Éric Daspet - "De l’apprentissage et de l’utilisation du numérique" (22/03/2012)

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23 Sep 2012 12:08 #1412 par Loys
Éric Daspet a fait une critique de mon expérience sur son blog "Carnet de notes" : "De l’apprentissage et de l’utilisation du numérique" .


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Il est bon de savoir qu'Éric Daspet se présente comme un "expert sur la performance des sites web" et un "ingénieur web", actuellement "directeur technique à TEA, The e-book alternative". Il est également auteur de plusieurs ouvrages sur le Pph. :mrgreen:

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23 Sep 2012 12:13 #1413 par Loys
La page "Livre numérique" de Wikipédia, dont il est par ailleurs contributeur, renvoie d'ailleurs sur son blog.

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23 Sep 2012 12:50 #1414 par Loys
Commentons un peu.

De l’apprentissage et de l’utilisation du numérique

Voilà qui sonne comme un traité tout ce qu'il y a de plus sérieux. On remarque quand même ce paradoxe : le numérique est ensemble outil et objet d'étude !

Franchement je suis plus que mitigé sur l’expérience de ce professeur qui a mis sur Internet de fausses informations pour prouver à ses élèves qu’ils reprenaient n’importe quoi sans analyse critique voire sans comprendre.

Un faux commentaire ne constitue pas de fausses informations.

J’avais fais une première réponse très négative, avec citations commentées, puis je me suis rendu compte que je risquais de passer tout autant à côté du sujet que l’auteur initial.

Dommage.

Les numérique, le numérique, tu sais ce qu’il te dit le numérique ?

Les élèves ont de tout temps repris des informations ou des analyses toutes faites sans filtre personnel voire sans les comprendre.

Ah... C'est encourageant. On retrouve l'éternel argument de la fraude perpétuelle. Qui oublie au passage que "de tout temps" renvoie à une époque où s'appliquait malgré tout le filtre éditorial. Pour le dire autrement, on pouvait recopier sans comprendre puisqu'on pouvait faire confiance à ce qu'on recopiait.

Avant on les prenait de la sacro-sainte encyclopédie papier au lieu de wikipedia, des livres en bibliothèques au lieu des sites web, des copains et anciens plutôt que des forums et des sites de partages de dissertation, et on achetait des petits livres « fiche de lecture » à 3€ en librairie au lieu de faire la même chose sur Internet.

Encyclopédies ou fiches de lectures ne sont pas d'une grande aide pour faire un commentaire. A fortiori si le texte est peu connu...

Si j’osais : même les analyses des professeurs sont reprises telles quelles sans compréhension ni analyse critique.

Parce que la confiance envers un professeur qui a une compétence reconnue et rien à vendre est plus grande, peut-être ?

Donc, si je résume, en fin de scolarité obligatoire, il faut cesser de demander aux élèves de comprendre une analyse de texte : c'est hors de leur portée intellectuelle. :spider:

Le numérique n’a rien changé de ce côté là, sinon faciliter l’accès et le démocratiser (je me rappelle la différence entre ceux qui ne pouvaient pas acheter ces fameuses fiches de lecture ou des livres références, et les autres).

Démocratiser la fraude, donc : curieuse vision de la démocratisation. De même qu'autrefois ceux qui pensaient par eux-mêmes préparaient mieux l'examen, de même aujourd'hui ceux qui utilisent avec discernement Internet préparent mieux l'examen. C'est d'ailleurs ce qu'on peut appeler la nouvelle fracture numérique.

Comme le dit déjà un commentaire, la même expérience aurait été faite en disséminant des fausses informations en bibliothèque et en faisant passer des fausses dissertations aux anciens et copains des autres classes, on aurait obtenu strictement le même résultat sur la génération précédente.

Il s'agit d'un commentaire de texte, mais passons. Sans doute M. Daspet a-t-il raison, et c'est bien pour cela que les professeurs renouvellent régulièrement leurs cours et leurs sujets. Mais contre Internet, cette précaution est bien vaine.

Accuser le numérique c’est se tromper de combat.

Ah.

Changer les attentes de formation

N’oublions pas, ces élèves ne sont pas idiots.

Ce n'est pas ce qui apparaissait quelques ligne plus haut... :xx:

S’ils ont pris l’habitude de copier des analyses toutes faites, c’est parce que c’est ce qui fonctionne.

Eh bien la preuve que non...

