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La rémunération des enseignants
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"salaires enseignants", "une hausse pour LES profs", "Salaire DES enseignants" : la plupart des titres laissent donc penser que cette augmentation concerne tous les professeurs. Les articles mentionnent pourtant ensuite que la hausse ne concernent qu'une partie des enseignants (58%).
"revalorisation", "augmentation" : il s'agit pourtant d'une "prime d'attractivité" donc le caractère pérenne n'est en rien démontré. Non seulement il ne s'agit pas d'une augmentation de salaire, mais une prime est même la meilleure façon de ne pas augmenter les salaires.
Les deux primes successives 2021 et 2022, qui ne concernent qu'une fraction des enseignant, ne couvrent même pas la moitié du manque à gagner causé par le gel du point d'indice depuis 2017 et le début du ministère Blanquer.
Ces primes étant dégressives ou ne concernant pas les enseignants les moins jeunes sont autant de façon de rogner la progression salariale des plus jeunes.
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Le lendemain, petit progrès :
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L'UNSA salue le 13/09/21 :
www.francetvinfo.fr/france/rentree/educa...-l-unsa_4769987.html
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www.leparisien.fr/politique/presidentiel...GYHNEKUVRFLARJPI.php
Dans "Le Parisien" du 13/09/21, le ministre fustige "une foire du Trône de la démagogie"... lui qui avait promis de "faire du prof français le mieux payé d'Europe, en mettant le paquet" sur "France Inter" du 26/02/20.
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par Juliette Geay publié le 13 septembre 2021 à 16h23
Les enseignants français "deux fois moins" payés qu'en Allemagne ou aux Pays-Bas, a regretté lundi Anne Hidalgo sur France Inter. Les chiffres de l'OCDE confirment la comparaison de la candidate à la prochaine présidentielle avec les profs allemands mais pas avec les néerlandais.
Qu'en est-il vraiment ? "Aujourd'hui en France, le salaire d'un prof, en début de carrière comme en fin de carrière, est deux fois moins élevé que celui qu'il pourrait avoir en Allemagne ou aux Pays-Bas, ça n'est pas normal", a regretté ce matin Anne Hidalgo, candidate à l'élection présidentielle de 2022 et invitée lundi matin sur France Inter. La maire PS de Paris est plutôt dans le vrai pour ce qui concerne l'Allemagne, mais pas pour les Pays-Bas.
C'est vrai, en début et milieu de carrière par rapport à l'Allemagne
Tous les ans l’OCDE publie un rapport sur le sujet et, selon les derniers chiffres de la version 2020, la France arrive à la neuvième place pour la rémunération de ses enseignants, loin derrière l’Allemagne, deuxième, et les Pays-Bas, troisième. En début comme en milieu de carrière, un enseignant du secondaire allemand, en collège par exemple, gagne deux fois plus qu’un français. Il commence sa carrière à 62.000 euros brut par an, contre 29.000 euros brut pour un Français.
Toutefois, l'écart se resserre en fin de carrière, selon Éric Charbonnier, expert à l'OCDE en charge des questions d'éducation. "En fin de carrière les enseignants allemands gagnent toujours plus qu'en France, mais seulement 50% de plus."
Le salaire n'est pas deux fois plus élevé aux Pays-Bas en début et et en fin de carrière
"Pour les Pays-Bas l'écart [avec la France] est beaucoup plus faible", poursuit Éric Charbonnier. "Un enseignant hollandais gagne environ deux tiers de plus qu'un Français en début et en milieu de carrière, et là encore cela descend à 50% en fin de carrière. Il y a des écarts très nets, mais pas aussi élevés que ce qu'a déclaré Anne Hidalgo", précise le chercheur.
Globalement, les enseignants français restent parmi les moins bien payés d'Europe de l'Ouest, avec un salaire 7% inférieurs à la moyenne européenne. Après 15 ans de carrière, un enseignant français en primaire, au collège ou au lycée gagne 20% de moins que le salaire moyen des enseignants en Europe, toujours selon l'OCDE. "L'enjeu aujourd'hui est de mieux les rémunérer en début et en milieu de carrière", précise Éric Charbonnier.
