"Le numérique peut-il aider à la co-éducation ?" (LudoMag)

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08 Sep 2015 18:12 #14598 par Loys
Dans "LudoMag" du 7/09/15 : "Pratiques d’enseignement et d’animation : le numérique peut-il aider à la co-éducation ?"

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08 Sep 2015 18:43 #14599 par Loys

Rappel de la Problématique :
Le numérique est entré dans l’école, parfois par la fenêtre, et fait partie des pratiques pédagogiques de nombreux enseignants – mais nombreux sont ceux qui n’y ont pas recours.

Et ça, c'est un problème.

Par ailleurs, s’il est entré dans le quotidien de nombreux enfants et adolescents, par le biais des ordinateurs familiaux, des téléphones portables et des tablettes, il semble que les animateurs ont des difficultés à le prendre en compte dans les activités péri-scolaires et de loisirs.

Quels rétrogrades !

Le numérique est entré dans l’école, et le numérique de travail (par opposition aux loisirs) entre par le biais des devoirs dans le domicile familial. Par ailleurs, les jeunes ont des pratiques numériques, qui sont parfois mal prises en compte par l’école et par le péri-scolaire.

Les jeunes ont aussi des pratiques alimentaires, qui sont parfois mal prises en compte par la restauration scolaire... :roll:

Les invités de cette table-ronde sont soit des meneurs de projets de terrain, comme Jamel El Ayachi,, collège André Saint Paul du Mas d’Azil, et Salim Zein, game designer à l’initiative du projet Arcadémie, soit spécialistes de la médiation numérique, comme Nathalie Colombier. Cette dernière a dirigé l’équipe française de l’encyclopédie Encarta et créé Declickids, un site qui passe en revue les applications numériques pour la jeunesse. Stéphanie de Vanssay, est à la croisée des deux mondes : professeure des écoles, ancienne éducatrice spécialisée et animatrice en centre de vacances, elle est aussi conseillère technique sur numérique et éducation au SE-UNSA, serial twitteuse et créatrice du TwittMOOC.

Pour être "à la croisée des deux mondes" ou un meneur de projet de "terrain", encore faut-il être sur le terrain...

Le numérique comme support de projets communs
Le numérique est d’abord un objet autour duquel peuvent être montés des projets communs entre l’école et le périscolaire. Salim Zein décrit le projet Arcadémie qui vise à faire fabriquer un jeu vidéo par des jeunes de 6 à 20 ans.
Pendant le temps scolaire, il travaille la créativité en interdisciplinarité.
Pendant les activités périscolaires, les jeunes testent des jeux vidéo pour étudier le gameplay.

Joli euphémisme pour dire qu'ils jouent à des jeux vidéo, quoi... :mrgreen:

Le numérique pour créer du lien
Jamel El Hayachi est obligé de pratiquer la co-éducation dans son collège du Mas d’Azil dont les élèves viennent de 32 communes réparties sur 4 cantons ariégeois.
Un défaut sur l’un des trois pôles éducatifs (scolaire / périscolaire / famille) entraîne l’échec scolaire. Il tente donc d’utiliser des dispositifs numériques pour mettre en relation les différents acteurs.
Il a testé plusieurs solutions : l’ENT, les réseaux sociaux avec par exemple une chaîne Youtube par lesquels il valorise le travail des élèves et enseignants.

C'est beau de "créer du lien" avec des outils à distance.

Il a aussi tenté de consulter les familles sur un sujet spécifique (l’assouplissement du règlement intérieur pour les élèves de 3ème), il a fait un mur collaboratif en ligne (Padlet) et a invité les parents, les élèves et les professeurs à s’y exprimer, mais cela n’a pas fonctionné.
Il n’abandonne pas l’idée pour autant qui sera relancée après une réunion qui lèvera, il l’espère, les réticences des uns et des autres à intervenir via un outil numérique collaboratif.

Réticences... ou désintérêt.

Le numérique pour se connaître et échanger
Stéphanie de Vanssay évoque la faible présence des animateurs et éducateurs sur les réseaux sociaux. C’est une frustration car les questions de fond sont les mêmes entre les différents professionnels de l’éducation, avec des approches différentes qui peuvent s’enrichir les unes des autres.
En effet les enseignants sont des pédagogues avec aussi un rôle éducatif et les animateurs sont des éducateurs devant néanmoins savoir faire usage de pédagogie.
Par ailleurs, les réseaux sociaux sont un vecteur de connaissance réciproque ; on râle moins quand on connaît la réalité du travail de l’autre ! D’où l’intérêt de fréquenter les mêmes réseaux sociaux, comme Twitter par exemple.

Petite publicité pour un réseau commersocial.

Pour l’instant, ce sont surtout les parents qui, par leur présence, enrichissent les échanges. Pas tous les parents évidemment, ce sont souvent les militants des associations qui animent ces discussions. Les parents d’élèves du collège du Mas d’Azil sont très différents, souvent en rupture avec la société, méfiants de l’institution et parfois peu utilisateurs des outils numériques.

De dangereux arriérés ! :spider:

Former tous les acteurs au numérique
Néanmoins Jamel El Hayachi essaye, par différentes actions, de former les élèves et leurs parents à un internet citoyen et responsable.

