Bien-être (et bienveillance) à l'école

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27 Sep 2014 22:14 - 28 Sep 2014 10:37 #11848 par Loys

Loys écrit: Le rapport est à consulter ici : "Adolescents en France : le grand malaise" (22/09/14)

Quelques observations sur les remarques concernant l'école.

L’école remplit sa mission pour 9 enfants sur 10...
Le cadre scolaire ne semble pas oppressant pour la grande majorité des répondants : 86 % s’y sentent en sécurité. L’école semble aussi être le lieu de l’apprentissage de la cordialité dans les échanges : 93 % disent y apprendre à respecter leurs camarades et les adultes. On serait donc tenté de dire que l’école remplit parfaitement sa mission pour neuf enfants sur dix. En revanche, certaines conditions sont sources de pénibilité pour une frange non négligeable d’entre eux. Ils sont, par exemple, 72 % à avouer que leur journée est trop longue et qu’ils sont fatigués dans l’après-midi. 30 % signalent qu’ils mettent plus d’une demi-
heure pour se rendre à l’école le matin. 71 % pratiquent régulièrement une activité sportive encadrée en dehors des cours et 51 % une activité culturelle ou artistique.
… mais elle est un lieu de peur et de harcèlement.
Des résultats sont aussi assez préoccupants : 39 % des répondants disent qu’ils peuvent être harcelés ou ennuyés par d’autres enfants ou jeunes et 27 % avouent que des adultes leur font peur. On peut aussi estimer faible la proportion de 52 % des répondants qui disent pouvoir confier leurs ressentis et raconter leur problème à une adulte qu’ils apprécient au sein de leur établissement scolaire, tant ce recours semble devoir être une garantie minimale pour chacun. Enfin, 69 % des répondants disent qu’il leur arrive quelquefois d’être angoissés de ne pas réussir assez bien à l’école, ce qui traduit cette culture du classement et de la compétition scolaire que les spécialistes jugent trop répandue en France comparativement à d’autres pays2.
2 Voir sur ce point Christian Baudelot et Roger Establet, L’élitisme républicain. L’école française à l’épreuve des comparaisons internationales, Paris, Seuil/La République des idées, 2009.

Culture du classement et de la compétition en primaire ou au collège unique ? :roll:
La "peur" et le "harcèlement" sont associés à "l'angoisse de ne pas réussir". La référence citée en dit long sur la conclusion, plus idéologique qu'autre chose. D'ailleurs l'angoisse n'est éprouvée que "quelquefois" : pourquoi avoir ajouté cet adverbe qui modifie la question et sa réponse ? :fur

Parmi les répondants, 3,5 % se sentent discriminés à l’école par les adultes et 8,1 % par les autres enfants et adolescents (Tableau 8). [...] la discrimination touche proportionnellement davantage les répondants vivant dans une famille monoparentale, ceux qui connaissent déjà la privation et dont le quartier de résidence est insécurisant.

On passe sans difficulté du sentiment de discrimination à la discrimination. On retrouve plus loin comme facteur renforçant le risque de consommation d'alcool : "Les adolescents discriminés à l’école par les adultes". :fur

L’école source de difficultés relationnelles et d’angoisse
L’école est également un lieu où une frange importante d’enfants et d’adolescents éprouve des difficultés relationnelles. Certains s’y sentent discriminés. La proportion de ceux qui disent pouvoir être harcelés ou ennuyés par d’autres enfants ou adolescents atteint plus d’un tiers d’entre eux. Près d’un quart des répondants se sentent en insécurité à l’école. Ils ont peur de certains adultes. Rappelons aussi que 45,1 % de ces jeunes se sentent angoissés de ne pas réussir assez bien à l’école, proportion qui augmente de façon sensible pour les enfants et adolescents défavorisés. Comment ne pas mettre ce résultat en relation avec le caractère méritocratique et élitiste du système d’éducation français qui, loin de corriger les inégalités, en réalité les amplifie ? Les enfants et les adolescents issus de milieux précaires ont un risque beaucoup plus élevé que les autres de connaître, non seulement des difficultés d’apprentissage des savoirs, mais aussi de faire l’expérience de souffrances directement liées à des problèmes d’adaptation et d’intégration sociale à l’école, ce que confirment, par ailleurs, plusieurs études sur le décrochage scolaire11. L’école est donc trop souvent un lieu de tensions et de mal-être pour les enfants et les adolescents, en particulier les moins économiquement favorisés. La souffrance relationnelle qui traverse l’institution scolaire devient un défi que l’on ne pourra vraiment relever que si l’on y implante des lieux ou des temps d’écoute pour être attentifs à ce que les enfants et les adolescents ont à dire.

