cycle du secondaire déclarent ajouter régulièrement un commentaire écrit à la note chiffrée ou à l’appréciation des travaux des élèves, alors qu’en France, les enseignants sont près de 75 % à le déclarer.

En moyenne, dans l’échantillon de pays TALIS (voir figure 6), 68 % des enseignants du premier cycle du secondaire déclarent élaborer régulièrement leurs propres épreuves pour évaluer les acquis des élèves dans la classe. Les données témoignent d’une autonomie des enseignants français en la matière puisque près de 86 % d’entre eux déclarent élaborer leurs propres tests. En Angleterre, en Espagne ou encore en Australie, la majorité des enseignants déclarent également élaborer leurs propres épreuves. A l’opposé, en Corée ou au Japon, les enseignants sont seulement 30 % à déclarer souvent élaborer eux-mêmes les épreuves de leurs élèves.

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11 Déc 2014 20:31 #12694 par Loys

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11 Déc 2014 20:32 - 25 Mar 2016 20:43 #12695 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La suppression des notes

Laurent Joffrin dit: La vraie question, c’est l’humiliation.

Le débat est clos, dès lors... :roll:

Question simple et fort peu idéologique : un enfant mal noté dès le plus jeune âge s’enferme dans le rôle du mauvais élève, prend l’école en grippe, se dévalorise à ses propres yeux et perd pied dans la compétition qu’on lui impose.

L'origine du problème, si on lit bien cette phrase, est donc la note.
Mais comment est-ce possible puisque les élèves ne sont plus notés dans le primaire ?

Tourné vers la sanction plus que vers la récompense, le système français aide ceux qui n’ont pas besoin d’aide et néglige les autres. Le nombre des «décrocheurs» ne cesse de croître ;

Pas du tout : il ne cesse de décroître... et la France n'a jamais compté tant de bacheliers, dans l'absolu comme en proportion d'une génération.

le dernier rapport Pisa sur les performances des systèmes d’enseignement désignait la France comme le pays des inégalités scolaires.

Et "Libé" a fait un vrai travail d'investigation sur la question... :santa:

Or la France note, classe, sanctionne toujours.

Causalité présumée ici. Mais bizarrement on oublie que les pays qui réussissent le mieux à Pisa (Corée, Japon, Shanghai, Singapour, Taipei etc.) notent et classent bien davantage...

Il faut donc réformer, ce qu’envisage Najat Vallaud-Belkacem.

D'où sort ce lien logique ? PISA n'évalue qu'un paramètre ?

Aussitôt les conservateurs se gendarment : on «casse le thermomètre», on veut une école aveugle, on prêche l’égalitarisme là où il faut du mérite. Pure rhétorique. Personne ne propose de «supprimer les notes» purement et simplement. Il s’agit de substituer une méthode d’évaluation à une autre...

C'est d'une grande clarté... :scratch:

...de juger de manière moins fruste que par une moyenne globale dont la signification est confuse.

La moyenne est un problème distinct de la notation. On peut faire des moyennes avec des compétences, des pastilles de couleur...
Quant à juger "fruste" une échelle de 0 à 20 pour la remplacer par quelques paliers... :santa:

La plupart des pays, dont beaucoup obtiennent de meilleurs résultats que la France, ont des méthodes d’évaluation plus souples ou plus bienveillantes que les nôtres.

Bizarrement, pas d'exemples ici. :santa:

Dans les petites classes en tout cas, le rôle de l’école ne consiste pas à détecter dès l’âge de 5 ans les futurs polytechniciens, qui trouveront tout seuls le chemin de la réussite. Il s’agit de former tous les futurs citoyens à la vie en société. Les notes viendront bien assez tôt.

Joffrin n'a pas l'air de savoir que l'évaluation par notes n'a plus cours dans le primaire depuis un certain temps et qu'il s'agit ici du secondaire... Du vrai travail de journalisme ! :cheers:

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11 Déc 2014 23:53 #12696 par archeboc
Réponse de archeboc sur le sujet La suppression des notes

Loys dit: Dans les petites classes en tout cas, le rôle de l’école ne consiste pas à détecter dès l’âge de 5 ans les futurs polytechniciens, qui trouveront tout seuls le chemin de la réussite.

Il est difficile de pondre un bon éditorial tous les jours, mais on atteint ici le comble du grotesque. Par quelque bout qu'on prenne cette idée, elle donne l'impression de vivre sur une autre planète. Les futurs polytechniciens ne trouveront pas tout seuls le chemin de la réussite. Si ce n'est pas l'école de la République qui le donnera, ne doutons pas que ce sera l'école privée. Merci Libé !

Et quelque soit l'influence familiale, ce sont d'abord les enseignants qui font réussir. Au delà des polytechniciens, la phrase est une insulte à tous les enseignants qui travaillent à la réussite de leurs élèves.

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