Pire, c’est souvent ce qu’on leur demande : Combien j’ai vu de camarades en économie apprendre tout par cœur sans rien comprendre, définitions et analyses ? Combien j’ai vu de camarades à l’oral du bac rabâcher et apprendre par cœur l’analyse du cours disant que le héros fait là son parcours initiatique en pensant à sa condition humaine tout en exprimant le passé de l’auteur lors de la guerre et la mort de sa grand mère (et blablabla) ?

Ou comment confondre délibérément deux exercices qui n'ont rien à voir, l'oral et l'écrit de français, l'un sur des textes étudiés en classe, l'autre (avec le commentaire) sur un texte non étudié.

Par ailleurs, même à l'oral, je n'ai jamais vu un élève réciter "par cœur" son cours. Restituer plus ou moins correctement l'analyse du professeur, oui. Mais malheureusement ce n'est pas ce qui est attendu à l'examen, puisque les élèves doivent répondre à une question sur le texte.

Ne vous y trompez pas, ce sont ceux qui ont réussi à ressortir parfaitement les plans appris en cours qui s’en sont sortis avec les meilleures notes au lycée et au bac.

Eh bien non. On dirait que M. Daspet est resté sur de vieux souvenirs personnels et erronés de cet exercice. Pour le commentaire, on ne voit pas comment ressortir un plan appris en cours sur un texte qu'on ne connaît pas...

Aujourd’hui l’information est partout.

Commenter un texte n'a rien à voir avec une recherche d'information.

Nous n’avons plus des bibliothèques sacrées et centralisées, remplies et gérées par des doctes.

L'emploi du mot "docte" dénote chez M. Daspet une certaine rancœur personnelle.

Cet apprentissage basé sur la retransmission verbatim d’un enseignant n’a plus lieu d’être.

Je ne vais pas répéter que M. Daspet n'a rien compris à mon expérience puisqu'il n'a rien compris à l'exercice du commentaire de texte.

Désormais il faut apprendre à analyser, trier, et savoir réfléchir sur la base de documents et d’informations courantes.

Plutôt que d'apprendre à comprendre un texte. Mais au fait comment analyser et trier si on n'est pas capable de comprendre un texte ? :spider:

Former à l’utilisation du numérique plutôt qu’à s’en défier

Quel beau paradoxe !

Je comprends le professeur qui souhaite les voir réfléchir par eux-même, et donc leur retirer les sources de copie potentielles pour les forcer à faire un travail personnel. Je n’adhère pas du tout à la dernière phrase « on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui ». On pourrait l’appliquer pour les livres, ou même les cours du professeur.

Mais il faut l'appliquer ! Les élèves à l'examen n'ont ni Internet, ni livres, ni cours du professeur.

En fait peu importe qu’il ait raison ou tort sur ce point : C’est déjà trop tard. Le numérique est là et il ne partira pas.

Cet aveu est magnifique. Peu importe d'avoir raison puisque le numérique aura raison de nous. C'est ce que j'appelle l'impuissance théorisée et intériorisée.

Les jeunes utiliseront le web et le numérique. On peut trouver ça bien ou mal, souhaitable ou non, mais c’est une évolution sur laquelle même cet exercice n’aura aucune prise.

Cette analyse est décidément merveilleuse par sa candeur et son innocence !

Je n’ai même pas envie de faire un vrai parallèle avec le papier parce que les générations précédentes avaient encore une relation de distance et de respect pour le papier. Ici le numérique ils baignent dedans, c’est leur façon de vivre.

Ils baignent dedans, ou se noient, c'est selon.

Plutôt que de chercher à leur dire qu’il ne faut pas l’utiliser parce que les sources ne sont pas fiables et leurs esprits pas assez mûrs, il faudrait plutôt les accompagner pour les aider à faire le tri. Un accompagnement pour exercer une activité critique, pour sélectionner les sources, vérifier les informations… c’est ça qu’il manque. Où est cette formation ?

Donc, plutôt que de leur demander de comprendre un texte, il faut que je conduise mes élèves sur les sites de corrigés pour faire le tri des bons et mauvais corrigés. Mais comment faire le tri quand on ne comprend pas le texte ? On n'en sort pas...

Encourager les documents

Ce qui doit être frappant chez les jeunes c’est la croyance des anciennes générations en tout ce qui est dit à la télévision ou écrit dans les livres.

