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commentairecompose.fr (Amélie Vioux)
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Un site construit, donc, contre les insuffisances présumées de l'enseignement des lettres au lycée.Tu es intéressé par le commentaire au bac, mais tu as l'impression de ne pas faire assez d'entraînement en classe et les annotations sur tes copies sont trop vagues pour t'aider à comprendre comment ?
Site revendiquant des centaines de milliers de visiteurs par mois, créé en 2011 par Amélie Vioux, "professeur particulier de français". De fait, Amélie Vioux, "passionnée de littérature, de pédagogie et de méthode" n'a fait que poursuivre "des études littéraires" pour être "diplômée en Lettre, Langues et en Droit" . Ce qui ne l'empêche pas, dans le reportage dans le journal télévisé de "TF1" qui lui a été consacré (et bien sûr reproduit sur son site) d'insister : "s'assurer qu'il y a bien un professeur de l'autre côté de l'écran"...
Les commentaires postés sur le site attirent les élèves, qui sont ensuite invités à s'inscrire gratuitement pour recevoir "dix leçons en vidéo". "Pour aller plus loin", les élèves peuvent s'inscrire à une "formation plus approfondie", avec cette présentation entre pensée magique et cynisme :
A propos de la "formation privée" :Si tu veux obtenir une bonne note au bac de français mais ne sais pas comment t'y prendre, voilà ma méthode simple pour gagner 4 à 9 points au bac de français en seulement 7 semaines [...]
SEMAINE 1
Tutoriel 1 : Ma méthode infaillible pour trouver des axes de lecture sur n'importe quel texte en 10 minutes seulement. Dans ce tutoriel tu vas découvrir LE plan type que j'ai créé et qui fonctionne pour TOUS les textes. La façon exacte de formuler ce plan type pour donner l'impression qu'il a été créé sur mesure
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Tutoriel 11 : Réveille ton examinateur avec une introduction efficace et une problématique qui marche pour TOUS les textes.
Dans ce tutoriel, tu vas découvrir
- la méthode que j'ai créée pour avoir une problématique type qui fonctionne pour TOUS les textes sans exception
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- comment construire la conclusion et utiliser une astuce inédite pour conclure efficacement sans aucune connaissance littéraire.
La "formule premium", pour les élèves qui veulent un "suivi supplémentaire" ("correction sur mesure de quatre sujets", "suivi personnalisé avec délai de réponse de 48h") revient à 889€. Pour la formule à 372€, pas de correction de devoirs, donc. Ce qui fait, au demeurant, la copie corrigée à 129€.cette formation est le condensé de six mois de cours particuliers que je donne habituellement à domicile à mes élèves. Une seule heure de cours particulier avec un enseignant compétent coûte 35€, après déduction fiscale. Aujourd'hui, pour 31€ par tutoriel, soit 372€ au total, tu peux bénéficier de la même méthode et faire les mêmes progrès que les élèves que je suis à domicile.
Le site présente de nombreux témoignages miraculeux mais comme il revendique lui-même avec cynisme la tromperie dans la réalisation des exercices...
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Si le principe de copier le contenu d'un site au lieu de lire, réfléchir et mettre en forme sa pensée par soi-même est par lui-même désolant, intéressons-nous de plus près à la qualité de ce commentaire mis en ligne :
Les Liaisons dangereuses, roman par lettres de Choderlos de Laclos publié en 1782, s’inscrivent dans le courant du libertinage de mœurs. (Voir mon résumé et mon analyse des Liaisons dangereuses)
Ce roman épistolaire organise une correspondance centrée sur deux personnages : La Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, deux nobles libertins qui se lancent des défis.
Cette première lettre, l’incipit, met en place cet univers libertin à travers un personnage qui sera une des victimes des deux protagonistes libertins : Cécile Volanges.
Questions possibles sur le lettre 1 des Liaisons dangereuses à l’oral de français :
♦ Quelles sont les caractéristiques du personnage de Cécile de Volanges ?
♦ Quelle est la fonction de cette première lettre ?
♦ Pourquoi la première lettre des Liaisons dangereuses est-elle celle de Cécile de Volanges et non d’un des héros du roman ?
♦ Analysez le thème du libertinage dans cette lettre.
