"Le numérique à l’école, qu’est-ce que c’est ?" (Le Web pédagogique)

Plus d'informations
15 Oct 2013 14:38 - 15 Oct 2013 14:39 #7959 par Loys
A lire sur le "Web pédagogique" du 14/10/13 : "Le numérique à l’école, qu’est-ce que c’est ?" par Yann Houry.

Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Dernière édition: 15 Oct 2013 14:39 par Loys.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
15 Oct 2013 15:27 - 15 Oct 2013 19:52 #7960 par Loys
Quelques remarques...

On le trouve dans le projet de loi pour la refondation de l’École. Il fut autrefois signe inquiétant de fracture. Il est aujourd’hui l’objet de réflexions très avancées de la part de grands intellectuels (Michel Serres, Bernard Stiegler, Serge Soudoplatoff…).

Pour Michel Serres, l'inventeur du mot "ordinateur" , je ne dirais rien. Mais Serge Soudoplatoff , un "grand intellectuel" ? :P

Il sera peut-être l’objet, après l’autisme ou l’illettrisme, d’une Grande cause nationale.

La lignée est inquiétante, à vrai dire. :P

Le passage de l’informatique au numérique
[...] En effet, depuis 1985, on sait où l’on va. On ne répétera pas les mêmes erreurs.

Ah bon ? On parie... :mrgreen:

On admet qu’il ne suffit pas d’équiper en ordinateurs des établissements.

C'est curieux mais j'aurais plutôt constaté que de ce point de vue les choses n'ont guère évolué, et ce forum en témoigne assez.

Aussi avons-nous délaissé ce vain mot «informatique» au profit de «numérique», chargé à lui seul de toutes les promesses d’une école plus appropriée aux défis actuels, plus juste, plus efficace.

Rien moins. :transpi:
Pour l'efficacité on en attend toujours la démonstration. "promesses", "défis" : relire Jacques Ellul sur l'emploi de ces termes.

De quelle façon l’injonction du passage au numérique remplira-t-elle cet objectif ?

Avec le terme "injonction", au moins les choses sont claires.

En énumérant les possibilités offertes par le numérique à l’école, nous devrions parvenir à définir ce mot employé partout, tout le temps. Naturellement, on n’épuisera pas le sujet, mais on y verra peut-être un peu plus clair.
Potentiel numérique
En faisant entrer le numérique à l’école, l’enseignement permettra de différencier la pédagogie (l’enseignant ne peut pas se démultiplier, mais il peut confier aux élèves certaines tâches à réaliser sur des ordinateurs ou des tablettes). En procédant ainsi, il dégage du temps pour les plus démunis.

Rien de bien nouveau à l'école en somme.
Mais une remarque intéressante : le numérique ne vient pas au secours des "plus démunis". C'est pourtant ce que laisse croire le programme D'Col.

Et par là même, il contraint les élèves à devenir autonomes : ils doivent effectuer certains travaux et, tant que le professeur ne s’est pas penché sur leur travail, celui-ci doit être effectué avec la précision et le sérieux requis.

Sans le numérique ce n'est pas le cas ? :scratch:

De surcroit, les élèves apprennent à rechercher l’information, et non attendre la becquée professorale.

Où l'on retrouve, à travers le terme méprisant de "becquée", la détestation de la transmission et de la position magistrale. Image qui suppose naïvement que le professeur n'a à transmettre que des "informations", comme une sorte de variation humaine du journal télévisé.
Il est toujours étonnant de voir des professeurs partager une telle conception de leur métier. :shock:

Le numérique étant éminemment socialisant...

Ou pas...

...l’élève communique, partage ses connaissances, soutient l’élève en difficulté. Il partage donc ses compétences.

Comme c'est beau et merveilleux. :santa:
Sur les réseaux sociaux ils "partagent" le travail à faire à la maison et sur les sites de corrigés ils copient-collent les commentaires et dissertations que d'autres "partagent" avec eux.

De la même façon, l’enseignant communique avec la famille...

Enfin, ceux qui qui ont accès à Internet et savent lire. Yann Houry aurait-il oublié ce que c'est que les publics défavorisés, pour lesquels l'ENT risque d'avoir un intérêt très relatif.

