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"Les meilleurs bacheliers auront une place réservée en prépa" (Le Monde)
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www.letudiant.fr/educpros/actualite/10-d...ions-selectives.html
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Aussi raisonnable que soit le raisonnement (et j'ai beau le relire, je n'y vois nulle faille) quand j'entends "On peut raisonnablement penser", j'ai comme un signal d'alarme qui se met à couiner : "ca va foirer".Cette disposition ne touchera pas trop à la procédure actuelle d'entrée en prépas. [..]
Il n'y aura à trouver une place [..] qu'à deux profils d'élèves : d'une part, aux élèves parmi les 10% qui n'auront pas déjà postulé [..]; d'autre part aux élèves ayant postulé [..].
On peut raisonnablement penser que ces deux cas seront assez rares,
Un signal d'alarme, c'est un peu faible. Mettons mon scepticisme sur le compte d'une bile trop épaisse, et continuons notre lecture.
Dans ce cas, pourquoi n'avoir pas garanti les places sélectives directement sur la note du bac ?Rappelons notamment qu'un lycée sur cinq n'envoie quasiment aucun de ses élèves en prépas, alors même que leurs 10% meilleurs élèves ont le même niveau que ceux des élèves actuellement engagés dans cette voie (15 de moyenne au baccalauréat).
Imaginons maintenant que les "10% meilleurs élèves" décident d'aller à Sciences Po autant que ceux des lycées "ambition réussite". Comment cela va-t-il se passer ? Même question pour Dauphine... Les classes préparatoires devraient être en mesure d'accueillir aisément ce nouveau flux d'élèves.
Imaginons que les 10% meilleurs élèves de tous les lycées décident d'aller autant en CPGE que ceux des lycées réputés (ce qui ne risque pas d'arriver avant plusieurs années, même dans le scénario le plus optimiste). C'est alors 4000 à 6000 élèves supplémentaires qu'il serait nécessaire d'accueillir, soit l'ordre de grandeur du nombre de places actuellement vacantes chaque année en CPGE.
Là, évidemment, il n'y a pas 4000 à 6000 places. Réponse de Patrick Weil et Son-Thierry Ly :
Traduction : rien n'est prévu et on a un an pour monter une usine à gaz. « Ca va foirer », suis-je le seul vraiment à entendre ce petit couinement ?Ajoutons, que la loi s'appliquant à toutes les filières sélectives de l'enseignement supérieur public, le ministère de l'éducation devra travailler avec les Instituts d'études politiques, les IUT (pour les bacs technologique) et le BTS (pour les bacs pros) les modalités de son application notamment –pour les IEP- aux bacs ES et L.
On aimerait en savoir plus sur ce système américain. On aimerait surtout savoir en quoi la cohésion sociale a été renforcée au Texas, et plus fondamentalement, comment les sociologues mesurent les progrès de cette cohésion sociale. Si la cohésion sociale doit être tenue pour une conséquence logique de la diversité, il y a là évidemment un raccourci fâcheux.Ce système existe depuis plusieurs années dans plusieurs grands Etats américains (Texas, Floride et Californie).[...]Au Texas […]. Les études montrent que la diversité ethnique, sociale et géographique s'est accrue, [...]
En France, comme au Texas, cette disposition favorisera la mixité et la cohésion sociale [...]
Ah, ce "au seul « coût » de la mobilisation du système éducatif et de ses équipes pour plus de justice", la formule est admirable ! Elle enrobe avec prudence les efforts que devront fournir les équipes pour faire fonctionner l'usine à gaz. Les guillemets rappellent avec doigté que les heures sup ne seront pas payés. Et si comme prévu cela doit foirer, Patrick Weil et Son-Thierry Ly ont des responsables tout désignés. Les équipes ne se seront pas assez mobilisées parce qu'elles n'avaient finalement que faire de la justice.[...] cette disposition favorisera la mixité et la cohésion sociale au seul « coût » de la mobilisation du système éducatif et de ses équipes pour plus de justice.