L’analyse psychologique de la jeune Cécile met en évidence sa naïveté (I) et sa corruption inéluctable (II) qui permet la mise en place du roman libertin (III)
I – Cécile de Volanges : un personnage naïf
A – Un personnage enfantin
Cécile de Volanges apparaît tout de suite au lecteur comme un personnage enfantin.
Sa façon de s’exprimer est infantile comme le montre les nombreux termes affectifs dits hypocoristiques tels que « Maman » (mentionné à cinq reprises).
Certains termes relèvent d’un style mignard et puéril comme l’adjectif « très joli » où le verbe « gronder » qui met Cécile de Volanges en position d’enfant apeuré.
En outre, la figure maternelle est omniprésente dans cette lettre 1 et maintient Cécile de Volanges dans l’état enfantin : il s’agit tantôt de la mère biologique (« maman » ), tantôt de la mère symbolique (« mère Perpétue » ). Le nom de la mère religieuse « Perpétue » tend d’ailleurs à signifier que cette tutelle est vouée à durer.
Le caractère enfantin de Cécile transparaît également à travers la ponctuation exclamative qu’elle emploie souvent, l’interjection « oh ! » qui trahit une spontanéité naïve et dans l’utilisation fréquente de tournures hyperboliques (« Comme tu vas te moquer de la pauvre Cécile » ; « un tremblement tel que je ne pouvais me soutenir »).
Les réactions exagérées et immédiates de la jeune fille montrent une absence de recul critique à l’égard du monde qui l’entoure.
Le champ lexical du sentiment confirme cette soumission à l’affect : « cœur », « honteuse », « tremblement », « rouge », « perdu la tête », « effarouchée ».
B – Un personnage encadré par la morale traditionnelle
Cécile de Volanges est un personnage encadré par la morale.
Le champ lexical du devoir est omniprésent dans la lettre 1 des Liaisons dangereuses : « je devrais », « je ne dois aller », « devait rester », « il ne faut pas se faire attendre », « il faut que je m’habille ».
Le verbe « devoir » est conjugué à presque tous les temps comme si le passé, le présent et le futur était une longue suite d’obligations pour Cécile.
De plus, le couvent dont elle sort est encore très présent dans son esprit.
Tout d’abord, en écrivant « à Sophie Carnay aux Ursulines », Cécile retourne symboliquement au couvent.
Les jeux enfantins sur les possessifs « ma Sophie », « Ta pauvre Cécile » dévoilent un attachement à la vie du couvent et à cette complicité juvénile.
Le couvent des Ursulines, ordre religieux consacré à l’éducation des filles, rythme encore la vie de Cécile : « cinq heures », « sept », « six heures ».
Mentalement structurée par cet univers féminin, Cécile incarne la morale chrétienne.
Son nom laisse d’ailleurs entendre les substantifs « vol » et « ange » ce qui la lie à la pureté chrétienne.
Transition : Laclos nous présente ainsi un personnage pur et enfantin pour mieux montrer sa corruption.
II – La corruption inéluctable de Cécile de Volanges
A – Un personnage théâtral et frivole
Cécile de Volanges est un personnage théâtral.
Tout d’abord, l’univers qui l’entoure est théâtral : la jeune fille est entourée d’objets divers qui fonctionnent comme un décor de théâtre : « bonnets », « pompons », « parures », « un fauteuil » . Ces objets ne sont pas dans l’ordre de l’utile et montrent que Cécile de Volanges est sensible à l’artifice et à la superficialité.
Dans sa lettre, lorsqu’elle raconte la scène comique du cordonnier, Cécile fait preuve d’un véritable talent de metteur en scène.
Elle annonce le genre comique par le verbe « moquer » et le verbe « attraper » qui plongent le lecteur dans une comédie farcesque. Elle précise les gestes (« il m’a pris un tremblement »), fait des dialogues concis, et soigne la chute où le cordonnier tombe son masque (« [ …] le monsieur était un cordonnier »).
La narration de cette saynète comique souligne que Cécile prend goût à la société théâtrale loin du couvent. Elle n’est plus une religieuse austère mais une jeune première à la fois fascinée et effrayée par le théâtre de l’amour.
