"Pour une vision écologique de l’école" (Marie Duru-Bellat)

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20 Mar 2013 22:53 #4692 par Loys
A lire (et à télécharger) sur le site de la "Fondation Nicolas Hulot" ce long texte de Marie Duru Bellat, sociologue et membre scientifique de la fondation, pour ce "think tank, laboratoire d'idées innovantes pour la transition écologique" (sic) : "Pour une vision écologique de l’école" (14/03/13)

Voici la synthèse :

Synthèse

Le gouvernement a opéré une consultation officielle de trois mois pour “refonder l’école”. Il n’en résulte aucune volonté de refonte en profondeur mais avant tout l’obsession habituelle pour les comparaisons internationales et le “retard” français sur les autres pays de l’OCDE. Les sujets de fonds sont donc évacués au profit de débats certes intéressants, mais essentiellement annexes. Dans la lignée ouverte par Ivan Illich, il importerait, pour proposer un horizon à l’école, d’apporter des réponses à la question pourquoi et à quoi éduquer ?

L’école et ses savoirs contre l’éducation ?
La qualité de l’éducation des enfants et des jeunes dépend-elle du temps passé à l’école ? Cette pensée, largement répandue, repose sur la logique de l’insertion économique comme unique objectif. La concurrence sur le marché de l’emploi des jeunes s’effectuant en fonction de la durée des études. La domination de cette logique ne permet pas à l’éducation d’éviter deux écueils :
• Le premier est l’omission, dans tous les débats publics sur l’éducation, des autres dimensions de la vie et de la citoyenneté : certes l’insertion dans le monde économique est nécessaire, mais qu’en est-il de l’insertion dans tous les autres domaines de la société ? Comment faire l’impasse, aujourd’hui, sur l’insertion dans l’environnement ?
• Le second est la croyance que l’éducation se résume à l’école et que l’apprentissage s’arrête une fois sortie de l’institution.

Qui doit définir les contenus de l’éducation scolaire ?
Le contenu du savoir scolaire est défini par des experts de manière non démocratique. De plus, le découpage par discipline pénalise les questions interdisciplinaires et transversales, comme celle de l’écologie. Dès lors à qui revient-il de choisir le contenu des programmes ? S’il doit faire l’objet d’un large débat démocratique, il doit aussi pouvoir combiner les particularités locales avec la lutte contre les inégalités territoriales.

Qui doit enseigner ?
Les tâches d’éducation ne peuvent être déléguées seulement à des spécialistes d’une discipline, elles doivent s’ouvrir à des profils d’horizons variés. Une partie du temps scolaire pourrait être réservée à des non enseignants venus partager un savoir-faire ou une passion.
Les classements opérés par l’école sont-ils légitimes ? Les diplômes ont pris une trop grande importance. Notre confiance envers la justice de la méritocratie scolaire est excessive.
La compétition à l’école conduit moins à s’instruire qu’à atteindre une plus haute position sociale. L’obsession utilitariste privilégie le classement sur le contenu et le “capital humain” sur le sens même de l’apprentissage. Le tout créant une catégorie : les "non sélectionnés". Le fait que celui qui a fait des études plus longues soit mieux rémunéré, dès lors qu’il exerce un emploi sans aucun rapport avec sa formation, apparait comme de la pure discrimination, tout comme la « rente à vie » qu’assurent certains diplômes. Il importe donc également de repenser la qualification autour des attitudes, des expériences de vie et les contacts avec le monde du travail.

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23 Mar 2013 15:56 #4735 par Loys

Le gouvernement a opéré une consultation officielle de trois mois pour “refonder l’école”. Il n’en résulte aucune volonté de refonte en profondeur mais avant tout l’obsession habituelle pour les comparaisons internationales et le “retard” français sur les autres pays de l’OCDE.

Ceux qui ont prôné l'application de nouvelles pédagogies depuis vingt-cinq ans apprécient moyennement qu'on les renvoie aux comparaisons internationales aujourd'hui. :devil:

Les sujets de fonds sont donc évacués au profit de débats certes intéressants, mais essentiellement annexes. Dans la lignée ouverte par Ivan Illich, il importerait, pour proposer un horizon à l’école, d’apporter des réponses à la question pourquoi et à quoi éduquer ?

Voyons donc quels sont les sujets de fond pour Mme Duru-Bellat.

L’école et ses savoirs contre l’éducation ?

Voilà qui commence bien. La détestation du savoir est l'une des caractéristiques des pédagogistes.