Doubler les salaires, "irréaliste"
Pour autant, il estime que doubler le salaire de tous les enseignants, comme le propose Anne Hidalgo, est "irréaliste". "Ça reviendrait à un coût de 20 à 25 milliards d'euros par an. Il faut être réaliste aujourd'hui, et il faut cibler les investissements : peut-être sur les enseignants en début de carrière, et leur permettre d'avoir une progression plus rapide."
La revalorisations salariale annoncée par Jean-Michel Blanquer aux enseignants (400 millions d'euros supplémentaires en 2021 et 245 millions en 2022) va permettre de réduire un peu l'écart avec les autres pays européens. Mais, selon Éric Charbonnier, on ne peut pas miser uniquement sur la hausse des salaires pour rattraper l'Allemagne, les Pays-Bas ou la Suisse. "Si on voulait le faire, il faudrait avoir une réflexion en profondeur sur le métier d'enseignant, qui prendrait en compte le salaire, le temps de travail à l'intérieur des établissements et les évolutions de carrière."
En effet, tous les enseignants européens ne passent pas le même nombre d'heures en classe. Par exemple, les enseignants allemands passent trois à cinq heures de plus dans l'école que les Français — car ils corrigent moins de copies — ce qui réduit le nombre d'enseignants dans le pays et donc le coût financier de l'éducation dans le budget de l'Etat.
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www.liberation.fr/politique/elections/sa...OOJATXI6COEUT22NA5I/
www.liberation.fr/societe/education/sala...4KRBBJIJH4NLUP6IP7Q/
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Anne Hidalgo, candidate du PS à l'élection présidentielle, a défendu lundi sa proposition de doubler les salaires des enseignants face aux accusations de « démagogie » portées par les écologistes, la droite et la majorité. So objectif: faire converger les rémunérations avec celles pratiquées en Allemagne. Nous avons vérifié.
Par P.J. - 13 sept. 2021 à 18:30
Pour justifier sa proposition de doubler les salaires des enseignants, Anne Hidalgo, désormais candidate à la présidentielle de 2022, a déclaré : « Aujourd’hui en France le salaire d’un professeur en début comme en fin de carrière est deux fois moins élevé que celui qu’il pourrait avoir en Allemagne ou aux Pays-Bas ».
La vérification : quasiment vrai
Un enseignant du primaire en Allemagne avec 15 ans d’expérience perçoit en moyenne 5 420 euros brut contre 2680 pour son collègue français selon I’OCDE (2017). La différence est la même pour les débutants : 2 197 en France, 4 440 en Allemagne (source OCDE 2017). C’est un peu plus complexe si on prend le revenu net sur l’année : l’enseignant allemand est nettement plus imposé sur ce revenu que son collègue français (25 % contre 10 % en moyenne) surtout si ce dernier a des enfants à charge. Car en France la situation familiale intervient dans le calcul de l’impôt. Difficile donc d’établir une comparaison globale mais entre deux profs « célibataires », l’affirmation d’Anne Hidalgo est quasi exacte.
…mais il y a deux contreparties
S’ils gagnent plus, c’est aussi parce que les enseignants outre-Rhin travaillent plus. Un professeur d’école, de collège ou de lycée en Allemagne se contente de 6 semaines de vacances en été, 4 sur le restant de l’année. Cinq de moins qu’en France. En collège, il est présent 28 heures devant un élève, 37 dans l’établissement et il peut enseigner deux matières différentes. Du coup l’Allemagne compte 725 500 enseignants contre 860 000 en France, titulaires ou sous contrat (source OCDE).
Deuxième contrepartie : l'Allemand part à la retraite beaucoup plus tard. A 65 ans actuellement et ce sera à 67 ans à partir de la génération 1964. Sa pension est calculée sur une moyenne de carrière plafonnée et non sur les six derniers mois d’où un coup de ciseau de 45 % alors qu'un enseignant français perçoit encore 80% de sa rémunération de fin de carrière.
Cette durée du travail plus longue sur l’année et dans la carrière, couplée à une concentration dans des établissements scolaires plus gros (16 000 contre 38 000 dans l'hexagone) explique que l’Allemagne consacre 4,8 % de la dépense publique pour l’enseignement contre 5,5 % en France.
Combien ça coûterait
Appliquée mathématiquement, la mesure d’Anne Hidalgo coûterait 35 milliards de plus dans le budget de l’Éducation nationale : la masse salariale des personnels enseignants en France gravite autour de 35 milliards. Si le doublement du salaire s’étend « aux personnes en contact avec les enfants » comme le suggère la maire de Paris, les collectivités devront aussi dépenser beaucoup plus (auxiliaires en maternelle, surveillants, animateurs…).