...s’écrire ou même se parler évacue les difficultés, les doutes, les errements.

Se parler ne nécessite aucune technologie...

Pour ma part, je préfère que l’on m’écrive, chez moi, à l’heure que l’on veut, plutôt que de trouver le lendemain matin un élève dont le désarroi découle de son incapacité à avoir fait son travail.

La porosité totale entre vie privée et vie professionnelle est effectivement un grand progrès social.

Ainsi, on accompagne les élèves que personne ne peut aider à la maison.

Le professeur veille ainsi sur chacun de ses élèves, à distance mais toujours proche. :santa:

Enfin un peu de justice dans l’enfer dominical des devoirs !

De quelle justice s'agit-il ? :scratch:

Au reste, comme mes cours sont tapés sur mon iPad et vidéoprojetés, il m’est très facile de les envoyer par courrier.

On se demande même pourquoi faire cours en classe et pourquoi les élèves devraient les noter. D'ailleurs pour cela ils pourraient aussi bien consulter leur manuel, finalement.

Je pourrais même filmer le cours, et le transmettre aux absents, qui n’ont pas toujours tort et sont parfois longuement alités.

Pourquoi Yann Houry ne le fait-il pas ? Et pourquoi ne le proposer qu'à certains et pas à tous, pour permettre aux élèves de s'affranchir de l'enfer hebdomadaire de l'école ?

Numérique : des élèves travaillent avec leur iPad

"leur iPad" : il est amusant de constater combien les numérolâtres sont incapables de s'affranchir de leur fascination pour leur marque favorite. Comme si un professeur employait pour parler de sa pratique professionnel les mots "Waterman" ou "Clairefontaine". Avec Yann Houry le monde publicitaire entre avec fracas dans l'école : il est vrai qu'il se présente également sur son compte Twitter comme "Formateur Apple Professional Development".
Sur le même principe le blog macternelle.fr/ ... :shock:

Dans le même ordre d’idée, le numérique permet d’aider les élèves en situation de handicap. Les tablettes permettant de changer la police, de l’augmenter, de faire lire le texte ne pouvant être lu par l’élève malvoyant, tout un public scolaire ne se laisse plus ostraciser.

Le raccourci est donc le suivant : ne pas donner d'iPad à un élève, c'est l'ostraciser.

On voit ainsi que la classe s’ouvre sur l’extérieur puisque le cours est accessible, transmissible, et qu’il se poursuit hors des murs scolaires.

Ça pour s'ouvrir, elle s'ouvre avec le numérique, mais pas toujours dans le sens que suppose Yann Houry, dont la "définition" du numérique se limite à ses usages institutionnels. :devil:

La classe s’ouvre donc sur le monde.

Sachant que le monde n'en a pas grand chose à faire. Beau témoignage de promotion de l'illusion narcissique.

Les tweetclasses en sont un exemple, elles qui questionnent d’autres enseignants, d’autres élèves du monde entier, correspondent en temps réel.

Encore de la publicité pour un réseau commersocial.

Avec internet, l’information (et non le savoir) est à portée de clic. L’élève le porte même dans sa poche, dans un téléphone cent fois plus puissant que ceux qui ont amené l’homme à marcher sur la lune.

Variation sur la "Petite Poucette de Michel Serres. Yann Houry semble confondre capacité de stockage pour l'information et la capacité de traitement de l'information. Pour rectifier, s'agissant de la puissance, elle est plutôt mille fois supérieure à celle d'Apollon 11 (1 MHz). S'agissant de la capacité de stockage, avec 1 Go, elle est des dizaines de milliers de fois supérieures à celle d'Apollo 11 (72 Ko). :doc:

Quand un élève, faisant une rédaction, a besoin de telle ou telle information, je lui rappelle que cette information attend juste qu’il la recherche.

Et les dictionnaires sont très utiles à ce sujet. Rien de bien nouveau en somme.

Ainsi, on apprend partout : chez soi, à l’école, dans le bus…

Car - tout le monde le sait - les élèves n'ont de cesse d'utiliser leur smartphone pour étendre leurs connaissances et préparer leurs cours. :doc:

Et toutes ces informations ne demandent nullement à entrer de force dans la tête de l’élève.

