- Messages : 18192
"Ces 900 000 jeunes inactifs découragés de tout" (Le Monde)
- Loys
- Auteur du sujet
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18192
Si tel est le cas, le mot décrocheur est pour le moins malvenu.«Les décrocheurs ne sont jamais vraiment rentrés dans l’école»
Quelles sont les sources d'une pareille affirmation ? Jamais une génération en France n'a autant obtenu le Bac qu'en 2012...Alors que les chances d’accéder au bac déclinent pour les élèves issus des milieux les moins favorisés, le sociologue Pierre Merle esquisse des solutions.
Il va falloir chercher par nous-mêmes...Pierre Merle, sociologue.«Trois catégories voient aujourd’hui leurs chances d’accéder au bac décliner: les enfants d’employés de service, d’ouvriers non qualifiés et d’inactifs.»
Et tous les élèves qui ont un BEP ou un CAP ?Hier, Jean-Paul Delahaye, Directeur général de l’enseignement scolaire, qui présentait le bac 2013, l’a placé sous le signe des inégalités persistantes à l’école. Le sociologue Pierre Merle explique l’échec d’un système produisant une cohorte de non-diplômés qui, sans bac et avec tout au plus le brevet, seront condamnés au chômage et à la précarité.
La "cohorte" des non diplômés du Bac est passé de 80% à 22,5% d'une génération en moins d'un demi-siècle...
Le rapport du HCE ( "Les élèves sans qualification : La France et les pays de l’OCDE" , 2010) indique en France le chiffre de 11,8% de jeunes sortis prématurément (18-24 ans) en baisse en 2008 contre 9,8% en Finlande (en augmentation). Des écarts qui ne montrent pas une société française particulièrement inégalitaire.En quoi l’école française est-elle inégalitaire ?
Elle a une spécificité : 17% des élèves en sortent chaque année sans diplôme. Au-dessus de la moyenne de l’OCDE, la France fait nettement moins bien que le Royaume-Uni (8%), la Finlande (7%) ou le Japon (4%).
On a vu plus haut des exemples d'élèves qui ne montraient pas une grande détermination à aller jusqu'au bout des formations proposées.En fait, ces jeunes ne sont jamais vraiment rentrés dans l’école. Ils ont souvent redoublé dès le CP, puis au collège, où ils ont commencé à décrocher. Sans diplôme, ils vont traîner ce handicap toute leur vie.
La vulgate bourdieusienne habituelle, qui rend l'école responsable des inégalités. En réalité, c'est parce qu'on a renoncé - sous l'influence de cette vulgate - à apporter à ces jeunes ce "capital culturel", à commencer par ce qu'il a de plus élémentaire : la langue, qu'on a perpétué des inégalités.Comment l’expliquer ?
Les enfants des catégories populaires ne disposent pas toujours du «capital culturel», pour citer Pierre Bourdieu, souvent nécessaire pour bénéficier pleinement des enseignements scolaires ; c’est-à-dire que l’école utilise un langage qui ne leur est pas assez accessible.
D'où l'importance d'un immense effort dans les quartiers défavorisés et d'un retour à la mission de l'école primaire.Ils sont aussi plus éloignés de la culture scolaire. Beaucoup, d’origine étrangère, ont une moindre aisance linguistique, ce qui va peser sur les apprentissages.
Et qu'il faudrait faire entrer davantage dans les écrans à l'école, si on écoutait nos sages techno-pédagogues.Les recherches ont aussi montré qu’à 4-5 ans, de grandes différences de connaissances cognitives existent entre enfants de catégories aisées, stimulés sur le plan du langage, et ceux des catégories populaires, qui passent souvent plus de temps devant la télé.
Ce contexte est social, et non scolaire.L’école ne diminue pas ces écarts initiaux, elle les accentue.
Le contexte scolaire est aussi très important. A Clichy-sous-Bois ou à Aulnay, en Seine-Saint-Denis, la proportion de parents non-diplômés atteint 70-80%.
Ce qui n'est pas toujours les cas malheureusement, comme on peut le constater aux réunions de parents d'élèves où deux ou trois parents se présentent pour une classe...Même convaincus de l’importance de l’école...