Quelques commentaires s'imposent
Le nombre de semaines de vacances n'indique pas si les enseignants allemands "travaillent plus" : seul peut l'indiquer le nombre annuel d'heures d'enseignement (et le nombre d'élèves à charge !). Cet indicateur est renseigné par l'OCDE ( "Teaching hours" dans RSE 2021 consultable en ligne) :…mais il y a deux contreparties
S’ils gagnent plus, c’est aussi parce que les enseignants outre-Rhin travaillent plus. Un professeur d’école, de collège ou de lycée en Allemagne se contente de 6 semaines de vacances en été, 4 sur le restant de l’année. Cinq de moins qu’en France.
- en Allemagne, 622h au lycée, 651h au collège et 698h en primaire
- en France, 684h dans le secondaire, 900h en primaire
Malgré des vacances plus nombreuses, ce sont bien les enseignants français qui travaillent le plus, et de loin. Et avec des élèves plus nombreux par classe (pour la gestion de classe, pour le travail personnel à corriger, pour le suivi des élèves etc.) : 21 élèves par classe au collège, 23.9 élève par classe en primaire en Allemagne contre 23,3 et 25,2 en France (RSE 2020 D2.3 p. 383).
Aucune source pour ces chiffres fantaisistes : il ne s'agit pas d'heures mais, au plus, de sessions de cours de 45 minutes...En collège, il est présent 28 heures devant un élève, 37 dans l’établissement et il peut enseigner deux matières différentes.
Pour le reste, de nombreux professeurs enseignent plusieurs disciplines en France, notamment dans l'enseignement professionnel (PLP). Les professeurs de lettres classiques enseignent trois disciplines et ne sont pas trois mieux payés.
Le "du coup" du "Progrès" n'a donc aucun sens...Du coup l’Allemagne compte 725 500 enseignants contre 860 000 en France, titulaires ou sous contrat (source OCDE).
En France, nés près 1960, les professeurs doivent cotiser 42 ans et 43 ans après 1973. Avec le concours, ils sont entrés dans le métier à 21 ans au plus tôt (23 ans avec la mastérisation). On ne voit pas en quoi les professeurs allemands partiraient à la retraite "beaucoup plus tard"...Deuxième contrepartie : l'Allemand part à la retraite beaucoup plus tard. A 65 ans actuellement...
Erreur factuelle : 75% du salaire pour les enseignants français (source pour vérification : www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F21142 )Sa pension est calculée sur une moyenne de carrière plafonnée et non sur les six derniers mois d’où un coup de ciseau de 45 % alors qu'un enseignant français perçoit encore 80% de sa rémunération de fin de carrière.
Seconde erreur logique : un "coup de ciseau" de 45% sur un salaire double assure une meilleure pension qu'"un "coup de ciseau" de 25% sur un salaire moitié moindre. Très concrètement, et en se fondant sur le salaire à l'échelon maximal dans RSE 2020 (tableau X2.4 p. 461), la pension d'un professeur de collège reste supérieure... de 11%. Drôle de "contrepartie" donc.
Même si la pension était égale, le raisonnement resterait aberrant : les enseignants allemands gagnent deux fois plus mais ils auraient la même retraite... et, du fait de cette contrepartie, il n'y aurait donc pas de raison d'augmenter les enseignants français !
Ni l'un ni l'autre n'est vrai...Cette durée du travail plus longue sur l’année et dans la carrière...
Les chiffres sur les nombres d'école semblent totalement fantaisistes : il y a en France environ 50.000 écoles rien que dans le premier degré selon le ministère lui-même (RERS 2021) ! Par ailleurs, la superficie de l'Allemagne est inférieure d'un tiers à celle de la France, et avec moins d'élèves......couplée à une concentration dans des établissements scolaires plus gros (16 000 contre 38 000 dans l'hexagone) explique que l’Allemagne consacre 4,8 % de la dépense publique pour l’enseignement contre 5,5 % en France.
Au reste, les pourcentages sur la dépense publique/du PIB en général occultent la démographie et la richesse des pays. En 2020, le PIB de l'Allemagne était supérieur de 43% au PIB de la France. Et ne parlons pas du PIB par élève, les élèves étant moins nombreux en Allemagne...