Car elles n'y entrent tout simplement pas... :doc:

Le gavage cognitif est frappé d’inanité.

Après la "becquée", le "gavage". Yann Houry ne semble pas avoir compris que le savoir procède de l'appropriation des connaissances et que précisément le numérique donne l'illusion que cette appropriation est inutile. A lire à ce sujet : "Je google donc je sais" .

Cela, par exemple, est certes très beau et très gratifiant de savoir des poèmes par cœur, mais cela ne sert qu’à une chose : savoir des poèmes (et c’est très important).

Euh... non. Apprendre un poème, c'est apprendre son vocabulaire, comprendre sa syntaxe, se familiariser avec son style.

Or ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Il s’agit de concevoir que l’information est externalisée : des zettaoctets de savoir sur le web accessibles en deux clics.

Car bien sûr
- l'enseignement n'est que de la distribution d'information. Par exemple le raisonnement logique en mathématique ou en analyse grammaticale.
- le web est une grande bibliothèque, bien organisée, avec uniquement des connaissances fiables et validées, adaptées des publics scolaires, et rien d'autre bien sûr. :doc:

Qui a encore envie d’apprendre par cœur les départements et leur numéro ?

Yann Houry devrait lire ce qu'en dit Emmanuel Sander.

Et surtout, l’information est multiple : mon professeur sait, mes parents savent, Wikipédia sait, l’internaute que je sollicite sait. Force est de reconnaître la multiplicité de l’autorité.

Tout le monde sait, c'est beau. :santa:
Mais au fait, qui est "Wikipédia" au juste ? Et qu'est-ce qui me prouve que l'internaute que je sollicite sait ?

Enfin, les tablettes, les ordinateurs favorisent la créativité.

Et ça c'est plus important encore que la connaissance dans l'école-du-futur-de-demain ! :doc:

Faites l’essai avec telle ou telle application. Demandez aux élèves d’en faire quelque chose. Vous serez surpris de voir à quel point le numérique s’étant débarrassé de ses oripeaux techniques permet de faire de belles choses simplement et efficacement.

Intéressant de voir que le numérique est célébré pour s'être "débarrassé de ses oripeaux techniques". C'est vrai, quoi, utiliser le numérique, c'est renoncer à le comprendre. On est bien dans l'esprit Apple.

Et l’enseignant ne se dérobe pas : classe inversée (ou Ernest ou Treize minutes), MOOC, etc.

Mélangeons tout : élèves du secondaire et étudiants !
Dans les moocs l'enseignant n'est plus là. Et dans la classe inversée il ne fait plus cours à proprement parler...

Il y a là une exubérance gargantuesque, un désir inassouvi de faire cours.

Alors que dans la classe ce désir est vraiment limité...

In fine, le numérique ne permet-il pas d’accéder à la beauté artistique ? Vous qui êtes né dans les années 70 ou 80, vous êtes-vous déjà émerveillé, à l’école, de la splendeur de tel tableau ? De tel manuscrit enfermé dans les coffres-forts de la BNF ? De tel film en haute définition ? Eh bien ! non, puisque vous n’aviez que cette photocopie ou cette télé à tube cathodique juchée sur l’armoire du coin de la classe ! Quant aux merveilles de la BNF, vous n’y aviez simplement pas accès.

C'est vrai que spontanément les élèves téléchargent des opéras et consultent des manuscrits anciens sur Gallica ! :santa:

Esquisse d’un définition du numérique
Il est temps de conclure.

Donc rien sur le numérique sauvage ? :santa:

Le numérique à l’école n’est pas un outil, une machine ni même un réseau ou je ne sais quoi encore. Ou, en tout cas, pas seulement.

Effectivement il est bien d'autres choses qui ne rendent pas service aux élèves. :devil:

Non, le numérique, c’est la pédagogie réinventée grâce à la tekhnê.

