"Le fabuleux rapport de la Cour des comptes" 2013

Une petite réflexion dans le "Canard enchaîné" du 28/08/13 : "La Cour des comptes de prend pour le gouvernement".

L’Éducation nationale. Le 22 mai, un rapport intitulé "Gérer les enseignants" descend en flammes la promesse du candidat Hollande de créer 60 000 emplois, sous prétexte que leur répartition ne serait pas adaptée aux besoins. Puis vient la prescription : augmenter le temps de travail des profs, les contraindre à enseigner plusieurs matières et améliorer la situation dans les quartiers défavorisés... tout en se gardant d'accroître les effectifs. Même Allègre n'aurait pas trouvé mieux pour faire descendre les enseignants dans la rue.

Dommage que le "Canard" n'ai pas mentionné les petits arrangements de la Cour des comptes avec les chiffres.

François Dubet emboîte le pas de la Cour des comptes : www.laviemoderne.net/veille/le-naufrage-...eril-la-tribune#7281

A écouter sur "France Inter" ce matin, la chronique économique de Dominique Seux qui décrypte les "idées reçues" sur l'éducation en France : www.franceinter.fr/player/reecouter?play=711768
Merci @lagruejames.

Quelques remarques :

1) Comme la Cour des comptes, Dominique Seux considère les dépenses d'éducation en % du PIB et en tire la conclusion qu'elles égalent celles de la moyenne de l'OCDE. Bien entendu ce chiffre est dépourvu de sens puisqu'il ne tient absolument pas compte de la démographie spécifique de chaque pays, notamment des élèves beaucoup plus nombreux en France et ne participant pas par définition au PIB. Du moins Dominique Seux reconnaît-il que les dépenses d'éducation en France ne sont pas plus élevées qu'ailleurs, ce qui constitue déjà un petit progrès : "ni gâchis global ni manque de moyens". En vertu des considérations démographiques, l'affirmation qu'il n'y a pas de manque de moyens est par contre totalement erronée. Dominique Seux n'évoque d'ailleurs pas notre taux d'encadrement, le plus faible de l'OCDE.
Rappelons que les dépenses d'éducation par élève dans l'Union Européenne (c'est à dire en données prenant en compte la démographie) sont de 10,6% supérieures en moyenne à la France .
Je renvoie également au dernier article de LVM : "Combien coûte un point PISA" .

2) "La France dépense plus pour le secondaire que les autres" : ce n'est en réalité vrai que pour le deuxième cycle du secondaire (lycée) car, pour le premier cycle (collège), celui à l'issue duquel sont évalués les élèves dans le cadre de PISA, l'écart est très faible avec la moyenne :
- Moyenne de l'OCDE pour le deuxième cycle du secondaire : 8 854€ par élève (dépenses annuelles d'établissement d'enseignement en 2009)
- France : 9111€.
"Un lycée coûte 31% plus cher" mais un collégien à peine 3% plus cher.

3) "Les résultats se sont dégradés depuis dix ans" : Dominique Seux ne précise pas que les résultats ont baissé de seulement 1,5% en dix ans ni que le nombre de professeurs du secondaire a lui chuté de 7% dans la même période et que les élèves bacheliers (au parcours scolaire dans le secondaire plus long) ont par contre augmenté.

4) La France a le "cinquième taux de chômage des jeunes le plus élevé" sur les 28 pays de l'UE. Quel rapport entre le marché du travail et l'échec supposé de l'école ?
Dominique Seux n'indique pas la proportion de diplômés dans ce taux de chômage, et c'est bien dommage.

"C'est une honte" conclut Dominique Seux. Une honte pour l'école ou une honte pour la bonne foi journalistique ?

Loys, je viens de lire l'article. Il est très indigeste, comme tous les articles qui nous plongent dans les chiffres, mais il est passionnant.
Je viens de lire aussi le thread sur neoprof, avec vos données sur le traitement médiatique du rapport.
Pour finir, votre tirade sur le temps long de la réflexion me fait vous dire qu'il y a des lieux, au delà de néoprof, rue89 et de votre forum, pour la réflexion : les thinks tanks et les revues.
Je ne sais pas si votre analyse du rapport de la cour des comptes, dans un article remanié et augmenté, trouverait sa place dans Etude ou Esprit, mais pourquoi ne pas le leur proposer ?
Vous êtes parisien, vous pouvez même aller les voir.

Merci archeboc. Vos compliments me vont droit au cœur, d'autant que vous m'aviez amicalement reproché de ne pas traiter ce rapport à sa sortie. Je n'en avais malheureusement pas le temps matériel en mai-juin.
J'aimerais suivre votre conseil mais je ne suis qu'un petit professeur certifié qui n'a pour lui que d'aimer l'école.

Loys écrit: J'aimerais suivre votre conseil mais je ne suis qu'un petit professeur certifié qui n'a pour lui que d'aimer l'école.

C'est la plus mauvaise excuse que j'ai jamais lue de ma vie.
J'aimerais vraiment en discuter en privé.

Ce sera avec plaisir.

Petite imprécision dans votre article : le point d'indice n'est pas gelé depuis 2008 mais depuis 2010 (cf. www.fonction-publique.gouv.fr/fonction-p...revalorisation_point par exemple).

Effectivement, c'est une erreur de ma part. Merci de votre vigilance : article corrigé.
J'ai peut-être été abusé par la proposition de la Cour des comptes de geler la progression du point d'indice pendant cinq ans, jusqu'en 2015. Source : www.ccomptes.fr/index.php/Publications/P...ances-publiques-2013
Sur le fond de la démonstration, ça ne change pas grand chose, la revalorisation n'étant que de 0,8% en 2009 et de 0,5% en 2010.
J'ai calculé que depuis 2010 le traitement étant gelé et l'inflation se montant à plus de 7%, la baisse de pouvoir d'achat correspond à plus de 9%.

Sur le fond, le traitement de base des fonctionnaires est en déflation depuis longtemps...