En outre, la naïveté de Cécile de Volanges est l’objet d’un rire qui traverse tout le texte et prend tous les personnages : la femme de chambre rit (« Et elle riait »), sa mère rit (« éclat de rire ») Sophie est censée rire de la lettre (« Comme tu vas te moquer »).
On devine que cette jeune fille naïve et frivole sera la proie des libertins qui vont être maître du jeu.
Cécile est d’ailleurs déjà dominée par sa femme de chambre « ma femme de chambre dit qu’il faut que je m’habille » : elle est un objet entre ses mains, tout comme elle sera l’objet des perversions du Vicomte de Valmont.
B – Un personnage destiné à être volage
Cécile de Volanges quitte la spiritualité et l’ordre de l’être pour se perdre dans l’avoir.
On constate dans cette première lettre une démultiplication des marques de la possession : « J’ai une femme de chambre à moi ; j’ai une chambre et un cabinet dont je dispose ; j’ai ma harpe, mon dessin, et des livres comme au couvent ».
Cécile mentionne ses biens à travers le verbe « avoir » mais elle éprouve de surcroît le besoin de dédoubler la marque de la possession par le pronom clitique « à moi », la proposition subordonnée relative « dont je dispose » ou les déterminants possessifs tout à fait superflus ici.
Cécile de Volanges met au même niveau les êtres humains « femme de chambre » et « chambre » comme si les hommes et les objets se confondaient et se possédaient de la même manière.
Son nom même (« Volanges ») qui fait d’abord songer à vol-ange reste aussi très proche de l’adjectif volage.
De plus, la scène du cordonnier dévoile que Cécile est facilement perturbée et perd la maîtrise d’elle-même : « Ce récit est bien différent de celui que je comptais te faire ». Elle sera donc une proie facile pour les libertins.
Transition : Au-delà du personnage, l’écriture de cette première lettre des Liaisons dangereuses met en place un libertinage littéraire et philosophique.
III – Un libertinage littéraire et philosophique
A – Le langage libertin
L’écriture libertine se caractérise par une écriture raffinée et équivoque, qui repose sur de subtiles allusions.
Dès cette première lettre, Choderlos de Laclos met en place un univers ambigu où les mots sont équivoques (=ont plusieurs sens) et où la vérité a disparu.
En effet, les mots utilisés par les personnages ont souvent un double sens.
Par exemple, la parole du cordonnier est interprétable de deux manières :
« […] voilà une charmante demoiselle, et je sens mieux que jamais le prix de vos bontés ».
⇒ Si les termes employés par le cordonnier relèvent de la politesse, ils ont aussi un sens libertin en accordant un « prix » à une jeune personne. On pourrait croire que le cordonnier, dans une parodie de mariage, se satisfait de la dot fixée par la mère de Cécile grâce à laquelle il achète sa fille à bas prix.
Les paroles de la mère sont aussi équivoques : « Eh bien ! qu’avez-vous ? Asseyez-vous et donnez votre pied à Monsieur ».
⇒ Choderlos de Laclos joue avec les conventions du mariage où la promise donne la main au prétendant. Ici la mère de Cécile la convie à donner son pied. Là encore, derrière le comique se cache le langage libertin qui tourne tout en dérision.
En dehors du registre comique réel qui naît de ces ambiguïtés, le lecteur ressent un malaise face à un univers ambivalent où rien n’est sûr, clairement défini, où chaque mot a un sens double, où les âmes pures et univoques sont des proies pour ceux qui manipulent le langage de manière équivoque.
B – Le roman de la désacralisation
Cette première lettre donne le véritable programme du roman : tout désacraliser.
La sortie du couvent par Cécile est une sortie symbolique du sacré. La date choisie pour le début du roman est le « 3 août » un moment estival où les jours commencer à décliner. Il règne donc dès le début du roman une atmosphère de décadence.
La désacralisation est à son comble dans la réécriture parodique du martyr de Sainte Cécile de Rome.
Sainte Cécile de Rome est une sainte chrétienne qui vécut à Rome au début du christianisme. Elle fut condamnée à la décapitation et est connue comme la sainte des musiciens.
