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Thomas Messias — 3 janvier 2022 à 8h27
Certaines remarques assassines peuvent avoir de lourdes conséquences.
Dans L'ennemi de la classe, film slovène datant de 2013, des élèves s'opposent à un remplaçant tyrannique. | Capture d'écran CG Entertainment via YouTube
Dans L'ennemi de la classe, film slovène datant de 2013, des élèves s'opposent à un remplaçant tyrannique. | Capture d'écran CG Entertainment via YouTube
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Temps de lecture: 7 min
«Paille, vous êtes bête à manger du foin. Et je ne dis pas ça juste pour faire un jeu de mots.» Élodie Paille se souvient au mot près de cette remarque prononcée avec jubilation par son professeur de mathématiques de troisième. «C'était au début de l'année scolaire 1995-1996. Il m'avait fait venir au tableau pour corriger un exercice que je n'avais pas su faire. Il semblait exaspéré par le niveau général de la classe, et c'est moi qu'il a utilisé pour se défouler.»
Élodie se souvient avoir tout fait pour ne pas pleurer devant l'enseignant et ses camarades. «Une fois revenue à ma place, je me suis mordue l'intérieur des joues jusqu'à la sonnerie. Ensuite, j'ai détalé et je suis allé chialer dans les toilettes.» À l'époque, l'adolescente préfère garder pour elle les mots de son prof: «Mes parents m'auraient sans doute dit de relativiser, que j'en verrais d'autres. Alors j'ai préféré me taire.» Seules ses amies les plus proches lui affirment leur soutien, lui conseillant d'aller se confier à la CPE du collège. «J'avais l'impression, plus ou moins juste, qu'on donnait toujours raison aux profs et jamais aux élèves. Alors j'ai refusé.»
Dans l'ensemble, Élodie a de bons résultats, mais les maths sont son talon d'Achille. Elle parvient néanmoins à obtenir des résultats convenables... en tout cas, jusqu'au jour de son humiliation par l'enseignant. «Ensuite j'ai complètement lâché. Je lui ai donné ce qu'il voulait, en fait. Pourquoi faire des efforts, puisque selon lui, j'étais idiote et inapte.» Ses notes en mathématiques dégringolent, ce que tout le monde attribue à un manque de travail et de prédispositions. «Alors qu'en fait, c'était du sabordage volontaire.» Pendant la suite de l'année, le prof continue à ironiser sur son niveau. «Mais je n'allais plus au tableau. Il disait que c'était du temps perdu.»
En classe de seconde, Élodie Paille tombe sur un prof de maths moins malveillant, mais c'est trop tard: elle a accumulé du retard dans la discipline, ainsi qu'une aversion tenace pour le calcul et la géométrie. «Depuis des années, je répétais que je voulais bosser dans le secteur médical, comme ma mère et ma tante. J'ai fini en 1ère L, parce que mes notes dans les matières littéraires étaient excellentes alors que j'avais 6 en maths. Fin du rêve.»
Aujourd'hui employée de mairie, Élodie, 39 ans, continue à s'interroger: «Est-ce que ma trajectoire aurait été différente sans cette simple phrase? Est-ce que j'y ai accordé trop d'importance? Est-ce que j'ai été trop faible, ou est-ce lui qui a vraiment abusé? Je me pose souvent la question, et ça me réveille parfois la nuit.»
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Élodie est loin d'être un cas isolé. Même à l'âge adulte, nous restons parfois marqués par les remarques cinglantes et dégradantes prononcées par certains membres du corps professoral. Les témoignages affluent: «Ma prof de sciences naturelles m'avait traité de bon à rien avant d'ajouter que je pouvais aller m'inscrire directement dans une agence d'intérim au lieu d'essayer de faire des études», explique Élie, 46 ans.
