"Le numérique et la loi dans le monde scolaire" (Le Café Pédagogique)

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29 Mar 2013 20:41 #4875 par Loys
A lire sur le site du "Café Pédagogique" du 29/03/13 : "Le numérique et la loi dans le monde scolaire" .


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01 Avr 2013 15:08 #4908 par Loys

Le numérique et la loi dans le monde scolaire

Nous allons encore assister à un bel exemple de numérisme avec l'affirmation habituelle que le numérique ne pose aucun problème.

CNIL, Hadopi, CNC d'un coté. Plagiat, diffamation, injure de l'autre. Règlement intérieur, charte informatique, interdiction encore. Filtrage, contrôle, surveillance enfin... Impressionnante est la liste des dispositifs, institutions, actions, évènements qui concourent à poser la question de la loi face au numérique dans l'enseignement scolaire. L'observation de ces cinq dernières années montre que la préoccupation sécuritaire a occupé une large part des questionnements autour de l'introduction des TIC et en particulier d'Internet dans l'éducation et le monde scolaire.

Un feu attisé par une médiatisation accrue des situations problèmes rencontrées par rapport à leur nombre réel en proportion des activités déployées par les jeunes.

Et de quelles statistiques M. Devauchelle, qui n'enseigne pas, dispose-t-il pour affirmer une telle chose ? :twisted:

Un feu attisé aussi par une préoccupation politique traduite par des actions explicitement orientée en vue de situer, prévenir, calmer, encadrer des pratiques peu maîtrisées par les adultes, à l'inverse des jeunes qui fréquentent les écoles.

C'est totalement faux. Les réseaux sociaux sont pratiqués autant par les adultes que par les enfants, par exemple.

Tout cela traduisant une inquiétude traductrice non seulement de pratiques illégales ou peu recommandables, mais aussi une méconnaissance assez étonnante de l'activité numérique, ainsi qu'une ignorance des pratiques des jeunes, quand ce n'est pas parfois une méconnaissance de la psychologie de la jeunesse et de l'adolescence.

Heureusement que M. Devauchelle est là pour apporter ses éclairages aux enseignants qui n'y connaissent rien à cette jeunesse qu'ils fréquentent tous les jours.

On est toujours étonné de constater que la formation des enseignants donne si peu de place à ces deux éléments, psychologie et droit, dans un métier qui, pourtant est principalement chargé de s'occuper de jeune pour tenter de leur donner des repères pour entrer dans la société.

Le numérique ne pose donc aucun problème, aux yeux de M. Devauchelle. Le vrai problème est la formation des enseignants, qui ignorent que le numérique ne pose aucun problème.

L'analyse des compte rendus d'incidents autour des mésusages du numérique par les élèves est révélateur. Le plus récent étant l'exclusion de trois élèves, pourtant peu remuants, après qu'il aient posté des injures envers un enseignant non nominativement cité, n'ayant pas porté plainte, les élèves ayant reconnus leur fautes et s'étant excusé.

M. Devauchelle pourrait aussi rappeler quelles étaient les insultes de ces élèves "peu remuants" : «Je ne réviserai pas pour sa vieille gueule, elle peut crever», «ma prof est une s...», etc.

Quant à l'absence de plainte, elle devrait donc exclure une action disciplinaire ? :shock:

Cette décision, qui va au delà du droit ordinaire...

Sur quoi se fonde une telle assertion ?

...prise par le chef d'établissement peut illustrer notre propos (cette information demanderait à être précisée, la source journalistique pouvant elle-même avoir donné un prisme particulier). Ce qui surprend toujours c'est la force de la loi en regard d'actions qui finalement, si elles ne laissaient pas de trace, seraient considérées comme privées et surtout ne seraient pas perceptibles.

Eh oui : pour M. Devauchelle, Twitter est un réseau privé. Et toujours la même minimisation des insultes à peine "perceptibles".

En l'occurrence des jeunes ordinaires ne se rendent pas compte du fait qu'avec le numérique un pas a été franchi dans la visibilité des propos privés.

Je pense qu'ils s'en rendent très bien compte, au contraire : Twitter est une tribune ouverte au monde et y crier ses insultes a quelque chose de grisant. M. Devauchelle a l'air de prendre les jeunes pour des idiots qui ne maîtrisent pas le numérique.

Au delà de la connaissance du droit, c'est bien la compréhension des mécanismes de diffusion des propos (et des traces) qui fait question.

On attend les éclairages...

Parmi les débats actuels, dans le cadre de la loi sur la refondation de l'école, certains portent sur l'exception pédagogique. Autrement dit sur le fait que pour l'enseignement le droit des auteurs et des professions associées n'est pas de même nature dans l'école qu'en dehors. Il y a déjà bien longtemps que les enseignants se sont affranchis de cette loi et le numérique n'a pas amélioré les choses. L'exception pédagogique est d'abord un fait (souvent illégal) avant d'être une loi. Le législateur, poussé par les lobbys qui défendent les intérêts de leurs entreprises, hésite à aller trop loin et sent bien que se trame là une évolution assez radicale dont on a du mal à percevoir les contours. Le constat qui déplore le fait que les fonds de dotation à l'achat des ressources dans les établissements n'ont pas été consommés comme on le pensait (variable selon les évaluations retenues) met à jour une sorte d'incohérence voire de paradoxe. On leur donne les moyens et ils ne les utilisent pas ! En fait, la photocopieuse et le numérique sont passés par là. Le copier collé a commencé sur la vitre du photocopieur avec les ciseaux et la colle, aujourd'hui il se poursuit avec le même mouvement, mais numérisé.

