Matières littéraires, notes et motivation

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25 Mar 2012 19:12 - 01 Avr 2012 19:43 #254 par Martin
Bonjour, je me présente.
J’ai été bachelier, il y a à peine deux ans. Un bon élève ! 14 à 16 de moyenne tout au long de mes années de première et terminale. Seulement, je suis hyperactif, je n’ai donc pas été très apprécié de mes profs, dont certains me détestaient. Bref, j’ai été malheureux. Je me pose quelques questions, j’essaye juste de chercher à pouvoir comprendre comment aborde-t-on le système scolaire français en tant que professeur. Je n’attaque pas, je défends peu. J’essaye de comprendre.


UNE REFLEXION SUR LES NOTES.

Entre nous... « Ca ne vaut pas le coup ». Les matières littéraires sont toutes vues par les élèves en terme de notes comme des matières où il ne faut pas échouer. Je dis bien échouer, pas réussir. Face à la pression des notes (on peut être contre ou pour, ici c’est un fait), on peut essayer de se mettre à la place des élèves. Je ne sais pas comment vous notez vos élèves. Mais je sais seulement que le quotient effort-fourni/note est bien plus faible que les autres matières.
Je pense que les matières littéraires sont des matières nobles et très utiles même s’il est difficile d’en voir l’intérêt, à proprement parler, avec peu de recul, assis sur une chaise 7h par jour à écouter. Je ne vois aucun intérêt à les comparer aux autres matières. Chaque matière a ses spécificités, point.
Seulement, dans la tête d’un élève, inévitablement, celles-ci sont comparées en terme de note.

Il est stupide de dire que « cela ne vaut pas le coup ». J’ai toujours énormément lu et internet est pour moi d’une richesse infinie.
Ma question est donc, en prenant ce raisonnement : de quelle manière, croyez-vous, est-on amené en tant qu’élève à se motiver pour travailler les matières littéraires ?

Ma question n’a rien de rhétorique, et même si elle peut paraître comme une attaque, elle n’en ait rien.


Je vous souhaite une bonne journée

Martin
Dernière édition: 01 Avr 2012 19:43 par Martin.

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25 Mar 2012 23:02 #256 par Martin
RECTIFICATION

Mais je sais seulement que le quotient effort-fourni/note est bien plus faible que les autres MATIERES*

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25 Mar 2012 23:15 #257 par archeboc
forme :
elle n’en ait rien => elle n’en est rien.

fond :
faire connaître des beaux textes ? Commencer par des textes faciles ? Faire apprendre massivement par coeur des grands auteurs en primaire ?

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26 Mar 2012 11:58 #270 par Martin
Je te remercie pour cette rectification.

Mais tu ne réponds pas à la question .

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26 Mar 2012 17:56 #287 par Martin
Après avoir relu ta réponse, peut-être as-tu répondu à la question.

"faire connaître des beaux textes ?" Ca peut-être une idée, mais la beauté d'un texte est très subjectif .. Vous pensiez à l'amour de la littérature ? J'ai toujours aimé la littérature ! Lire, un vrai plaisir. Mais pensiez-vous alors à l'amour de l'analyse de la littérature ? C'est là que cela ne fonctionne plus. Ce n'est pas en faisant connaître de beaux textes que l'amour de l'analyse en sera meilleure. Ou alors à vous de me convaincre, je suis ouvert.

"Commencer par des textes faciles ?" Mais c'est ce qui se fait. Ou alors vous insinuez le contraire, que l'éducation commence par des textes inadaptés. Alors il y a là un problème, reconnaissez-le vous ?

"Faire apprendre massivement par coeur des grands auteurs en primaire ?". Vous vous contredisez. Apprendre massivement et avoir l'amour de l'analyse de la littérature, ne voilà pas deux choses absolument contradictoires ? Il faudrait savoir.

Quand je vous dis que vous ne répondez pas à la question, c'est que j'essaye de comprendre comment un professeur voit la motivation dans cette matière chez un élève alors que les notes sont un facteur contraire. Je ne sais pas tout. J'essaye de comprendre et suis ouvert à tout avis.