Sauf que les nouvelles technologies dont il s'agit ici n'ont pas été pensées pour la pédagogie, voire n'ont pas été pensées du tout. Il n'y a pas d'intelligent design du numérique, comme en témoigne son évolution rapide et imprévisible.
Par ailleurs une technique, ce n'est pas nécessairement un objet technique qui travaille à notre place : une technique, ce peut être une façon de travailler par soi-même.

C’est accompagner les élèves (mais aussi les parents et tout adulte désireux de savoir), non plus à pied comme le faisait l’esclave emmenant l’enfant à l’école, mais librement sur les réseaux d’ordinateurs.

"accompagner" et "librement" : une contradiction dans les termes que se garde bien de soulever Yann Houry. Comment "accompagne"-t-on un enfant qui accède seul à Internet sur son smartphone ?

Ainsi, le numérique est ce qui fait exploser le cadre spatiotemporel scolaire.

:scratch:

L’élève, mais aussi l’adulte apprend partout et tout le temps. Le numérique fait voler en éclat l’autorité du maître.

Au contraire elle la rend plus que jamais nécessaire.

Bien sûr, celui-ci sait davantage de choses que son élève...

Ah quand même...

...mais ni plus ni moins que les milliers d’enseignants qui diffusent leurs cours à tout-va et de toutes les manières possibles. Le numérique est démocratique.

Bien sûr ! Le numérique nous veut du bien.
La classe devient démocratique et toutes les paroles s'y valent. Le savoir est démocratique : avec Internet tout le monde sait tout sur tout, quel que soit l'âge ou les compétences. On est dans le plus pur mythe wikipédien.

Personne n’est plus délaissé en raison de son handicap ou de ses difficultés.

:santa:

L’informatique pure s’est effacée, on n’achoppe plus sur une difficulté technique pour faire un beau livre, une belle photo, un film, un site web, etc. On peut alors faire de belles choses et jouir de leur beauté.

Tout il est beau, juste et gentil dans le monde de l'Internet. :doc:
La beauté artistique est devenue un produit de consommation à la portée de tout le monde : une belle photo s'obtient facilement en achetant un bel appareil numérique. Internet, c'est l'infini à la portée des caniches.

Il ne reste plus qu’à permettre à l’école de trouver le loisir (c’est le sens du mot «école» d’y accéder, à faire comprendre aux élèves à quel point toutes ces choses sont nécessaires, désirables et fondamentales, que le numérique n’est pas qu’un objet de divertissement, que l’injonction sociétale à prendre son pied n’est pas contradictoire avec le fait de se prendre la tête.

C'est comme si c'était fait ! :P
A noter que le terme scholè renvoie à la pause, à la suspension : et si, au lieu d'en faire la promotion publicitaire comme le fait Yann Houry avec l'iPad ou Twitter, l'école était cette pause, cette mise à distance critique et salutaire dans cet environnement numérique de consommation de masse ?

Notre élève doit donc devenir un citoyen numérique éclairé, conscient des enjeux dont personne ne peut dire où ils nous mèneront.

En renonçant à la connaissance technique du numérique, c'est gagné.

Tout au plus sait-on, depuis l’affaire Snowden, que le numérique nous expose. Si nous n’y prenons garde, l’homo numericus risque de se retrouver dans une nudité numérique totale.

Et en invitant les élèves à tweeter, certains collègues y participent activement... :devil:

Ainsi, le numérique est un pharmakon. À la fois remède et poison, il nous promet le pire et le meilleur.

Da façon surprenante, puisque les ravages du numérique à l'école ne sont jamais évoqués par lui dans cet article, Yann Houry récite le bréviaire de Bernard Stiegler et termine par cette conclusion relativiste qui suppose que les défauts valent autant que les avantages. Or rien n'est moins évident : il faut, pour le savoir, faire en toute lucidité la somme de ce que l'on perd avec le numérique, et de ce que l'on gagne.

Dites, chers collègues, avez-vous connu période plus exaltante ?

En toute logique puisque le numérique peut aussi être un "poison" qui peut promettre "le pire"... :roll:
Dernière édition: 15 Oct 2013 19:52 par Loys.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
31 Oct 2013 17:09 #8238 par Loys
Les commentaires de Yann Houry : Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide
Sur le fond, rien...

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Propulsé par Kunena