"Je google donc je sais"

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26 Nov 2012 22:48 #2015 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Je google donc je sais"
Ce fil porte sur le savoir, pas sur la recherche.

Avoir un savoir à sa disposition n'est pas savoir.

Trouver n'est pas savoir. ;)

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27 Nov 2012 08:30 #2016 par Bug Neurone
Réponse de Bug Neurone sur le sujet "Je google donc je sais"
Sans compter que je trouve votre raisonnement bancal DM : pour rechercher sur Google un concept ou un auteur, la première des choses est de savoir quoi chercher. Doctorante moi-même, je tombe parfois dans des articles sur des concepts qui sont géniaux au vue de ma thèse, et qui sont très bien documentés sur Internet. Mais étant donné que je n'avais jamais entendu parler de ce concept (ou cet auteur), je n'ai pas fait de recherche le nom correspondant, puisque je ne le connaissais pas.

Le principe même d'une recherche Internet est qu'il faut renseigner des mots clés qui définiront précisément les résultats que vous allez obtenir. Si vous ne renseignez pas les bons mots clés, vous n'obtiendrez pas de bons résultats. Il faut donc que vous connaissiez déjà un peu ce que vous voulez rechercher pour renseigner les bons mots-clés.

Une recherche basique sur Google ou Wikipédia ne permet à mon avis pas vraiment de découvrir des choses, juste de se renseigner sur des choses que l'on connait « de nom ».

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27 Nov 2012 17:20 #2017 par DM
Réponse de DM sur le sujet "Je google donc je sais"
Bien évidemment, une recherche par mots-clefs sur Internet vous donnera des résultats en rapport avec ces mots-clefs. Il n'y aura pas d'intelligence artificielle pour vous expliquer, par exemple, que « sénateur » est en France une sous-catégorie de « parlementaire ». Le même problème se pose pour les recherches dans les bibliothèques, en pire : comme il n'y a pas de recherche en texte plein, on est complètement tributaire des mots-clefs et des classifications qui ont été assignés aux ouvrages, à tort ou à raison.

Toutefois, ces recherches sur Internet peuvent vous permettre, de proche en proche, de trouver des concepts plus ou moins voisins intéressants, de trouver des articles, bref de faire de la bibliographie, le tout plutôt efficacement. En l'espèce, comparez l'aisance de trouver un article Wikipédia où des gens vous ont déjà fait une liste de concepts pertinents avec les références bibliographiques précises, avec une recherche classique (demander en prêt entre bibliothèques un article qui in fine n'est pas pertinent, suivre des citations, etc. le tout sans assurance d'être à jour).

Bien évidemment, comme Loys le souligne à raison, il ne faut pas confondre la possibilité de trouver une information (ici, en se faisant assister de moteurs de recherche) et la construction d'un savoir. Il ne suffit pas de trouver un article, un ouvrage, pour le lire et le comprendre, et surtout pour l'intégrer dans le réseau des connaissances.

Pour en revenir à l'article, il me semble que tout cela est la conséquence d'une confusion longtemps entretenue, y compris à l'école, entre « savoir » et « avoir à l'esprit une multitude de points de détail sans lien conceptuel entre eux ». Ce sont les listes de préfectures chères à l'école de l'enfance de Marcel Pagnol, ou la connaissance historique réduite à des dates, des noms (« Marignan 1515 »). C'est l'idée du « savoir » qu'il y a derrière les jeux comme « Questions pour un champion ». D'ailleurs... de nos jours, l'ordinateur IBM Watson bat les champions du jeu Jeopardy! sans rien comprendre aux questions, mais en se basant sur une énorme base de données glânées notamment sur Internet.

Il est possible qu'il y ait des gens pour soutenir que le savoir se trouvant sur Internet, il n'y a plus rien à savoir soi-même. Pour ma part, je n'ai jamais rencontré personne qui soutienne cela. J'ai en revanche lu des choses beaucoup plus raisonnables, comme l'idée que les « factoïdes » se retrouvant facilement grâce à Google, on peut s'en libérer l'esprit pour des choses plus importantes. C'est, au fond, l'idée que soutenait Richard Feynman (un prix Nobel de physique aux opinions volontiers ironiques) lorsqu'il se gaussait des étudiants de biologie qui apprenaient par cœur des informations qui se retrouvent très vite par simple recherche à la bibliothèque universitaire, au détriment de la réflexion.

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27 Nov 2012 22:29 #2018 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Je google donc je sais"
Je suis d'accord avec une partie de ce que vous dites, David, mais vers la fin vous me semblez raisonner de façon mécaniste, comme s'il y avait d'une part la pensée et d'autre part les connaissances. Pour vous l'esprit humain est comme un logiciel interne qu'alimenteraient des données externes.

Or l'intelligence est une chose subtile et fascinante, qui naît progressivement de l'interaction entre connaissances et pensée. Comme je le dis dans l'article "Savoir, ce n’est pas simplement disposer de connaissances, c’est avant tout [...] avoir l’intelligence et le jugement qui en procèdent." On ne pense pas sans connaissances. Le meilleur exemple - je me répète -, c'est savoir une langue. On ne sait une langue que quand on en connaît suffisamment d'éléments de morphologie, de syntaxe et de vocabulaire. Et ce, même si tous ces éléments sont disponibles en ligne... ou dans des livres. De ce point de vue Internet ne change pas grand chose, même si la disponibilité des connaissances est accrue de manière exponentielle.