Bien à vous,

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31 Mar 2012 18:05 #493 par Audrey
Bonjour Martin,

Je trouve ta question très intéressante, je me la pose moi-même en tant que professeur en cours particuliers, dans lesquels j'essaie de justement apporter cette motivation à mes élèves. J'interviens auprès d'élèves en grande difficulté, pour lesquels il n'y souvent aucune récompense en termes de notation par rapport à leur travail fourni (ils sont trop faibles pour que leur professeur en classe entière constate réellement un progrès "notable", avec jeu de mot !). J'enseignerai peut-être l'an prochain en classe entière, et je sais déjà que je m'efforcerai de valoriser le MOINDRE effort des élèves qui ne sont pas à l'aise en français. Mais parallèlement à cela, il est indispensable de montrer aux élèves que l'étude de la littérature (et surtout le côté plus pénible de l'apprentissage de la grammaire, des figures de style, etc) peut les enrichir même à un niveau "faible". Il faut qu'ils trouvent un peu leur compte en dehors des notes, j'en suis persuadée, dans l'aisance qu'ils peuvent acquérir à l'oral et qui pourrait leur resservir après dans d'autres domaines ; dans la fierté de voir un effort valorisé au moins verbalement alors qu'ils partent de "zéro" ; et puis parfois on assiste à un miracle où un élève qui n'aligne pas deux mots formule un intérêt sincère pour un texte, pour un mouvement artistique, ou tout simplement on reçoit le témoignage de parents qui voient leur enfant changer, réfléchir plus par lui-même, devenir plus mature. Bien sûr, de notre point de vue de prof, ça reste "infinitésimal", mais je crois vraiment qu'il faut déjà se réjouir de ce type de conséquences. Tous les élèves que j'ai rencontrés avaient, outre de mauvais résultats en français, un problème certain de confiance en eux, et le français me paraît une des matières qui peut le plus travailler sur ce côté là. Donc certes le travail et l'effort sont souvent moins payants - du moins à court terme - , mais il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer à plus ou moins long terme, et ça vaut le coup.

En espérant t'avoir offert quelques pistes de réflexion !

Bien cordialement

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01 Avr 2012 07:53 #501 par Asia Morela
Les "matières littéraires". Déjà, je trouve cela vague. À cause de ton commentaire sur les notes, j'ai immédiatement pensé à la pratique française fort étonnante de ne pas mettre de 18, de 19 ou de 20 en français ou en philo, ou alors trèèèès rarement. J'aimerais qu'on regarde en face le fait que 16/20 signifie que seuls les quatre cinquièmes de ce qu'il fallait savoir ou réaliser sont sus ou réalisés. Ici au Québec, je peux espérer un A+ en sciences humaines.

Ceci n'est pas le cas en langues étrangères, cependant. L'étude des langues au secondaire français étant dominée par l'apprentissage de la correction grammaticale, il est possible d'avoir des 20 si l'on donne les bonnes réponses, tout simplement. Après, concernant l'effort fourni, on ne peut pas généraliser les aptitudes et les avantages des uns et des autres. De mon côté, la science-physique est sûrement la matière qui m'a demandé l'effort le plus soutenu tout au long du lycée, l'histoire-géographie celle dans laquelle mon quotient effort fourni / note était le plus bas... ;)

Plus généralement, je pense qu'il est difficile de voir l'intérêt de n'importe quelle matière tant que l'on reste à l'école. C'est peut-être cela, le grand échec de l'école, qui ne date pas d'hier: d'avoir enfermé la jeunesse dans un monde à part du monde réel. Je crois que tous les jeunes ont réalisé l'intérêt des études qu'ils n'ont pas faites (ou pas assez) le jour où ils ont mis le pied dans la vraie vie...

Moi j'ai toujours ressenti de l'intérêt pour le français, par exemple, au point que je lisais tous mes manuels de français dès que je les acquérais, avant même la rentrée (je lisais aussi ceux de ma sœur, qui était une année avant moi). Même les profs que je n'aimais pas n'ont pas réussi à me dégoûter. Au lycée, la dynamique change; on se met à se préparer pour le bac, et tout de suite c'est moins passionnant (mais cela est vrai pour toutes les matières).

Tout de même, j'ai eu un bon prof de français au lycée (meilleur que la plupart de ceux du collège). Il parlait sans cesse, sans cesse, sans cesse. Il racontait des anecdotes (toujours les mêmes, on finissait par s'en souvenir) pour nous expliquer des concepts, et écrivait au tableau les mots compliqués ou nouveaux. Superfétatoire. Pusillanime. Hypallage. Dix ans plus tard, je me rappelle ses histoires. « "Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire..." Lamartine. Évidemment, ce n'est pas le pas qui est rêveur, ni le sentier qui est solitaire; c'est le narrateur! »

Comment donner goût aux élèves aux matières littéraires? En suscitant chez eux l'émerveillement devant une réalité jusque là insoupçonnée? En quoi est-ce différent des matières scientifiques?

