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"Comment j'ai pourri le web"
- Loys
- Auteur du sujet
Petite mise au point :
Je ne veux pas jeter la pierre à ceux qui, dans leur discipline, trouvent une utilité aux NTIC. Je suis bien certain qu'on peut faire un usage raisonné et pertinent des NTIC dans certaines disciplines. Je recommande moi-même certains sites validés à mes élèves et j'ai créé un site avec un forum à leur disposition pour préparer le bac de français. Je ne suis donc pas un affreux réactionnaire.
Mais je voulais tirer un signal d'alarme. Car pour ce qui est de ma disciplines, les lettres, après avoir pesé le pour (peu d'avantages) et le contre (d'immenses inconvénients), c'est avec lucidité que je me suis forgé ma propre conviction : il faut entrer dans le web le plus tard possible. A mon sens l'éducation au web n'est pas nécessaire : nous en sommes, nous les autodidactes du numérique qui appartenons aux générations précédentes, les meilleurs exemples.
Je tire profit du numérique parce que l'école m'a donné des capacités de raisonnement, une culture personnelle et par conséquent la distance critique nécessaire pour appréhender le web. Voilà ce qui peut vraiment servir à mon sens, d'éducation au web.
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Je suis tout à fait d'accord : le web doit être appréhendé par des têtes "préparées", le plus tard possible. De grandes et belles choses existent sur le web, mais il faut avoir suffisamment de recul et de regard critique pour bien en saisir la teneur.
Cette expérience est très intéressante, et se retrouve à l'envi sur le net : faux profils d'internautes, faux avis sur les produits, fausses informations et autres manipulations...
Que les élèves ingurgitent les infos trouvées sur le web sans se poser de questions pose une vraie question. Vos élèves vont-ils pour autant vérifier leurs sources à l'avenir ? Il faut le souhaiter.
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Je suis d'accord sur le fait qu'il faut limiter au minimum l'utilisation d'Internet lors de la composition d'un devoir. Au même titre que les autres sources de documentations (comme les livres), qui sont, sans grande surprise, moins attractives pour les élèves.
Ils auraient également pû se rendre compte qu'il était suspect que quelqu'un demande des réponses sur Internet, sans faire de fautes d'orthographe, et en terminant son message par « mais le site est payant, et ça, ça me gave grave », ce qui n'est à mon avis pas une tournure usuelle chez un élève. Il y a là un manque réel de réflexion, comme vous l'avez souligné. Ils auraient également pu se rendre compte que parler Anne de Beaunais sans que votre cours n'en fasse mention.
J'ai d'ailleurs été choqué par la quantité d'élèves qui se sont livrés à cettre tricherie. C'est malheureusement un problème que de ne pas comprendre où se situe son réel intérêt. Cela ne se limite pas seulement aux élèves de Première, mais également plus loin ; je peux notamment prendre des exemples parmis des élèves de BTS (informatique) ou de classe préparatoire (scientifique).
Cependant, il n'est pas impossible que certains aient cherché à recouper les informations, car les seules sources d'informations sont celles que vous avez données, et qui ne se contredisent par mutuellement.
De plus, en lisant le faux commentaire que vous proposez, il ne m'a pas particulièrement choqué ; exceptées quelques erreurs que je n'aurai majoritairement pas vues quand j'étais en Première, le fond m'aurait semblé viable si on ne m'avait pas dit le contraire. Mais je ne pense pas être une référence, étant donné que je n'ai jamais été doué en analyse de texte ou en dissertation.
Je ne sais pas si cela est justifié, mais le commentaire m'évoque une lecture analytique du poème Rosemonde, dont mon professeur nous avait distribué un corrigé.
D'autre part, vous mettez en lumière la faible qualité des sites tels que Oodoc et Oboulo. Comme le dit le dicton, l'argent est la source de tous les problèmes.
C'est également triste que des élèves soient prêts à payer par pure fainéantise.
Valentin
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C'est en général la première source d'information des élèves. Et bien que je n'aime pas particulièrement l'idée d'y insérer de fausses informations, je pense que le mal est très réduit, s'agissant d'un auteur peu connu. Et l'aboutissement compense largement le "mal" qui a été fait.amnesic écrit: Hormis le vandalisme de Wikipédia (qui ne me semblait pas forcement utile pour la démonstration ) l'expérience est très instructive.
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- Messages : 3
media écrit: @amnesic : Wikipedia, hélas, n'échappe pas à la règle du vandalisme et de nombreuses informations sont à vérifier. Peut-être qu'à la limite, le mode opératoire ("comment montrer patte blanche") pourrait être passé sous silence, car il pourrait donner des idées..
Je suis évidemment conscient qu'il existe du vandalisme de Wikipedia et ailleurs , mais ce qui me choque c'est qu'un professeur utilise sans remords ce moyen pour sa démonstration. En fait, il aurait été encore plus amusant d'avoir fait un faux site web incluant ce poème et avec des outils type "Google Analytic" on aurait pu constater que peut être que 95% des copieurs y ont accédé la vieille au soir de la limite pour rendre la copie
Maintenant le titre "j'ai pourri le web" ne fait pas de doute sur la conscience de ses actes.