Or dans cette lettre 1 des Liaisons dangereuses, Laclos parodie subtilement le martyr de Sainte Cécile de Rome.
Tout d’abord, plusieurs détails font signe vers la vie de Sainte Cécile : la mention de l’italien « in fiocchi » qui évoque Rome et la « harpe » que Cécile de Volanges emporte, comme la sainte patronne des musiciens.
Ensuite, le costume « noir » du cordonnier rappelle le noir costume du bourreau de Sainte-Cécile tandis que la couleur « rouge » évoque le sang versé par la jeune martyr.
La parodie est totale dans la phrase « Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête », puisque Sainte Cécile a été décapitée.
On voit ainsi que le libertinage intellectuel et philosophique pervertit le religieux pour le tourner en dérision.
Lettre 1 des Liaisons dangereuses, conclusion
La lettre 1 des Liaisons dangereuses met en place un personnage, Cécile de Volanges, qui, par sa pureté, est une proie idéale pour les deux personnages libertins qui vont mener le jeu dans ce roman.
Mais il s’agit aussi pour Choderlos de Laclos de mettre en œuvre un libertinage littéraire et philosophique en cette fin de 18ème siècle où l’esprit de dérision gagne sur l’esprit de religion.
Presque oublié durant tout le 19ème siècle, Choderlos de Laclos sera redécouvert au 20ème siècle à travers des travaux critiques et une filmographie abondante.
Nous ne commenterons ici que ce qui mérite de l'être.
Pas "Cécile de Volanges" mais "Cécile Volanges". Le libertinage de mœurs n'est pas un "courant".Les Liaisons dangereuses, roman par lettres de Choderlos de Laclos publié en 1782, s’inscrivent dans le courant du libertinage de mœurs. (Voir mon résumé et mon analyse des Liaisons dangereuses)
Ce roman épistolaire organise une correspondance centrée sur deux personnages : La Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, deux nobles libertins qui se lancent des défis.
Cette première lettre, l’incipit, met en place cet univers libertin à travers un personnage qui sera une des victimes des deux protagonistes libertins : Cécile Volanges.
Questions possibles sur le lettre 1 des Liaisons dangereuses à l’oral de français :
♦ Quelles sont les caractéristiques du personnage de Cécile de Volanges ?
♦ Quelle est la fonction de cette première lettre ?
♦ Pourquoi la première lettre des Liaisons dangereuses est-elle celle de Cécile de Volanges et non d’un des héros du roman ?
♦ Analysez le thème du libertinage dans cette lettre.
L’analyse psychologique de la jeune Cécile met en évidence sa naïveté (I) et sa corruption inéluctable (II) qui permet la mise en place du roman libertin (III)
Plus grave : trois des quatre "questions" tenant lieu de problématique ne sont pas des problématiques et, du fait de leur caractère évasif, n'ont pas grand intérêt. La dernière question ("le thème du libertinage"), qui n'en est pas une, semble même assez étonnante s'agissant de cette première lettre. Il est certain que lorsqu'on sait qu'un roman est celui du libertinage, on peut intituler pour tout extrait de ce roman qu'il est en rapport avec le roman du libertinage. Problématique ou plan, on comprend mieux les prétentions de la formation : "LE plan type que j'ai créé et qui fonctionne pour TOUS les textes", "une problématique type qui fonctionne pour TOUS les textes sans exception"...
"(comme le montrent) de nombreux" : difficile pourtant de trouver un autre exemple. Au reste "maman" est un usage lexical qui n'est pas propre à Cécile mais à son milieu aristocratique, quel que soit l'âge d'ailleurs : donc pas particulièrement enfantin (ou hypocoristique, qui exprimerait au contraire une infantilisation de l'interlocuteur). Enfin, on peut admettre que la répétition atteste d'un caractère enfantin.I – Cécile de Volanges : un personnage naïf
A – Un personnage enfantin
Cécile de Volanges apparaît tout de suite au lecteur comme un personnage enfantin.
Sa façon de s’exprimer est infantile comme le montre les nombreux termes affectifs dits hypocoristiques tels que « Maman » (mentionné à cinq reprises).