Bien sûr....ils peuvent difficilement aider leurs enfants. De plus, le taux de scolarisation à 2 ans n’excède pas 5% dans ce département - 13% pour la moyenne nationale -, contre plus de 20% en Bretagne, où la population est plus aisée et où les résultats scolaires sont très bons.
Tout dépend ce qu'on entend par le moins. En terme de moyens, ce n'est pas forcément le cas. En terme de "capital culturel" c'est effectivement le cas par rapport à avant : il n'y a qu'a voir les progrès des difficultés de lecture ou d'expression écrite, même en fin de secondaire.Notre école donne moins à ceux qui ont moins.
Un écart dont l'école n'est pas responsable et dont on peut penser qu'il n'influe pas en tant que sur la scolarité.C’est donc une école injuste ?
Oui. Autre exemple d’iniquité : les options. Quelque 10% des collèges favorisés proposent en options au moins cinq langues vivantes, contre seulement 0,1% des collèges défavorisés.
Les effectifs par classe sont en général bien inférieurs dans les établissements défavorisés, même si l'écart a tendance à diminuer. Il serait plus important de proposer des établissements à taille humaine, et non des usines avec un personnel sans cesse renouvelé.Sait-on ce qu’il faut faire ?
Les travaux de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire ont montré qu’en réduisant sensiblement les effectifs par classe dans les établissements très défavorisés, on augmentait les compétences des élèves concernés. Alors que si l’on ajoute un élève par classe dans les établissements favorisés, cela n’a pas d’effet négatif. Cette politique pourrait donc se faire à moyens quasi constants !
En Finlande on n'a pas attendu d'avoir le résultat d'études.Le dispositif «plus de maîtres que de classes» lancé en primaire à la rentrée va-t-il dans le bon sens ?
Des chercheurs ont récemment souligné que l’on ne savait pas exactement ce que le fait d’avoir un maître en plus dans la classe pouvait donner.
Des effectifs réduits sont souhaitables, surtout dans le primaire, mais l'expérience montre aussi qu'il y a dans le secondaire nécessité d'une dynamique de classe pour conduire les élèves vers les progrès scolaires.Mieux vaut, selon moi, se concentrer sur une ou deux politiques à l’efficacité prouvée. Dans les établissements très défavorisés, allons vers des classes de 15 élèves au CP , des sixièmes à 20, voire moins. Et relançons la scolarisation dès 2 ans dans les zones en difficulté.
Supprimer un label ne changera pas grand chose. Il y a en revanche certaines choses simples qui permettrait de redresser la barre : choisir des personnels d'encadrement permettant d'instaurer un climat de sérénité scolaire et de travail ; stabiliser les personnels, en garantissant par exemple des emplois du temps intelligents (sur trois jours par semaine par exemple) avec si possible une légère réduction de l'horaire hebdomadaire pendant cinq ou dix ans ; plafonner la taille des établissements défavorisés et leur octroyer beaucoup plus de surveillants. Une réforme de l'autorité à l'école et un retour à des exigences scolaires de bon sens.L’éducation prioritaire n’est-elle pas censée apporter plus de justice ?
C’est devenu une grosse machine sclérosée. On devrait supprimer ce label rigide car il fait fuir les parents aisés, et imaginer un autre modèle.
Les moyens sont importants, mais ils ne peuvent pas tout.Dans les projets de réforme, il est prévu de moduler les moyens alloués aux établissements en fonction de leur recrutement social. On donnerait alors réellement plus à ceux qui ont moins. Il faut maintenant que les actes suivent.
Un bon exemple de la responsabilité de la vulgate bourdieusienne : le système de note est décourageant parce qu'il s'applique à des publics qui subissent, depuis la mise en place des nouvelles pédagogies à l'école, une sorte d'échec scolaire artificiel.Et la pédagogie doit-elle changer ?
Elle devrait être repensée. En France, le système de notation est par exemple très décourageant.
L'absence de nuance est une qualité ?La moitié des notes - de 0 à 9 - sont là pour indiquer que le travail n’est pas bon, alors qu’en Finlande il n’y en a qu’une.
