"Quand les machines corrigeront le bac" (EducPros)

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03 Jul 2013 10:11 - 03 Jul 2013 10:11 #6665 par Loys
A lire sur "EducPros" du 03/07/13 : "Quand les machines corrigeront le bac" par Emmanuel Davidenkoff.

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Dernière édition: 03 Jul 2013 10:11 par Loys.

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03 Jul 2013 10:37 - 03 Jul 2013 10:54 #6666 par Loys

Quand les machines corrigeront le bac

Avec un beau futur simple, empli de certitude. :doc:

Un logiciel est-il capable de corriger des copies avec la même pertinence qu’un être humain ? Au-delà de la question technique, l'enjeu est, bien sûr, également économique et politique.

La question technique est quasiment réglée, n'est-ce pas ? Mais en quoi cette question est politique, je me le demande bien. :scratch:

Dans deux jours tomberont les résultats du bac, ce qui ravivera pour quelques heures le débat sur son niveau.

Débat dont Emmanuel Davidenkoff ne parle généralement que pour stigmatiser les réactionnaires-déclinologues.

Profitons-en, car à cette polémique récurrente...

C'est-à-dire que les résultats augmentent chaque année de manière impressionnante mais visiblement pas suffisamment pour qu'un journaliste s'interroge sur la contradiction avec les études internationales (PISA, PIRLS etc.). Ce n'est qu'une "polémique", n'est-ce pas ?

...devrait très vite s’en substituer une nouvelle : un logiciel est-il capable de corriger des copies avec la même pertinence qu’un être humain ?
Comme souvent, le débat viendra des Etats-Unis, où plusieurs expériences menées par des chercheurs en intelligence artificielle poursuivent le Graal de la correction massive automatisée.
Elle demeure peu intéressante à l’échelle d’une classe, sauf à standardiser des exercices au niveau national, puisque la programmation de la machine impose qu’une centaine de devoirs aient préalablement été corrigés par un être humain, afin de paramétrer le logiciel.

C'est donc une notation humaine qui sert de référence.

Pour les examens et concours, elle permettra en revanche des gains de temps et d’argent extraordinaires.

Sans oublier le gain d'humanité ! :doc:

Cette innovation est imminente, et seules nos réticences culturelles en retarderont l’avènement.

Emmanuel Davidenkoff n'est heureusement pas du genre à avoir des "réticences culturelles". La modernité du principe lui suffit.

Il faudra s’habituer à ce que les élèves composent sur ordinateur, et surtout admettre qu’un logiciel n’est pas moins juste qu’un professeur – ce point fera sans doute longtemps débat, alors même que la docimologie a prouvé depuis le début du XXe siècle que les corrections humaines étaient tout sauf justes (parmi les effets pervers systématiques et validés les plus connus : la tendance à surnoter une copie moyenne venant après une mauvaise copie et, en miroir, la tendance à sous-noter une copie moyenne venant après une très bonne copie).

Admettons que les corrections humaines ne sont pas justes : en quoi la notion automatique constitue-t-elle un progrès si sa référence est une notation humaine ? :scratch:
On notera qu'Emmanuel Davidenkoff prend quelques précautions oratoires dans ses comparaisons ("un logiciel n’est pas moins juste qu’un professeur", "avec la même pertinence qu’un être humain").

De manière assez cocasse lorsqu’on y songe, le débat qui précèdera l’acceptation de ces systèmes sera possiblement bien plus violent que lorsqu’il fallut nous convaincre de remettre nos vies à des métros sans conducteur ou à des avions mus par des pilotes automatiques.

Les pilotes automatiques ne dispensent pas de pilotes, en l'état actuel des techniques.
La pensée humaine est bien sûr tout à fait comparable à une machine posée sur des rails.

Couplés aux cours massifs en ligne (Moocs), de tels systèmes de correction vont en tout état de cause profondément redessiner l’économie de l’éducation, libérant un temps aujourd’hui consacré à des tâches chronophages et/ou répétitives, sans affecter la qualité ni l’équité de l’enseignement, voire en les améliorant.