Dans la partie en gras le glissement est saisissant : harcèlement par les autres élèves > insécurité dans l'établissement > peur des adultes > angoissés de ne pas réussir assez bien > système élitiste. Ce qui pourrait donc s'analyser comme des problèmes de discipline devient un problème d'élitisme scolaire.
De même peu après : "difficultés d’apprentissage des savoirs" > "L’école est donc trop souvent un lieu de tensions et de mal-être pour les enfants et les adolescents".
A noter que les adverbes des questions posées disparaissent totalement dans les conclusions :
- "Il m'arrive quelquefois d'être angoissé de ne pas réussir assez bien à l'école" > "45,1 % de ces jeunes se sentent angoissés de ne pas réussir assez bien à l’école" dans la synthèse de l'étude > "45 % des 6-18 ans interrogés « se sentent vraiment angoissés de ne pas réussir assez bien à l’école »" dans la présentation de l'étude sur la page de l'Unicef > dans "Le Monde" : "Près de la moitié des sondés (45%) se sentent angoissés à l’idée de ne pas réussir."
- "A l'école, il y a parfois des adultes qui me font peur" (sens du mot "peur" ici ?) > "Ils ont peur de certains adultes" (dans "Le Monde", nouveau glissement : "près d'un quart (24 %) s'y sentent en insécurité par rapport à des adultes.")
Une école plus heureuse serait une école où les élèves pourraient dire qu'ils n'ont pas peur des adultes : voilà qui fait réfléchir...
Dernière édition: 28 Sep 2014 10:37 par Loys.

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13 Oct 2014 14:21 - 13 Oct 2014 14:24 #12026 par Loys
Dans le "Café" du 13/10/14 : "Le bien être a-t-il sa place dans une formation élitiste ? "

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Dernière édition: 13 Oct 2014 14:24 par Loys.

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13 Oct 2014 19:58 #12029 par Personne
L'article d'Arnaud Gonzague du Nouvel Obscène me fait penser au commentaire d'un ami qui en sortait le bac en poche, lorsque je lui ai dis qu'il faisait partie des 30% à l'avoir. Il m'a répondu que si le bac était une affaire de travail, ça reflétait exactement la proportion de gens qui travailleraient à l'avoir par "leurs propres moyens", sans qu'on leur agite la carotte un lundi matin.

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18 Oct 2014 19:28 #12074 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Bienveillance"
Vous pouvez commenter ici l'article "Bienveillance" de Mireille (18/10/14).
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19 Oct 2014 10:37 - 03 Mar 2015 17:22 #12078 par archeboc
Réponse de archeboc sur le sujet "Bienveillance"
J'ai astérisqué les mots que que le sujets du bac a traduits aux élèves. Pour "suaire", le sujet donne "linceul", puis la définition du linceul. Je ne suis pas un adepte du smiley, mais là, :pendu:

CRÉPUSCULE
L'étang mystérieux, suaire* aux blanches moires*
Frissonne ; au fond du bois la clairière apparaît ;
Les arbres sont profonds et les branches sont noires ;
Avez-vous vu Vénus* à travers la forêt ?
Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?
Vous qui passez dans l'ombre, êtes-vous des amants ?
Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines* ;
L'herbe s'éveille et parle aux sépulcres* dormants.
Que dit-il, le brin d'herbe ? et que répond la tombe ?
Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs*.
Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe ;
Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs.
Dieu veut qu'on ait aimé. Vivez ! faites envie,
Ô couples qui passez sous le vert coudrier*.
Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie,
On emporta d'amour, on l'emploie à prier.
Les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles.
Le ver luisant dans l'ombre erre avec son flambeau.
Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles*
Le brin d'herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau.
La forme d'un toit noir dessine une chaumière;
On entend dans les prés le pas lourd du faucheur ;
L'étoile aux cieux, ainsi qu'une fleur de lumière,
Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur.
Aimez-vous ! c'est le mois où les fraises sont mûres.
L'ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents,
Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures,
Les prières des morts aux baisers des vivants.

Dernière édition: 03 Mar 2015 17:22 par Loys.

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19 Oct 2014 14:19 #12079 par Mireille
Réponse de Mireille sur le sujet "Bienveillance"
Merci d'avoir pensé à donner ces informations complémentaires!

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12 Nov 2014 08:33 #12381 par Loys
Rapport du CNIRE "pour une école innovante" (voir le fil sur l'innovation à l'école ).
La moitié du rapport est consacré à la bienveillance scolaire :

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19 Nov 2014 10:30 - 19 Nov 2014 10:31 #12430 par Loys
Dernière édition: 19 Nov 2014 10:31 par Loys.

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03 Déc 2014 22:34 #12611 par Loys
Dans le "Café" du 3/12/14 : "La honte a-t-elle sa place en éducation ? "

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13 Déc 2014 21:28 - 13 Déc 2014 21:30 #12713 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La note et l'anxiété
Sur le site de la FCPE pour justifier l'abandon de la notation : "C'est quoi ta note en français ?" (13/12/14)

FCPE écrit: En outre, alors que l'étude PISA de 2012 montrait que les élèves français étaient parmi les plus « perdus » et angoissés face à un problème par rapport à la moyenne des élèves de l'OCDE, les résultats du questionnaire effectué auprès des élèves du collège sans notes de l'académie de Poitiers montrent que 86% d'entre eux aiment être au collège et que 63% d'entre eux ne considérent pas comme stressant d'être évalués. Et cerise sur le gâteau... 60% d'entre eux estiment qu'ils discutent plus facilement avec leur parents autour de la remise de leur bulletin. Un mieux vers les relations familles-école ? Dorénavant, les parents ne demanderont plus fébrilement à leurs enfants, dès qu'ils rentreront de l'école ou du collège, « au fait, quelle note as-tu-eu à ton dernier contrôle de français ? »

L'anxiété en mathématiques des élèves français (Figure III.4.11) est dépassée par celle des Coréens et des Japonais, pourtant en tête du classement PISA. S'y ajoute le manque de persévérance.
Mais étrangement, dans la Note PISA 2012 de la France :

PISA 2012 écrit: Même si prendre du plaisir à l’école n’est pas systématiquement un gage de réussite – ainsi dans certains pays comme le Japon, on peut réussir en prenant moins de plaisir que dans la moyenne des pays de l’OCDE – ce facteur est un élément important pour permettre aux élèves de s’épanouir, mais aussi d’avoir envie d’apprendre, et parfois compenser certaines lacunes de départ. Les différentes études PISA ont d’ailleurs montré que les élèves français prennent en général plus de plaisir que la moyenne des pays de l’OCDE dans l’apprentissage des matières. Dans PISA 2012, 65 % des élèves de 15 ans en France déclarent s’intéresser aux choses qu’ils apprennent en mathématiques (contre 53 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE) et 42 % déclarent faire des mathématiques parce qu’ils aiment cela, contre 38 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE (figure III.3.9).

Par ailleurs nous avons montré que le sentiment d'appartenance des élèves français à leur école est très bon...
Dernière édition: 13 Déc 2014 21:30 par Loys.

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