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Starbucks fait mieux que l'éducation Nationale (Idriss Aberkane)
- archeboc
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Résumé : Les multinationales américaines sont capables d'offrir un service uniforme sur toute la planète. Pourquoi la France ne peut-elle pas offrir une école de qualité uniforme pour tous ? Que l’Éducation Nationale s'inspire des recettes de Starburcks, et pour commencer, qu'elle donne aux proviseurs le droit d'embaucher qui ils veulent.
Réfutation :
- Non, les multinationales n'offrent pas un service uniforme sur toute la planète. Si vous habitez à Lyon, Lausane ou Paris, vous avez un Starbucks à moins d'une demi-heure. Si vous êtes à Oyonnax, à Saint Jacut ou à Pontarlier, à Grenoble, Brest ou Limoges, vous devrez vous passer de votre breuvage standardisé. Plus de la moitié de la population française n'a pas son Starbucks à côté de chez lui.
- Non, sous la IIIe République, l'éducation n'était pas uniforme. Il y avait une école pour les pauvres, avec une forte sélection, et le lycée pour les bourgeois et quelques boursiers.
- Non, Starbucks n'offre pas la même expérience à tous ses clients : le client qui n'a pas de quoi payer n'aura droit qu'à un sourire poli, et celui qui se tient mal aura droit à un coup de pied dans le derrière pour l'accompagner vers la sortie. Pendant ce temps-là, l'école publique est gratuite, et scolarise vraiment tout le monde.
- Non, tous les enseignants ne sont pas recrutés nationalement : environ la moitié d'entre eux, les enseignants de primaire, sont recrutés au niveau départemental. Curieusement, c'est là que l'on a le plus de mal à assurer un service égal pour tous. Curieusement, c'est en primaire qu'il y a les plus gros déséquilibres entre les banlieues riches et les banlieues pauvres. On a fait par exemple un concours spécial dans le 93 pour donner une deuxième chance aux recalés des concours de toute la France.
Bref, ce papier nous renseigne moins sur l'état de l'éducation en France que sur la caste des chroniqueurs, sur ses préjugés et sa suffisance, ses tropismes consommateurs urbanisés et son éloignement des réalités que vivent la plupart des français.
La question de l'uberisation de l'éducation méritait mieux.
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M. Aberkane est un habitué de ce genre de provocation : il a déjà fait bien pire... Précisément, le même qui considère la notation à l'école comme un vestige anachronique du passé donne donc en exemple un modèle libéral...archeboc écrit: Bref, ce papier nous renseigne moins sur l'état de l'éducation en France que sur la caste des chroniqueurs, sur ses préjugés et sa suffisance, ses tropismes consommateurs urbanisés et son éloignement des réalités que vivent la plupart des français.
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C'est vrai que la question paraît bien posée...Pourquoi Starbucks est-elle meilleure que l'Éducation nationale ?
Évidemment "meilleur", seul point commun entre une système commercial et un système éducatif, n'est pas défini : il suffira de se fier au succès commercial de Starbucks pour appréhender la réussite de l'entreprise.
Mais pourquoi ne pas comparer l'école française avec TOBAM (gestionnaires d'actifs), SOLIA (packaging pour la restauration) ou SILAB (actifs végétaux pour cosmétiques), les trois entreprises françaises les plus rentables en 2014 ?
C'est très logique, effectivement.Bien sûr que ce titre est une provocation. Le but n'est pas d'entamer une bataille rangée...
Servir des cafe latte ou enseigner à de jeunes êtres humains sont donc des "expérience" tout à fait comparables......mais d'étudier la capacité à délivrer la même expérience partout dans le monde. Une capacité dénoncée aujourd'hui comme un sombre avatar de la mondialisation, mais qui était considérée comme une vertu par l'Éducation nationale de la IIIe république, donc bien avant l'arrivée des multinationales.
Dans le raisonnement de M. Aberkane, la standardisation commerciale d'une firme américaine vendant du café suit le même principe que de vouloir donner à tous les élèves une langue et une culture commune.