Ce point de comparaison n'a - au demeurant - aucun rapport direct avec le salaire des enseignants ou des "contreparties" à un salaire double des professeurs allemands.
Bref, une "désinfox" de qualité...
Chiffres du "Progrès" repris sur ce plateau de télévision de "France 5" avec des erreurs supplémentaires et des propos diffamatoire à l'égard des enseignants : www.laviemoderne.net/veille/etre-enseign...ts-selon/23562#23562
Repris également sur "On est en direct" du 25/09/21 :
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Edit du 17/09/21 : réponse du "Progrès" : interpellé sur les réseaux sociaux par mes tweets, "Le Progrès" publie un nouvel article le lendemain : "Nous remettons le sujet dans son contexte factuel et essayons de vous apporter des éclaircissements nécessaires".
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Notre article « Oui, les profs allemands gagnent plus que les français... mais ils travaillent plus » a suscité beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux. Nous remettons le sujet dans son contexte factuel et essayons de vous apporter des éclaircissements nécessaires
Par Le Progrès - Aujourd'hui à 11:33 | mis à jour aujourd'hui à 12:31 - Temps de lecture : 3 min
Un professeur allemand en retraite continue à gagner plus qu’un français Photo d'archives Le Progrès / Philippe VACHER
Oui, un prof allemand gagne deux fois plus ! Nous affirmons bel et bien qu’un professeur allemand gagne deux fois plus. C’est un constat. Nous nuançons car le système de calcul de l’impôt sur le revenu n’est pas le même. Autant on peut connaître le revenu net annualisé d’un professeur en Allemagne, autant c’est impossible en France.
Selon le ministère de l’Education nationale (RERS 2019), les professeurs qui enseignent plusieurs matières en France représentent 8% des professeurs titulaires en poste et enseignent à 88% dans des établissements professionnels, sachant que l’histoire géographie est considérée comme matière unique. En Allemagne, tous les professeurs de collège enseignent deux matières (physique et maths, chimie et SVT, Allemand et histoire…).
L’âge moyen de départ à la retraite d’un enseignant français en 2019 : 61 ans et un mois. (Source Education nationale). En Allemagne : 65 ans. C’est factuel.
Sur ce point en effet, malgré le coup de ciseau, un professeur allemand en retraite continue à gagner plus qu’un français. Nous n’écrivons pas le contraire. Mais il existe une particularité française : la pension moyenne d’un enseignant de 2600 euros est supérieure au salaire moyen d’un actif (2319 euros)!
Davantage de congés, ce n’est pas travailler moins
Concernant le temps hebdomadaire et annuel passé par un enseignant en France et en Allemagne devant les élèves :
Professeur agrégé : 15 heures soit 540 heures par an. Equivalent allemand : 627 heures en classe, 177 groupées ou individualisées avec les élèves sur des projets pédagogiques ou du soutien.
Professeur titulaire du Capes Collège : 20h07 (déclaratif) soit à l’année 684 heures . En Allemagne 655 heures 222 heures pour les projets périscolaires ou le soutien
Professeur des écoles : 24 heures soit 900 heures à l’année. Allemagne : 698 heures en classe, 222 heures en soutien groupé, ou individualisé
25 000 groupes scolaires en France, 16 000 outre Rhin
En effet, le fait de bénéficier de davantage de jours de vacances ne signifie pas forcément travailler moins en nombre d’heures.
La France compte 25 000 groupes scolaires primaires (50 000 si on divise maternelle et élémentaire), 7230 collèges, 4300 lycées (source éducation nationale).
L’Allemagne compte 16 000 groupes scolaires, 3600 lycées-collège (gymnasium). Cela permet aux enseignants allemands d’avoir des bureaux parfois individualisés (dans les länder les plus riches) et des locaux pour les activités non directement liées au programme mais avec les élèves.
Selon l’enquête DPD auprès de 806 enseignants du second degré, un enseignant français estime consacrer 16 à 21 jours de congés (agrégé) par an à son travail. Or un enseignant français, sur la base d’une semaine à 4 jours, travaille à l’année 144 jours en établissement. Ses journées de travail sont plus denses mais il passe moins de journées avec les élèves qu’un professeur allemand. C’est factuel.