La qualité de l’éducation des enfants et des jeunes dépend-elle du temps passé à l’école ? Cette pensée, largement répandue, repose sur la logique de l’insertion économique comme unique objectif.

Qu'est-ce qui permet de faire un tel lien ? :shock:

La concurrence sur le marché de l’emploi des jeunes s’effectuant en fonction de la durée des études.

Ah bon ? Un bachelier dans une série professionnelle qualifiante aura moins de chance de trouver un travail qu'un licencié ?

La domination de cette logique ne permet pas à l’éducation d’éviter deux écueils :
• Le premier est l’omission, dans tous les débats publics sur l’éducation, des autres dimensions de la vie et de la citoyenneté : certes l’insertion dans le monde économique est nécessaire, mais qu’en est-il de l’insertion dans tous les autres domaines de la société ?

Comprendre par "tous les autres domaines de la société" en fait l'écologie. Le rapport avec la durée des études reste bien nébuleux. :scratch:

Comment faire l’impasse, aujourd’hui, sur l’insertion dans l’environnement ?

Voilà...

• Le second est la croyance que l’éducation se résume à l’école et que l’apprentissage s’arrête une fois sortie de l’institution.

L'essentiel de l'apprentissage, en effet. Sinon, il y a la formation continue.

Qui doit définir les contenus de l’éducation scolaire ?
Le contenu du savoir scolaire est défini par des experts de manière non démocratique.

C'est effectivement le problème du savoir : c'est qu'il n'est pas démocratique. :mrgreen:

Rassurons-nous : les écologistes n'ont guère rassemblé que 1% des Français à la présidentielle de 2012...

De plus, le découpage par discipline pénalise les questions interdisciplinaires et transversales, comme celle de l’écologie.

L'interdisciplinarité, une idéologie éducative, au service d'une idéologie politique, en somme.

Dès lors à qui revient-il de choisir le contenu des programmes ? S’il doit faire l’objet d’un large débat démocratique, il doit aussi pouvoir combiner les particularités locales avec la lutte contre les inégalités territoriales.

Voilà qui refonde bien l'école.

Qui doit enseigner ?
Les tâches d’éducation ne peuvent être déléguées seulement à des spécialistes d’une discipline, elles doivent s’ouvrir à des profils d’horizons variés.

Voilà qui est dit. :o

Des "profils d'horizons variés", voilà qui est bien vague pour nos enfants. Comprendre : des militants d'associations ou de fondations ?

Une partie du temps scolaire pourrait être réservée à des non enseignants venus partager un savoir-faire ou une passion.

Parce qu'une discipline ne peut pas être passionnante. :xx:

Les classements opérés par l’école sont-ils légitimes ?

Une nouvelle offensive pédagogiste : après le savoir, les notes et les diplômes.

Les diplômes ont pris une trop grande importance. Notre confiance envers la justice de la méritocratie scolaire est excessive.

Pour une société où le mérite n'est pas reconnu ! :pendu:

La compétition à l’école conduit moins à s’instruire qu’à atteindre une plus haute position sociale.

La preuve : les qualifications les plus élevées en fin d'étude sont les diplômes de l'enseignement. Une sacrée "haute position sociale". :transpi:

L’obsession utilitariste privilégie le classement sur le contenu et le “capital humain” sur le sens même de l’apprentissage.

Sachant que le contenu ne doit plus se limiter à d'inutiles et arbitraires disciplines.

Le tout créant une catégorie : les "non sélectionnés".

En voilà une solution : une société où tout le monde serait sélectionné et tout le monde aurait le même diplôme ! :santa:

Le fait que celui qui a fait des études plus longues soit mieux rémunéré, dès lors qu’il exerce un emploi sans aucun rapport avec sa formation, apparait comme de la pure discrimination, tout comme la « rente à vie » qu’assurent certains diplômes.

Une rente, c'est une rémunération ne nécessitant pas de travail. Ceux qui ont travaillé pour obtenir un diplôme puis ensuite travaillent pour gagner leur vie apprécieront. Sans compter que ceux qui ont fait des études plus longues doivent aussi cotiser jusqu'à un âge plus avancé.

Il importe donc également de repenser la qualification autour des attitudes...

Voilà qui va être simple. :topla:

...des expériences de vie et les contacts avec le monde du travail.

Parce que ces facteurs n'influent pas, bien sûr, au moment du recrutement.

Quand on lit cette synthèse, on se demande bien ce qui articule la "pensée" de Mme Duru-Bellat. :roll:

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