Précisément on est moins dans l'esprit de l'école de la République que de celui de la colonisation à la Jules Ferry.Nos ancêtres les Gaulois était enseigné à Fort-de-France, Pondichéry, Dakar, Alger, comme à Brive-la-Gaillarde.
Et M. Aberkane, avec beaucoup de rigueur, confond ici unité des programmes et conditions d'enseignement...
Précisément, il y a deux Starbucks Boulevard Saint-Michel et... aucun à Villejuif.D'où la question : pourquoi l'Éducation nationale ne délivre-t-elle pas aujourd'hui la même expérience éducative au collège Henri-IV à Paris et au collège Karl-Marx de Villejuif, alors que Starbucks, le géant américain du café, propose à ses clients de vivre la même chose (ou quasiment) à Gangnam, Odéon, Shibuya, Tenderloin ou au Bronx ?
Par ailleurs, servir du café est une chose facile à standardiser : la commande est même automatisée sur des robots. Enseigner est, disons, un brin plus complexe. Quant à savoir pourquoi les conditions d'enseignement, pour parler plus précisément, peuvent être différentes, espérons que M. Aberkane en analysera pertinemment les raisons.
L'article tourne à la discussion de café du commerce. Notons que la fille du confrère de M. Aberkane a de curieuses habitudes...L'idée de délivrer la même expérience en tout lieu est contestable, même si elle fait le succès d'Apple, de Starbucks, d'Hermès ou de Burberry. Un confrère m'a confié un jour vouloir décorer la chambre de sa fille avec le design Starbucks, parce qu'elle s'y sentait à l'aise pour faire ses devoirs… Comment le géant du café qui vend des biens matériels réussit-il mieux qu'une entité qui délivre des biens immatériels ?
Rires...Starbucks : un accès ouvert à tous
Il n'y a pas chez Starbucks d'expérience premium. L'accès est démocratique, aucune place n'est réservée aux gros clients.
On peut par exemple regarder la carte des Starbucks à Paris...
Très concrètement, en quoi ce "confort physique et intellectuel" réside-t-il ? Les lycées LLG et H4 sont des exemples très particuliers d'établissements d'enseignement public avec un recrutement imitant celui du privé. Il serait plus judicieux d'évoquer le privé (un collège sur quatre en France)...Peut-on en dire autant de notre Éducation nationale ? Un établissement comme Louis-le-Grand offre un confort physique et intellectuel éminemment supérieur à celui d'un lycée de Mantes-la-Jolie.
Pour le reste, les inégalités que l'on constate ne sont pas le fait de l’Éducation nationale...
C'est surtout de plus en plus le cas ? Alors, quelles sont les raisons de cette aggravation de la reproduction sociale ?L'Education nationale
Un parcours scolaire peut donc se faire en première, deuxième ou troisième classe. Sur quoi l'accès à telle ou telle de ces catégories est-il fondé ? Essentiellement sur le milieu social, très rarement sur le mérite.
La personnalisation, façon standardisation industrielle : un beau modèle !Tout en unifiant son expérience, Starbucks personnalise ses boissons, bien plus que l'Éducation nationale ne le fait de ses enseignements.
Il s'agit bien de transformer l'apprentissage en expérience de la consommation à la demande. Un beau progrès...
Par ailleurs cherchez la logique : M. Aberkane souhaitait plus haut que l'école délivre partout la " la même expérience éducative"...
La comparaison est pleine de sens !Et si l'on va quotidiennement y prendre une consommation toutes les heures, cela coûte 40 euros - 8 000 euros par an et par personne -, ce qui est encore inférieur au coût d'un élève dans l'Éducation nationale.
Espérons au moins qu'un an de fréquentation de l'enseigne n'offre pas les mêmes débouchés qu'une année scolaire dans un lycée de banlieue.
Rappelons à tout hasard que Starbucks pratique une optimisation fiscale qui force l'admiration.
M. Aberkane confond tout : la personnalisation de l'enseignement n'a rien strictement rien à voir avec le caractère national du recrutement des enseignants.À quand une ubérisation de l'Éducation ?