Bien au contraire. En renforçant les effectifs des prépas, on augmente le flux de bons élèves en L3. On conforte les filières L1 et L2 comme sas de décompression des déclassés de l'enseignement avant leur expulsion du rêve étudiant.Ce nouveau droit accorde aux lycéens ne nuira pas aux universités, bien au contraire.
Cette « dynamique positive » que rien ne garantit, que toute la démonstration rend même hypothétique, se trouve parée de la puissance lui permettant de rejaillir sur tous les élèves de l'établissement. Par quel mécanisme ? Quel ressort psychologique ou sociologique ? Nous ne le saurons pas.D'abord et surtout, la dynamique positive créée dans les établissements qui jusqu'à présent n'envoyaient aucun ou très peu de leurs élèves dans les filières sélectives rejaillira sur tous les autres qui n'auront pas choisi de poursuivre leurs études dans ces filières. Rejoindront aussi les licences universitaires, les élèves des filières générales qui n'auront pu être admis dans les filières IUT ou STS, puis plus tard certains élèves ayant démarré leurs études en hypokhâgne, math sup ou IUT.
Pour cette réforme comme pour quelques autres, on dirait que les personnels et les usagers sont des pantins dont on dispose par des décrets et des articles dans le Monde, tout imprégnés de bons sentiments devant lesquels tous les obstacles doivent avoir l'obligeance de s'effacer. Pourquoi s'inquiéter des réticences, des stratégies individuelles, des contraintes matérielles ? tout doit rendre les armes quand paraît la Réforme.
Essayons, pour notre compte, d'imaginer comment les élèves et leurs enseignants vont vivre la mise en place de ces 10% de quotas par filière et par lycée. Nous ne sommes pas sociologues : nous avons simplement une petite habitude de l'administration. Nous sollicitons donc l'indulgence du lecteur.
Pour commencer, imaginons ce qui va se passer dans tous les lycées de France, une fois tombés les résultats du baccalauréat : qui va sélectionner, par filière et par lycée, les 10% de bénéficiaires ? Qui va les prévenir ? Comment va se faire leur choix ? Avec quels délais ? Quand on voit fonctionner le système APB (admission post bac) on peut craindre que le rayon de braquage de la machine ne permette pas de tout boucler durant les sept semaines des congés d'été. Mais Patrick Weil et Son-Thierry Ly ont déjà répondu à la question : il faut faire confiance à la mobilisation du système éducatif et de ses équipes pour plus de justice.
Voilà pour les contraintes matérielles. Parlons maintenant des anticipations des acteurs.
Comme le reconnaissent Patrick Weil et Son-Thierry Ly, il est possible que la réforme ne touche qu'un nombre d'élèves ridiculement faible. Mais dans l'hypothèse inverse, c'est-à-dire si les élèves se prennent au jeu, la « dynamique positive » pourrait se révéler surprenante.
Selon l'un des clichés que l'on véhicule sur le système des prépas, ces dernières fonctionnent dans un état de compétition se traduisant par une guerre permanente entre les élèves. Le Monde a publié plusieurs témoignages d'élèves de prépa qui montrent exactement l'inverse : en prépa règne très souvent une forte coopération entre les élèves. Et c'est normal : au sein d'une classe de quarante élèves, très faible est la probabilité qu'un camarade vous rafle sous le nez la dernière place disponible au concours que vous même aurez raté d'une place. Aucun de vos condisciples n'est un concurrent, et l'émulation peut jouer à plein, dans un climat de solidarité : chacun s'entraide et y trouve son compte.
C'est exactement l'inverse qu'on prépare pour nos classes de Terminale, du moins celles où le quota de 10% viendra à susciter la convoitise : l'examen du bac se transformant en concours, mais en concours interne à la classe, puisque dans la majorité des lycées, chaque filière est représentée le plus souvent par une ou deux classes. Pour chaque candidat, chaque progrès d'un camarade sera donc une menace pour son propre succès. Ce n'est plus de l'émulation qui se mettra alors en place : chacun des candidats se trouvera en concurrence directe avec ses camarades de classe. C'est la guerre de tous contre tous.
