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"Apprend-on mieux à l’aide d’écrans ?" (MJN)
- Loys
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Premier argument : la désorientation et la surcharge cognitive ne sont pas du tout limitées aux écrans, le phénomène ayant lieu dans des proportions similaires sur du matériel pédagogique usuel, tel qu'on en trouve dans les livres. Le phénomène de surcharge et de désorientation a été étudiée par Sweller et par de nombreux autres chercheurs, dans le cadre de ce qu'on appelle la théorie de la charge cognitive. La majorité de ces travaux s'est surtout intéressé aux supports pédagogiques usuels, comme les manuels, les textes, et supports pédagogiques imagés.
Ces travaux sur la charge cognitive sont à l'origine d'un grand nombre de recommandations, qui peuvent s'appliquer aussi bien à l'apprentissage multimédia qu'à la création de supports pédagogiques normaux. Pour donner un exemple, la théorie de l'apprentissage multimédia de Mayer (2004) tient compte de cette surcharge cognitive. En somme, dire que les écrans surchargent plus que les autres supports est totalement faux : seule la qualité du document pédagogique et de son organisation ont un rôle sur cette "surcharge cognitive", qui est indépendante du support en lui-même.
Second argument : la gestion des liens hypertexte. Déjà, dans un bon document multimédia, ces liens sont rares, sans compter qu'en limiter le nombre suffit à résoudre le problème.
Ensuite, je serais curieux de connaitre les études qui amènent à dire que « le stress déclenché par des hypertextes offrant un très grand nombre de pages à visiter fait perdre jusqu’à 30% de la force de travail » : je suis certain que cette statistique sort de nulle part. Sans compter que l'usage du terme "force de travail " est clairement louche, et n'est en tout cas pas un terme de la psychologie cognitive. Cette affirmation est à prendre avec...précautions, si ce n'est pire.
Ensuite, cette histoire de contexte et de zapping est...aussi à prendre avec précaution : çà n'a pas l'air d'avoir le moindre sens.
Par contre, rien à dire sur l'impact sur la vitesse de lecture (on peut trouver la source de cette affirmation sans trop de problèmes).
Ensuite, le fait que " les étudiants vont chercher les réponses sur Google aux questions posées et ils oublient rapidement l’information car ils savent où la retrouver surtout si elle est enregistrée sur leur ordinateur qui devient une sorte de mémoire externe." : c'est ce qu'on appelle la mémoire transactive. Le même phénomène a lieu avec les livres et autres supports écrits, voire avec un milieu social ou professionnel normal : rien de spécifique à l'apprentissage multimédia, merci d'être passé.
Troisième argument. " Les études PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) ont montré que les adolescents ayant le plus accès à un ordinateur personnel à l’école étaient également ceux ayant en moyenne les moins bonnes notes." : possible confusion entre corrélation et causalité, sans compter qu'on ne sait pas si ces résultats ont tenu compte du milieu socio-professionnel des parents.
Suite de cet argument : "Qui plus est, selon les résultats d’une enquête récente menée par 62 professeurs d’universités allemandes, les étudiants ayant grandi avec internet avaient plus de difficultés pour résumer un texte et pour se concentrer, et posséder une moins bonne logique argumentative ; ces déficits seraient dus à une sorte d’overdose numérique."
Déjà, je veux bien avoir la source de cette étude, merci.
Ensuite, le lien entre ces prétendus résultats et le numérique est clairement extrapolé, et pas qu'un peu ! A ce petit jeu, le fait que les personnes de + de 50 ans ont plus de chance d'être illettrées que les jeunes (INSEE) provient des méthodes de lecture ultra-alphabétiques autrefois en vigueur, c'est évident !
L'argument sur l'oral, pas de problèmes pour ce qui est de la théorie. Mais vu mes souvenirs de collège/lycée (voire fac) sur la participation orale de mes camarades en cours d'anglais, je suis pas vraiment sur...
