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"Ces 900 000 jeunes inactifs découragés de tout" (Le Monde)
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Ce n'est donc pas leur faute. Tout ça, c'est la faute à la société en général et à l'école en particulier.Ces 900 000 jeunes inactifs découragés de tout
Cesser de chercher du boulot à 22 ans, c'est effectivement très avisé.Lassana et Malik sont comme les voitures auxquelles ils sont adossés. A l'arrêt. Rencontrés sur le parking d'une barre de douze étages, à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), les deux jeunes hommes (qui ont souhaité conserver l'anonymat) portent la même casquette noire et une semblable résignation. "Le boulot ? Je cherche plus à chercher", lance, bravache, Lassana, 22 ans.
Parce que l'école est responsable du marché de l'emploi ?En 3e, l'école l'a "jeté" sans s'inquiéter de son devenir.
A retenir le terme "jeter" : en fin de 3e tous les élèves peuvent obtenir une place dans un lycée général ou professionnel, même les moins travailleurs ou les plus perturbateurs (les avertissements et blâmes ne sont pas portés au dossier), pourvu qu'ils formulent des vœux conformes à leur niveau scolaire (et ce n'est pas faute de leur répéter pendant toute leur scolarité au collège l'importance du travail scolaire et de l'attitude en classe). Et même si ce n'est pas le cas, ils se voient proposer une formation, mais pas forcément celle qu'ils souhaitent. Les exceptions ? Les élèves absentéistes qui n'ont pas rempli leur demande de vœux en fin d'année ou les élèves exclus qui ne se présentent pas dans leur nouveau collège d'affectation...
J'ai pour ma part constaté que les élèves les plus perturbateurs pouvaient bénéficier d'une scolarité de quelques temps dans une classe-relais à petit effectif, avec une orientation prioritaire vers les filières les plus demandées.
Ou plutôt pas la place qu'il aurait voulue ou dans le lycée où il l'aurait voulu. Il se trouve que j'ai enseigné dans ce bassin comme professeur principal de 3e et que je connais assez bien la situation.Pas de place en lycée professionnel.
Comprendre que "cariste et soins à la personne" ne sont pas métiers dignes du "bravache" Lassana, qui mérite bien mieux.A la mission locale, il a eu droit à deux courtes formations. Cariste et soins à la personne. "Et puis rien. C'est mort pour toi si t'as pas de piston. Pour les jeunes des cités, y a que du travail de chien. Dans l'intérim, ils nous exploitent à fond. On se respecte, on est nés ici, on a été à l'école. On va pas ramasser la merde des gens comme nos parents."
C'est encore la faute de l'école s'il a abandonné en 2e année de BEP, sans doute. A noter que Malik a pris pour rien la place d'un autre dans un BEP très prisé dans ce bassin.Malik, lui, a arrêté en deuxième année son BEP électrotechnique et a cherché du travail pendant un an.
Par définition, dans l'intérim, personne n'est gardé en fin de mission."Là, c'est bon, c'est sorti de ma tête. Je fais deux-trois petits boulots chez les gens, au noir. L'intérim, j'ai lâché l'affaire, c'est deux semaines ; à la fin, ils te jettent comme un chien. Ça débouche sur rien. Et tu te retrouves là, sur le parking."
Sans lien de cause à effet...Comme Lassana et Malik, 900 000 jeunes de 15 à 29 ans n'étudient pas, mais ne cherchent pas pour autant du travail.
Car, dans de nombreux secteurs d'activité, on manque de main d'oeuvre. Mais ce n'est pas du travail comme le souhaiteraient Lassana et Malik.
Comprendre : un emploi qui leur convienne : bien payé, gratifiant, peu exigeant et proche. J'ai conduit moi-même, par la peau du dos, des élèves quasi-illettrés traînant des pieds à des stages de troisième (en retard, sans matériel), stages trouvés à leur place et où étaient valorisés des métiers attractifs (bons débouchés et bon salaires), qui leur tendaient les bras par l'apprentissage mais qui ne les intéressaient pas parce que trop manuels. Les élèves veulent la réussite professionnelle telle qu'ils la voient à la télévision : avec un bureau et un ordinateur portable.Ils ne croient plus, ou n'ont jamais cru, pouvoir trouver un jour un emploi.
