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Affelnet et mixité
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affelnet.fr/2021/08/12/debunkage-rapide-...-affelnet-2020-2021/
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Dans "Le Monde" du 22/01/22 : "Les lycées Louis-le-Grand et Henri-IV ne recruteront plus leurs élèves parisiens sur dossier"
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Et dans "L'Express" du 25/01/22, la position opposée défendue... par moi-même : "Il n'y aura bientôt plus de très bons lycées publics à Paris (Merci l'Education nationale)"
Il n'y aura bientôt plus de très bons lycées publics à Paris (Merci l'Education nationale)
La fin de la possibilité donnée à Henri-IV et Louis-le-Grand de recruter leurs élèves sur dossier aggrave la "lutte des classes" en cours dans les lycées de la capitale.
A Paris – académie certes très particulière –, c’est tout le fragile équilibre de l’école publique qui se trouve menacé. Les dernières évolutions peuvent et doivent tous nous inquiéter.
En 1959, au prétexte d’accélérer la démocratisation scolaire, l’État faisait une saisissante entorse au principe de laïcité et décidait de financer l’école privée sous contrat.
Soixante plus tard, les choses ont bien changé. On ne choisit plus le privé par conviction mais pour fuir une école publique jugée de plus en plus défaillante.
Et l’État d’encourager désormais cette dynamique délétère.
Un tiers des collégiens de la capitale sont scolarisés dans des collèges privés qui captent partout les bons élèves et contribuent au délitement des collèges publics alentours. Cette ségrégation est tant bien que mal occultée par des indicateurs de réussite de plus en plus dépourvus de sens (l’évaluation par compétences et les records au brevet).
En 2017, afin de lutter pour « le vivre-ensemble » et contre « le repli sur soi » (Najat Vallaud-Belkacem), l’État a imposé, à Paris, des « expérimentations » de mixité sociale brutales... mais surtout ne s’appliquant qu’aux collèges publics ! Il n’en fallait pas plus pour provoquer une première fuite vers le privé des familles découragées, d’autant que les collégiens du privé étaient désormais autorisés à participer à l’affectation dans les lycées publics à égalité avec les collégiens du public.
En 2021, la procédure d’affectation dans les lycées publics a été brutalement réformée pour ouvrir aux collégiens défavorisés du public l’accès aux grands lycées publics parisiens... mais en ouvrant dans le même temps cet accès privilégié aux collégiens du privé ayant fui leur collège de secteur mais damant ainsi le pion à des collégiens du public d’autres secteurs.
Pour lutter contre « l’hyper compétition et l’hyper sélection » occasionnant une « hiérarchisation caricaturale » des lycées parisiens (Jean-Michel Blanquer), la réforme n’a, encore une fois, concerné que les lycées parisiens publics. Les lycées privés (plus d’un tiers des lycéens) n’ont, en effet, pas été concernés, quoiqu’ils occupent tout le haut du tableau dans les classements annuels des lycées.
Une lutte contre l’élitisme curieusement sélective, donc, à moins qu’il ne s’agisse d’un prétexte pour dégrader, avec l’assentiment de tous, le service public d’éducation, y compris dans ce qu’il a de meilleur, et favoriser ainsi un et un seul élitisme : celui du privé.
Et, de fait, quand en 2022, les deux derniers grands lycées publics capables de concurrencer le privé à Paris – Henri-IV et Louis-le-Grand – sont sommés de rejoindre Affelnet et de ne plus choisir leurs élèves, de belles âmes se sont réjoui de ce coup porté à l’élitisme républicain, sans comprendre qu’il favorise ainsi un seul élitisme : celui des Stanislas, des Fénelon-sainte-Marie et des Francs-Bourgeois.
Il n’y en avait pas tant que cela : il n’y aura bientôt plus de bons lycées publics à Paris.