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- Loys
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J'ai bien suivi votre raisonnement mais je ne considère pas qu'il donne tort à l'article. Les manuels sont conçus pour l'apprentissage, pas "les écrans" (qui s'opposent aux supports imprimés en général : livres, journaux, albums, bandes-dessinées etc). On peut bien sûr imaginer des supports pédagogiques intelligents et pensés à cet effet mais ils ne constitueront jamais qu'une partie de ce que proposent les écrans en général : un manuel scolaire ne peut pas devenir une bande-dessinée. Un écran permet de passer de l'un à l'autre. En ce sens ce n'est pas tant l'immense partie du web non pertinente d'un point de vue pédagogique (tant du point de vue des contenus que de la surcharge cognitive) qui pose problème que la simple possibilité - consubstantielle aux écrans numériques - de pouvoir y accéder. Observez ce qu'il advient lorsque des élèves disposent d'écrans, avec la liberté de navigation qui va avec.mewtow écrit: Premier argument : la désorientation et la surcharge cognitive ne sont pas du tout limitées aux écrans, le phénomène ayant lieu dans des proportions similaires sur du matériel pédagogique usuel, tel qu'on en trouve dans les livres. Le phénomène de surcharge et de désorientation a été étudiée par Sweller et par de nombreux autres chercheurs, dans le cadre de ce qu'on appelle la théorie de la charge cognitive. La majorité de ces travaux s'est surtout intéressé aux supports pédagogiques usuels, comme les manuels, les textes, et supports pédagogiques imagés.
Ces travaux sur la charge cognitive sont à l'origine d'un grand nombre de recommandations, qui peuvent s'appliquer aussi bien à l'apprentissage multimédia qu'à la création de supports pédagogiques normaux. Pour donner un exemple, la théorie de l'apprentissage multimédia de Mayer (2004) tient compte de cette surcharge cognitive. En somme, dire que les écrans surchargent plus que les autres supports est totalement faux : seule la qualité du document pédagogique et de son organisation ont un rôle sur cette "surcharge cognitive", qui est indépendante du support en lui-même.
Une autre question me vient : est-ce que l'accoutumance à une surcharge cognitive n'est pas en soi une chose négative pour appréhender des supports qui permettent d'en faire l'économie ?
C'est juste. Cet argument, utilisé par Nicholas Carr, ne m'a jamais semblé pertinent et votre réfutation est évidente.Second argument : la gestion des liens hypertexte. Déjà, dans un bon document multimédia, ces liens sont rares, sans compter qu'en limiter le nombre suffit à résoudre le problème.
Lit-on vraiment (au sens d'une lecture longue et approfondie) sur un écran standard ? Pourquoi les liseuses, les seuls écrans vraiment utilisés pour la lecture approfondie, font-elles tant d'effort pour offrir aux lecteurs l'expérience sensible la plus proche possible du papier en noir et blanc ? Je ne crois pas que ce soit par simple habitude.Ensuite, cette histoire de contexte et de zapping est...aussi à prendre avec précaution : çà n'a pas l'air d'avoir le moindre sens. Par contre, rien à dire sur l'impact sur la vitesse de lecture (on peut trouver la source de cette affirmation sans trop de problèmes).
Sans doute, mais la facilité qu'offre un moteur de recherche décuple encore ce phénomène : ce qui était une possibilité nécessitant un effort de recherche et travail de mémorisation (aller chercher le livre, se souvenir où est l'information) devient un réflexe ne nécessitant quasiment ni l'un ni l'autre. Je ne dirais pas que Google constitue une "mémoire externe" car cette expression me semble dépourvue de sens : je dirais que Google dispense de la mémoire.Ensuite, le fait que " les étudiants vont chercher les réponses sur Google aux questions posées et ils oublient rapidement l’information car ils savent où la retrouver surtout si elle est enregistrée sur leur ordinateur qui devient une sorte de mémoire externe." : c'est ce qu'on appelle la mémoire transactive. Le même phénomène a lieu avec les livres et autres supports écrits, voire avec un milieu social ou professionnel normal : rien de spécifique à l'apprentissage multimédia
Je vais poursuivre ma lecture de PISA 2012 : je vous tiendrai au courant.Troisième argument. " Les études PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) ont montré que les adolescents ayant le plus accès à un ordinateur personnel à l’école étaient également ceux ayant en moyenne les moins bonnes notes." : possible confusion entre corrélation et causalité, sans compter qu'on ne sait pas si ces résultats ont tenu compte du milieu socio-professionnel des parents.
Sur ce point la lecture détaillée des statistiques de l'INSEE montre que ce serait plutôt le contraire puisque l'immense majorité des illettrés n'ont pas été scolarisés en France.Suite de cet argument : "Qui plus est, selon les résultats d’une enquête récente menée par 62 professeurs d’universités allemandes, les étudiants ayant grandi avec internet avaient plus de difficultés pour résumer un texte et pour se concentrer, et posséder une moins bonne logique argumentative ; ces déficits seraient dus à une sorte d’overdose numérique."