Du côté de Marouane, 24 ans, c'est une comparaison avec son frère aîné, élève brillant, qui a eu raison de sa confiance en lui: «Durant un conseil de classe, où j'étais présent en tant que délégué, mon prof principal a dit devant tout le monde que dans la fratrie, c'est mon frère qui avait eu le cerveau. Ça a fait rire l'assemblée, et la réunion s'est poursuivie comme si de rien n'était.»
Violences éducatives
Pour Agnès Florin, professeure émérite en psychologie de l'enfant et de l'éducation à l'université de Nantes, il est primordial de souligner le caractère inacceptable de ce genre de remarques. «Je tiens à rappeler que ces phrases constituent des violences éducatives. Dans le code civil, on trouve depuis 2019 un article à propos de l'autorité parentale, “un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant”, qui “s'exerce sans violences physiques ou psychologiques”. Cela doit valoir aussi pour les enseignants.»
Si ce genre de remarque semble aussi communément accepté, c'est parce que la communauté éducative ne prend pas toujours le temps de poser des limites entre ce qui peut être dit et ce qui ne doit pas l'être. «Ces remarques sont souvent perçues comme des gestes éducatifs ordinaires, poursuit Agnès Florin, qui travaille sur le bien-être des enfants. Il est vraiment temps qu'en France, on sache reconnaître qu'il s'agit de violences éducatives, comme cela a déjà été fait dans d'autres pays.»
«Les relations à l'avenir et à la société sont développées au sein
des institutions éducatives,
et notamment à l'école.»
Agnès Florin, professeure émérite en psychologie de l'enfant et de l'éducation
La violence de telles remarques est décuplée par le fait qu'elles sont effectuées face à un public, généralement constitué des camarades de classe, explique Agnès Florin: «Cela contribue à endommager encore plus profondément l'estime de soi de l'enfant visé. En plus, c'est inefficace et contre-productif. La violence entraînant la violence, l'enfant finira par se rebeller d'une manière ou d'une autre, contre ses parents ou contre le système scolaire.»
En 2022, avec huit confrères et consœurs, Agnès Florin publiera dans la revue Éducation & Formations un article consacré aux relations entre l'estime de soi et les performances scolaires. Les résultats des travaux réalisés est sans appel: «La confiance en soi est une condition nécessaire aux apprentissages.» Piétiner cela lorsqu'on est censé être un adulte de référence, c'est priver les élèves de l'impulsion nécessaire pour apprendre convenablement. Et c'est briser le lien de confiance déjà fragile qui les unit au système éducatif.
En septembre 2021, l'UNICEF publiait les conclusions d'une consultation menée auprès de 25.300 jeunes de 6 à 18 ans, dans laquelle on apprend qu'«une majorité d'enfants, plus de 5 enfants sur 10 (55,3%), est angoissée à la fois de ne pas réussir à l'école et dans la vie». «Les relations à l'avenir et à la société sont développées au sein des institutions éducatives, et notamment à l'école, analyse Agnès Florin. Par conséquent, les politiques publiques devraient être beaucoup plus attentives à ces éléments.»
L'humiliation comme tremplin?
Certains affirment avoir été boostés par les remarques déplacées de membres de la communauté éducative. «Si je pouvais retrouver le prof de lycée qui m'a dit devant tout le monde que je ne gagnerais jamais ma vie avec mon cerveau, raconte Nadia* avec émotion, je lui expliquerais volontiers que j'ai intégré Centrale et que suis désormais à la tête d'une vaste équipe d'ingénieurs. Rien que mon bulletin de salaire le ferait blêmir.»
Nadia dit avoir conscience qu'une telle remarque aurait pu la faire sombrer, mais que son entourage l'a bien aidée à ne pas s'arrêter là. «Mes parents ont pris rendez-vous avec le prof, et ils lui ont demandé de s'excuser devant moi. Il ne l'a pas fait, mais mes parents lui ont dit qu'à la moindre récidive, ils contacteraient le rectorat. Il ne m'a plus jamais attaquée de la sorte. Et je me suis sentie si soutenue que ça m'a donné des ailes pour la suite.»
