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"La paye au mérite va-t-elle améliorer l'école anglaise ?" (Café Pédagogique)
- Loys
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Toute ces entreprises qui payent au mérite font donc fausse route ?Si le mérite est insaisissable, l'efficacité de la paye au mérite calcule seulement celle de l'incitation financière et du climat de l'entreprise. La question de l'efficacité de la paye au mérite reste ouverte.
Ou bien évidemment on ne peut comparer l'éducation nationale avec une quelconque autre entreprise ? Un enseignant n'apporte rien à des élèves, c'est bien connu, ce n'est absolument pas mesurable !
Parce que chacun a un travail différent, on ne peut le payer différemment ? Il faut une égalité de traitement pour tous sinon c'est injuste ?l’efficacité de l’acte pédagogique (est) en partie liée au contexte d’enseignement, c'est-à-dire à la classe et aux élèves qui la composent. Pour le métier d’enseignant, la définition même du concept de mérite ne va pas donc de soi et nécessiterait de mobiliser des indicateurs nombreux pour l’appréhender dans son ensemble
Le communisme a fait ses preuves.
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Frist écrit: Parce que chacun a un travail différent, on ne peut le payer différemment ? Il faut une égalité de traitement pour tous sinon c'est injuste ?
Non, pas tout à fait. Mais plutôt : si on n'est pas capable de moduler la rémunération de manière à la foi équitable aux yeux des agents et efficace pour le système économique, alors il vaut mieux ne pas le faire, et conserver une rémunération uniforme.
Nous l'allons illustrer sur quelques exemples que vous avez très naturellement introduits :
Frist écrit: Le communisme a fait ses preuves.
Le management moderne, théorisé par des gens qu'il serait abusif de traiter de marxiste, reconnaît qu'il est déraisonnable d'essayer de déterminer entre deux déménageurs celui qui fait le plus d'efforts lorsqu'ils portent ensemble un piano.
A contrario, le communisme n'a pas craché sur la paye au mérite. Vous connaissez ainsi l'histoire de Stakhanov.
Comme quoi.
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- Messages : 379
Je suis heureux pour les élèves et pour leurs professeurs d'apprendre que l'enseignement est équivalent au déplacement d'un piano d'un salon vers un camion, et inversement.
Et puis je rebondis sur la critique comme quoi deux professeurs ne feraient pas le même travail, car ils n'ont pas la même classe, les mêmes élèves, et vous prenez comme exemple deux déménageurs qui portent le même piano. Je ne trouve pas cela très logique.
- Le soleil tape fort aujourd'hui.
- C'est nouvelle lune aujourd'hui.
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- Loys
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L'article du "Guardian" : www.guardian.co.uk/education/2013/jul/12...ions-strikes-pay-row
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Il me semble au contraire que l'injustice consiste à ce que le collègue qui s'investit soit payé autant que celui qui laisse aller les choses, voire que celui qui en fait le minimum pour ne pas se faire virer — voire que celui qui s'investit soit payé moins que celui qui a jadis passé un concours, et depuis est "placardisé" pour incompétence.
Si je ne suis pas opposé au principe, je suis en revanche très sceptique sur la notation du « mérite ».
Comment évaluer un enseignant ? Au pro-rata des notes de ses élèves aux examens nationaux ? Mais alors quid des enseignants qui œuvrent en amont ? Et surtout, comment comparer deux enseignants, l'un recevant des élèves déjà bien formés, l'autre devant faire avec des semi-illettrés ?
Ne pas oublier non plus la part d'aléa: il m'est arrivé d'avoir la même année deux groupes d'élèves dans le même cours, l'un ayant des résultats finaux en moyenne plus élevés que l'autre - sans doute un mélange de corrélations dans les affectations et de dynamique de groupe.
Dans la recherche scientifique, l'évaluation au pro-rata des publications et des citations a amené divers comportements pervers, que l'on peut résumer par: dans une certaine mesure, les gens travaillent pour augmenter leurs « indicateurs » plus que pour faire réellement avancer la science.
On peut bien sûr compenser l'automaticité des indicateurs et leurs effets pervers par une évaluation « humaine » et personnalisée, mais arriveront alors les accusations de favoritisme et de népotisme.
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- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18191
La dernière tentative de réforme visait à confier ce pouvoir aux chefs d'établissement. Ce qui donne une assez bonne idée du "mérite" tel qu'il est conçu au ministère...
C'est d'ailleurs ce qui a été la raison première de ce blog : www.laviemoderne.net/advocatus-diaboli/3-notez-les-tous
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Les élèves le savent. Les parents d'élève le savent. Les collègues le savent. L'administration le sait aussi. Et le plus souvent (c'est d'ailleurs assez rare pour être souligné), tout le monde est d'accord sur la question.
Il n'y a guère que les inspecteurs pour se tromper de temps en temps, mais il faut dire à leur décharge que c'est impossible en une heure de se faire une idée sur le travail d'un professeur, et qu'en plus leur jugement est souvent brouillé par les mauvaises vibrations pédagogistes qui règnent dans les couloirs du rectorat et auxquelles ils sont soumis régulièrement.
Bref, tout ça pour dire que si l'on veut vraiment payer au mérite, il n'y a pas à chercher bien loin les informations pour savoir qui augmenter : les bons profs, tout le monde (là où ils travaillent) sait qui ils sont.
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Oui, ils le savent tous, mais leurs listes, dûment établies, ne se recouperaient que partiellement, à supposer d'ailleurs que chaque représentant de ces groupes soit d'accord avec ses pairs...Les élèves le savent. Les parents d'élève le savent. Les collègues le savent. L'administration le sait aussi.
Dit autrement, l'opinion d'un élève sur ce qui fait un bon ou un mauvais prof n'est pas nécessairement celle de ses parents, et encore moins de son chef d'établissement.
Ces derniers fuient les responsabilités comme un cloporte fuit le soleil, et sont capables de toutes les bassesses pour éviter de faire des vagues avant la retraite.
À l'appui de mes propos, deux textes pour les illustrer :
educator.hautetfort.com/archive/2012/01/...-des-evenements.html
educator.hautetfort.com/archive/2012/01/...velles-du-front.html
Notons au passage que si c'est comme ça qu'on traite les CPE, je vous laisse imaginer comment sont traitées les cibles habituelles (à savoir les élèves, en particulier ceux qui portent des lunettes et qui savent lire).
Bref, les chefs d'établissement, il ne faut surtout pas leur donner plus de pouvoir, il faut les liquider en tant que classe, comme disait le génial Mao Zedong. Eux, et leurs supérieurs hiérarchiques.
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Bien sûr, on pourra trouver des points d'accord sur le fait que M. Dugland ou Mme Duschmoll fait un cours obscur, bordélique et qu'elle donne des examens sans rapport avec son cours ou le programme. Ce genre de choses se sait chez les élèves, les parents, les collègues. Cela ne concerne qu'une faible portion des professeurs, pour lesquels la solution ne serait d'ailleurs pas de diminuer leur paye ou de leur affecter plus de travail, mais de les renvoyer ou transférer sur d'autres fonctions.
Dans une certaine mesure, le succès ou l'insuccès des élèves me semble assez indépendant des enseignants auxquels ils ont affaire; il me semble qu'il relève largement de l'habitus social et de l'esprit de groupe (moutonnier), bref de choses sur lesquels les enseignants n'ont que peu de prise.
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