Ne pas confondre "ou" et "où". "gronder" ou "très joli" ne relèvent pas d'un style "mignard", c'est-à-dire délicat et recherché...Certains termes relèvent d’un style mignard et puéril comme l’adjectif « très joli » où le verbe « gronder » qui met Cécile de Volanges en position d’enfant apeuré.
On se demande bien ce que "la mère biologique" vient faire ici : la mère Perpétue est à l'évidence le relais de l'autorité maternelle, et son nom évoque évidemment une prison (à perpétuité). C'est d'autant plus amusant que Cécile retourne au couvent à la fin du roman.En outre, la figure maternelle est omniprésente dans cette lettre 1 et maintient Cécile de Volanges dans l’état enfantin : il s’agit tantôt de la mère biologique (« maman » ), tantôt de la mère symbolique (« mère Perpétue » ). Le nom de la mère religieuse « Perpétue » tend d’ailleurs à signifier que cette tutelle est vouée à durer.
En quoi ces tournures sont-elles "hyperboliques" ?Le caractère enfantin de Cécile transparaît également à travers la ponctuation exclamative qu’elle emploie souvent, l’interjection « oh ! » qui trahit une spontanéité naïve et dans l’utilisation fréquente de tournures hyperboliques (« Comme tu vas te moquer de la pauvre Cécile » ; « un tremblement tel que je ne pouvais me soutenir »).
La formulation n'est pas très heureuse mais bon...B – Un personnage encadré par la morale traditionnelle
Cécile de Volanges est un personnage encadré par la morale.
Le devoir ici n'a pas grand chose à voir avec "la morale" mais avec la tutelle de sa mère s'apparentant à une prison...Le champ lexical du devoir est omniprésent dans la lettre 1 des Liaisons dangereuses : « je devrais », « je ne dois aller », « devait rester », « il ne faut pas se faire attendre », « il faut que je m’habille ».
Le verbe « devoir » est conjugué à presque tous les temps comme si le passé, le présent et le futur était une longue suite d’obligations pour Cécile.
Il n'y a aucun attachement au couvent chez Cécile ni aucune envie d'y retourner. Déduire du fait qu'elle est attachée à son amie ("ma Sophie") ou qu'elle lui écrit l'idée qu'elle serait attachée au couvent est parfaitement idiot. Quand aux heures de la vie chez sa mère, elles n'ont pas de rapport particulier avec la vie au couvent. Toutes les remarques sont artificielles et convergent artificiellement vers une idée plaquée sur le texte (le regret de la vie au couvent) , lequel, à vrai dire, exprime à peu près le contraire : Cécile est ravie d'avoir quitté la prison à Perpétue du couvent...De plus, le couvent dont elle sort est encore très présent dans son esprit.
Tout d’abord, en écrivant « à Sophie Carnay aux Ursulines », Cécile retourne symboliquement au couvent.
Les jeux enfantins sur les possessifs « ma Sophie », « Ta pauvre Cécile » dévoilent un attachement à la vie du couvent et à cette complicité juvénile.
Le couvent des Ursulines, ordre religieux consacré à l’éducation des filles, rythme encore la vie de Cécile : « cinq heures », « sept », « six heures ».
Difficilement, tout de même. Que son éducation soit façonnée par la morale chrétienne (en réalité assez peu développée ici, la religion n'étant qu'un prétexte à l'enfermement des jeunes filles) ne signifie en rien que Cécile "incarne la morale chrétienne" : Cécile n'apparaît pas ici comme un modèle de vertu, tant s'en faut. Problème d'expression pouvant laisser penser à un contresens.Mentalement structurée par cet univers féminin, Cécile incarne la morale chrétienne.
Quel lien logique entre "théâtral" et "frivole" ? L'affirmation que "Cécile de Volanges est par ailleurs un personnage théâtral" est bien étonnante...II – La corruption inéluctable de Cécile de Volanges
A – Un personnage théâtral et frivole
Les trois premiers objets n'ont pas de caractère particulièrement théâtral : les objets relèvent de l'ostentation vaniteuse. Cette partie de développement semble totalement artificielle et plaquée sur le texte.Tout d’abord, l’univers qui l’entoure est théâtral : la jeune fille est entourée d’objets divers qui fonctionnent comme un décor de théâtre : « bonnets », « pompons », « parures », « un fauteuil ».