"sans affecter la qualité"... D'après le processus décrit par Emmanuel Davidenkoff et supposant qu'il ait raison, l'amélioration sera éventuellement économique (en passant sur le fait que les tous les élèves devront être reliés à un environnement informatique sécurisé), mais certainement pas qualitative.
Concernant les moocs, Emmanuel Davidenkoff oublie les petits problèmes que posent la certification online...

A lire sur LVM : www.laviemoderne.net/lames-de-fond/041-gober-les-moocs.html

Cette évolution se fera pour le meilleur si ce temps est réinvesti au profit des élèves, des étudiants et, dans le supérieur, de la recherche.

Et pourquoi la recherche ou l'éducation ne seraient-elles pas automatisées ? :devil:
C'est d'ailleurs en partie le principe des moocs.

Mais elle peut aussi se faire pour le pire si ces innovations servent de prétexte à une uniformisation de l’offre et à des suppressions de postes.

Comment seraient-elle économique si elles ne permettent pas de supprimer des postes. Que sont devenus les conducteurs de métros automatiques, pour reprendre la comparaison ? :devil:

Elle ouvre en outre de nouvelles perspectives au privé qui, notamment dans le supérieur, pourra rapidement affecter ses dépenses différemment et, à terme, diminuer ses coûts – là aussi, la question est de savoir qui en profitera le plus, du consommateur ou de l’actionnaire, et si le service public saura faire face à cette nouvelle donne concurrentielle.

Les moocs sont libres et gratuits, non ? :devil:

Au regard de ces évolutions imminentes, la petite musique qu’entonnera d’ici deux jours le chœur des contempteurs du bac...

Les vrais "contempteurs du bac" sont ceux qui ne portent aucun regard critique sur ce qu'il est devenu. Quant à la "petite musique" d'Emmanuel Davidenkoff, elle est également bien connue, sauf qu'elle résonne dans toute la presse.

...évoquera celle que l’orchestre du Titanic continua à interpréter pendant de longues minutes après que le navire eut heurté l’iceberg qui allait l’envoyer par le fond – dérisoire halo sonore d’un monde bientôt englouti.

C'est amusant qu'Emmanuel Davidenkoff évoque en conclusion le Titanic, exemple saisissant des limites du progrès et de la technique humaine... :mrgreen:
Dernière édition: 03 Jul 2013 10:54 par Loys.

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03 Jul 2013 14:56 - 03 Jul 2013 16:34 #6675 par Euler
J'avoue, j'ai du mal à croire que dans un avenir raisonnablement proche (disons une dizaine d'années) un logiciel soit capable de corriger des copies, à moins bien sûr de formater les exercices d'une façon telle qu'ils perdraient toute leur richesse. Sérieusement, comment peut-on croire qu'un ordinateur soit à même de juger de la pertinence d'une dissertation, ou de comprendre la démonstration mathématique d'un élève un peu brouillon qui a "compris l'idée générale" de la résolution mais n'arrive pas à correctement l'exprimer ou l'organiser.
Mais, en admettant que cela soit possible, je serais le premier à applaudir, et je ne serais pas le seul. Au mois de juin en salle des profs, la hantise collective est bien d'être convoqué pour la correction du bac. Même à 5 € la copie, ce n'est jamais une partie de plaisir, c'est même souvent un calvaire.
Et de façon plus générale, la correction de copies est sans doute la partie du métier que j'apprécie le moins. C'est évidemment essentiel, indispensable, mais cela me prend plus de douze heures par semaine, et ces heures seraient autrement mieux utilisées si je pouvais les consacrer à d'autres aspects de mon métier, pour lesquels je manque de temps par ailleurs. Mais là encore, je n'imagine pas qu'un logiciel puisse annoter comme nous le faisons les copies de nos élèves (en expliquant les fautes, en commentant, etc.). Pas dans les vingt ans qui viennent en tout cas.
Dernière édition: 03 Jul 2013 16:34 par Euler.

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