Dans les deux exemples données, ce sont des jeunes non qualifiés. Car un diplômé d'électrotechnique trouve du travail facilement.Aussi inquiétante que méconnue, cette statistique, ce "presque million de jeunes à la dérive" qui se considèrent eux-mêmes inactifs, étaient récemment mis en lumière dans une note du Conseil d'analyse économique sur l'emploi des jeunes peu qualifiés.
bmo.pole-emploi.org/files_dl/2012/rap_BMO_2012.pdfQue font-ils de leurs journées ? " A 10 heures, les mères disent de nous lever, d'aller chercher du boulot, elles ont vu ci ou ça à la télé, raconte Malik. On leur dit que c'est mort, qu'ils racontent des conneries.
Sans commentaire.Nous, on est bien chez nos parents.
La vie c'est simple : il faut "attendre son tour" et quelqu'un va s'occuper de vous.On fait du sport, parce que des terrains de foot, ça, ils nous en font partout. On discute, on rigole, on est solidaires, sinon on péterait un câble. On tue le temps, on a pris l'habitude." Un jour, attendent-ils, ce sera leur "tour". Une soeur, un ami, leur trouvera un "piston".
C'est à dire au delà de la scolarité obligatoire."ILS NE SE PROJETTENT PAS"
Des jeunes "en perte de confiance dans les institutions censées les aider et qui ont intégré une espèce de fatalité de la précarité", comme les définit Joaquim Timoteo, chercheur à l'Institut national de la jeunesse. Etre d'un faible niveau éducatif, issu de l'immigration et d'un ménage à faible revenu ou vivre dans une région reculée sont autant de facteurs favorisant l'inscription dans le groupe plus large des NEET – dont 85 % n'ont pas dépassé le lycée...
Le chiffre est de 120.000 jeunes. Pourtant, avec le système actuel, il faut le faire pour ne pas décrocher un diplôme mais le naufrage de l'école est tel qu'elle ne parvient même pas à faire illusion. Dois-je seulement rappeler le niveau en expression écrite en fin de scolarité obligatoire ? www.laviemoderne.net/mirabilia/10-copies-non-conformes...45 % le collège.
Bon nombre des 150 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans le moindre diplôme sont dépourvus des compétences et de l'estime de soi minimales pour faire bonne figure auprès d'un employeur.
De nouveau accusée, donc.Avec l'échec scolaire, ils sont entrés dans un rapport conflictuel aux institutions.
Didier Dugast voit passer à la mission locale de Melun-Sénart (Seine-et-Marne) qu'il dirige ces jeunes "en déshérence, résignés" venant non pour une recherche d'emploi, mais pour une urgence de santé ou de logement. "Ils sont passés dans la moulinette de l'éducation nationale.
Et l'école leur a fait croire que sans travail et sans effort ils pourraient réussir, en les faisant passer automatiquement d'un niveau à l'autre ou en les orientant vainement en seconde générale ou bien vers des filières professionnelles illusoires, comme "secrétariat" ou "comptabilité" au lieu de vraies filières professionnalisantes/qualifiantes ou vers l'apprentissage.Ils ont subi, n'ont pas appris à être acteurs de leur vie, ne se projettent pas.
Et la crise, c'est la faute de l'école ?Ils ne sont même pas dans la rébellion, ils ont compris qu'ils n'avaient pas d'avenir." Bien évidemment, la durée et l'ampleur de la crise sont pour beaucoup dans ce renoncement puisque aucune enquête sur les valeurs des jeunes ne montre de rejet du travail.
Quel BTS ?UNE VIE REPLIÉE SUR LE FOYER
A quoi bon se démener quand la probabilité de trouver est si faible, quand les parents, déjà, ont connu si longtemps le chômage, quand même le copain qui a décroché son BTS végète comme surveillant au collège et quand, sans diplôme, le Graal se limite à quelques jours d'intérim ?