Comble du comble : la partie de la lettre sur le cordonnier n'était pas dans le texte que j'ai donné mes élèves, qui n'ont pas été gênés pour autant pour reproduire cette partie de l'analyse...
De conteur, éventuellement (quoi qu'en réalité montre au contraire une absence de composition), mais certainement pas de metteur en scène, et avec du talent. Et, en réalité, le "talent" du petit récit sur la venue du cordonnier est plutôt celui de l'écrivain pastichant le style naïf d'un récit produisant - bien involontairement - un effet comique.Dans sa lettre, lorsqu’elle raconte la scène comique du cordonnier, Cécile fait preuve d’un véritable talent de metteur en scène. Elle annonce le genre comique par le verbe « moquer » et le verbe « attraper » qui plongent le lecteur dans une comédie farcesque. Elle précise les gestes (« il m’a pris un tremblement »), fait des dialogues concis, et soigne la chute où le cordonnier tombe son masque (« [ …] le monsieur était un cordonnier »).
Tout est aberrant ici. De quelle curieuse "société théâtrale" s'agit-il ? De quel "théâtre de l'amour" s'agit-il ? En quoi Cécile est-elle "une jeune première" ? En quoi cette simple pensionnaire a-t-elle jamais été "une religieuse austère" ?La narration de cette saynète comique souligne que Cécile prend goût à la société théâtrale loin du couvent. Elle n’est plus une religieuse austère mais une jeune première à la fois fascinée et effrayée par le théâtre de l’amour.
Cécile Volanges, jeune fille niaise, a-t-elle jamais appartenu à "la spiritualité et à l'ordre de l'être" ? Par ailleurs, sa jouissance de possession renvoie moins à une aspiration matérialiste ("se perdre dans l'avoir" ?), qu'à une vanité puérile et à une illusion d'émancipation. Avec donc, au contraire, le sentiment moins d'avoir que d'être.B – Un personnage destiné à être volage
Cécile de Volanges quitte la spiritualité et l’ordre de l’être pour se perdre dans l’avoir.
Chose amusante : cela devient dans une copie "Cécile quitte l'ordre pour se perdre dans l'avoir".
"avoir une femme de chambre" est une expression courante qu'on peut difficilement reprocher à Cécile. Elle montre moins son mépris des êtres que son émerveillement de son nouvel environnement. Difficile de penser que ce mépris supposé ferait d'elle une libertine.Cécile de Volanges met au même niveau les êtres humains « femme de chambre » et « chambre » comme si les hommes et les objets se confondaient et se possédaient de la même manière. Son nom même (« Volanges ») qui fait d’abord songer à vol-ange reste aussi très proche de l’adjectif volage.
De fait, voilà qui semble contredire le raisonnement précédent (elle est volage). La scène du cordonnier montre surtout que Cécile est facile à tromper...De plus, la scène du cordonnier dévoile que Cécile est facilement perturbée et perd la maîtrise d’elle-même : « Ce récit est bien différent de celui que je comptais te faire ». Elle sera donc une proie facile pour les libertins.
Si la dernière observation est parfaitement juste, on voit mal en quoi une telle ambiguïté, qui relève du jeu littéraire avec le lecteur, relèverait d'un "libertinage littéraire" (sic), concept curieux propre à semer la confusion dans l'esprit des élèves.III – Un libertinage littéraire et philosophique
A – Le langage libertin
L’écriture libertine se caractérise par une écriture raffinée et équivoque, qui repose sur de subtiles allusions.
Dès cette première lettre, Choderlos de Laclos met en place un univers ambigu où les mots sont équivoques (=ont plusieurs sens) et où la vérité a disparu.
En effet, les mots utilisés par les personnages ont souvent un double sens.
Par exemple, la parole du cordonnier est interprétable de deux manières :
« […] voilà une charmante demoiselle, et je sens mieux que jamais le prix de vos bontés ».
Il y a plusieurs libertins dans le roman mais le cordonnier n'en fait pas partie...Si les termes employés par le cordonnier relèvent de la politesse, ils ont aussi un sens libertin en accordant un « prix » à une jeune personne.