Déjà, je veux bien avoir la source de cette étude, merci.
Ensuite, le lien entre ces prétendus résultats et le numérique est clairement extrapolé, et pas qu'un peu ! A ce petit jeu, le fait que les personnes de + de 50 ans ont plus de chance d'être illettrées que les jeunes (INSEE) provient des méthodes de lecture ultra-alphabétiques autrefois en vigueur, c'est évident !
Je ne connais pas l'étude citée ici et effectivement le lien avec le seul numérique semble très extrapolé : l'école a su organiser son propre naufrage.
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A ma connaissance, il n'y a pas d'"accoutumance" à la surcharge cognitive : ce serait douteux que l'on apprenne à gérer des situations de surcharge cognitive de quelque façon que ce soit.Loys écrit: Une autre question me vient : est-ce que l'accoutumance à une surcharge cognitive n'est pas en soi une chose négative pour appréhender des supports qui permettent d'en faire l'économie ?
Il faut savoir que cette surcharge dépend de plusieurs capacités cognitives, comme la capacité de la mémoire à court terme, et l'attention. Or, ces compétences ne sont pas modifiables par l'expérience. Toutes les études sur la mémoire de travail et l'attention ont clairement montré que l'entrainement (l'accoutumance dont vous parlez en serait un, techniquement parlant) n'avait pas d'effet sur sa capacité, que ce soit en négatif ou en positif. Et c'est dommage : si c'était le cas, cela aurait des applications thérapeutiques assez intéressantes, qui permettraient de faciliter la récupération de ces capacités après un AVC ou lors du vieillissement (normal ou pathologique).
Le seul moyen connu pour modifier et/ou d'altérer la gestion de cette surcharge est l'expertise, à savoir la quantité de connaissances antérieures. Cette observation est la base de l'expertise reversal effect de la théorie de la charge cognitive.
Cet effet nous dit, entre autres, que les personnes qui disposent d'un haut niveau de connaissances antérieures dans le domaine abordé par un document ont des performances supérieures lorsque le document est surchargé, comparé à ce qui est observé avec des documents économes. L'effet est strictement inverse pour les personnes avec un faible niveau de connaissances antérieures dans le domaine abordé : les novices ont plus de facilités avec les documents économes, et des difficultés avec les documents surchargés.
Mais cela est totalement indépendant de la manière dont ont été acquises ces connaissances particulières, base de l'expertise : peut importe que celle-ci aient été acquises avec des supports surchargés ou non, cet effet apparaitra dans les mêmes proportions et avec la même intensité.
C'est simplement une histoire de lisibilité du texte : la lecture sur un écran mal réglé a tendance à augmenter la fatigue oculaire comparé à ce que l'on obtient avec un livre dans les mêmes conditions d'éclairage. Donc oui, il est possible de lire, au sens d'une lecture longue et approfondie, sur un écran standard, comme sur un livre. Que je sache, porter des lunettes n’empêche pas une lecture longue et approfondie d'un texte complexe, alors pourquoi la lisibilité d'un écran - dont l'effet est plus faible que des problèmes de vue, pourrait l’empêcher ?Loys écrit: Lit-on vraiment (au sens d'une lecture longue et approfondie) sur un écran standard ? Pourquoi les liseuses, les seuls écrans vraiment utilisés pour la lecture approfondie, font-elles tant d'effort pour offrir aux lecteurs l'expérience sensible la plus proche possible du papier en noir et blanc ? Je ne crois pas que ce soit par simple habitude.
Avec l’avènement des LCDs et des hautes résolutions, ce problème de lisibilité a tendance à fortement diminuer. Cependant, il reste quelques problèmes. Pour commencer, la majorité des fabricants a tendance à rendre les écrans actuels trop lumineux pour des raisons marketing, ce qui diminue la facilité de lecture (mais cette luminosité se règle facilement). Ensuite, il faut aussi correctement régler l'écran pour éviter les reflets et placer l'écran a bonne distance, sans compter le choix de la taille de la police. En somme, il suffit de quelques réglages pour que le confort de lecture soit identique à celui d'un livre, mais encore faut-il être au courant...
Pour en être sûr, il faudrait vérifier cela par des études quantitatives, et comparer avec la lecture d'un livre ou un travail professionnel en équipe. Je ne sais pas si cela a déjà été fait.Loys écrit: Sans doute, mais la facilité qu'offre un moteur de recherche décuple encore ce phénomène
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