Attendre du travail d'une mission locale, tout est là..."Pas mal baissent les bras, témoigne Malik Boufatah, à la mission locale de Blois . Ils restent en bas de chez eux. Ils pensent que la mission locale ne leur apportera rien, à part des emplois d'avenir.
Quand on pense que certains veulent que l'école ressemble à la société, ils oublient cet aspect impitoyable.Ils sont impatients, et tout prend trop de temps." Pas davantage de motivation pour l'inscription à Pôle emploi, qui ne leur vaudra aucune indemnisation – n'ayant jamais, ou pas suffisamment travaillé.
Des vies "en suspension", "circulaires", cloîtrés chez les parents, dont la sociologue de la jeunesse Cécile Van de Velde décrit la fréquence grandissante dans la France rurale et des périphéries urbaines comme une "forme de pathologie sociale". "Ils sont comme des bateaux, échoués. Conscients de la dureté des règles, ils se retirent du jeu. C'est une forme de résistance, de protection aussi."
Ça encore, c'est la faute de l'école ?Dans certaines familles, que suivent les volontaires d'ATD Quart Monde, cette vie de peu, repliée sur le foyer, est le seul modèle jamais connu. "Aides, colis alimentaires, survie au quotidien qui occupe toutes les pensées... Il n'est pas question de profiter, mais le travail n'apparaît pas comme possible."
"IL Y A RIEN POUR NOUS"
"C'est plus la peine qu'on y pense", dit Bernadette. Le visage au teint pâle, encadré d'une longue chevelure, le corps enveloppé d'un pull et d'un manteau trop grands pour elle, la jeune femme de 23 ans (qui a également souhaité garder l'anonymat) a effectué l'une de ses rares sorties de la semaine pour rejoindre les locaux d'ATD Quart Monde, dans son quartier de Fives, à Lille. "J'ai arrêté le CAP fleuriste au lycée pro parce que les filles se moquaient de mon apparence et me frappaient.