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01 Avr 2012 10:24 #504 par Frist

En quoi est-ce différent des matières scientifiques?

J'aime bien cette réflexion où on essaye d'opposer matières littéraires / matières scientifique.

Or le cursus scientifique est loin d'être aussi populaire :

[url=http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/02/22/pourquoi-la-france-manque-t-elle-d-ingenieurs-et-de-scientifiques_1646654_3232.html]Pourquoi la France manque-t-elle d'ingénieurs et de scientifiques ?[/url] écrit: nous ne conduisons qu'un nombre insuffisant de jeunes au baccalauréat général ou à un baccalauréat conçu de telle manière qu'il permette de progresser jusqu'au niveau de la licence puis au niveau d'un diplôme de master ou d'ingénieur.

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01 Avr 2012 23:40 #517 par Sylvie

Martin écrit: Je ne sais pas comment vous notez vos élèves. Mais je sais seulement que le quotient effort-fourni/note est bien plus faible que les autres matières.
Je pense que les matières littéraires sont des matières nobles et très utiles même s’il est difficile d’en voir l’intérêt, à proprement parler, avec peu de recul, assis sur une chaise 7h par jour à écouter.
Martin


Cher Martin,
Je vous remercie pour cette question difficile, qui rejoint un vieux constat : il est parfois impossible de convaincre les élèves qu'ils peuvent progresser, tant ils sont dégoûtés ! On les a persuadés parfois qu'en Français, on notait "à la tête"... c'est terrible pour nous, professeurs !

Je vais vous dire modestement comment je fais ! D'abord, je dédramatise les notes en les multipliant : les élèves constatent peu à peu qu'ils peuvent se rattraper, ils ont droit à l'échec. Ensuite, je leur apprends des trucs tout bêtes pour masquer leurs erreurs aussi habilement que possible (ainsi, je "récupère" les plus pragmatiques : ils veulent des bonnes notes ? ils n'ont qu'à appliquer mes trucs). Par ailleurs, je montre beaucoup d'enthousiasme dès qu'on aborde un beau texte. C'est coûteux en énergie, mais ça fonctionne plutôt pas mal : même les plus rétifs sont forcés de se demander ce qui peut bien me mettre dans un tel état d'euphorie !
Enfin, je leur donne explicitement les critères selon lesquels ils seront notés (et c'est cela que je m'efforce de commenter dans mes appréciations). Ainsi, la note est vraiment le résultat d'un travail, et une mauvaise note ne se réduit pas à la mauvaise impression que pourrait me faire la tête de tel ou tel élève !
Il y a autre chose : je me rends très bien compte, lorsque nous corrigeons un devoir, que certains élèves se disent : "je n'arriverai jamais à faire ça au bac !". Alors je leur conseille de lire les copies de ceux qui ont eu une note correcte. Le modèle des camarades, quoique souvent imparfait, est rassurant pour les plus faibles. Ils se disent alors : "je ne peux pas faire tout ce que le professeur fait, mais si déjà j'arrive à faire comme Jules ou comme Laïla, j'aurais 13/20 et non pas 05 !"

Pour finir, il y a les moments de grâce, sur lesquels nous n'avons aucune prise, mais qui ont des effets à long terme : telle élève qui dit qu'elle a adoré tel roman, et qui explique pourquoi.... tel autre qui pousse un cri en voyant qu'il a eu 12 au lieu de l'habituel 06/20.... telle lecture collective d'un extrait de Shakespeare, qui nous empêche de voir que la surveillante est entrée pour relever les absences (on se regarde, on la regarde, on est confus et pourtant conscients que la situation est comique !)... Bref, tous ces petits moments où la littérature devient plus familière, moins impressionnante, et donc moins directement reliée à la note.

Je suis sûre que je ne vais pas pouvoir m'empêcher de repenser à votre question, j'aurai donc peut-être des ajours à faire... mais pour l'instant, voilà les petits éléments de réponse que je puis vous fournir. Avec la très bonne réponse d'Audrey, je pense que vous avez du grain à moudre, non ?

Bien à vous,

Glyka.

