"La classe Star Trek : l’hyperespace de l’enseignement “multitouch”" (Slate)

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02 Déc 2012 15:00 #2098 par Loys
A lire sur "Slate" du 25/11/12 : "La classe Star Trek : l’hyperespace de l’enseignement “multitouch”" .


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02 Déc 2012 15:28 #2099 par Loys

La classe Star Trek : l’hyperespace de l’enseignement “multitouch”

Le nom lui-même, outre qu'il traduit une bonne vieille culture geek, est déjà tout un programme : celui de l'obsolescence programmée...



Avec "hyperespace de l'enseignement" on change de dimension scolaire... puisqu'on passe à deux dimensions, sur des écrans plats. :transpi:



Les jolies images du futur ! Vous ne voudriez pas de ce décor de Star Trek pour vos enfants ?

La classe du futur, ou la classe Star Trek… C’est ainsi qu’est baptisée le résultat du projet SynergyNet. Pour les spécialistes de l’enseignement numérique, cela peut ressembler à une vieille rengaine.

Mais non !

Et pourtant, il s’agit bien, encore, de l’un des huit projets financés, en Angleterre, par l’Economic and Social Research Council (ESRC) et l’Engineering and Physical Sciences Research Council (EPSRC) britanniques à hauteur de 12 M£, soit environ 15 M€.

Dans un pays où l'on cherche à économiser sur les dépenses publiques, c'est louable... ou suspect.

De quoi s’agit-il ?

Bureaux électroniques interactifs

A l'ère des tablettes, ce genre de mobilier semble déjà dépassé.

Essentiellement de la généralisation du principe du tableau blanc, c’est à dire un tableau électronique interactif, à l’ensemble des bureaux des élèves. La photo ci-dessus, tout comme les vidéos ci-après, montrent également une disposition des bureaux très différente de celle des classes traditionnelles avec ses rangées alignées dans la direction du soleil, c’est à dire du professeur.

Les îlots... Une vraie révolution dans l'école... Comme on le voit sur ces images, c'est effectivement très pratique pour regarder le professeur et son tableau. :roll:

Ici, plusieurs élèves travaillent sur le même bureau grâce à la technologie d’écran tactile “multitouch”.

Voilà qui fleure bon les slogans publicitaires des années 2010, avec le passage au multitouch d'Apple.

Leurs actions sont visibles par les autres. Le professeur, lui, voit tout, soit directement, soit via un système de suivi en direct de l’activité des élèves sur chaque bureau. Ce futuriste et coûteux équipement, outre son look et son exploitation de l’aisance des enfants avec les outils informatiques, est-il plus efficace pour l’enseignement ?

C'est la seule vraie question. En corrélation avec le coût, bien sûr. Pas de précision à ce sujet.


45% contre 16%

Une étude sur l’expérimentation de Synergynet par 400 élèves de 8 à 10 ans a été menée par des chercheurs de l’université de Durham.

Les résultats sont mis en valeur mais le protocole ne l'est guère : qu'est-ce qui a été évalué : le mobilier ? le travail en groupe ? l'application ? comment a été faite cette évaluation ? par qui ? comment la comparaison a-t-elle été effectuée ? sur quels élèves ?

Les résultats montrent que 45% des utilisateurs de NumberNet, outil spécialisé dans l’enseignement des mathématiques, ont fait des progrès dans la manipulation des formules contre une proportion de 16% chez les utilisateurs des traditionnelles feuilles de papier.

Qu'es-ce que "la manipulation de formules" ?

En fait, les maths ne sont qu’un exemple de l’efficacité de cette méthode car elle n’est pas spécialement destinée à cette discipline.

Un raisonnement très scientifique : ce qui est valable pour une discipline l'est nécessairement pour toutes les autres. :roll:

Les raisons invoquées par les chercheurs pour expliquer l’amélioration de l’apprentissage grâce aux outils de Synergynet sont multiples. Avec un point central: l’interaction. Sur le bureau électronique, les élèves ne travaillent plus seuls. En permanence, ce qu’ils font est vu par les autres élèves et inversement. Le travail devient ainsi collectif, collaboratif. Soit le schéma inverse du cours classique, fondé sur une parole univoque et une hiérarchie figée. Dans la classe Star Trek, l’ambiance ressemble plus à celle d’une salle de maternelle. Les élèves sont pourtant en CP.

Voilà qui est encourageant...

Professeur homme orchestre

Pour le professeur, le rôle change en profondeur. Au lieu de dispenser (disperser ?) un savoir, il le fait naître au sein même d’une communauté dont il n’est plus vraiment le maître.

Le savoir vient des élèves : on retrouve les vieilles théories constructivistes du pédagogisme qui a fait ses ravages en France. Avec la même détestation de l'enseignant qui "disperse le savoir" : quel mépris pour les enseignants !

Il se transforme en chef d’orchestre, ce qui doit être encore plus épuisant. Il doit en effet veiller simultanément sur ce qui se passe sur chaque bureau électronique, détecter les élèves qui se suivent pas, guider les autres, mettre parfois en commun ce qui s’est produit sur un bureau… Plus qu’à un chef d’orchestre, ce rôle ressemble à celui d’un homme orchestre…

Le travail en groupes est effectivement une source de dispersion mais rarement d'efficacité.

Séduisant sur le papier lorsqu’il ne fait pas fuir les enseignants attachés à la craie et au cahier, un tel projet se heurte au problème délicat du coût du matériel et du support technique nécessaire pour le faire fonctionner.

Une paille... Mais au fait, le prix : il est évalué ?

Néanmoins, au cours des trois années du projet, l’équipe de l’université de Durham a noté des progrès notables de la technologie ainsi qu’une baisse des coûts.

Progrès qui ont même conduit à daclasser totalement ce genre de dispositifs...

Toujours pas de prix ?

Fracture numérique dans l’éducation

L’efficacité pédagogique démontrée par le projet SynergyNet, après bien d’autres expérimentations, pose également un grave problème d’égalité devant l’enseignement. Nul doute que des établissement privés pourront investir dans de tels équipements avant leurs homologues publics.

On peut compter sur leur pragmatisme : si le coût et l'efficacité pédagogique ne sont pas prouvés, ça n'arrivera pas. :doc:

Une fracture numérique pourrait alors survenir dans l’éducation et s’ajouter aux inégalités déjà importantes. Alors que l’on imagine pas une armée moderne dotée d’un matériel moins performant que celui de ses voisins, personne ne semble choqué par le manque de moyens dans l’Education Nationale.

Dans l'éducation nationale, les facteurs de réussite ne sont pas uniquement matériels sinon il serait facile de résoudre les inégalités. Les établissements les plus avancées dans l'équipement en TICE ne sont pas nécessairement les plus performants : voir l'article d'Antoine Compagnon : "Gabegie numérique dans le 9-3" .

Déjà largement distancée en Europe, l’école française risque fort d’être encore pénalisée si elle ne parvient pas à investir massivement dans les outils pédagogiques interactifs auxquels les élèves, eux, sont parfaitement préparés.

Les élèves (comme les adultes d'ailleurs) sont préparés à utiliser des technologies qui sont conçues pour être simples l'utilisation... Rien d'étonnant à cela. :roll:

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