S'étonner ensuite de ne pas trouver d'emploi quand on arrête à un an du diplôme...
Personne n'est obligé de dire qu'il/elle a été en SEGPA au collège.Un an après, je suis allée à Pôle emploi. Parler aux gens, ça me bloque, j'ai toujours peur qu'ils me jugent. Quand je leur ai dit que j'étais en classe Segpa , au collège, ils n'avaient pas de travail pour moi.

Eh oui. Attendre, c'est difficile. Il faut tout, tout de suite.A la mission locale, ils m'ont proposé une mise à niveau. Fallait attendre un an." Bernadette n'y est pas retournée.
Le diplôme, il suffisait de l'avoir, dans le cas de Bernadette. L'école a donné sa chance à la plupart de ces élèves cités par "Le Monde" et ils ne l'ont pas saisie.Elle vit chez ses parents, eux-mêmes aidés par le Secours populaire. "J'écris ou je joue aux jeux vidéo avec papa ou mon frère. Lui, il a 24 ans, il a travaillé deux ans dans le maraîchage, maintenant il ne trouve plus. Faut des diplômes dans n'importe quoi. Il y a rien pour nous."
"Le Monde" eût été plus avisé de prendre pour exemple des élèves diplômés et confrontés au chômage parce que certains Bac Pros (peu nombreux mais concernant beaucoup d'élèves) ne préparent pas au monde du travail et scolarisent artificiellement des élèves.
Portrait d'une immaturité prolongée, en quelque sorte, confrontée à une frustration à laquelle elle n'était pas préparée.L'inactivité déclarée au moment précis de l'enquête emploi, qui établit la statistique, n'est ni forcément durable ni forcément dramatique, tempère Francis Vernède, sociologue à la mission régionale Rhône-Alpes sur l'exclusion. Elle peut être "un temps de latence pour se reconstruire". "Ces jeunes doivent passer du statut d'élève raté à celui de chercheur d'emploi émérite, selon l'injonction de l'Etat. Cela demande une maturité. Une jeune fille peut être dans ses histoires d'amour, un garçon devant sa PlayStation jusqu'à ce que se produise un déclic : rencontre, besoin d'argent..."
S'il y a une chose dont l'école est bien coupable, c'est de l'avoir entretenue en conscience.
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Voilà un "travail" qui paie bien sans trop de contraintes. Et c'est pas un boulot de "chien", ça.Madgyd, 25 ans, dealer de shit pour 1 700 euros par mois
La drogue est l’unique source de revenus de Madgyd. Il ne roule pas sur l’or mais reconnaît avoir choisi la vie facile.
Comme les jeunes interrogés par le "Monde".Madgyd a commencé à dealer à 16 ans. Au début, c’était pour s’acheter sa conso, puis payer les sorties. Il a aujourd’hui 25 ans.
C'est bon à savoir qu'il y a une déontologie chez certains dealers.« La majorité bosse mal et nous grille », juge-t-il, lui qui est exaspéré par ses « confrères » qui ne respectent pas le code de déontologie du « métier » : discrétion et sobriété.
Le smic, c'est 1430€. Mais pour le savoir, il faut travailler.La plupart d’entre eux sont des smicards, seuls les grossistes et les membres d’un réseau « go fast » gagnent des sommes astronomiques. Mais ça, c’est autre « métier ».
Revenus : environ 1 700 euros par mois
Comme la déontologie, je suppose.Madgyd écoule environs 200 grammes par mois. Le cannabis, ici, est de qualité dit-il, ce qui n’est pas le cas dans toutes les cités parisiennes.
C'est moi ou chaque plaquette lui rapporte plutôt 1400 ?La « plaquette » de 200 grammes de résine se négocie à hauteur de 600 euros.
Pour étendre sa marge au maximum, Madgyd ne vend qu’en petite quantité, des « 10 », des « 20 » (le prix des barrettes en euros). A dix euros le gramme, le calcul est simple : sur une plaquette de 200 grammes, notre investisseur-dealeur pourra espérer engranger 2 000 euros, somme à laquelle il faut soustraire le prix d’achat.
Chaque plaquette rapporte donc environ 1 700 euros. Sachant qu’il s’en écoule une par mois en moyenne, notre dealer reçoit « un salaire » net d’environs 1 700 euros par mois – pas loin du salaire médian des Français.