La densité de l’Allemagne est en effet très supérieure à celle la France (230 habitants /km2 contre 105) et il y a en effet 8% d’élèves « scolarisables » en moins malgré une population plus importante. La comparaison est cependant difficile car l’apprentissage entre 14 et 18 ans concerne 30% des élèves qui ne sont pas tous rattachés à un établissement scolaire.
Le nouvel article ne me cite pas et ne répond qu'indirectement à mes interpellations.
"Le Progrès" reconnaît que la densité et la démographie allemandes rendent les comparaisons difficiles. Beaucoup d'apprentis (30% des 14-18 ans), indique le journal... ce qui diminue encore la population strictement scolaire en Allemagne et fausse donc les taux d'encadrement allemands.
Sur le temps de travail des enseignants, "Le Progrès" reconnaît que "en effet, le fait de bénéficier de davantage de jours de vacances ne signifie pas forcément travailler moins en nombre d’heures." Mais il affirme - "c'est factuel" - qu'à l'année l'enseignant français "passe moins de journées avec les élèves qu’un professeur allemand". Travailler plus de jours signifierait donc travailler plus - c'est la conclusion implicite puisque "Le Progrès" évoque des "contreparties" en Allemagne.
De fait, "Le Progrès" reprend bien, pour le premier degré, le chiffre de 698 heures en classe des enseignants allemands que j'ai indiqué à partir des chiffres de l'OCDE (contre 900h en France cf graphique supra), mais en leur ajoutant - sans source - "222 heures en soutien groupé, ou individualisé". De même, dans le second degré en Allemagne, "Le Progrès" ajoute - sans source - "222 heures pour les projets périscolaires ou le soutien".
Dans RSE 2020 (D4.1 p. 419 ; D4.2 p. 423), les horaires apparaissent bien comme supérieurs pour les enseignants français (cf lien supra) :
RSE 2020, la publication de référence de l'OCDE, ne fait aucune mention des ajouts présentés par "Le Progrès" pour "le soutien groupé" ou les "projets pếriscolaires" en Allemagne etc.
Même en admettant les ajouts non sourcés du "Progrès", le travail supplémentaire des enseignants allemands serait donc de 35% dans le second degré (horaire statutaire, professeur certifié), pour - rappelons-le - un salaire supérieur de 106% au collège. Pire : dans le premier degré, un salaire double également pour un travail supplémentaire... de 2,2% : une sacrée "contrepartie" allemande, en effet !
Sur la plus grossière erreur, les 28h par semaine (en réalité 28 séances de 45mn) qui seraient assurées face aux élèves par les enseignants allemands dans le second degré, aucune correction, aucune mention même dans le second article. Il n'est également pas répondu sur l'objection du nombre d'élèves plus important par classe en France, qui accroît la charge de travail des enseignants français.
Sur le nombre d'établissements scolaires, "Le Progrès" maintient ses chiffres aberrants (38.000 établissements scolaires en France, en cumulant premier et second degré !) avec cette précision tirée de RERS (MEN) : "La France compte 25 000 groupes scolaires primaires (50 000 si on divise maternelle et élémentaire)". Une présentation des chiffres tout à fait fallacieuse : RERS 2021 distingue bien les différents établissements scolaires, et notamment les écoles élémentaires (regroupant primaire et maternelle) des autres écoles (2.01 p. 27) : rien que dans le premier degré, il y a bien 49.965 établissements scolaires en France.
Une autre grossière erreur maintenue, donc...
Sur les retraites, "Le Progrès" reconnaît que "malgré le coup de ciseau, un professeur allemand en retraite continue à gagner plus qu’un français" : "Nous n’écrivons pas le contraire" affirme "Le Progrès, qui l'a pourtant présenté comme une "contrepartie". De plus, il continue de justifier curieusement la comparaison : "il existe une particularité française : la pension moyenne d’un enseignant de 2600 euros est supérieure au salaire moyen d’un actif (2319 euros)!". Quel sens de comparer la pension moyenne d'un enseignant avec le salaire moyen des actifs ? Et pourquoi cette comparaison n'est-elle pas faite pour d'autres professions à niveau de diplôme comparable, comme les cadres, ou encore pour les pensions des enseignants allemands ? IL est à noter que les salaires des enseignants allemands sont en moyenne supérieurs de 2% aux salaires des autres actifs diplômés du supérieur, quand les salaires des enseignants français sont inférieurs de 10% dans le second degré et de 20% dans le premier degré (RSE 2020, D3.1 p. 393 ; D3.2 p. 414).