S'il peut arriver qu'une remarque humiliante ait finalement des conséquences positives sur la trajectoire de l'élève, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives, tempère Agnès Florin: «Cela ne concerne que des enfants ayant une bonne dose de confiance en eux, et qui sont sans doute encouragés dans leur vie quotidienne, souvent par leur famille. C'est loin d'être la majorité.»
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D'autant que les réactions d'orgueil ne donnent pas que des bonnes choses: Dimitri, 44 ans, raconte que ce sont les brimades d'un prof d'EPS qui lui ont donné envie de se mettre au sport. «J'étais en surpoids, je galérais dans tous les sports, et il m'a fait beaucoup de mal avec ses remarques répétées. J'ai décidé de me mettre à faire de l'exercice physique, mais c'est vite devenu obsessionnel. L'année suivante, il ne m'a pas reconnu tellement j'avais changé. Il était tout fier de lui, comme s'il attendait que je le remercie. Près de trente ans après, je me dis qu'il faudrait surtout que je lui présente la facture pour toutes les séances de psy que j'ai dû suivre à cause de lui, et pour le suivi médical lié à mes importantes variations de poids.»
Finie l'impunité
«Ce qui est dégueulasse, confie Nadia, c'est que les profs qui parlent mal aux élèves choisissent souvent leurs cibles en sachant très bien ce qu'ils font. En ce qui me concerne, le prof ne se doutait visiblement pas que mes parents allaient débarquer le couteau entre les dents, parce que j'étais discrète et malingre et qu'il devait imaginer qu'ils étaient comme moi.»
La jeune femme poursuit: «On sait bien que ces remarques tombent plus souvent sur des filles ou des personnes racisées, parce qu'ils pensent qu'on a tellement l'habitude d'en prendre plein la tronche, qu'on ne ripostera pas. D'ailleurs, à l'époque, je n'avais pas saisi le caractère sexiste de la remarque du prof... Quand on dit à une fille qu'elle ne réussira pas avec son cerveau, ce n'est pas innocent.»
Prendre rendez-vous avec l'enseignant concerné, contacter les CPE ou la direction, voire le rectorat en cas d'immobilisme: les solutions sont parfois compliquées à mettre en place, mais elles existent. «Il faut que les parents se disent que même si leur plainte n'aboutit pas, leur enfant se sentira soutenu, dans son bon droit, et qu'il se dira juste “je suis tombé sur un sale type raciste ou sexiste” et pas “je dois quitter le système scolaire au plus vite”. Moi, c'est vraiment ce qui m'a sauvée. Et puis ça contribue peu à peu à changer le rapport de force.» Et à faire comprendre aux profs que l'époque à laquelle ils se pensaient intouchables est finie.
*Le prénom a été changé.
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Je fais comment, avec un globule de 11 ans, je le laisse glander pendant deux semaines et demi ? Cette année, j'ai un reliquat de congés, je vais faire des choses avec eux. L'an prochain, nous partirons en vacances. Nous avons aussi des globules en primaire. Hors raison médicale, lls n'ont jamais manqué un jour d'école. Mais si l'EN ne montre pas l'exemple, pourquoi devrais-je être plus royaliste que le roi ? Je n'espère qu'une chose : que la directrice du primaire fasse remonter cela en conseil école-collège.
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Il y a des mots pleins de mesure, surtout dans ce contexte.C'est l'histoire d'un rapt. [...] Ces derniers ont purement et simplement kidnappé un sujet ô combien grave et ont exigé, en guise de rançon, le retrait de la vidéo.