On aurait presque pitié, effectivement.Pas de quoi pavaner en Porsche-Cayenne dans les rues de Vincennes.
A quoi bon l'ambition, les diplômes ou le travail si on peut gagner le salaire médian sans trop se fatiguer ?Madgyd est inscrit au Pôle emploi mais il ne perçoit pas d’indemnité. Sans diplôme et sans ambition, son CV tient sur une ligne : équipier pendant trois mois pour une grande marque de fast-food.
Un vrai idéal républicain, effectivement.Ce n’est pas vraiment l’argent facile mais plutôt la vie facile que recherche notre dealer :
« Par rapport au taf, c’est le top ! Plus besoin de se lever, je ne bosse que le soir, un peu comme je veux. Je n’ai pas vraiment d’emploi du temps, du moment que je paie mes dettes, je suis tranquille. »
Même pas capable de vivre en autonomie.Dépenses fixes : 520 euros par mois
Participation aux charges : 200 euros par mois
Madgyd vit chez sa mère.

La fierté d'être dealer a ses limites. L'argent permet au moins d'acheter la fierté d'un faux travail, à défaut d'un vrai. C'est déjà ça.Comme l’immense majorité de ses « confrères » dans la cité, il lui fait croire qu’il fait, de temps en temps, « des chantiers » avec un ami d’enfance, histoire de justifier les quelque 200 euros qu’il lui ramène chaque mois pour l’aider à payer les charges.
Sa mère, aide-soignante, gagne moins que lui. Il avoue sa honte à l’idée d’évoquer les revenus de cette dernière : « Je sais c’est abusé, elle se lève tôt, elle finit tard, elle galère… »

La honte s'arrête à sa participation de 200€ par mois...
L'exemple de l'aîné est intéressant pour la sœur qui étudie en droit, effectivement.Madgyd est l’ainé de la famille. Son frère, qui est encore au lycée, et sa sœur, étudiante en droit, ne sont pas au courant de ses activités.
Car il est scrupuleux avec la loi et compte bien l'obtenir.Madgyd roule sur un scooter trafiqué qu’il retape tous les six mois. Il économise depuis peu pour s’acheter une voiture, même s’il n’a pas encore le permis.
Et sa mère dépense combien pour son plaisir personnel (enfin quand elle a le temps) ?Les dépenses fixes de Madgyd
Dépenses variables : environ 560 euros par mois
Hôtels, boîtes de nuit, restaurants : 200 euros par mois
Kebabs, repas à l’extérieur : 160 euros par mois
Jeux vidéo : 40 euros par mois
Alcool : 60 euros par mois
Vêtements : 100 euros par mois
La maturité, quoi.Même s’il gagne plus que sa mère, Madgyd vit encore comme un enfant. Nourri, logé, blanchi. Il dépense l’essentiel de son argent dans les jeux vidéo et en sorties dans les boîtes de nuit.
Eh oui, ça coûte tout ça. Mais moins que d'être autonome...« Pour draguer, il faut sortir et ça coûte de l’argent. Ensuite, faut boire des coups, et puis je ne peux pas ramener de femmes à la maison ! »