Les indicateurs de réussite artificielle (contrôle continu, réussite record au baccalauréat) ne duperont pas davantage les publics les plus avertis qui savent que la réalité de la réussite scolaire est préservée dans le privé, lequel assurera à leur progéniture l’accès aux meilleures formations du supérieur dans la sélection généralisée de Parcoursup.
Mais la réforme a un autre effet, peut-être plus grave encore.
Face à des algorithmes de plus en plus dépourvus de sens, l’effort, le travail et la persévérance deviennent des vertus scolaires inutiles dans l’école publique, au grand désespoir des enseignants.
En somme, au lieu de faire de l’école publique le lieu d’une réussite scolaire possible pour tous, c’est au nom d’une lutte hypocrite contre l’élitisme scolaire qu’on assure dans l’école d’aujourd’hui une reproduction sociale plus pesante que jamais.
Ces choix politiques qui ne se disent pas visent à amener les familles – à commencer par celles qui croyaient encore à l’école publique – à cette conclusion d’une tristesse infinie : à Paris comme ailleurs, le choix de l’école publique sera bientôt le plus mauvais choix possible.
Le scandale n'est pas que Henri-IV et Louis-le-Grand rejoignent Affelnet, mais qu'Affelnet devienne une machine à broyer les bons lycées publics.
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www.marianne.net/societe/education/recru...ns-lelite-parisienne
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- Loys
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Quelques commentaire s'imposent.
De quels lycées parle François Jarraud quand il se fait par ailleurs le relais de "réels progrès" et des premiers résultats "positifs et encourageants" avancés par l'institution pour lutter contre "des établissements parisiens fortement ségrégués", avec cette "réforme ambitieuse" et ce "défi démocratique pour la capitale" ? Uniquement des lycées publics, bien sûr ! Même si la ségrégation qui saute aux yeux est celle des lycées privés, brièvement évoquée en fin d'article comme nous le verrons.Mixité sociale : A Paris, les lycées des beaux quartiers font de la résistance [...]
Comparaison dépourvue de sens si l'on considère que les vœux ont été beaucoup plus contraints (cinq vœux dans cinq lycées imposés, au lieu de 14 vœux parmi les lycées de quatre arrondissements).Des résultats positifs
Le taux de satisfaction du 1er vœu atteint 59% soit davantage qu'en 2020 (52%).
Non seulement ces élèves "favorisés" (voir ci-dessous qui est ainsi désigné) ont vu leur choix de lycée se réduire, mais leurs vœux ont été beaucoup moins respectés. Il n'est difficile d'anticiper quelle va être, à terme, la réaction des publics socialement favorisés.Notamment 72% des élèves ayant le plus fort indice de positionnement social (IPS) ont eu leur 1er voeu contre 46% pour les plus favorisés.
Il faut ici rappeler que l'IPS n'est pas un indice individuel : on peut être appartenir à une classe sociale favorisée et bénéficier de l'IPS d'un collège qui ne l'est pas. Mais plus grave : on peut appartenir à une classe sociale défavorisée et ne pas bénéficier de l'IPS dans un collège favorisé. Fascinant, non ?
Mais le plus terrible pour l'école n'est pas dit dans cette présentation très positive des résultats : Affelnet 2021 a produit plus de satisfaction pour les élève de faible niveau scolaire et moins pour les élèves de bon niveau scolaire. Non dit mais évident puisque, concernant la mixité scolaire, "l'indice de ségrégation a diminué de 30% en 2021", autre façon de dire que les bons lycées sont devenus moins bons, enfin les lycées publics).
Le travail et le niveau scolaire deviennent parfaitement secondaires pour l'obtention d'une affectation dans les lycées publics.