Livres et télévision, c'est tout à fait sur le même plan, effectivement. :mrgreen:

Ils ont déjà un recul sur tout ça, mais au lieu de les y encourager et de former ce recul, l’école à tendance à leur enseigner à apprendre par cœur, à répéter l’analyse qu’a doctement professé l’enseignant.

Encore un "doctement". Décidément, ce passé ne passe pas.

Oui, certes, tous les professeurs disent vouloir de l’analyse personnelle, mais combien sont prêts à accepter que l’élève ait une opinion différente – et de son niveau de maturité intellectuelle – lors des analyses ?

Tous, puisque nous attendons autant de commentaires différents qu'il y a d'élèves, pour peu qu'ils soient pertinents et s'appuient sur l'analyse du texte.

Combien autorisent et incitent à l’utilisation de toutes les sources disponibles pour travailler au lieu d’interdire tout document ? Combien sont prêts à dire « non, ce ton ne vient pas de la perte de sa femme qui a effectivement eu lieu l’année précédente, mais c’est vrai que ça aurait pu, en fait ça s’inspire de … » et valoriser positivement la réponse au moment de la correction ?

Je prends beaucoup de précautions oratoires quand je présente mon analyse personnelle aux élèves. Et je suis ouvert à toutes leurs suggestions.

L’élève qui a recopié en travaux sur table un site internet à partir de son smartphone, s’il n’avait pas eu à se cacher et si c’était valorisé, n’aurait-il pas pu consulter cette source, l’analyser et en tirer quelque chose de valeur ?

Si c'était valorisé ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire...

Est-ce que ce qu'on recopie a de la valeur ? Oui, visiblement pour M. Daspet.

...d’une valeur probablement meilleure que s’il avait réfléchi seul ?

Ce n'est donc pas de sa valeur à lui qu'il s'agit. Quel sens cela a-t-il d'évaluer le travail de l'élève dans ce cas ? :scratch:

N’est-ce pas ce qu’on attend de lui dans tout le reste de sa vie ? N’est-ce pas même ainsi qu’on fait progresser la connaissance et le savoir, en réutilisant et en ajoutant plutôt qu’en recréant dans son coin avec des œillères ?

Comprendre un texte littéralement par soi-même, c'est donc avoir des œillères. Et recopier un corrigé qui dit n'importe quoi, qu'est-ce alors ?

Changer les mentalités

L’école a un sacré problème, mais ce n’est ni le numérique ni les élèves. D’autres ont commencé : Le Danemark autorise l’utilisation d’Internet lors d’examens. Où en sommes nous ? La conclusion du professeur ici semble au contraire être de tenir les élèves éloignés le plus longtemps possible du numérique. Il y a comme un décalage…

Un décalage avec le Danemark ? mais c'est insupportable ! Qu'on me coupe la tête !

Il est simplement temps de passer d’une école qui enseigne le savoir à une école qui enseigne le « savoir savoir ».

Pourquoi savoir écrire ? Il suffit de savoir savoir écrire. :mrgreen:

Et enseigner cela sans accélérer et propager l’accès à toutes les sources de savoir, bonnes ou mauvaises, ça ne fonctionnera pas.

Mes élèves ont eu tout l'accès qu'ils voulaient à Internet, et c'est vrai que ça a bien fonctionné. :xx:

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23 Sep 2012 17:13 #1415 par moonie

Encourager les documents

Ce qui doit être frappant chez les jeunes c’est la croyance des anciennes générations en tout ce qui est dit à la télévision ou écrit dans les livres.


Je sais bien que le principe de l'école est de montrer qu'on pourrait tout redémontrer soi-même, mais on va quand même pas attendre que les élèvent retrouvent la méthode de fabrication de la fonte pour chauffer le lycée...

L’élève qui a recopié en travaux sur table un site internet à partir de son smartphone, s’il n’avait pas eu à se cacher et si c’était valorisé, n’aurait-il pas pu consulter cette source, l’analyser et en tirer quelque chose de valeur ?


Iama french student in an exam (right now) who needs answers -- AMA

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23 Sep 2012 20:52 #1416 par Frist
À propos de la confiance en l'écran, voir ce canular


Des témoignages véritables, avec un montage adéquat et quelques faux témoignages d'acteurs, le tour est joué, on a un vrai documentaire, qui fait croire quelque chose de manifestement faux, en tout cas pour le réalisateur.

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