Ben oui, quand on n'a pas de travail avec des horaires contraints, c'est sûr.En plus des boîtes de nuit, il dépense donc des centaines d’euros en hôtel, restaurant et autres sorties « drague ».
Le reste de son argent, il le « crame », selon son expression, dans les fringues, les kebabs, les cigarettes et autres distractions du quotidien. « Faut bien passer le temps », se justifie-t-il.
Un vrai croyant, pieux et exemplaire.C’est à l’étranger que notre dealer dépense le plus gros de son argent. Tous les ans, avec plusieurs de ses amis, il part quinze jours dans le Sud de l’Espagne faire la nouba, la tournée des discothèques et des maisons closes. A cette occasion, il avoue qu’il dépense sans compter : il loue des grosses berlines, joue les flambeurs. « J’ai déjà passé 2 000 euros pendant les vacances », dit-il, même si ses dépenses compulsives amputent considérablement son budget du reste de l’année. Le jeune homme assume :
« Vaut mieux galérer un peu en revenant à la cité et s’éclater à volonté là-bas, en plus c’est le ramadan tous les étés en ce moment, je dépense rien ! »

Il ne va quand même pas cotiser pour tous ces assistés et s'humilier à faire la queue pour obtenir un emploi de "chien". Tout ça, c'est la faute à la société, à l'école etc.Madgyd n’a jamais payé d’impôt, il n’a jamais rempli de déclaration. Il a aussi renoncé aux rendez-vous Pôle emploi.
Comme on le comprend !Quand on l’interroge sur son avenir, il est sceptique. Il explique « ne pas vouloir faire ça toute sa vie », mais il n’a aucun projet pour le moment.
Bon courage.Il raconte ironiquement qu’avec son expérience dans la vente et la prospection, il lui sera toujours temps de se reconvertir dans le commerce.
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- Loys
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Franchement, 450€, c'est vraiment une aumône quand on peut se faire 1700€ facilement.
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On oublie les 800.000 qui restent ?
Je croyais que la dernière partie était déjà la partie dévolue à la Mission Locale ?la mission locale lui octroie une allocation équivalente au RSA et s'engage à lui proposer un accompagnement intensif, donnant lieu à des propositions régulières de formation ou d'emploi
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- Loys
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C'est une opération pilote au départ.Frist dit: Pour 100.000 jeunes ?

Oui mais ils ne viennent pas (voir plus haut). Avec cette contrepartie peut-être viendront-ils...Je croyais que la dernière partie était déjà la partie dévolue à la Mission Locale ?
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Les 100.000, c'est le rythme de croisières, dans 3 ans.
Que c'est bon le jargon administratif.le jeune s'engage à suivre pas à pas les étapes du parcours qu'il construit avec les personnes qui l'accompagnent
Le jeune suivra de loin les étapes du parcours, comme il l'a toujours fait, et ce programme sera un grand succès.
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Ce n'est pas du jargon administratif. C'est du jargon politique. Aussi étrange que cela puisse paraître, ma grand tante, encarté au PS, y croit dur comme fer.Frist dit:
Que c'est bon le jargon administratif.le jeune s'engage à suivre pas à pas les étapes du parcours qu'il construit avec les personnes qui l'accompagnent
Pour en savoir plus sur cette déontologie et ses différents avatars, je recommande "Le capital guerrier", de Thomas Sauvadet, livre tiré d'une thèse de sociologie.Loys dit:
C'est bon à savoir qu'il y a une déontologie chez certains dealers.« La majorité bosse mal et nous grille », juge-t-il, lui qui est exaspéré par ses « confrères » qui ne respectent pas le code de déontologie du « métier » : discrétion et sobriété.
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Si tel est le cas, le mot décrocheur est pour le moins malvenu.«Les décrocheurs ne sont jamais vraiment rentrés dans l’école»

Quelles sont les sources d'une pareille affirmation ? Jamais une génération en France n'a autant obtenu le Bac qu'en 2012...Alors que les chances d’accéder au bac déclinent pour les élèves issus des milieux les moins favorisés, le sociologue Pierre Merle esquisse des solutions.

