"Faut-il réviser son bac sur smartphone ?" (JDD)

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16 Avr 2017 18:21 - 17 Avr 2017 10:31 #18733 par Loys
Dernière édition: 17 Avr 2017 10:31 par Loys.

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16 Avr 2017 20:49 - 17 Avr 2017 14:21 #18735 par Loys

Faut-il réviser son bac sur smartphone ?

Bien sûr, disent tous ceux qui ont une application, une chaîne YouTube ou un site à faire connaître (y compris les médias comme "Le Monde"(voir notre article "Bachot business") ou, ici, "L'Etudiant").

A deux mois des épreuves, certains bachotent sur leur téléphone portable. Quelle est la fiabilité des contenus proposés ?

Pour le "JDD", le problème ne peut pas être que certains bachotent deux mois avant les épreuves...
Curieusement, ce genre d'articles fleurit tous les ans à l'approche des épreuves, mais jamais à la rentrée scolaire : ne serait-ce pas surfer sur l'angoisse scolaire, en proposant des martingales à "700.000 aspirant bacheliers" ?
Malheureusement le travail scolaire s'inscrit dans le temps long, au-delà même de l'année scolaire dans la plupart des disciplines. Une question que n'aborde évidemment pas cet article.
En philosophie, "une minute et trente-deux secondes" pour traiter la question du langage (affublé d'un museau et d'oreilles de vaches) : face à une telle efficacité (et divertissante en plus), on se demande bien pourquoi les cours existent. La brièveté (qui justifie donc le bachotage de dernière minute) n'est en réalité pas synonyme d'efficacité mais elle prend - très pragmatiquement - acte de la limite d'attention possible des élèves face à une question complexe (qu'il faut soutenir de plus par des artifices de spectacle). Le cercle devient alors vicieux, quand il faudrait éduquer à une éducation longue et soutenue...
Il serait intéressant de trouver une vidéo obtenant le même succès tout en traitant la question pendant deux ou trois heures.

Chaque jour [...] Matthieu Rigaud, étudiant en communication poste une story, traitant un point des programmes d'histoire, de géographie, de philosophie [...] et bientôt d'anglais.

Eh oui : pour enseigner mieux qu'un professeur, foin de diplôme ou de spécialisation ! Tout le monde peut s'improviser enseignant, à la télévision qui plus est, c'est-à-dire à distance : la magie numérique ! "Quelle est la fiabilité des contenus proposés ?" : même à cette question non pertinente, pas de réponse...

Les élèves désirant approfondir peuvent visionner des vidéos plus longues sur le site de France TV éducation.

Mais ce n'est plus tout à fait dans l'esprit "snap ton bac" d'un apprentissage rapide et ludique, "à deux mois des épreuves"... D'ailleurs, quelles sont les statistiques de ces "vidéos plus longues" ?

Les vidéos attirent cette "génération de l'immédiateté".

Amusant que soit ainsi promu - en ces temps de différenciation pédagogique - le modèle le plus magistral et le moins interactif possible. :devil:
L'article nous présente "Digischool, l'un des leader de l'école numérique" dont on comprend qu'il est "leader" au nombre de téléchargements. Plus de vidéos longues ici : le format "court, direct, synthétique" est bien plus intéressant (et susceptible d'être téléchargé). On croirait presque, en lisant l'article du "JDD", que ce groupe dont la visée est bien commerciale rend un service public. Rien sur son business model ou l'efficacité réelle de ses vidéos.
Pour le groupe "Nomad Education" , on nous rassure cette fois : les "applis bac" sont "concoctées par des profs de l'Éducation nationale", de même pour Les Bons Profs ou DgiSchool (en considérant au passage que les professeurs de l'enseignement privés ne sont pas des professeurs de l'Éducation nationale). Mais comme l'article cite aussi Kartable, on peut avoir quelques doutes sur les auteurs comme sur les contenus. Le journalisme du "JDD" ne va pas jusqu'à vérifier : encore une fois, rien sur la fiabilité des contenus !
Derrière le mot "applis", de simples quiz bien éloignés des compétences complexes attendues en fin de Terminale. En somme, le bac est conçu comme un contrôle de connaissances, à rebours des compétences et des "tâches complexes" promue par le ministère ou tout simplement des exigences du bac. Ces exercices en un clic sont des trompe-l’œil pédagogiques.
Le "tableau de bord" permet de pallier le manque de méthode des élèves. C'est l'autonomie moderne grâce au numérique : quand des élèves presque adultes n'ont plus besoin de s'organiser ! :santa:

Sur certaines applis, des alertes signalent les sujets pressentis.

Autant d'invitations à faire des impasses, à rebours de toutes les préconisations des enseignants.
Pour "motiver les élèves", les codes des jeux vidéos et un avatar chat chez EduQuest? Voilà qui est en effet drôlement motivant et pas du tout méprisant pour les élèves.

Ils doivent gagner des points, franchir des niveaux et affronter d'autres joueurs.

Mais la note n'est-elle pas décourageante ? Et que fait la compétition dans le monde scolaire ? :santa:
Ceux qui voient ces "applis" comme des gadgets, s'ils sont mentionnés brièvement, ne voient pas leur point de vue développé.
L'article se termine en effet de façon très consensuelle : "il ne faut pas opposer les différents types de révision" dit la rédactrice en chef de "L'Etudiant" qui propose... ses propres applis ("qui contiennent des annonces" indiquent Android, comme pour les applis de "Nomad Education" ou "DigiSchool"). Certaines "applis" ne sont-elle pas conseillées par un professeur : "c'est un outil beaucoup plus sympa pour bachoter" ?
"Faut-il réviser son bac sur smartphone ?" : un peu mais pas seulement, conclut l'article. Le sens du compromis raisonnable, en somme. Sans aucune mention des buts et des méthodes commerciales des groupes cités, sans étude de la qualité des contenus, sans mention des problèmes de concentration qu'occasionnent les smartphones par toutes les autres sollicitations non scolaires qu'ils proposent ou sans mention des problèmes posés par les sites proposant des résumés d’œuvres dispensant de les lire etc.
Pour résumer, ces applications ne proposent à la "génération de l'immédiateté" que des réponses brèves, immédiates et ludiques, du digest trompeur, à rebours de l'effort scolaire qui demande des efforts à long terme, sur tous les sujets du programme, portant sur des compétences infiniment plus complexes.
Avec un tel manque de recul critique, c'est ainsi qu'est franchie une nouvelle étape sur la route vers l'école numérique.
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Dernière édition: 17 Avr 2017 14:21 par Loys.

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17 Avr 2017 12:04 #18736 par Loys

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10 Jui 2019 10:51 - 10 Jui 2019 10:54 #22047 par Loys
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Logique qu'un "pédagogeek" "chargé au développement des usages du numérique" dans un rectorat se moque du ministère et de ses injonctions contradictoires...
Dernière édition: 10 Jui 2019 10:54 par Loys.

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