Qu'ils protestent, mais en faisant en sorte que leur protestation ne soit pas entendue !Entendons-nous bien, les enseignants qui se sont sentis insultés ont le droit le plus strict d'exprimer leur agacement, mais qu'il ne fassent pas semblant d'ignorer que leur bronca allait éclipser le sujet principal.

Eh oui : si vous critiquez un message sur sa forme, c'est que vous êtes indifférent au fond, voir hostile à la cause qu'il défend.Difficile aussi, même si certains s'en sont défendus, de ne pas y voir une forme de nombrilisme. C'est peu de dire que les enfants victime de harcèlement sont, de facto, condamnés au silence.

En montrant un professeur à qui on ne peut pas parler...C'est l'objectif même de cette campagne. Le message qui leur était adressé était «Parlez»...
Dans les deux cas, elle fait un bon travail !Ce que semblent avoir oublié les profs qui s’insurgent contre ce spot, c’est son caractère allégorique. Quand l’enseignante qui a terminé d’écrire au tableau se retourne enfin vers la classe et qu’elle demande «Baptiste, t’es avec nous?» à l’élève recouvert de projectiles, il faut bien comprendre que dans la réalité, les boulettes de papier et les instruments de géométrie ne restent pas réellement collés sur les victimes, aussi surprenant que cela puisse paraître. En revanche, et c’est l’intelligence de ce spot, on peut interpréter ce moment de plusieurs façons: soit l’enseignante ne s’est rendue compte de rien et exige de l’élève qu’il reste concentré alors que celui-ci est à mille lieues de pouvoir se focaliser sur le cours, soit elle est parfaitement consciente du problème mais choisit de faire abstraction du problème pour pouvoir poursuivre sa leçon au lieu d’avoir un problème épineux à gérer.
Quelle sympathique portrait des collègues !Même pour les profs les plus attentifs, certaines situations insidieuses sont bien difficiles à repérer (et personne ne peut les blâmer pour ça, si ce n’est eux-mêmes). Quant aux autres, ceux pour qui l’important est d’avoir fini le programme dans les temps et qui préfèrent jouer les aveugles parce que c’est bien plus simple, ils sont hélas extrêmement nombreux. En salle des profs, lorsque sont signalés des incidents pouvant relever du harcèlement, la diversité des réactions est toujours hallucinante. Il y a ceux qui en rient («Ils sont jeunes, ils s’amusent, pas la peine de surinterpréter») et ceux qui affirment n’avoir rien remarqué (soit parce qu’ils n’ont effectivement rien remarqué, soit parce qu’ils s’en contrefoutent).
Mais le clip, lui, n'est guère varié...Parce qu’il est allégorique, le spot ne pointe pas l’incompétence des enseignants. Les situations sont trop variées pour ça.
D'où la subtilité d'un clip qui montre le harcèlement en classe, au vu et au su du professeur !Ce qui est problématique, c’est que ceux qu’on entend actuellement élever la voix et demander son retrait ne semblent y voir qu’un procès à l’encontre des membres de l’Éducation nationale. C’est non seulement faux, mais aussi et surtout très inquiétant: personne ne semble voir que le coeur du problème, c’est cet élève qui souffre parce qu’il est la tête de turc de ses camarades, non seulement en classe, mais aussi très probablement en dehors. Pour les élèves harcelés, la cour de récréation et les rues qui jouxtent les établissements sont très souvent le théâtre d’autres formes de harcèlement, sans parler du cyber-harcèlement, qui rend la porte du domicile perméable aux attaques. Avec les réseaux sociaux, le harcèlement peut réellement durer du matin au soir, ne laissant aucun répit aux victimes.

Encore une fois, personne ne reproche aux profs de ne rien voir, déjà parce que la plupart du temps, ils ne sont pas présents quand les événements se produisent.

Heureusement il y a les bons professeurs, comme Thomas Messias.En revanche, oui, on peut leur reprocher de ne pas faire l’effort d’observer et analyser les situations, de ne pas transmettre les informations dont ils pourraient disposer, de ne pas essayer de parler avec les élèves concernés pour comprendre comment aider. Puisqu’un élève de collège sur dix est victime de harcèlement scolaire, il y en a forcément dans tous les établissements et dans toutes les classes, ou presque.

Tiens, finalement il faut parler des professeurs ? Mais pour leur jeter l'opprobre...Double peine
Par ailleurs, puisque quand on parle de harcèlement, il s'agit désormais plus que jamais de nommer les choses, ne sombrons pas dans l'angélisme. Oui, il y a des enseignants qui, par leur attitude, constituent une double peine pour l'enfant harcelé. Et oui, ils ne représentent certainement pas la majorité, mais ces enseignants tacitement complices des harceleurs existent.
Bonne nouvelle cependant : l'article précise que les professeurs "complices des harceleurs" "ne représentent certainement pas la majorité" : on est rassurés !
Un article principalement fondé sur une expérience personnelle de la journaliste et sans donner la parole aux professeurs ainsi lourdement accusés...Dans cet article, deux cas différents de harcèlement été évoquées, mais dans les deux cas l'équipe pédagogique s'est révélée inefficace voire sciemment distante. Y était évoqué le cas d'un directeur qui convoque une enfant harcelée pour lui dire «d'arrêter de raconter à ses parents ce qu’il se passe à l’école parce que cette mère quand même, "elle aime bien faire des histoires pour pas grand-chose"». Et celui d'une maîtresse, qui, quand lui ont été rapportés les insultes et coups dont une fillette a été victime, a immédiatement déclaré que sa classe était composée de «petits anges incapables d'avoir de tels comportements».
Sur Twitter, en réaction à cette bronca d'enseignants, nombreuses sont les ex-victimes qui racontent que malgré la violence et l'aspect parfaitement visible du harcèlement subi, leurs enseignants se sont montrés parfaitement indifférents à leur sort.
Ici, une ex-victime de harcèlement racontait comment elle se faisait déshabiller au fond de la classe «pendant que son prof d'histoire récitait son cours sans sourciller» et que le jour où des élèves lui ont entaillé le bras avec un compas, sa prof de français l'a gratifiée d'un «Oh ça va, c’est rien, ça te fera un souvenir».
Quel rapport entre critiquer un mauvais clip et nier le harcèlement ?Nier la souffrance des victimes et de leurs proches