A la vérité, c'était également un "objectif" de la réforme. Les élèves du 16e arrondissement, par exemple, qui pouvaient être affectés dans trois autres arrondissements de Paris, ne pouvaient plus être affectés, avec Affelnet 2021, que dans le 16e arrondissement : on arrive ainsi à ce résultat brillant : "à J de Sailly le niveau scolaire des élèves admis en 2021 est encore meilleur que celui des admis 2020".Par contre, on constate un fort taux de satisfaction des demandes dans les quartiers les plus privilégiés : 16ème, 7ème, 6ème, 5ème arrondissements avec les parties chics du 14ème et du 15ème.
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Mais c'est tout le génie journalistique du "Café pédagogique" de présenter - un an après - ces objectifs comme des résultats étonnants !
Au demeurant, en présentant ces aberrations ("les lycées [publics ndlr] des beaux quartiers font de la résistance") comme le principal problème de cette réforme "démocratique", François Jarraud occulte la première des ségrégations, celle du privé.
C'est vrai que les 17e, 8e et 9e sont des arrondissements défavorisés !Des suggestions validées par C Mazeron, DSDEN. "On va ouvrir le nord du 16ème aux collèges du 17ème, 18ème, 8ème et même 9ème arrondissements".
Edit du 26/02/22 : dans la carte Affelnet 2022, les élèves du 16e restent toujours... dans le 16e !
Des moyens dérisoires à l'échelle des élèves : pour 20.000 élèves de seconde (soit 571 classes de 35 élèves), c'est l'équivalent de 8h de cours en demi-classe pendant l'année...Christophe Kerrero a souligné les efforts faits par l'académie pour accompagner ces évolutions dans les lycées. "On a donné 8800 HSE dans les lycées pour le soutien scolaire", dit le recteur. Pour la rentrée 2022 il ne s'agira plus d'HSE mais de moyens inscrits dans les DHG pour des dispositifs d'accompagnement, assure t-il. L'académie ouvre des premières générales dans certains lycées et des premières technologiques dans d'autres pour accompagner l'évolution.
Tout est dans l'adverbe "aussi". Les lycéens du privé représentent 40% des élèves, le double de la moyenne nationale, et leurs lycées monopolisent déjà les meilleures places des classements des lycées parisiens (cf supra). Mais il serait inconvenant de considérer ces lycées comme "ségrégués" (au demeurant, François Jarraud vient de l'enseignement privé).Le poids du privé
Cet effort vers davantage de mixité scolaire et social bute aussi sur l'existence d'un enseignement privé important dans la capitale.
Or si une partie des lycées privés sous contrat sont inclus dans Affelnet, ils ne le sont que pour éviter les doubles inscriptions. Ils ne sont pas soumis au tri effectué par Affelnet.
Mieux : depuis 2017, Affelnet permet aux élèves du privé de choisir un lycée public au même titre que les élèves du public. Et toujours mieux : depuis 2021, les élèves du privé peuvent demander les bons lycées correspondant au secteur du collège public qu'ils ont évité (et que d'autres élèves du public ne peuvent plus demander) !
Ces établissements restent une porte de sortie pour les familles qui veulent entretenir l'entre soi.
On a déjà constaté cette fuite avec les brutales expérimentations de mixité conduites dans le seul secteur public en 2017. Mais c'était avant la brutale réforme d'Affelnet en 2021, qui a pris de court - délibérément - de nombreuses familles.
Quel dommage ! Non seulement le privé est épargné, mais il n'est visiblement pas possible de lui demander des informations...Si sur le plan des effectifs J Grenet ne signale pas beaucoup de changement, sur le plan de l'évolution sociologique du privé, il n'a pas de données.
A quoi tient l'ambition "démocratique" d'une réforme !
"il est possible"...Autrement dit il est possible que les gains en mixité sociale dans le public soit le résultat d'une ghettoïsation sociale accrue dans le privé.
La vérité est tout simplement que c'est "l'objectif" recherché : favoriser l'enseignement privé, soigneusement préservé, et cela sous les prétextes les plus généreux.