Le paradoxe est que la multinationale recrute localement. Alors que les hussards noirs de la République sont recrutés sur concours national, donc susceptibles d'être formés à Paris pour enseigner à Cayenne, la chaîne de Seattle ne forme pas ses employés à New York pour leur faire diriger un café à Londres.
Par ailleurs, le recrutement en primaire est académique... Quant à savoir quelles seraient les vertus d'un recrutement "local", on peut s'interroger. On enseignerait mieux à un élève de Bobigny en étant né à Bobigny ?
Par ailleurs que sait M. Aberkane de la "formation" chez Starbucks ? Existe-t-elle ? Si oui, est-elle différente dans chaque Starbucks ?
Les confusions continuent : un recrutement local permettrait seul un enseignement personnalisé...Évidemment, le rêve serait que l'Éducation nationale fasse beaucoup mieux que Starbucks, et qu'elle commence par donner aux proviseurs la responsabilité du recrutement.
Evidemment M. Aberkane ne s'interroge pas sur les vertus d'un recrutement national : le système libéral qu'il propose ne pourra que créer davantage d'inégalités entre les établissements... ce que précisément il dénonce. C'est que son diagnostic est particulièrement stupide : il suppose que les inégalités entre les établissements sont le fait d'un recrutement national des enseignants.
Il n'y a strictement aucun rapport entre les modèles commerciaux de Uber et de Starbucks. Uber ne "recrute" pas, par exemple.Uber ne s'est pas implantée dans les villes où les services de taxis sont excellents.
Uber, modèle de régression sociale...Une Uber de l'Éducation ne s'installerait pas plus dans les pays dont l'école est une référence d'égalité, de simplicité, de succès et de personnalisation. On n'a pas encore uberisé l'éducation, mais quand on considère la très grande inégalité en qualité et en fiabilité du service actuellement rendu par l'Éducation nationale, on peut se poser la question…
On a donc cherché en vain le moindre début de raisonnement logique dans cet article consternant de M. Aberkane. Seule point fixe : l'obsession, chez M. Aberkane, du problème des enseignants.
Hasard amusant de l'actualité : il y a, dans "Le Monde diplomatique" du mois d'août, un article intéressant sur le fonctionnement de Starbucks, ce beau modèle de réussite américain avec des salariés rémunérés au minimum, mobiles, polyvalents et interchangeables et si possible non syndiqués. Extraits :
Les clients ne sont pas notés, mais les employés le sont. La logique de M. Aberkane, qui veut supprimer la notation à l'école, est ébouriffante !Les emplacements des succursales correspondent à la clientèle ciblée par l'enseigne, mais aussi à l'image qu'elle souhaite donner. [...] La chaîne parvient ainsi à drainer une clientèle mondialement uniformisée : des étudiants aisés, des actifs cosmopolites, des touristes, des expatriés qui y trouvent un refuge familier et un lieu de distinction où l'on peut satisfaire son bon goût. [...] ses salariés ressemblent à ceux des autres enseignes de fast-food. Tels les "sandwich artists" de Subway, les "baristas" de Starbucks sont bons à tout faire : prendre les commandes, encourager le client à consommer, préparer les boissons, tenir la caisse, mais aussi laver les tables, sortir les poubelles, faire la plonge, récurer les toilettes. Le tout avec le sourire et pour un revenu qui excède à peine le salaire minimum, pourboires inclus. Aux yeux de l'entreprise, les salariés sont interchangeables : "s'il y a une personne qui manque dans une boutique ou s'il y a trop de monde sur le planning de ta boutique, le "store manager" peut très bien te demander d'aller filer un coup de main ailleurs, raconte Arnaud, barista parisien. Dans nos contrats il y a également une clause de mobilité : on peut te demander de changer de boutique pour de bon, et les salariés à temps complet n'ont pas le droit de refuser." Pour surveiller ses "partenaires" - mais de manière éthique - la compagnie a mis au point un dispositif Customer Voice (Voix du client)" [...] La pression est grande pour empêcher les salariés de s'exprimer sur leurs conditions de travail.
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