L'"adaptive learning"

A écouter (ou pas) sur "France Info" cette courte interview de Matthieu Cisel, doctorant en sciences de l'éducation à l'Ecole normale supérieure de Cachan et présenté comme un "spécialiste des technologies éducatives" : "L'adaptive learning" .
L'expression en anglais sonne mieux qu'en français.

Échange très confus.
Le degré basique de l'enseignement programmé, selon Matthieu Cisel, c'est par exemple "le livre dont vous êtes le héros". E. Davidenkoff reproche à un tel enseignement d'être un peu trop linéaire :

Emmanuel Davidenkoff écrit: Si on a le désir de maîtriser tel type de compétence, il faut préalablement maîtriser telle autre. Mais si j'apprends autrement, si au fond ma lacune, mes problèmes sont ailleurs, comment on fait ?

Cette interrogation laisse perplexe.
Si une compétence nécessite des prérequis, elle nécessite des prérequis. Comment le problème pourrait-il "être ailleurs" ou la solution dans un autre parcours pédagogique ? Avec le numérique, la base de la pédagogie - la progressivité - semble s'évanouir dans la nature.
M. Cisel fait le reproche à ce premier enseignement programmé de n'être pas "personnalisé". Une compétence nécessaire à une autre compétence ne permet donc pas l'individualisation : le problème n'est donc pas l'individualisation, mais le contenu enseigné lui-même.
M. Cisel pense que les big data permettront une forme d'intelligence artificielle beaucoup plus adaptée à l'individu, beaucoup plus scientifique et rationnelle, avec un système (par exemple Knewton) qui "s'auto-améliore en permanence avec toutes les données générées par les étudiants".

Emmanuel Davidenkoff écrit: Là on a vraiment autant de parcours d'apprentissages que de personnes qui apprennent [...] Là on dépasse quand même de loin ce qu'un enseignant est capable de faire face à un élève mais j'allais dire même quasiment en tête à tête parce qu'il ne peut pas rentrer dans son cerveau.

Des exemples de scientisme assez consternants, qui suppose que tout apprentissage peu transiter par le numérique. On ne parle d'ailleurs plus d'étudiants mais "d'élèves". J'ai hâte de voir quel ordinateur peut comprendre un texte littéraire, lire le commentaire d'un élève et construire un parcours d'apprentissage personnalisé.
Pour M. Cisel le travail de l'enseignant devient de plus en plus compliqué. Il ne précise pas quelle est cette tâche, qu'il a l'air de confondre avec la programmation et l'exploitation des big data.

Matthieu Cisel écrit: Enseigner devient une science à part entière.

Tout va aller mieux, en ce cas.
Matthieu Cisel annonce, sous la poussée des entreprises, la métamorphose de l'éducation pour 2014. Il n'y a plus qu'à attendre et espérer.
Une toute petite lueur de lucidité à la fin : cet enseignement adaptatif n'est peut-être pas adapté à toutes les disciplines.

Sur la start-up Knewton, à lire cet article d'Antoine Amiel sur le blog "Les startups de l'éducation" ("EducPros) : "Knewton : la big data au service de l’éducation" (8/11/13)

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Dans "VousNousIls" du 10/09/15 : "Education: Hachette Livre se met à l' »adaptive learning », nouvelle méthode d’apprentissage"

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Dans "EducPros" du 11/09/15 : "L'adaptive learning, la révolution qui vient"

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