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Les contractuels dans l'Education nationale
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"«Je ne me sentais pas de rester dans cet enfer» : après un jour de cours, la prof contractuelle abandonne"
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Dans "Telerama" du 13/01/23 : "Léa, enseignante contractuelle en Alsace : “On m’a jetée à l’eau pour m’apprendre à nager”"
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Pour la Cour des comptes, "d’autres voies de recrutement méritent d’être explorées". Par exemple, dans les académies en difficulté et les disciplines en tension, "permettre au recteur de recruter des enseignants sur des contrats de moyen terme sur le fondement de leur diplôme et sur entretien, en les accompagnant par une formation adaptée, avec engagement des candidats à rester en poste pour la durée de leur contrat".
Les enseignants voudraient faire "autre chose au bout de dix ans" selon Pap Ndiaye sur "France Inter" le 2/02/23. Parfait pour les contractualiser !
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www.telerama.fr/enfants/vis-ma-vie-de-pr...ux-lions-7015001.php
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Michael Khirat écrit: Une des qualités d'un professeur est sa volonté d'incarner un cours, il n'y a pas besoin d'aller à l'université pour ça".
Phrase modifiée dans la journée...
Quand on demande à Michael Khirat, le chargé de mission recrutement auprès du DRH de l'académie, si ça ne pose pas problème d'embaucher pour septembre des personnes n'ayant parfois jamais eu de classe devant eux, il évacue d'un trait cet argument : "une des qualités d'un professeur est sa volonté d'incarner un cours et animer le face-à-face pédagogique. Nos recruteurs sont en mesure de déceler ce potentiel." L'attaché de presse du rectorat précise que tout est accompagné. "Il y a un portail pédagogique mis en ligne avec des modules construits pour les contractuels".
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30/05/23 : www.leparisien.fr/yvelines-78/vingt-minu...HTPMPULOX3TA53ZY.php
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Novembre 2022, je quitte la Normandie pour la région lyonnaise, car ma femme a trouvé du boulot ici. Mon activité professionnelle me permet de dégager du temps alors je décide de tenter une nouvelle expérience. Je suis journaliste spécialisé en informatique depuis 24 ans.
J’ai commencé jeune dans la vie professionnelle et je n’ai pas de diplôme de journaliste. J’ai juste un Bac et un DULCO de japonais (Bac +3). Pas grand-chose au final, mais je rentre dans les clous de l’ED puisqu’il suffit d’un Bac +2 pour être professeur contractuel.
Je postule sur le site du rectorat de Lyon un lundi. Le mardi j’ai un inspecteur académique au téléphone qui me demande si je connais le programme. Ma réponse en bien sûr « Non ». Je tente de me vendre comme à un entretien d’embauche, mais j’ai tout de suite l’impression que ça ne sert à rien de forcer. Le monsieur me donne une semaine pour regarder le programme de la 6e à la 3e pour me donner un rendez-vous...par WhatsApp.
-Ha, mais j’aurai préféré vous rencontrer…
-Non ce n’est pas nécessaire, on fait une visio pour prendre la mesure des candidats, pour juger leur posture…
-Leur posture ?
-Oui vous savez on a des candidats qui postulent et qui en face de vous ne se tiennent pas droit.
-…
-Mais je suis sûr que ça va aller avec vous !
-(putain j’espère bien)
L’entretien se passe bien même si le programme n’a presque pas été abordé. Il me demande mes forces (« moi cause bien la France »), mais je rate lamentablement la partie « grammaire ». Il m’envoie une phrase par SMS et me demande ce que je peux en dire grammaticalement.
Bien sûr je n’ai pas révisé et mes souvenirs des propositions subordonnées relatives date de 30 ans. Je coupe court pour ne pas me ridiculiser :
-Je suis désolé, mais je vais vous dire n’importe quoi. Mes souvenirs de grammaire sont trop anciens, il me faut une remise à niveau.
Cette réponse semble lui convenir. Il m’explique qu’il va adresser un avis favorable à mon dossier et m’explique qu’ils ne me confieront que des 6e et des 5e et seulement à mi-temps (je finirais par avoir des 4e et des 3e à 3/4 temps soit 15 heures de cours).
Deux semaines après mon « premier contact », je pars en Italie avec toute ma tribu. On m’appelle pour un poste. Je dois refuser, ça ne colle pas avec les dates. Je suis dégoûté, je me dis que j’ai raté le coche. Une semaine plus tard, on me recontacte.
C'est un remplacement de congé maternité. J’accepte. Les gamins n’ont pas eu de cours de français depuis 2 mois (en comptant les vacances).
Contact avec la directrice de l’établissement. Tout va bien. J’arrive le jour des cours, accueil d’urgence.
La dirlo m’annonce que je suis attendu "comme le Messie".
Elle ne va pas être déçue
Je signe le contrat, je remplis les fiches, mais je ne comprends pas les histoires de grades et d’échelons. Je lui dis que je ne connais pas ces notions. Devant son air circonspect, je comprends que personne ne lui a dit que c’est ma première affectation.
Elle tente de cacher sa surprise quand je lui avoue ma tare.
-Mais vous connaissez Pronote ? (logiciel de gestion de la vie scolaire)
-Pro quoi ?
Le Messie perd de sa superbe.
L’établissement n’est pas du tout un collège « difficile ». Les gamins sont respectueux dans l’ensemble et les collègues veulent m’aider à m’intégrer.
La dame que je remplace m’a listé les éléments du programme qu’elle n’a pas eu le temps de faire.
Pour les 4e, il y a « la presse » : j’y vois un signe
Pour les 3e, la science-fiction : décidément, j’ai la baraka.
Je n’ai pas de cours en stock alors je m’aide du manuel, du cahier de TD (très bien foutu) et je picore à droite et à gauche.
Une collègue de français me « donne » même un cours sur la poésie pour les 3e. Ça tombe bien, ce n’est pas vraiment mon truc. J’apprends parfois des choses la veille de les enseigner, mais je me sens comme un poisson dans l’eau.
J’arrive en fin d’année alors les gamins sont un peu démobilisés, mais dans chaque classe, il y a des individus attachants. Nous sommes le 17 juin et mon contrat se termine le 7 juillet. Je ne sais pas encore si je serai reconduit.
La suite au prochaine épisode...
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Et le contractuel n'est pas envoyé dans une académie lointaine pour son premier poste, n'est pas TZR, ni envoyé dans un collège difficile...
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