A noter que les résultats de la mixité se mesurent à la réalisation de la mixité. C'est évidemment ne pas penser aux effets produits par la mixité : découragement scolaire, baisse généralisée du niveau, fuite des meilleurs éléments vers le privé...L'exemple des lycées parisiens montre à quel point faire progresser la mixité sociale et scolaire est ardu. Les efforts de l'académie commencent à porter des fruits. Mais ils se heurtent à la résistance des beaux quartiers et de la ségrégation urbaine.
Satisfecit décerné par François Jarraud à une politique libérale, et relais d'une communication désignant de nouveaux boucs émissaires... parmi les seuls lycées publics !
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De même, lorsqu'il s'agit de parler de dotation horaire, le rectorat est prêt à mettre les documents sur la table, sauf évidemment pour les dotations du privé.
Enfin, l'argumentaire préféré des cadres du rectorat, c'est qu'ils ont fait carrière dans toute la France, et qu'arrivant à Paris, ils s'étonnent des exceptions que les parents d'élèves savent y entretenir. Etrange souci d'uniformité territoriale quand on voit l'aberration que constitue Affelnet-Paris, quand on le compare aux procédures d'affectation ailleurs en France. Parents parisiens, vous bénéficiriez d'un système dérogatoire qu'il faudrait faire cesser. Mais où donc, ailleurs qu'à Paris, sur 100 collégiens de chaque cité scolaire, moins de trente ont le droit d'accéder au lycée qui, dans la même cité scolaire, accueillent plus de 200 lycéens venus d'ailleurs ?
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- Loys
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Pour le reste : "sur le plan de l'évolution sociologique du privé, [Julien Grenet] n'a pas de données."
Dans "Le" Figaro" du 8/02/22 cette tribune : "HENRI-IV et LOUIS-LE-GRAND ne doivent pas renoncer au modèle républicain de l’excellence"
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Dans "Le Parisien" (abonnés) du 9/02/22 : "Paris : au collège, avoir de bonnes notes vous assure-t-il vraiment un lycée prestigieux ?"
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- Loys
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Cette longue tribune mérite bien des commentaires.
On constate d'abord qu'elle se focalise - et c'est dans son intérêt - sur deux établissements publics hors normes, avec ces curieuses expressions : "Rentreront-ils dans le rang ?", "mettre fin au régime d’exception", "régime dérogatoire", "se soustraire à la règle commune". Ces lycées ont :
Aveu amusant que ce "régime dérogatoire" et ce "mode de recrutement" ne choque les auteurs que pour le petit nombre d'élèves scolarisés dans ces deux lycées publics ("à peine 3 % des élèves"), mais pas pour les 40% des lycées privés. Les "raisons politiques" n'ont donc pas à être convoquées ici. Les auteurs se penchent ensuite longuement sur l'étude extraordinairement précise et détaillée des publics de ces 2 lycées (l'essentiel de la tribune, avec même des "simulations") pour justifier leur intégration à Affelenet, sans jamais renseigner par ailleurs le moins du monde sur les chiffres les plus élémentaires concernant les 56 lycées privés de la capitale.pour des raisons essentiellement politiques, conservé le droit de recruter leurs élèves en dehors de cette procédure. Ce régime dérogatoire leur a permis de continuer à mettre en œuvre un mode de recrutement très similaire à celui qui prévaut dans les établissements d’enseignement privé, et d’échapper de facto aux objectifs d’ouverture sociale qui ont été assignés aux autres établissements publics de la capitale.
Pour le dire autrement, cette focalisation sur une iniquité marginale vise essentiellement à occulter une iniquité massive, par ailleurs évoquée plus loin pour mieux être évacuée.
Revenant sur la mise en place d'Affelnet depuis 2008 (sans mentionner l'exception du privé : 40% des lycéens aujourd'hui), les auteurs se félicitent des objectifs atteints de mixité dans les lycées publics parisiens : à vrai dire, rien d'étonnant puisque c'est l'application mécanique d'une affectation pilotée. Les auteurs ne s'interrogent évidemment pas sur les effets beaucoup plus larges que peut produire cette mixité.