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Le problème c'est que... eh bien... que faire ? L'expérience aura permis aux élèves de cette classe de comprendre qu'il ne faut pas utiliser n'importe quelle source sans vérifier, bêtement. Le problème c'est que tous les professeurs ne peuvent pas faire l'expérience non plus.
Comment lutter contre cette utilisation d'internet ? La triche au smartphone en plein cours, c'est autre chose que le bon vieux livre sur les genoux. Certains professeurs utilisent même des brouilleurs d'ondes pour leurs contrôles (ce qui est illégal mais je comprends la démarche).
Je me demande comment un professeur en poste voit la chose
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Cependant, en lisant votre article, il me semble qu'on prend surtout conscience d'un enjeu plus vaste, qui est celui de la légitimité du fonctionnement de l'école (privé ou publique) en France aujourd'hui. Il me semble que le modèle des "notes", de la compétition scolaire tout azimut, de la scolarité vue comme, non pas le fait d'apprendre à être curieux, aimer le savoir,aimer apprendre et découvrir des choses mais comme un moyen dédié à une seule fin, dégoter un diplôme pour décrocher un boulot, le tout 7h par jour le cul sur une chaise, ce modèle là, est complètement à la masse. Il crée à la marge quelques passionnés, "malgré lui" suis-je tenté de dire, mais surtout une foule de gens qui en garderont le souvenir d'une longue et pénible corvée. Et tout ce qui sera associé à cette corvée (se renseigner, prendre son temps pour rédiger un texte, la culture en général) est facilement jeté comme le bébé avec l'eau du bain.
Il est évident que lorsqu'on apprend aux élèves que ce qui compte, ce sont les notes, les appréciations, le carnet scolaire, le diplôme comme fin en soi, lorsqu'on leur fait miroiter cette hypocrite et fumeuse "méritocratie républicaine" de mes 2, le tout dans une société qui se torche avec les jeunes et notamment la jeunesse des classes populaires, eh bien, on ne peut pas venir s'étonner ensuite que certains trichent, rusent, aient un rapport utilitaire au système scolaire et même un rapport cynique et désabusé. Combien d'élèves sortent de leur scolarité, qu'elle quelle soit, dégoutés du savoir, dégoutés des "classiques", dégoutés du processus d'apprentissage, combien? Mais cela interroge tout notre modèle social, pas seulement l'école bien sur.
Et combien de temps peut encore continuer avec ce modèle de la comparaison impitoyable des élèves entre eux, de la pression, des exams permanents, du culte de la performance, du culte du "bon élève", du bac S comme seul bac vraiment reconnu, tandis que les autres bacs sont vus par tant d'élèves, de professeurs, de parents, comme des sous-bas pour médiocres, des mathématiques comme discipline reine et ultra classante? Je ne cite que quelque exemple, mais il y en aurait des centaines d'autres. Autant de choses qui ne peuvent que briser littéralement le rapport au savoir, au livre, à la culture, aux sciences, chez les élèves.
Il est donc plus que temps de se mobiliser pour une école publique radicalement différente, avec des moyens massifs, une école faite pour les élèves, qui apprend d'abord à aimer le savoir, qui serait complètement déconnectée du marché du travail. Ou alors on abdique et on continue à accepter que l'école ne soit, somme toute, que l'antichambre du capitalisme, une façon d’accéder (ou plutôt, à notre époque, de reproduire) à un statut social, à un bon job. Mais c'est l'un ou l'autre, il faut bien comprendre que les 2 logiques sont strictement incompatibles.
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- Loys
- Auteur du sujet
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Pour faire court, amnesic, oui je ne suis pas fier d'avoir vandalisé Wikipédia mais j'ai effacé mon erreur volontaire aussitôt l'expérience terminée et je crois avoir vraiment minimisé le vandalisme en tant que tel avec un simple petit ajout sans grande conséquence. Un élève facétieux l'a rétabli depuis.
J'ai beaucoup d'affection pour mes élèves et je pense que la plus grande partie d'entre eux a voulu bien faire, notamment avec une recherche historique. Je voulais leur montrer qu'ils devaient éviter les raccourcis, même tentants. Pour les corrigés recopiés, c'est vraiment condamnable même si je comprends la pression que subissent ces élèves et la tentation que constitue le gouffre à réponses d'internet.
Pour le commentaire, progval, il est vraiment inacceptable du début jusqu'à la fin, mais il était fait pour tromper l'ennemi.
@Kaiser : la triche a toujours existé et existera toujours, ne nous leurrons pas. Le problème, c'est qu'elle devient industrielle et touche des aspects de l'enseignement qui étaient jusqu'ici épargnés, comme l'enseignement des lettres au lycée.
@Inkanus : vous n'avez pas tort en disant que le système récolte ce qu'il sème et légitime la triche d'une certaine manière. Mais j'ai du mal à croire à la viabilité d'un autre modèle, moins imparfait que notre bon vieux système républicain, même s'il prend l'eau de toutes parts.
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