Il va falloir chercher par nous-mêmes...Pierre Merle, sociologue.«Trois catégories voient aujourd’hui leurs chances d’accéder au bac décliner: les enfants d’employés de service, d’ouvriers non qualifiés et d’inactifs.»
Et tous les élèves qui ont un BEP ou un CAP ?Hier, Jean-Paul Delahaye, Directeur général de l’enseignement scolaire, qui présentait le bac 2013, l’a placé sous le signe des inégalités persistantes à l’école. Le sociologue Pierre Merle explique l’échec d’un système produisant une cohorte de non-diplômés qui, sans bac et avec tout au plus le brevet, seront condamnés au chômage et à la précarité.

La "cohorte" des non diplômés du Bac est passé de 80% à 22,5% d'une génération en moins d'un demi-siècle...
Le rapport du HCE ( "Les élèves sans qualification : La France et les pays de l’OCDE" , 2010) indique en France le chiffre de 11,8% de jeunes sortis prématurément (18-24 ans) en baisse en 2008 contre 9,8% en Finlande (en augmentation). Des écarts qui ne montrent pas une société française particulièrement inégalitaire.En quoi l’école française est-elle inégalitaire ?
Elle a une spécificité : 17% des élèves en sortent chaque année sans diplôme. Au-dessus de la moyenne de l’OCDE, la France fait nettement moins bien que le Royaume-Uni (8%), la Finlande (7%) ou le Japon (4%).
On a vu plus haut des exemples d'élèves qui ne montraient pas une grande détermination à aller jusqu'au bout des formations proposées.En fait, ces jeunes ne sont jamais vraiment rentrés dans l’école. Ils ont souvent redoublé dès le CP, puis au collège, où ils ont commencé à décrocher. Sans diplôme, ils vont traîner ce handicap toute leur vie.
La vulgate bourdieusienne habituelle, qui rend l'école responsable des inégalités. En réalité, c'est parce qu'on a renoncé - sous l'influence de cette vulgate - à apporter à ces jeunes ce "capital culturel", à commencer par ce qu'il a de plus élémentaire : la langue, qu'on a perpétué des inégalités.Comment l’expliquer ?
Les enfants des catégories populaires ne disposent pas toujours du «capital culturel», pour citer Pierre Bourdieu, souvent nécessaire pour bénéficier pleinement des enseignements scolaires ; c’est-à-dire que l’école utilise un langage qui ne leur est pas assez accessible.
D'où l'importance d'un immense effort dans les quartiers défavorisés et d'un retour à la mission de l'école primaire.Ils sont aussi plus éloignés de la culture scolaire. Beaucoup, d’origine étrangère, ont une moindre aisance linguistique, ce qui va peser sur les apprentissages.
Et qu'il faudrait faire entrer davantage dans les écrans à l'école, si on écoutait nos sages techno-pédagogues.Les recherches ont aussi montré qu’à 4-5 ans, de grandes différences de connaissances cognitives existent entre enfants de catégories aisées, stimulés sur le plan du langage, et ceux des catégories populaires, qui passent souvent plus de temps devant la télé.
Ce contexte est social, et non scolaire.L’école ne diminue pas ces écarts initiaux, elle les accentue.
Le contexte scolaire est aussi très important. A Clichy-sous-Bois ou à Aulnay, en Seine-Saint-Denis, la proportion de parents non-diplômés atteint 70-80%.
Ce qui n'est pas toujours les cas malheureusement, comme on peut le constater aux réunions de parents d'élèves où deux ou trois parents se présentent pour une classe...Même convaincus de l’importance de l’école...
Bien sûr....ils peuvent difficilement aider leurs enfants. De plus, le taux de scolarisation à 2 ans n’excède pas 5% dans ce département - 13% pour la moyenne nationale -, contre plus de 20% en Bretagne, où la population est plus aisée et où les résultats scolaires sont très bons.
Tout dépend ce qu'on entend par le moins. En terme de moyens, ce n'est pas forcément le cas. En terme de "capital culturel" c'est effectivement le cas par rapport à avant : il n'y a qu'a voir les progrès des difficultés de lecture ou d'expression écrite, même en fin de secondaire.Notre école donne moins à ceux qui ont moins.
Un écart dont l'école n'est pas responsable et dont on peut penser qu'il n'influe pas en tant que sur la scolarité.C’est donc une école injuste ?
Oui. Autre exemple d’iniquité : les options. Quelque 10% des collèges favorisés proposent en options au moins cinq langues vivantes, contre seulement 0,1% des collèges défavorisés.
Les effectifs par classe sont en général bien inférieurs dans les établissements défavorisés, même si l'écart a tendance à diminuer. Il serait plus important de proposer des établissements à taille humaine, et non des usines avec un personnel sans cesse renouvelé.Sait-on ce qu’il faut faire ?
Les travaux de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire ont montré qu’en réduisant sensiblement les effectifs par classe dans les établissements très défavorisés, on augmentait les compétences des élèves concernés. Alors que si l’on ajoute un élève par classe dans les établissements favorisés, cela n’a pas d’effet négatif. Cette politique pourrait donc se faire à moyens quasi constants !
En Finlande on n'a pas attendu d'avoir le résultat d'études.Le dispositif «plus de maîtres que de classes» lancé en primaire à la rentrée va-t-il dans le bon sens ?
Des chercheurs ont récemment souligné que l’on ne savait pas exactement ce que le fait d’avoir un maître en plus dans la classe pouvait donner.
Des effectifs réduits sont souhaitables, surtout dans le primaire, mais l'expérience montre aussi qu'il y a dans le secondaire nécessité d'une dynamique de classe pour conduire les élèves vers les progrès scolaires.Mieux vaut, selon moi, se concentrer sur une ou deux politiques à l’efficacité prouvée. Dans les établissements très défavorisés, allons vers des classes de 15 élèves au CP , des sixièmes à 20, voire moins. Et relançons la scolarisation dès 2 ans dans les zones en difficulté.
Supprimer un label ne changera pas grand chose. Il y a en revanche certaines choses simples qui permettrait de redresser la barre : choisir des personnels d'encadrement permettant d'instaurer un climat de sérénité scolaire et de travail ; stabiliser les personnels, en garantissant par exemple des emplois du temps intelligents (sur trois jours par semaine par exemple) avec si possible une légère réduction de l'horaire hebdomadaire pendant cinq ou dix ans ; plafonner la taille des établissements défavorisés et leur octroyer beaucoup plus de surveillants. Une réforme de l'autorité à l'école et un retour à des exigences scolaires de bon sens.L’éducation prioritaire n’est-elle pas censée apporter plus de justice ?
C’est devenu une grosse machine sclérosée. On devrait supprimer ce label rigide car il fait fuir les parents aisés, et imaginer un autre modèle.
Les moyens sont importants, mais ils ne peuvent pas tout.Dans les projets de réforme, il est prévu de moduler les moyens alloués aux établissements en fonction de leur recrutement social. On donnerait alors réellement plus à ceux qui ont moins. Il faut maintenant que les actes suivent.
Un bon exemple de la responsabilité de la vulgate bourdieusienne : le système de note est décourageant parce qu'il s'applique à des publics qui subissent, depuis la mise en place des nouvelles pédagogies à l'école, une sorte d'échec scolaire artificiel.Et la pédagogie doit-elle changer ?
Elle devrait être repensée. En France, le système de notation est par exemple très décourageant.
L'absence de nuance est une qualité ?La moitié des notes - de 0 à 9 - sont là pour indiquer que le travail n’est pas bon, alors qu’en Finlande il n’y en a qu’une.