"Le Progrès" n'a pas corrigé sa troisième grossière erreur sur les 80% du salaire au lieu de 75%...
Au reste, "Le Progrès" persiste ("c'est factuel") en confondant l'âge effectif de départ à la retraite, l'âge légal de départ à la retraite, et surtout l'âge effectif de la retraite à taux plein. Il est vrai qu'en moyenne les enseignants partent effectivement en retraite à 61 ans actuellement (59,6 dans le premier degré, 62,4 ans dans le second degré), mais avec un diplôme obtenu plus jeune, une durée de cotisation encore limitée à 42 ans et des retraites diminuées puisque anticipées. "Le Progrès" se garde bien de répondre sur l'objection de l'âge effectif de la retraite à taux plein des enseignants aujourd'hui : 65 ans, comme en Allemagne (dont "Le Progrès" ne précise pas de quel âge il s'agit précisément : effectif, légal, à taux plein ?). La "contrepartie" n'a donc aucun sens.
Sur la bivalence, "Le Progrès" ne répond pas aux objections que nombre de professeurs en France sont polyvalents sans être payés davantage, ou encore que les enseignants du premier degré ne sont pas plus polyvalents en Allemagne qu'en France : il se contente d'évaluer le nombre d'enseignants polyvalents (8%) pour le relativiser ou rappeler que tous les enseignants allemands au collège sont bivalents. Au demeurant, pour "Le Progrès", la physique-chimie n'est pas une bivalence en France mais la chimie et les SVT sont une bivalence en Allemagne...
Le nouvel article du "Progrès", malgré quelques concessions, n'apporte donc pas des "éclaircissements"... mais des louvoiements pour faire oublier ses erreurs, ou bien les justifier ou bien même les maintenir !
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Pour Bernard Toulemonde, ancien recteur et directeur, comparer les salaires entre les enseignants français et allemands sans comparer aussi les obligations de service fausse tout.
"Il est vrai qu'en Allemagne, les rémunérations sont nettement plus élevées qu'en France, entre les deux-tiers et le double. Mais comparer les salaires sans comparer aussi les obligations de service fausse tout", explique Bernard Toulemonde.
C'est parti ! C'est à qui prendra en exemple les enseignants allemands pour justifier une augmentation du salaire de leurs collègues français. Il est vrai qu'en Allemagne, comme le montrent les comparaisons internationales, les rémunérations sont nettement plus élevées qu'en France, entre les deux-tiers et le double. Pourquoi ? Comparer les salaires sans comparer aussi les obligations de service fausse tout. Prenons l'exemple de l'enseignement secondaire.
Outre Rhin, les professeurs sont "bivalents", c'est-à-dire qu'ils enseignent deux matières. Ce qui n'est pas le cas en France, sauf dans les disciplines générales des lycées professionnels - une horreur pour la Société des agrégés et le SNES, principal syndicat des professeurs des lycées et collèges !
Outre-Rhin, ces enseignants passent toute la semaine dans leur établissement, comme les travailleurs ordinaires. C'est d'ailleurs la règle dans la plupart des pays du monde. Ce n'est pas le cas en France, où les personnels sont seulement tenus d'assurer leurs heures d'enseignement dans l'établissement (15 heures ou 18 heures, à la seule exception des enseignants documentalistes présents 30 heures par semaine). Pourquoi cette différence ? Elle nous vient de la création des lycées et des facultés au début du XIXème siècle - un héritage napoléonien. A l'époque, les lycées et leurs professeurs sont étroitement liés à la faculté qui délivre le baccalauréat. Naturellement, le modèle du professeur de l'Université, dispensant ses quelques heures d'enseignements, a déteint sur celui des lycées et des collèges.
La quantité d'heures d'enseignement assurées par les professeurs allemands est du même ordre qu'en France. Mais, du fait de leur présence continue dans l'établissement, les personnels allemands assurent quantité de tâches complémentaires, plus ou moins bien remplies en France : suivi des élèves, relations avec les parents, concertation entre collègues ; ils accomplissent aussi des tâches, soit assurées en France par les conseillers principaux d'éducation (CPE), soit non assurées tel que le remplacement au pied levé des collègues absents - un problème récurrent et grave en France.