Voilà donc ou M. Devauchelle du "Café Pédagogique" veut en venir, sans avoir le courage de le dire, avec ce rapprochement curieux entre des insultes d'élèves et des pratiques pédagogiques : les professeurs sortent de la légalité, comme les élèves finalement. Les uns et les autres sont mis à égalité par la pratique du copier-coller.

Quant à l'affirmation "il se poursuit avec le même mouvement, mais numérisé", je serais curieux exactement de savoir ce que signifie par là M. Devauchelle. Car au contraire, s'agissant de textes libres de droit par exemple, les ressources numériques permettent aux enseignants de se libérer des contraintes de respect du droit d'auteur imposées par l'édition scolaire. Sans compter que la redevance versée par le Ministère de l’Éducation aux éditeurs permet précisément aux professeurs de faire des copies occasionnelles de manuels.

Autre problème important celui de la protection des enfants mineurs. Espace public, l'établissement scolaire, parce qu'en plus il accueille des jeunes mineurs se doit d'encadrer leurs activités afin qu'elles ne permettent pas de dérive. On comprend dès lors les filtrages, les contrôles et autres systèmes de surveillance qui vise à essayer d'anticiper certains comportements en les interdisant. Mais comment préparer à la vraie vie si on ne peut s'y frotter ?

Un vrai raisonnement d'apprenti pédagogue ! Laissons les élèves se cyberharceler puisqu'ils doivent se préparer à l'avenir qui les attend. :mrgreen:

Le paradoxe de l'école est qu'elle doit exécuter sa mission d'éducation à un monde vis à vis duquel elle doit mettre en place les protections pour éviter que des maux, en limite ou au delà de la loi, ne touchent les jeunes.

M. Devauchelle devrait se relire, quand même...

Entre la charte informatique et la mise en place de proxy et logiciels de filtrage plus ou moins performants on ne sait que faire, mais on fait. Du coup certains jeunes vont s'éduquer en dehors de l'école... Car très vite on parle de situations extrêmes, mais la simple interdiction de diffuser des vidéos issues de serveur en ligne dans un établissement peut avoir des effets de désintérêt massif pour l'usage scolaire du numérique ainsi aseptisé.

Bel aveu que ce qui intéresse les élèves, ce n'est pas les usages numériques scolaires ! :cheers:

Certains font venir les gendarmes dans l'école (Guignol a encore de beaux jours devant lui !), d'autres des associations dites de prévention, d'autres encore des spécialistes éducatifs qui, comme certains, vont bien au delà de la loi et donnent des conseils "scientifiques" de défiance vis à vis du numérique.

Laissez venir à l'Internet les petits enfants, dirait au contraire M. Devauchelle.

Le passage du constat scientifique d'une nuisance à l'apologie du tout sécuritaire, il n'y a qu'un pas que l'on franchit très rapidement avec la médiatisation de quelques faits montés en exergue. Les jeunes, nous dit Danah Boyd, ont appris à sécuriser eux-mêmes leur environnement numérique.

C'est-à-dire ? Ils évitent les sites publicitaires, racistes, pornographiques etc. ? :scratch:

Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas les aider, mais cela signifie que leur maturité sur le sujet mérite qu'on les écoute et qu'on parle avec eux. Malheureusement trop souvent, dans ces soirées, ces après midi et autres réunions du genre, on sépare (ils se séparent eux-mêmes parfois) les parents, les élèves, les enseignants. Le travail nécessaire à mener avec les élèves (pas de même nature suivant les âges) est avant tout un travail d'explicitation, puis d'explication et enfin d'élaboration de modes de fonctionnement à défaut de règles.

"élaborer des modes de fonctionnement" : voilà tout à fait ce qui peut convaincre radicalement les élèves de s'en tenir aux usages "aseptisés" du numérique. Mais au fait, voilà qui ressemble furieusement à l'élaboration d'une "charte" : n'est-ce pas M. Devauchelle qui s'en moquait précédemment ? :xx:

Si l'on considère comme Daniel Hameline que l'autonomie c'est l'art de se créer des lois et de les respecter, il est temps d'engager dans nos établissements une vraie réflexion sur cette autonomie, aussi bien pour les adultes que pour les jeunes.

Et il temps que M. Devauchelle lise un peu Jean-Jacques Rousseau... Et au fait, l'autonomie sur Internet, ça commence à quel âge ?

Les enseignants n'échappent pas à la critique, ils la méritent aussi.

On a cru le comprendre. Surtout que ce sont eux qui établissent les contrôles et filtres dans les établissements.

Il serait trop facile de rejeter sur les jeunes et la nouvelle génération des comportements que nous avons, nous adultes, largement contribué à construire, à défaut de les agir nous même.

"Nous adultes", c'est surtout valable pour le "Café Pédagogique".

Un peu d'humilité est nécessaire, il suffit de regarder nombre de comportements d'adultes (sur la route, dans les transports en commun) pour comprendre que le rapport à la loi est à rapporter à la capacité de chacun à commettre de petites incivilités, en considérant que ce n'est jamais important...

Une petite couche de relativisme. Puisque les adultes ne respectent pas la loi, il ne faut pas demander aux enfants de respecter des règles. Le raisonnement est imparable.

Alors avant de photocopier, ou de recopier tel ou tel document pour les élèves, il serait bon que chaque enseignant s'interroge sur son respect du droit avant de pouvoir interpeller ses élèves.

Merci M. Devauchelle pour vos bons conseils.

C'est à ce prix que l'on pourra donner de la force et de la légitimité à nos enseignements, en quelque sorte, l'exemplarité face à la loi... même pour le numérique.

Le jour où les professeurs ne photocopieront plus un manuel scolaire, les élèves cesseront de les insulter sur Twitter. :transpi:

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