S'il s'agit seulement de "certains profs", pourquoi ne montrer que ceux-là ? C'est un message qui encourage à prendre la parole ?Il est tout a fait audible que les enseignants qui, eux, ont eux des comportements différents, ne veuillent pas prendre pour les autres et subir un amalgame, mais nier, en tant que prof, le fait que certains profs sont capables d'être en dessous de tout quand ils sont confrontés à des violences scolaires, c'est aussi nier la souffrance des victimes et de leurs proches.
Disons les choses clairement : ils porteraient bien une part de responsabilité dans ce suicide.Nora Fraisse, dont la fille Marion s'est suicidée à l'âge de 13 ans, après avoir subi un harcèlement odieux et continu, a parfaitement décrit dans son livre l'inertie des encadrants et «un personnel fuyant». Ne lui faisons pas l'affront de faire semblant de croire que les enseignants n'ont rien a voir avec tout cela.
Effectivement, c'est moins grave : il n'y a que les auteurs de l'article qui peuvent supposer que des professeurs pensent le contraire. Mais ça ne retire rien au fait que ce clip est non seulement insultant mais stupide puisque non pédagogique...Et quand bien même le monde entier reprocherait ouvertement aux enseignants d’être impuissants et incompétents face aux situations de harcèlement qui se jouent devant eux ou dans leur dos au quotidien, est-ce que ce serait si grave par rapport à la souffrance de ces ados qui finissent généralement par rater leur scolarité, développent des angoisses qu’ils traîneront avec eux toute leur vie, voire en viennent à penser au suicide pour se défaire enfin de tout ça?
Ah... ces professeurs qui "n'ont rien compris" : heureusement qu'ils ne sont pas pédagogues...Ce «On n’est pas tous comme ça» répété en boucle est particulièrement agaçant: non seulement il ne résoud rien, mais il montre en plus que les profs n’ont rien compris au problème (et à la thématique du spot). Car voyez-vous, la victime de harcèlement se fiche éperdument de savoir si tous les profs sont comme ça: elle veut juste s’en sortir (dans le meilleur des cas) ou mourir (dans le pire).
Il faut oser écrire une phrase pareille...«Et vous, vous faites quoi contre le harcèlement?»
On peut discuter les qualités esthétiques du spot, ou contester son efficacité, mais il n’a en revanche rien de choquant. Il s’agirait même d’aller plus loin, quitte à scandaliser l’ensemble des enseignants de l’hexagone, pour qui le harcèlement est une chose horrible puisqu’il nuit à leur image (pauvres bichons).

Voilà qui est moins nuancé que tout à l'heure...Si Mélissa Theuriau veut poursuivre son action, on lui conseille de s’adresser directement aux profs dans son prochain spot. Le slogan pourrait être «Et vous, vous faites quoi contre le harcèlement?».
Parce que la réponse actuelle, dans la majorité des cas, c’est: rien. Absolument rien.
La détestation des enseignants dans cet article fait plaisir à voir...Les campagnes sont toujours tournées vers les élèves, et leur font notamment comprendre qu’être un témoin muet, c’est être coupable à sa façon. Le même genre de campagne pourrait s’adresser aux profs, de ceux qui vannent chaque jour l’élève sans répartie (qui est généralement l’élève dans la plus grande situation de mal-être) à ceux qui se lavent totalement les mains de ce qui peut se passer hors de leur salle de classe. On sait bien ce que provoquerait un tel spot: une levée de boucliers de la part des profs et de leurs syndicats, refusant une nouvelle fois d’admettre que leur petite souffrance personnelle n’est rien par rapport à celle que vivent au quotidien des dizaines de milliers d’élèves à travers la France.
Parce que ce n'est pas le rôle de syndicats d'enseignants ?Par ailleurs, il est assez troublant de constater qu'hormis quelques prises de paroles isolées d'enseignants, les même syndicats qui ont dénoncé cette campagne ne proposent rien en échange et ne se sont jamais massivement exprimés sur le sujet. On a eu beau chercher, on n'a trouvé aucun clip à destination des victimes qui aurait été réalisé par le SGEN-CFDT ou le SNUipp-FSU et dont l'objet aurait été de dire à ces enfants «Ne vous taisez pas, parlez-nous».
On note que le MEN préfère travailler avec Mélissa Theuriau ou Walt Disney et n'a pas consulté d'enseignants. Mais ça, l'article de Nadia Daam et Thomas Messias n'en parle pas.
D'après le clip, on peut en sortir sans les adultes...Les victimes, leurs parents, les ex-victimes s'expriment courageusement, tandis que les prises de paroles d'enseignants sur le sujet, elles, ne sont que trop timides. Quand certains dénoncent une «vidéo hors sujet» parce que la prof de la vidéo tourne le dos ou écrit à la craie au tableau, ce sont eux qui sont hors sujet. Car le sujet, cette fois, c'est le cauchemar éveillé vécu par les enfants victimes de harcèlement et comment nous, adultes, pouvons les sortir de cet enfer.
Évidemment, dans cet article, aucune critique sur le clip lui-même, sur le fait que cette campagne n'ait fait l'objet d'aucune préparation sérieuse (mais d'une belle communication ministérielle en ces temps de polémiques scolaires), sur les conditions d'enseignement qui rendent le harcèlement plus facile (vie scolaire, effectifs en classe, climat de discipline ), sur l'image plus généralement renvoyée des enseignants dont témoigne ce fil.
Non. Il s'agit d'amalgamer toute critique d'un clip qui n'a rien de pédagogique avec indifférence au harcèlement, voire comportement de harceleur. Merci !
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Est-ce vraiment la peine de commenter ?
Détail de l’huile sur bois «Le Maître d'école» d'Egbert van Heemskerck le jeune (1687), exposée au Musée national de l’Éducation
.... dans un même but: faire du collège une zone de bien-être et non un lieu de torture.