"Comparaison n'est pas raison : il ne suffit pas de comparer le montant des rémunérations, il faut aussi comparer les obligations de service"
Le modèle allemand soulève immédiatement une objection : en France, les locaux ne permettent pas aux professeurs d'y faire leur travail personnel (préparations des cours, corrections de copies...). Impossible, donc, de rester toute la semaine. C'est vrai dans beaucoup de cas, même si la rénovation des lycées et collèges par les collectivités locales a amélioré la situation (création de logettes, mise à disposition de salles équipées d'ordinateurs, etc...). Pour éviter ce problème du chat qui se mord la queue, passons contrat entre l'Etat et les régions et les départements, de façon à installer partout de bonnes conditions de travail pour les enseignants.
Comparaison n'est pas raison : il ne suffit pas de comparer le montant des rémunérations, il faut aussi comparer les obligations de service... Alors, encore enviable le statut des enseignants allemands ?
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Le 17/09/21 Dominique Seux dans "Les Echos : "Du neuf sur les salaires des enseignants"
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En 2012, Dominique Seux s'indignait déjà des salaires indécents des professeurs en s'appuyant sur des fiches de paie confidentielles transmises par un proviseur : et tant pis si ces fiches de paie pouvaient concerner des professeurs agrégés, en fin de carrière au lycée et même sans doute pour la plupart des professeurs de classe préparatoire. En 2019, Dominique Seux affirmait à tort que le salaire dit "effectif" (cotisations sociales et retraite comprises) - dans le nouveau calcul de l'OCDE - était versé sur le compte des enseignants.
En 2021, Dominique Seux poursuit donc son juste combat contre l'idée que les professeurs seraient mal payés en France. Reprenant comme en 2019 la perspective du salaire "effectif" (à défaut donc de présenter "du neuf sur les salaires des enseignants"), il se propose d'apporter "quelques nuances utiles" : la première de ces nuances, après quelques précautions oratoires et "sans remettre en cause l'essentiel du diagnostic", est qu'il n'y a pas de retard des salaires, mais une simple "impression de retard". Sacrée nuance, en effet !
C'est surtout que le salaire dit "effectif" inclut les cotisations sociales et retraite des enseignants.Dominique Seux écrit: Les données toujours mises en avant portent sur le salaire brut « statutaire » de cas-types d'enseignants à différents moments de leur carrière (au bout de 15 ans dans l'exemple ci-dessus), auquel sont ajoutées les primes que tous les enseignants perçoivent (indemnité de résidence, indemnité de suivi et d'orientation des élèves -ISOE) et la rémunération des deux heures sup que la quasi-totalité effectue. Pour obtenir le salaire dit « effectif », l'OCDE intègre dans la moyenne d'autres éléments de rémunération non pris en compte auparavant : primes pour être professeur principal, pour exercer dans une zone prioritaire, rémunération spécifique des agrégés (6% des enseignants au collège, 30% au lycée), heures supplémentaires au-delà des deux heures etc. Avec cette grille de lecture, le tableau d'ensemble évolue.
Les salaires effectifs ne montrent pas que les enseignants gagnent plus qu'ils ne sont censés gagner : avec les heures supplémentaires (en moyenne 1,6h dans le second degré en 2020-21) et autres primes, ils montrent les efforts supplémentaires des enseignants pour compenser la faiblesse des salaires statutaires - Les salaires "effectifs", de ce point de vue, empêchent toute comparaison. En déduire donc que le retard des salaires est une "impression" n'est pas recevable.
En effet, difficile de comparer avec les salaires "effectifs" des enseignants allemands puisqu'ils ne sont pas documentés. Mais pour Dominique Seux il est plus sûr de conclure à partir de données incomplètes (salaires effectifs) et sans point de comparaison (qu'inclut les salaires effectifs allemands ?) qu'à partir de données complètes (salaires statutaires).La France se retrouve alors au-dessus de la moyenne des autres pays pour trois niveaux d'enseignement (maternelle, 1er et 2ème cycle du secondaire) et en dessous pour le primaire. Si ce score doit être davantage pris en tendance qu'au pied de la lettre (certains pays n'ont pas transmis leurs données de salaire effectif -Allemagne, Mexique…-, ce qui biaise peut-être la moyenne), il livre quelques enseignements.