L'évaluation n'est qu'un symptôme, pas une cause. Avec le collège et presque le lycée unique, jamais l'école n'a autant intégré les élèves, mais artificiellement malheureusement.Il faudrait d’autres formes d’évaluation pour aboutir à une école qui aide et qui intègre, et non qui classe.
L'école n'est pas obsédée par la hiérarchie : ce seraient plutôt les parents ou les médias comme "Le Monde", qui publient chaque année des classements de lycées les responsables de cette obsession,. C'est une vision bien extérieure au métier.L’école doit abandonner son obsession de la hiérarchie.
Pour que cette mixité ait lieu, il faut que l'école offre aux parents les garanties d'une sérénité scolaire pour leurs enfants. Il faut également éviter la concentration des difficultés scolaires dans les établissements défavorisés : gros effectifs, segpa, classe non francophone, UPI etc.Quel est l’impact du quartier d’origine ?
La mixité sociale des classes et des établissements favorise l’équité et la réussite scolaire. Les élèves des catégories populaires côtoient ceux issus de classes aisées et moyennes qui vont être moteurs, favoriser les ambitions scolaires et augmenter les attentes des maîtres.
Et comment fait-on ?Mais lorsque la ségrégation sociale et spatiale est forte, la ségrégation scolaire l’est encore plus. Pour la réduire, il faut cesser de différencier les établissements...

Je ne crois pas qu'une telle "unification des offres pédagogiques" soit de nature à changer quoi que ce soit....et unifier les offres pédagogiques. Sinon, les parents aisés demandent des collèges avec de l’allemand, des classes bi-langues ou européennes…
Doux euphémisme.Le secteur privé, qui n’est pas soumis à des règles de mixité...

Qu'est-ce à dire, concrètement ?...pose aussi problème et ne peut rester à l’écart d’une réflexion sur les valeurs, l’efficacité et l’équité de l’école.

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- Loys
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- Shane_Fenton
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C'est plus que ce que je gagnais (net d'impôts) quand je suis rentré dans la vie active.Madgyd, 25 ans, dealer de shit pour 1 700 euros par mois
Pour information :
- Salaire net perçu pendant mes 3 ans de thèse : 1070€
- Salaire net perçu pendant ma première année d'ATER (mi-temps) : 1160€
- Salaire net perçu pendant ma deuxième année d'ATER (plein temps) : 1600€
- Salaire net perçu pendant ma première année d'enseignant-chercheur à l'EISTI : 1750€ (ah, enfin quelque chose qui rapporte plus que dealer)
- Salaire net perçu après ma titularisation et la confirmation de mon CDI : 1900€
On peut rajouter 50€ de plus, puisque les transports en région parisienne me sont remboursés à 50%.
Et comparé aux pauvres 1300€ de ma belle-soeur qui travaille dans l'immobilier, ainsi qu'aux 1600-1700€ de mon frère qui est directeur de l'école de guitare qu'il a fondée, je ne pense pas à me plaindre. Tant pis si mon grand-père est suffoqué que mon salaire soit moitié moindre que sa retraite militaire.
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- Loys
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Vous majorez pour ne pas passer pour un minable mais ces 50€ qu'on vous rembourse, vous les avez avancés.On peut rajouter 50€ de plus, puisque les transports en région parisienne me sont remboursés à 50%.

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- Shane_Fenton
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Et je tourne à 450 heures d'enseignement par an, ce qui est mieux que mes collègues de langues et de Relations Humaines (qui regroupent le français, la philosophie, la communication inter-culturelle...), qui doivent faire 500 heures. Là-dedans, je n'inclus pas les heures supplémentaires non payées, ni (faut pas pousser non plus) les heures à corriger les copies, préparer les cours et les examens, encadrer des projets de type TPE, s'occuper des élèves en difficulté administrative, etc...
Franchement, ça vous fait pas envie, une barrette ou deux ?...

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Ecrasons l'infâme !
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- Shane_Fenton
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Ah ! maudite galère ! traître de Turc à tous les diables !... Vous ai-je dit qu'en plus d'être un ancien marchand de tapis, le directeur général fondateur de notre école est d'origine turque ?Wikibuster dit: Que diable allait-il faire dans cette galère ?

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On peut parfaitement être NEET sans être décrocheur.Le chef de l'Etat a fait allusion aux décrocheurs, à ces jeunes sans diplôme ni formation et surtout sans travail. Depuis 2010, un terme est utilisé pour les désigner : ce sont les NEET. Ils sont près de 1,9 million en France. Qui sont-ils et pourquoi sont-ils aussi nombreux ?
1. Que veut dire « NEET » ?
L'acronyme vient de l'anglais « not in employment, education or training » (en français : sans emploi, éducation ou formation).

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