L'enquête PISA sur le sentiment d'appartenance est fondée... sur un questionnaire adressé aux élèves.Le bien-être de l'élève, lorsqu'il est pensé, l'est sans prendre en compte son avis.

Cette enquête montre d'ailleurs que cette question est un non-problème en France, mis à part certaines questions très matérielles...
La question n'est donc pas celle des "emplois du temps" mais du volume horaire.Du côte des rythmes scolaires, tout le monde semble d’accord sur le fait que les emplois du temps actuels ne permettent pas aux collégiens de s’épanouir. Les journées de sept heures de cours sont légion...
A noter que la semaine d'un élève de 6e est de 25h de cours (soit 5h de cours par jour en moyenne) et 2h d'aide et accompagnement.
Bonjour le respect des collègues. On notera dans l'article d'autres considérations du même genre ("les profs confondent leur propre bien-être et celui des élèves", " les enseignants suggèrent de faire démarrer la journée plus tard (ce qui permet aux élèves de dormir plus longtemps, mais également aux profs de pouvoir amener leurs enfants à l’école primaire ou maternelle)" etc.).Parmi les conclusions intéressantes de cette thèse, on apprend qu’une majorité de professeurs (63%) pense que le bien-être des élèves est pris en charge au collège; 22,2% affirment le contraire, tandis que 14,8% ne se prononcent pas (bonjour l’implication).
"Bonjour l'implication" ?Chez les élèves, le oui se situe juste en-dessous de la moyenne (49,6%), contre 25,6% de non et 24,8% d’élèves ne sachant pas.
Retenons bien : un quart des élèves seulement pense que leur bien-être n'est pas pris en charge au collège.
Il y aurait plusieurs façons d'interpréter ces différents résultats.Marianne Lenoir a en outre étudié les différences de résultats en fonction de la classe et du sexe des sujets étudiés. Ainsi, 58,8% des élèves de sixième pensent que leur bien-être est pris en charge, contre seulement 38% des élèves de troisième. De façon assez marquée, les filles sont beaucoup plus nombreuses à se sentir prises en charge que les garçons (19% de non, contre 32,7% chez leurs camarades de sexe masculin).
Quel est le rapport rapport entre le "bien-être pris en charge au collège" et l'état d'esprit des élèves ?Marianne Lenoir insiste sur le fait que, dès l’entrée en classe de cinquième, l’état d’esprit des élèves semble s’altérer, l’enthousiasme du début de collège laissant place à un tempérament plus désabusé.
C'est contradictoire en ce cas puisque le sentiment sur le bien-être pris en charge est davantage dégradé en 3e.C’est effectivement un phénomène aisément constatable en collège: j’ai toujours pensé que les classes de cinquième étaient les plus pénibles à gérer (d’autres, mais ils semblent minoritaires, votent pour la quatrième).