Les auteurs se désolent du "poids important des notes de troisième dans le barème d’affectation" qui "explique que la ségrégation scolaire des lycées parisiens" (enfin des lycées publics : l'absence de cette précision est récurrente dans la tribune et - à vrai dire - révélatrice). Au demeurant, Julien Grenet n'apporte aucune réponse sur les objections concernant l'iniquité ou l'artificialité même du niveau scolaire pris en compte dans "Affelnet".
La tribune affirme que "les" fédérations d'élèves réclamaient la fin des lycées de niveau : il ne s'agit en réalité que d'une fédération, la FCPE Paris, dont les membres sont par ailleurs très divisés sur cette question. De fait, Julien Grenet reconnaît à demi-mots qu'il s'agit avec la réforme de 2021 de réduire, après la ségrégation sociale, la ségrégation scolaire.
Parmi les objectifs de la réforme 2021 : valoriser "les familles qui jouent le jeu de la mixité sociale et scolaire au collège". C'est un paradoxe puisqu'à travers la participation à Affelnet à égalité avec les élèves du public depuis 2017 et la mise en place des 5 lycées de secteurs à parti de 2021, les élèves du privé n'ayant pas joué ce jeu se trouvent également favorisés.
Encore une fois, les auteurs se félicitent de progrès mécaniquement réalisés sans s'interroger sur les effets plus larges de ces "progrès" : effet sur le découragement des familles, des élèves de collège puis de lycée, sur les conditions de travail et la baisse du niveau dans les meilleurs lycées, sur la confiance générale dans l'école publique...
Julien Grenet constate au passage que "les progrès de la mixité sociale et scolaire n’ont pas cependant été uniformes" (euphémisme quand certains lycées du 16e arrondissement ont vu leur ségrégation s'aggraver !), s'étonnant des effets donc des effets extraordinaires de sa propre réforme alors que ces effets étaient faciles à anticiper : les lycées de secteur des élèves du 16e étaient affectés uniquement... dans des lycées du 16e !
A propos d'Henri-IV et Louis-le-Grand, il dénonce une "conception étroite du mérite" qui ne tient pas compte des "déterminants sociaux de la réussite scolaire". Mais curieusement cette dénonciation ne concerne que ces deux établissements.
"faire le jeu du privé" : "L’analyse des données de l’académie de Paris va à l’encontre de ces arguments." Julien Grenet expliquait pourtant ne pas disposer de données sur la mixité sociale ou scolaire dans le privé (cf supra). Rien n'est d'ailleurs publié à ce sujet. En réalité, la tribune développe très peu ce contre-argument pourtant présenté comme massue, et de façon très contestable. Pour réfuter "un cadeau au privé", les auteurs évoquent des "ordres de grandeur [...] tout simplement pas compatibles avec cette hypothèse" en se fondant sur les chiffres passés :
Rappelons, pour notre part, que :Rappelons qu'à Paris, le nombre d’élèves qui s’inscrivent dans un lycée privé après avoir été scolarisés dans un collège public est infime (moins de 300 chaque année, soit à peine 2 % des élèves admis dans la voie générale et technologique)
- ces chiffres ne sont pas datés : s'agit-il des chiffres 2021 post-réforme ? Et en quoi pourraient-ils être prédictifs des chiffres à venir puisque la réforme entre en vigueur maintenant ?
- ces chiffres bruts ne disent rien de la ségrégation sociale et scolaire à laquelle ils peuvent contribuer (...et qui choque les auteurs pour les 2,5% d'élèves à Louis-le-Grand et Henri-IV)
- ces chiffres ne tiennent pas compte du fonctionnement en silo des établissements privés et de l'impossibilité pour ces établissements par ailleurs de suivre les changements soudains avec des ouvertures de classe ni des impossibilités pour les familles de se tourner vers le privé au dernier moment (la réforme est annoncée tardivement dans ce but). Au-delà de ces simples passage, ce sont les demandes des familles qui seraient à prendre compte, avec le taux de pression et la hausse de la ségrégation scolaire qui en résulte mécaniquement, de même que les inscriptions dans le privé hors contrat, qui ont pu avoir lieu de manière exceptionnelle l'an passé.