Ici, Dominique Seux manifeste, comme nombre de commentateurs, sa méconnaissance évidente de la question des salaires des enseignants dans les pays de l'OCDE : l'écart de salaire le plus importante, renseigné par tous les rapports de l'OCDE, est en milieu de carrière.Un : les revenus des enseignants en primaire restent quelles que soient les façons de voir en dessous des moyennes ; Deux : les revenus sont très disparates entre les enseignants, mais c'est un secret bien gardé ; Trois : le système français est atypique, il paie mal les débuts de carrière, avec un rattrapage fort à l'approche de la retraite, pour bénéficier à fond du régime des fonctionnaires (75% des derniers six mois de salaire).
Pour rappel, le "rattrapage fort à l'approche de la retraite" est lui en trompe-l’œil puisqu'il concerne le salaire à l'échelon maximal avec les qualifications maximales, qui ne concernent qu'une fraction des enseignants (les agrégés en France, typiquement, et au dernier échelon de la classe exceptionnelle cf note 5 de la note pour la France de RSE 2021 : le salaire correspondant à la qualification maximum en fin de carrière "est celui des professeurs agrégés").
A quoi il faut ajouter que la proportion d'élèves dans la population est bien inférieure...La difficile comparaison avec l'Allemagne
Ce qui saute aux yeux, c'est évidemment le cas allemand, avec des rémunérations extraordinairement élevées, globalement au double de la France ! C'est d'ailleurs la référence qu'utilise Anne Hidalgo pour promettre le doublement des salaires si elle accédait à l'Elysée. Le problème n'est pas seulement que cela coûterait plusieurs dizaines de milliards d'euros (30, 35 ?). C'est qu'il faut comparer ce qui est comparable.
Les salaires allemands sont en moyenne plus élevés que les français parce que le pays est plus riche, tout simplement ! C'est vrai dans les entreprises, c'est vrai dans l'enseignement. Ce premier élément explique peut-être un tiers de l'écart.
Nouvelle erreur grossière : en Allemagne, il ne s'agit pas d'heures de cours, mais de sessions de 45 minutes : en fouillant mieux dans les données de l'OCDE, Dominique Seux aurait découvert que cet horaire de 24h à 28h n'est indiqué nulle part mais qu'au contraire "le temps d’enseignement est converti en heures (de 60 minutes) pour éviter des différences résultant de la variation de la durée des cours entre les pays." (RSE 2020 p. 420).Ensuite, les conditions de travail ne sont pas les mêmes : le nombre d'heures devant les élèves (statutaire, pas réel) est compris entre 15 et 20 heures en France, contre 24 à 28 heures en Allemagne.
Les heures annuelles d'enseignement sont disponibles dans les données de l'OCDE (cf supra) : il semblerait que Dominique Seux n'ait pas beaucoup "fouillé les données"...
Les coûts de fonctionnement des établissements ou l'impossibilité pour les enseignants français d'être présents dans des établissements qui ne sont pas conçus pour eux seraient donc des raisons justifiant que les salaires des enseignants français soient inférieurs...De l'autre côté du Rhin, « les coûts de fonctionnement des établissements sont moins élevés, le temps de présence des enseignants dans les écoles est plus important, il existe une bivalence dans les matières enseignées et l'annualisation du temps de travail facilite les remplacements », détaille un expert de l'OCDE. Il faut y ajouter des difficultés considérables de recrutement - mais c'est le cas en France.
Comme les autres commentateurs, Dominique Seux feint d'ignorer que de nombreux enseignants français du second degré sont bivalents ou trivalents sans être payés deux ou trois fois plus, ou que les enseignants allemands du premier degré ne sont pas plus polyvalents que leurs homologues français tout en étant payés le double.
La conclusion est étrange après la démonstration - il est vrai boiteuse - que les salaires des enseignants français ne connaîtraient pas de retard : il faudrait donc rattraper ce retard qui n'existe pas en exigeant des contreparties qui existeraient bien !L'autre limite de l'idée d'un doublement des rémunérations est qu'elle ne met rien « en face », pour améliorer l'ensemble du système éducatif.
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- Loys
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www.vousnousils.fr/2021/09/20/salaires-e...aire-pecresse-653963
Arnaud Montebourg propose, lui, un service civique et militaire "vingt fois moins cher" que le plan de revalorisation des salaires enseignants :
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