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02 Avr 2012 13:50 #521 par Audrey
Je m'inspirerai des 'petits trucs' de Glyka le cas échéant l'an prochain ça me parait effectivement judicieux, merci beaucoup !

Juste une petite précision sur la notation, telle que je la vois pratiquée, pour répondre à Asia Morela. Il est FAUX de soutenir que les notes n'atteignent que rarement les 18/20, surtout au bac français. Il ne faut pas confondre un niveau général insuffisant, d'où, logiquement, le fait de ne pas mettre entre 18 et 20 à tout le monde, et une juste notation d'un bon voire très bon niveau. Je sais qu'il existe des professeurs de français qui s'acharnent à noter leurs élèves en année de seconde - première entre 2 et 12 (généralement ce sont les mêmes qui ne donnent aucune piste d'amélioration à leurs élèves qui du coup renoncent encore plus au français et à l'idée de progresser), mais je ne peux que constater que les bonnes notes se multiplient au bac, surtout à l'oral, de façon sans doute même exagérée (voir ce qu'en dit ce site dans d'autres articles/forums). Pour ma part j'ai pu constater qu'en préparant sérieusement les textes, il n'y a aucune raison pour qu'un élève n'atteigne pas au minimum 15/20 à l'oral, la note variant avec la qualité de l'entretien qui suit l'exposé. Le 18 est devenu aujourd'hui plus qu'accessible. Afin de valoriser au mieux les meilleurs candidats, à l'écrit également l'on peut avoir 19. Rien à voir avec la génération précédente où 11 était une excellente note à l'oral... Je crois qu'en tant que professeur, il faut savoir mettre de mauvaises notes quand le niveau est insuffisant, et savoir récompenser de même les efforts. J'ai ainsi l'exemple d'un professeur de 6e qui a mis des notes très basses (de façon jugée "traumatisante" par les parents...) en raison de points de grammaire non acquis par l'ensemble de sa classe ; résultat : les élèves, soucieux en général de bien faire et de remonter leurs moyennes, ont eu tôt fait de combler leurs lacunes, et les notes suivantes sont logiquement remontées... Une telle attitude professorale semble tenir aujourd'hui de l'héroïsme... "Héroïsme" qui, je crois, n'est que de l'intégrité face à soi-même et à son métier. Si tous les professeurs de collège faisaient de même, le niveau général de seconde serait bien meilleur...

Je tombe également de haut en lisant que la préparation du bac français tend à minorer le plaisir des textes. La finalité de cette épreuve est à mon sens l'exact opposé. C'est une préparation que j'aime profondément mener avec l'élève, et bien sûr l'élève ne l'apprécie souvent pas autant que moi ^^ (je rejoins tout à fait l'anecdote de Glyka sur l'euphorie incompréhensible mais "interpellante" !), mais tous ont généralement au moins un coup de coeur, un petit intérêt, qui se développe pour un aspect du programme donné par leur professeur, qu'ils n'auraient pas eu, ou pas eu la curiosité d'avoir, sans "l'école". Mais je veux bien croire que l'approche de certains professeurs angoisse les élèves par rapport aux textes qui vont être le support d'une note, donc d'une partie de la mention au bac ou de points de retard à rattraper, voire d'un dossier plus ou moins bon pour les classes prépa. Mais cette angoisse est à mon sens ce qu'il faut éviter, et il serait temps en France de redonner sa juste place au rationnel dans les études en général et d'arrêter de tout voir en termes de "performances" mystiques...

Quant à l'opposition/comparaison entre les matières scientifiques et les matières littéraires, je pense qu'il vaut mieux la repenser en termes d' "humanisme" des connaissances, en étudiant Rabelais par exemple ^^, afin que les élèves se rendent compte que la séparation des disciplines est récente, et que l'explication du monde n'a pas forcément à disqualifier, comme cela est malheureusement le cas dans notre siècle, la littérature (voir le programme "fictions du savoir, savoirs de la fiction" cette année à l'agrégation !). Sinon, les oppositions et comparaisons n'amènent rien de bon (nostalgie ou mépris...). Les élèves doivent sortir des "cotes" liées aux matières (les maths ça compte, le français c'est pas important), même si la société les y incite pernicieusement tous les jours de leur vie (oups, je m'égare).

En bref, beaucoup de préjugés à combattre quant à l'enseignement du français !

Bien amicalement à vous tous,

Audrey

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