L'évaluation n'est qu'un symptôme, pas une cause. Avec le collège et presque le lycée unique, jamais l'école n'a autant intégré les élèves, mais artificiellement malheureusement.Il faudrait d’autres formes d’évaluation pour aboutir à une école qui aide et qui intègre, et non qui classe.
L'école n'est pas obsédée par la hiérarchie : ce seraient plutôt les parents ou les médias comme "Le Monde", qui publient chaque année des classements de lycées les responsables de cette obsession,. C'est une vision bien extérieure au métier.L’école doit abandonner son obsession de la hiérarchie.
Pour que cette mixité ait lieu, il faut que l'école offre aux parents les garanties d'une sérénité scolaire pour leurs enfants. Il faut également éviter la concentration des difficultés scolaires dans les établissements défavorisés : gros effectifs, segpa, classe non francophone, UPI etc.Quel est l’impact du quartier d’origine ?
La mixité sociale des classes et des établissements favorise l’équité et la réussite scolaire. Les élèves des catégories populaires côtoient ceux issus de classes aisées et moyennes qui vont être moteurs, favoriser les ambitions scolaires et augmenter les attentes des maîtres.
Et comment fait-on ?Mais lorsque la ségrégation sociale et spatiale est forte, la ségrégation scolaire l’est encore plus. Pour la réduire, il faut cesser de différencier les établissements...
Je ne crois pas qu'une telle "unification des offres pédagogiques" soit de nature à changer quoi que ce soit....et unifier les offres pédagogiques. Sinon, les parents aisés demandent des collèges avec de l’allemand, des classes bi-langues ou européennes…
Doux euphémisme.Le secteur privé, qui n’est pas soumis à des règles de mixité...
Qu'est-ce à dire, concrètement ?...pose aussi problème et ne peut rester à l’écart d’une réflexion sur les valeurs, l’efficacité et l’équité de l’école.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18192
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18192
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Messages : 279
C'est plus que ce que je gagnais (net d'impôts) quand je suis rentré dans la vie active.Madgyd, 25 ans, dealer de shit pour 1 700 euros par mois
Pour information :
- Salaire net perçu pendant mes 3 ans de thèse : 1070€
- Salaire net perçu pendant ma première année d'ATER (mi-temps) : 1160€
- Salaire net perçu pendant ma deuxième année d'ATER (plein temps) : 1600€
- Salaire net perçu pendant ma première année d'enseignant-chercheur à l'EISTI : 1750€ (ah, enfin quelque chose qui rapporte plus que dealer)
- Salaire net perçu après ma titularisation et la confirmation de mon CDI : 1900€
On peut rajouter 50€ de plus, puisque les transports en région parisienne me sont remboursés à 50%.
Et comparé aux pauvres 1300€ de ma belle-soeur qui travaille dans l'immobilier, ainsi qu'aux 1600-1700€ de mon frère qui est directeur de l'école de guitare qu'il a fondée, je ne pense pas à me plaindre. Tant pis si mon grand-père est suffoqué que mon salaire soit moitié moindre que sa retraite militaire.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18192
Vous majorez pour ne pas passer pour un minable mais ces 50€ qu'on vous rembourse, vous les avez avancés.On peut rajouter 50€ de plus, puisque les transports en région parisienne me sont remboursés à 50%.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Messages : 279
Et je tourne à 450 heures d'enseignement par an, ce qui est mieux que mes collègues de langues et de Relations Humaines (qui regroupent le français, la philosophie, la communication inter-culturelle...), qui doivent faire 500 heures. Là-dedans, je n'inclus pas les heures supplémentaires non payées, ni (faut pas pousser non plus) les heures à corriger les copies, préparer les cours et les examens, encadrer des projets de type TPE, s'occuper des élèves en difficulté administrative, etc...
Franchement, ça vous fait pas envie, une barrette ou deux ?...
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Messages : 279
Ah ! maudite galère ! traître de Turc à tous les diables !... Vous ai-je dit qu'en plus d'être un ancien marchand de tapis, le directeur général fondateur de notre école est d'origine turque ?Wikibuster écrit: Que diable allait-il faire dans cette galère ?
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18192
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.