La mère donnerait une dot et le mari "achète[rait] sa fille à bas prix" : quelle logique ici ? Il y en fait contresens sur le double sens : "le prix de vos bontés" pouvant renvoyer au consentement conjugal de la mère ou au choix d'un artisan plutôt qu'un autre...On pourrait croire que le cordonnier, dans une parodie de mariage, se satisfait de la dot fixée par la mère de Cécile grâce à laquelle il achète sa fille à bas prix.
Il aurait surtout fallu montrer, au lieu de cette étrange partie sur le "libertinage littéraire", en quoi l'éducation de Cécile est une éducation à l'ignorance et à la soumission, ce dont cet épisode de quiproquo est une conséquence.En dehors du registre comique réel qui naît de ces ambiguïtés, le lecteur ressent un malaise face à un univers ambivalent où rien n’est sûr, clairement défini, où chaque mot a un sens double, où les âmes pures et univoques sont des proies pour ceux qui manipulent le langage de manière équivoque.
"commençaient à décliner"B – Le roman de la désacralisation
Cette première lettre donne le véritable programme du roman : tout désacraliser.
La sortie du couvent par Cécile est une sortie symbolique du sacré. La date choisie pour le début du roman est le « 3 août » un moment estival où les jours commencer à décliner. Il règne donc dès le début du roman une atmosphère de décadence.
Une sous-partie dont l'intitulé porte donc sur le roman, et non sur le texte. On y apprend que les jours déclinent à partir du solstice d'été... en août et non en juin. Le lien "logique" avec la décadence, en plus d'être absurde, semble totalement artificiel : tout récit commençant en été n'est pas un récit de décadence...
La date indique surtout une entrée à venir dans le monde...
Il n'est pas impossible que Laclos ait pensé à sainte Cécile, par dérision, mais de là à voir dans l'ensemble de la lettre une référence filée, jusqu'à lier la rougeur honteuse de Cécile au sang de la suppliciée... De fait, une interprétation aussi hasardeuse ferait éventuellement sens si Cécile avait quoi que ce soit d'une sainte. Cécile est plus simplement un personnage... de la cécité.La désacralisation est à son comble dans la réécriture parodique du martyr de Sainte Cécile de Rome.
Sainte Cécile de Rome est une sainte chrétienne qui vécut à Rome au début du christianisme. Elle fut condamnée à la décapitation et est connue comme la sainte des musiciens.
Or dans cette lettre 1 des Liaisons dangereuses, Laclos parodie subtilement le martyr de Sainte Cécile de Rome.
Tout d’abord, plusieurs détails font signe vers la vie de Sainte Cécile : la mention de l’italien « in fiocchi » qui évoque Rome et la « harpe » que Cécile de Volanges emporte, comme la sainte patronne des musiciens.
Ensuite, le costume « noir » du cordonnier rappelle le noir costume du bourreau de Sainte-Cécile tandis que la couleur « rouge » évoque le sang versé par la jeune martyr.
La parodie est totale dans la phrase « Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête », puisque Sainte Cécile a été décapitée.
Pour résumer, dans ce commentaire sur la lettre I, 1 : si, sur la forme, l'expression est parfois problématique ("mignard" ? "encadrée par la morale" ? "libertinage littéraire" ?), le fond du commentaire est pire : des observations imaginaires (de "nombreuses" expressions "hypocoristiques" ? des hyperboles qui n'en sont pas ?) ou plaquées artificiellement sur le texte (Cécile attachée au couvent ; un univers théâtral et Cécile "metteur en scène" de talent ou "jeune première" dans "la société théâtrale"... ), voire totalement erratiques (Cécile Cécile "incarne la morale chrétienne", "religieuse austère", qui "se perd dans l'avoir", volage parce qu'elle met "chambre" et "femme de chambre" sur le même plan ; la décadence en août)....
De fait, le commentaire passe à côté des éléments les plus importants, comme l'éducation des filles à la soumission : Cécile est une nouvelle Agnès.
On le voit : ce site, par sa médiocrité, voire sa relative nullité, autant que par son existence même, empêche les élèves de se préparer véritablement à l'exercice du commentaire.
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www.hachette.fr/livre/reussis-ton-bac-de...-vioux-9782017150756
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