A un usage d'internet citoyen et responsable. Parce qu'Internet, lui, n'est ni citoyen ni responsable.

Il considère en effet que l’absence de compétence numérique est une autre forme d’illettrisme.

Des compétences pour un usage non citoyen et irresponsable font-elles des élèves des illettrés ? :devil:

Pour cela, il faut gagner la confiance des parents. En France, le système éducatif très hiérarchisé infantilise les élèves, mais aussi les enseignants et les parents, alors qu’ailleurs, en Finlande par exemple, tout le système repose sur la confiance.

La moralisation numérique n'est pas du tout infantilisante...

Cette formation au numérique et à ses usages devrait concerner aussi les jeunes adultes, animateurs et éducateurs. Lors d’une formation pour l’AFEV auprès de jeunes qui font de l’aide aux devoirs, Patrick Mpondo-Dicka a constaté que si les usages de l’internet de loisir sont maîtrisés, les usages professionnels en revanche sont encore balbutiants.

:rirej

En effet, pour un animateur, le distanciel et l’activité “sur écran” restent difficiles à envisager à cause d’une survalorisation de la relation en face à face.

:shock:

Il ne faut pas non plus oublier de former les cadres qui sont souvent des freins alors qu’ils pourraient être des incitateurs de démarches éducatives avec/au numérique.

"Former", c'est donc retirer le libre arbitre : il n'y a pas d'alternative.
Voilà qui n'est pas infantilisant...

Les outils numériques ne sont ni sacrés ni magiques, cela doit aussi pouvoir être transmis aux enfants et aux jeunes. L’éducation critique aux médias et au numérique est plus que jamais essentielle pour lutter contre les risques d’endoctrinement et doit passer par des usages accompagnés à l’école, à la maison et dans les moments de loisirs.

Les "risques d'endoctrinement" ne procèdent pas d'un défaut de "culture numérique", mais de culture et de capacité à raisonner, bref d'instruction.

Comment former ?
Salim Zein prône l’apprentissage du fonctionnement et de la fabrication des outils pour franchir la barrière numérique. Pour acquérir des savoirs il propose de passer par la manipulation des outils, en apprenant à fabriquer des applications, par exemple.Cela permet également de mettre les élèves et les adultes en posture de créateur, ce qui leur donne les moyens de prendre un recul critique par rapport à ces outils et ces objets qui envahissent le quotidien. Cette démarche est essentielle pour donner lieu à une véritable appropriation.

Une application est un "outil" ?
La création d'une application exige des compétences poussées de programmation, sauf à utiliser une interface simplifiée qui ne donner aucune compétence informatique et donc aucun recul...

Quant à la formation aux usages d’internet, Nathalie Colombier regrette qu’elle soit souvent déléguée à des associations “spécialisées” qui vendent des ateliers au titre effrayant, comme “les dangers d’internet”, ou se résume à la mention “interdiction d’utiliser internet pour faire ce devoir de recherche”.

Ou ce devoir tout court... :roll:
Il se trouve que le brevet ou le baccalauréat se passe encore déconnecté : quelle horreur !

Il vaut beaucoup mieux que l’école prenne ses responsabilités et anime un travail sur la formation aux usages d’internet. Patrick Mpondo-Dicka renchérit et propose de dédramatiser en passant par des exemples déjà intégrés dans les usages des adultes, comme Marmiton qui n’est rien d’autre qu’un réseau d’échanges sur une activité particulière, autrement dit un réseau social.

Dédramatiser... le copier-coller ? Bel exemple d'éducation à Internet !

Hélène Paumier, chargée de mission éducation et numérique aux CEMEA évoque des séjours non déconnectés pour adolescents durant lesquels sont organisés un accompagnement : des activités constructives et formatives utilisant les outils numériques (journal de bord etc…). Passer de la classique restriction drastique des écrans à une utilisation accompagnée

Vive l'intimité !

...permet de vivre autrement ces moments de loisirs tout en éduquant aux usages raisonnés et réflexifs autour de la publication, l’identité numérique, le droit à l’image…
S’affranchir du numérique ?
Le lien social gagne parfois à s’affranchir du numérique.

Comment serait-ce possible ?

Salim Zein témoigne d’expériences où le contact direct est plus efficace pour faire communiquer les acteurs. Par ailleurs les PEDT (Projets Educatif de Territoire) qui dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires se généralisent et se formalisent davantage, sont des outils vraiment porteurs.

Vive les PEDT !

Réunir tous les éducateurs d’un territoire pour fixer des priorités, coordonner des actions, repérer des indicateurs pertinents pour une évaluation sérieuse des résultats obtenus, devrait permettre dans les années à venir des avancées intéressantes. S’écouter, s’organiser, se comprendre et se faire confiance entre éducateurs est essentiel et le numérique, sans être incontournable pour cela, peut fournir des outils et des espaces facilitants.
Un IEN chargé des PEDT en Ariège confirme qu’il y avait de l’existant avec un schéma départemental et des politiques éducatives concerté mais que la formalisation, le passage à l’écriture des projets, leur évaluation et leur suivi restent difficile.

La paperasserie administrative, en somme.

Le contexte actuel, qui contraint à présenter un PEDT pour obtenir des fonds de soutien de l’Etat, devrait permettre d’avancer sur ces points.

Chouette ! :cheers:

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