L'effet de nouveauté est en effet passé...

Les latinistes (qui commencent en 5e) sont, par exemple, généralement plus enthousiastes que les 4e ou les 3e...
L'auteur semble découvrir la période de l'adolescence !Les petits angelots arrivés de l’école primaire un an plus tôt commencent alors à se muer en ados arrogants, encore peu conscients des limites à ne pas franchir. De fait, ils se montrent plus réfractaires à l’égard de tout ce qui touche au système scolaire, et se sentent donc moins bien traités, ce qui n’est pas tout à fait faux.

Et former à l'autonomie, ce n'est pas bien traiter les élèves.Choyés à leur arrivée en sixième (où tout leur est expliqué mille fois, y compris la couleur du stylo avec lequel ils doivent souligner le titre des sous-paragraphes), on leur demande bien plus d’autonomie lors de leur deuxième année de collège…

Avec une nouvelle contradiction dans l'article : "Les adultes voudraient avoir la possibilité de pouvoir dialoguer seul à seul avec les adolescents, afin de cerner leurs problèmes et de comprendre comment les aider à aller mieux. Les ados, eux, préfèrent généralement qu’on leur fiche la paix, soit parce que le discours des adultes les ennuie ou les effraie, soit parce qu’ils estiment qu’il n’y a de toute façon rien à faire pour eux."

L'enquête montre le contraire...De l’ensemble de ces divergences, il y a une grande conclusion à tirer: et si on se concertait, bordel? Cela éviterait que certains élèves n’associent leur bien-être qu’à l’achat de jeux pour le foyer («il faudrait un baby-foot, et aussi un flipper, et mettez-moi trois Xbox 360 tant que vous y êtes»), que les profs confondent leur propre bien-être et celui des élèves (ce qui n’est pas indissociable, certes), et que chacun maugrée dans son coin en estimant être maltraité par un système dans lequel personne n’accède à ses requêtes.

Les ados ne voudraient plus "qu'on leur fiche la paix" ?Chaque établissement (pas seulement les collèges) gagnerait à muscler son CESC, voire à créer de vraies réunions publiques mêlant enseignants et élèves, afin que les meilleures idées sortent du lot et permettent à tous de se sentir mieux ensemble. Il y aura des divergences de points de vue, des demandes émises par l’une des parties et jugées ridicules par l’autre, des problèmes de budget, mais c’est de cette façon que le débat avancera, et permettra au moins aux adultes et ados de se parler face à face, unis dans un même but: faire du collège une zone de bien-être et non un lieu de torture.
Bon, une conclusion bien plate pour un faux problème.
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Et citons un collectif d’universitaires finlandais en 2005 :Rémy Jost écrit: La pédagogie en classe de mathématiques se résume à exposer rapidement et de façon magistrale le cours, puis à passer à des exercices d’application ou de résolution de problèmes. Le professeur donne sans s’attarder des méthodes ou des formules : peu de temps est consacré à des activités de découverte ; les définitions sont rares, ainsi que les démonstrations de cours. Par exemple on énonce le théorème de Pythagore, puis on prend du temps pour en donner des applications.
Sources dans l'article initial.Les professeurs de mathématiques dans les universités et les écoles polytechniques s’inquiètent du fait que les connaissances mathématiques de nouveaux étudiants ont baissé de façon spectaculaire. […] L’enquête PISA n’a mesuré que des connaissances mathématiques de la vie de tous les jours, ce qui pourrait être appelé – et l’est explicitement dans la version en anglais du rapport de l’enquête – la littératie mathématique. Il ne fait aucun doute que des compétences mathématiques de la vie de tous les jours sont utiles mais en aucun cas elles ne suffisent. Une raison de la baisse des exigences à l’examen de matriculation et au début des études universitaires est indéniablement la faiblesse des bases acquises dans l’école fondamentale. [...]
Il faut envisager la possibilité que la première place dans l’enquête PISA soit une victoire à la Pyrrhus.
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Puisque ce petit monsieur considère que lorsqu'on ne pense pas comme lui, on est non seulement "débile et d'extrême-droite", mais qu'en plus on a sans doute "quelque chose à se reprocher", vous comprendrez que je me taise à ce sujet.Loys écrit: "Et le harcèlement des élèves par les profs, qui en parle?"
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Ni facho ni pervers, je ne me sens pas concerné par les vitupérations de ce petit monsieur.
Sans intérêt. Sujet suivant SVP !
