L'école "42" de Xavier Niel

A lire sur "VousNousIls" du 20/02/14 : "Paris: Anne Hidalgo en visite à l'école 42 pour promouvoir l'économie numérique #mun75000"

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J'avais raté cet éditorial de Xavier Niel sur le site de 42 :


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Clip du CIDJ :

Un regard très intéressant sur l'école 42 par Serge Abiteboul sur le blog "Binaire" : "La preuve par 42" (8/02/14)

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"L’école 42 de Xavier Niel forme des «superstars de l’informatique»" dans "Libération" du 26/11/14.

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Vu un documentaire France 4 sur cette fameuse École 42, lien ci-dessous :
www.france4.fr/emission/ecole-42-born-co...-du-16-02-2015-23h25
J'ai pris le temps de visionner ce documentaire en entier, et voici ce que j'en pense :
1. D'abord, ce n'est pas une école, mais son antichambre puisqu'on assiste à une sélection (la "piscine") où on compte entre autres sur la fatigue et l'épuisement pour écoeurer les gens... C'est donc stakhanoviste et hyper-élitiste...
2. Comment se font les apprentissages ? Par autodidaxie et collaboration. Vautré dans mon canapé avec un bouquin ou une tablette, j'apprends beaucoup aussi, mais je ne prétends pas que mon canapé soit une école... Et ce paradigme éducatif s'adresse à des gens qui ont déjà des compétences approfondies en informatique, pas à des néophytes.
3. Le dispositif rappelle la télé-réalité (architecture coercitive, voix magistrale bien que doucereuse et punitions collectives) : avec tout le pognon mis dans le lieu et le matériel informatique, des douches et des lits auraient pu être installés afin de traiter les gens de façon décente, non ?
4. Cette école n'attire les foules que parce qu'il y a plein de geeks en jachère (5,2 millions de gens en recherche d'emplois cat. A, B, C, dont près de 800 000 jeunes)... Au final, qui la sélection retient-elle ? Deux candidats passés par les grandes écoles, autrement dit les meilleurs formés par l'institution classique. Ah, c'est facile... Et très démagogique de se revendiquer ouvert à tous pour ne garder que les cadors.
Bref, là où certains voient peut-être une école, je vois une ferme à geeks, digne de TF1.
Dans le même genre, on peut apprécier le début de "Full Metal Jacket" de Stanley Kubrick, sur l'entraînement des GI avant le Vietnam : privations de sommeil et d'intimité, punitions collectives, endoctrinement... Tout y est, la fausse gentillesse en moins. Super film !

Nos conclusions ne sont pas très éloignées. Avez-vous vu que j'ai consacré une partie de mon article sur l'enseignement du code à l'école 42 ?

Aboutissement rêvé de la pédagogie de l'avenir, l’école d’informatique privée “42”, ouverte à Paris en 2013 par Xavier Niel, est généralement donnée en modèle pour l’école par des journalistes fascinés ou complaisants, des consultants techno-pédagogues de l’école numérique ou des députés exaltés. Seuls certains universitaires, malgré la proximité de leur argumentaire économique, se montrent critiques à son égard, et pour cause puisque, avec elle, ils deviennent... parfaitement dispensables.
Grâce à cette école d’informatique d’un genre qui se veut nouveau, il s’agit rien moins que de « sauver la France ». Et pour cela Xavier Niel, autodidacte, n’a pas de mots assez durs pour l’école française.

Tout à fait, Loys.
Mais ce qui me terrifie le plus dans ce lieu, c'est son dispositif.
D'abord, on ne saurait qualifier cette couveuse à geeks d'école car c'est hyper-sélectif et dénué de tolérance, sans parler d'empathie. Alors qu'une école est là pour mener les élèves à la réussite, ce "machin" cherche à faire échouer les candidats en les essorant...
À la rigueur, c'est comparable à un centre de formation sportif, où de futurs champions sont prêts à en baver un maximum pour réussir. Seule différence, le coach est invisible mais omnipuissant.
Au risque de paraître paranoïaque, je trouve d'ailleurs qu'il y a un côté très "Big Brother" dans ce loft informatique.
La privation de sommeil, la sollicitation incessante, l'absence d'intimité, la responsabilité collective, fussent-elles consenties, sont des techniques de manipulation psychologique qui ont fait leurs preuves dans des lieux et des époques sinistres.
Bref, c'est un dispositif déshumanisant et malsain.
Ajoutons en outre que ça ne s'adresse ni à des non-diplômés ni à des diplômés, mais à des geeks... Il y a évidemment des autodidactes, des nerds rétifs à l'école traditionnelle, mais aussi et probablement surtout des candidats très bien formés par l'EN.
Donc il est impensable de voir dans cette École 42 un modèle pour résorber les quelques 120 000 jeunes sans diplômes qui sortent chaque année du système scolaire français.
Alors, que certains beaux esprits puissent s'extasier devant ce "machin" me stupéfie.

Donc il est impensable de voir dans cette École 42 un modèle pour résorber les quelques 120 000 jeunes sans diplômes qui sortent chaque année du système scolaire français.

101.000, JC, 101.000, en comptant les détenteurs d'un brevet des collèges !
C'est beaucoup déjà. Ce qui m'inquiète davantage, ce sont tous ceux qui ont un diplôme qui ne leur sert pas à grand chose.

C'est beaucoup déjà. Ce qui m'inquiète davantage, ce sont tous ceux qui ont un diplôme qui ne leur sert pas à grand chose.

La limite de l'éducatif, c'est l'économique.
Les vertueux contempteurs de la sélection réalisent-ils que ce n'est pas tant l'école qui sélectionne que la société ?

JC écrit: Mais ce qui me terrifie le plus dans ce lieu, c'est son dispositif.

Lu ce matin dans Libé : "on a fermé la salle de repos car il y avait des gens qui y dormait".