- ces chiffres ne tiennent pas compte de la fuite vers le privé qui a d'ores et déjà lieu avant le lycée : entre 2006 et 2020, les effectifs du public parisien n'ont pas bougé quand les effectifs du privé parisien ont bondi de 12,6% !
Pour Julien Grenet, le solde serait donc positif pour l'école publique.et qu’il est aujourd’hui inférieur au nombre d’élèves qui font le mouvement inverse, en s’inscrivant dans un lycée public après avoir été scolarisés dans un collège privé (400 à 500 chaque année).
Outre le fait que ces chiffres doivent être vérifiés, on peut s'étonner que M. Grenet ne mentionne ici que le nombre et non pas la qualité de ces transferts. On peut en douter que les élèves quittant le privé ou y entrant aient le même niveau. D'ailleurs, nombre d'élèves sont poussés dehors en cours de scolarité dans les collèges et les lycées privés les plus élitistes (20% des collégiens de Stanislas, par exemple), pour des raisons de discipline, de niveau scolaire insuffisant, voire seulement moyen dans les meilleurs lycées.
A noter que la même fuite vers le privé (concept mis entre guillemets par les auteurs de la tribune) a pu être niée dans les expérimentations de mixité menées dans quelques collèges parisiens, lors même qu'elle a pu être constatée déjà : par exemple, dans le 18e, depuis 2017, les effectifs de 3e dans le public sont restés stables mais les effectifs de 3e dans le privé... ont bondi de presque 12%.
Sur les 15 dernières années (2006-2020) et en se fondant sur les inscrits au brevet, les effectifs du public dans la capitale n'ont pas évolué, les effectifs du privé ont augmenté de 12% : tous les nouveaux élèves sont absorbés par le privé (et qualitativement difficile d'apprécier la ségrégation scolaire puisque la réussite artificielle s'est généralisée à tous les établissements en un temps record : le taux de mention est ainsi passé de 5% à 43%).
Dans les classements des lycées parisiens, l'élite des lycées publics est déjà déclassée...Quant à l’attractivité des lycées H-IV et LLG et à leur position concurrentielle vis-à-vis du privé, on doute qu’elles soient menacées par une diminution de deux dixièmes de point de leur moyenne au baccalauréat.
On voit que la réfutation de Julien Grenet n'est pas étayée et relève de l'incantation. Reste que Julien Grenet, tout en niant que l'application au seul secteur public de la réforme puisse avoir des conséquences négatives sur le secteur public, mesure en conclusion - c'est un progrès - combien la justification d'une telle application est restreinte :
On peut en effet "s'interroger". Les raisons sont pourtant évidentes. Et Julien Grenet y a a apporté sa caution : d'ailleurs pourquoi s'interroger puisqu'il n'y a pas de fuite vers le privé et que l'élitisme ne semble concerner que le public ?On peut enfin s’interroger sur les raisons pour lesquelles les efforts en faveur de l’ouverture sociale devraient peser exclusivement sur les épaules des établissements d’enseignement public. Dans un pays qui se distingue par des inégalités scolaires parmi les plus élevées au monde, le fait que les établissements privés échappent à toute forme de régulation de leur recrutement, alors qu’ils sont financés à hauteur de 73 % par l’État et les collectivités territoriales, apparaît comme une aberration de plus en plus difficile à justifier.
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Et le 18/02/22 la courageuse tribune de chefs d'établissements pour soutenir une réforme voulue par le rectorat : "Sortons les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand de l’entre-soi social et géographique !"
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