Comme le bac compte aussi une petite part de contrôle continu, on imagine la tension qui pèsera sur les enseignants concernés : assurer scrupuleusement l'équité de la notation au sein de la classe, d'une part, et de l'autre équilibrer les notes avec les enseignants des autres classes.
Sous quelle forme se ferait la convergence ? suppression de la sélection en prépa ? Ou bien sous-marin pour généraliser la sélection à l'université ? Là encore, nos auteurs extrapolent une convergence dont la seule plausibilité semble ne tenir qu'au plaisir qu'elle leur procure.En outre, la création d'un droit des meilleurs élèves de chaque lycée d'être admis dans les filières sélectives rapproche les modes d'admission de ces filières des modes d'admission à l'université et les fait donc converger.
Mais un affreux doute nous assaille tout soudain : Patrick Weil et Son-Thierry Ly ne citent pas, parmi les filières sélectives qui devront se plier à la réforme, les double licences des universités. Est-ce à dire que ces doubles licences seront préservées de participer à l'effort de justice ?
La loi (Article L612-3-1 du code de l'éducation) dit :
Si la loi prévoit que toute formation publique potentiellement sélective est concernée, elle laisse les recteurs décider souverainement combien de places chaque formation devra geler pour les inscrits de la dernière chance. Cette décision sera-t-elle publique ? Cela même n'est pas garanti.Sur la base de leurs résultats au baccalauréat, les meilleurs élèves par filière de chaque lycée bénéficient d'un droit d'accès dans les formations de l'enseignement supérieur public où une sélection peut être opérée. Le pourcentage des élèves bénéficiant de ce droit d'accès est fixé chaque année par décret. Le recteur d'académie, chancelier des universités, réserve dans ces formations un contingent minimal de places au bénéfice de ces bacheliers.
Appeler "obstacle irrémédiable" ce qui n'est qu'une inégalité statistique est une approximation plus rhétorique que scientifique : c'est la même qui permet d'assimiler la société française à une société de caste. Lorsqu'on est dans ce genre de fantaisie, on quitte le domaine de la science pour se mettre au service du sport de combat.Enfin, en assurant une plus grande égalité entre territoires, elle permet que le hasard de la naissance, des ressources et des lieux d'habitation des parents ne soient plus ce qu'il a trop longtemps été un obstacle irrémédiable à la réussite des élèves dans toutes les filières du système français d'enseignement supérieur.
Dans Gargantua, les lieutenants de Picrochole expose à ce dernier les plans de campagne qu'ils ont préparés pour la guerre contre Grandgousier . Les plans sont tellement grandioses qu'ils doivent permettre la conquête de la moitié du monde, et les lieutenants sont tellement convaincants que le discours, d'abord au futur, bascule dans le passé : comme Perrette dans la fable du pot au lait, ce qui est rêvé est déjà vécu.
J'ai pensé à Picrochole en lisant l'introduction de Patrick Weil et Son-Thierry Ly (troisième paragraphe) :
Admirable satisfaction, admirable conviction. Rendez-vous en septembre 2015.Les élèves les meilleurs et les moins bons avaient donc un commun intérêt à un système qui reconnaitrait la valeur des premiers tout en ne les forçant pas au départ.
Voilà qui est fait.
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- que cela a été appliqué dès cette rentrée 214.
- que ce n'est pas très bien organisé
- que des étudiants débarquent en prépa avec trois semaines de retard. Je les plains : ils ont loupé le bizutage.
www.neoprofs.org/t77139p60-decret-11-jui...-dut-et-cpge#2718736
En revanche, on trouve dans la suite de la discussion un argument qui porte : le fait que cela permet d'améliorer le remplissage de petites formations. Petites, donc ayant du mal à communiquer, donc délaissées par les étudiants lors des voeux sur APB.
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