Les neuropsychologues eux-mêmes confirment que les apprentissages qui vous semblent les plus inutiles sont en réalité structurants pour un jeune esprit en cours de formation.

Ce que vous dites sur les recherches sur Internet est recevable mais s'applique essentiellement à un esprit déjà mûr et capable de discernement.

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28 Nov 2012 11:33 #2031 par DM
Réponse de DM sur le sujet "Je google donc je sais"
@Loys: Bien entendu, il n'y a pas d'un côté les « données » et de l'autre côté une sorte de logiciel qui opérerait dessus, et qui aurait en quelque sorte une existence et surtout une construction indépendante de celles-ci. De même, avoir vu « de loin » tel ou tel concept ne signifie pas qu'on le comprend vraiment (on s'en rend bien compte avec les séances d'exercices : en un quart d'heures, on passe d'étudiants sûrs d'eux-mêmes affirmant avoir compris le cours du matin à des étudiants plein de doutes).

Feynman (encore lui) racontait des anecdotes au sujet de l'enseignement supérieur au Brésil. Il y avait vu des étudiants qui apprenaient par cœur des définitions de façon à pouvoir les réciter à l'examen, mais qui n'en comprenaient pas le sens ; par exemple, ils pouvaient réciter par cœur la définition de « l'indice optique » mais sans voir le rapport avec un phénomène aussi quotidien que celui du « bâton cassé » (le bâton trempé dans l'eau qui semble cassé au franchissement de la surface).

Malheureusement, ce type d'apprentissage est favorisé par une certaine façon de faire des examens. Si l'on veut récompenser le « travail » et non la réflexion personnelle, il sera tentant de faire des examens purement de cours. Pour l'enseignant, cela peut faciliter les choses (possibilité de faire des QCM, notamment). Reste que cela déforme l'esprit des étudiants, qui finissent par croire que l'important est de retenir des points de détail qui risquent de tomber à l'examen, et non de comprendre le fond de ce qu'on leur enseigne.

C'est d'autant plus dramatique qu'une personne dont la compétence est de se rappeler (et encore, tout est oublié 6 mois après) de faits épars et d'appliquer mécaniquement des consignes peut être remplacée par un système informatique.

cf david.monniaux.free.fr/dotclear/ ... oyaume-Uni

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28 Nov 2012 11:42 #2034 par DM
Réponse de DM sur le sujet "Je google donc je sais"
(Un rectificatif : mon exemple sur le sénateur et le parlementaire est en fait assez mauvais, car il existe des méthodes permettant de dégager automatiquement ce rapprochement en se basant sur un corpus de textes : le simple fait que ces deux termes arrivent souvent ensemble permet de les dégager comme une sorte de « concept », et ce sans usage préalable d'un dictionnaire de synonymes.)

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03 Jui 2013 21:34 - 07 Sep 2013 16:11 #6187 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Je google donc je sais"
Relevé dans "Le Canard" du 29/05/13 citant "la-parisienne.net" , ces propos de Michel-Edouard Leclerc, prêt à se sacrifier pour le bien commun :

Si la crise s'amplifiait, si un gouvernement d'union nationale était formé, je n'hésiterais pas à sacrifier ma carrière à la vie publique. La distribution est un formidable observatoire des mutations sociales et technologiques. Je pourrais mettre à profit cette expérience dans un secteur comme l’Éducation nationale qui vit encore à l'ancienne alors que la révolution internet a radicalement modifié les modes d'accès aux savoirs.

Bonus :

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Dernière édition: 07 Sep 2013 16:11 par Loys.

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07 Sep 2013 16:14 - 08 Sep 2013 09:49 #7393 par Loys
A lire sur le site du cePPecs du 01/06/08 : "Peut-on acquérir des savoirs sans avoir à les apprendre ?"

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Mais également, plus récemment : "Qu’est-ce qu’apprendre ? L’apport des neurosciences" (28/04/2012)

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Dernière édition: 08 Sep 2013 09:49 par Loys.

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07 Sep 2013 20:53 #7410 par Frist
Réponse de Frist sur le sujet "Je google donc je sais"
Beaucoup d'approximation dans cet article du CEPPECS.
Tellement catégorique que tous les contre-exemples qui viennent à l'esprit concerneraient une espèce différente.

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07 Sep 2013 22:06 #7413 par mewtow
Réponse de mewtow sur le sujet "Je google donc je sais"
Le premier article n'est qu'un vulgaire amas de poncifs et d'affirmations péremptoires, sans aucun fondement empirique ou statistique. Alors comme cela, " Les élèves ont de plus en plus de difficultés à raisonner, c’est-à-dire à organiser une suite de propositions ordonnées entre elles ", " Les jeunes ont également d’énormes difficultés à mémoriser [...] et avec la méthode et la rigueur à l'appliquer ", " Il y a un effet de saturation de l’imaginaire et des capacités imaginatives provoqué par le défilement rapide d’images toutes faites ", et j'en passe...
Le second article est du verbiage philosophique pur, sans aucun rapport avec l'éducation, que même les neuro-scientifiques ne comprendraient pas. En voyant le titre de l'article, je pensais qu'il s'agissait d'un article parlant de la neuro-pédagogie, ou au moins un article qui aborderait les techniques pédagogiques basées sur la psychologie cognitive, voire certaines pédagogies directement tirée de ce domaine de recherche (des sujets qui me tiennent à cœur en ce moment), mais non : rien...

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