- Messages : 18191
'Démythifier les jeux vidéo : les conseils essentiels pour les parents. 11 questions au psychologue Yann Leroux'
- Loys
- Auteur du sujet
Moins
Plus d'informations
02 Mar 2024 15:15 - 02 Mar 2024 15:16 #24991
par Loys
'Démythifier les jeux vidéo : les conseils essentiels pour les parents. 11 questions au psychologue Yann Leroux' a été créé par Loys
Par l'éditeur "FYP" le 5/02/24 :
"Démythifier les jeux vidéo : les conseils essentiels pour les parents. 11 questions au psychologue Yann Leroux"
Attention : Spoiler !
Démythifier les jeux vidéo : les conseils essentiels pour les parents. 11 questions au psychologue Yann Leroux
• Quels sont les malentendus les plus courants que les parents ont à propos des jeux vidéo ?
Souvent, les parents se représentent les jeux vidéo comme un dispositif tout-puissant qui s’imposerait aux enfants et aux adolescents. Malheureusement, en partant de l’idée que « les jeux vidéo, c’est plus fort que toi », les adultes renforcent l’idée qu’ils sont désarmés. L’envie de contrôler le temps de jeu est certainement la seconde idée la plus courante. Elle se comprend parce que c’est le point sur lequel il est facile d’exercer un contrôle, mais l’expérience montre que c’est une mesure totalement inefficace du point de vue éducatif. Enfin, des parents partent trop souvent de l’idée qu’ils ne peuvent pas comprendre leurs enfants parce qu’ils ne jouent pas eux-mêmes aux jeux vidéo ou parce qu’ils ne l’ont pas fait durant leur enfance.
• Comment trouver l’équilibre entre le temps passé devant les écrans et les autres activités pour les enfants ?
Il y a deux façons de répondre à cette question. La première est de se concentrer sur les temps de jeux. La recherche montre que le temps moyen de jeu vidéo dans les pays du nord économique est de 3 heures par jour. Mais beaucoup de parents trouveront qu’une telle durée est excessive. La seconde manière de répondre à cette question est de réfléchir au développement de l’enfant. Comment promouvoir un environnement qui favorise l’intégration d’une éthique de travail ? Quelles sont les activités dont l’enfant a besoin pour son développement ? Comment aider l’enfant à développer son sens de l’autonomie ? En répondant à ces questions, les parents aideront leurs enfants à mieux organiser leurs journées. De mon point de vue, le temps de jeu vidéo n’est pas le problème. Qu’importe si un adolescent joue aux jeux vidéo une ou deux heures par jour s’il a des amis, s’il arrive à travailler, s’il est autonome, s’il a des objectifs clairs en ce qui concerne ses études, s’il est capable de gérer ses émotions et s’il est en bonne santé physique. La bonne stratégie est donc d’accompagner l’enfant pour que ces constantes restent dans le vert. Si une ou plusieurs passent dans l’orange ou le rouge, la cause n’est pas à chercher dans le temps de jeu mais dans des facteurs classiques tels que la gestion de l’agressivité, le stress scolaire, les problèmes familiaux, les difficultés sociales, etc.
• De quelle manière efficace les parents peuvent-ils encadrer l’utilisation des jeux vidéo par leurs enfants ?
Mon premier conseil est de remplacer la surveillance par la bienveillance et l’encadrement par l’accompagnement. C’est bien évidemment difficile, car l’éducation des enfants est source de nombreux conflits et anxiétés tant pour les parents que pour les enfants. Ces anxiétés et ces conflits ne peuvent pas être évités, aussi est-il important de se donner des moyens de les résoudre. Mon second conseil est de ne pas se centrer sur les jeux vidéo mais de discuter de ce qui pose problème. La discussion doit moins tourner autour du temps de jeu et plus autour d’un objectif éducatif. Ainsi, on discutera davantage des anxiétés et des problèmes suscités par la baisse des résultats scolaires que du temps passé à jouer aux jeux vidéo. Le challenge est d’identifier le problème pour trouver des solutions efficaces.
• Quel rôle les jeux vidéo peuvent-ils jouer dans le développement des compétences sociales et cognitives chez les jeunes ?
La recherche a identifié plusieurs bénéfices liés aux jeux vidéo. Tout d’abord, jouer aux jeux vidéo permet de développer des compétences cognitives. Les joueurs de jeux vidéo ont de plus grandes compétences dans les domaines de l’attention visuelle et de la mémoire de travail que les personnes qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Cet effet est plus important pour les jeux de tir, probablement parce que ce sont des jeux qui nécessitent de prendre rapidement de bonnes décisions. Plusieurs recherches ont mis en évidence l’effet d’entraînement de ces compétences cognitives. Cela signifie que jouer régulièrement à un FPS conduit la personne à développer ces compétences attentionnelles visuelles. Les compétences sociales sont les habiletés nécessaires pour interagir avec les autres. Elles sont développées avec les jeux vidéo parce que les joueurs doivent intégrer une culture commune, collaborer et communiquer, et avoir des idées claires sur la situation des autres joueurs. Avec les jeux vidéo, les compétences sociales sont donc renforcées, car ils exigent une interaction et une coopération constantes entre les joueurs, ce qui est essentiel pour le développement social.
• Quelles stratégies proposez-vous pour aider les parents à comprendre et à apprécier les jeux vidéo auxquels leurs enfants s’adonnent ?
Chaque chapitre de mon livre se termine par des conseils donnés aux parents et aux éducateurs. L’idée est de fournir des indications tirées des connaissances qui ont été développées dans le chapitre. La lectrice ou le lecteur trouvera également à la fin du livre une Foire aux Questions qui regroupe les questions que les parents se posent le plus fréquemment à propos des jeux vidéo.
• Comment les éducateurs peuvent-ils utiliser les jeux vidéo comme outil pédagogique ?
Le jeu est la principale source de développement des enfants et des adolescents. Le jeu vidéo est un moyen d’accéder à cette expérience particulière qu’est le jeu. Partant de là, la principale tâche des éducateurs est de les rejoindre dans les jeux vidéo. Ils peuvent tout d’abord s’intéresser aux activités vidéoludiques des plus jeunes. De la même manière qu’un éducateur s’intéresse à ce qui se passe dans la salle de danse ou sur le terrain de rugby, en s’intéressant à ce qui se passe dans les parties de jeu vidéo, les éducateurs aident les enfants à réfléchir sur leurs expériences passées, à identifier ce qui peut poser problème et à renforcer ce qui a une valeur positive. Les éducateurs peuvent aussi jouer avec les enfants et les adolescents. Partager les émotions apportées par une partie de jeu vidéo contribue à renforcer les liens entre les joueurs, ce qui pour les éducateurs est un élément très important. Ensuite, pendant les parties, les éducateurs peuvent transmettre aux enfants et aux adolescents certains comportements et attitudes. Comment perd-on avec grâce ? Comment exprime-t-on des émotions comme la déception ou la joie ? Comment arrête-t-on une expérience plaisante ?
• Quels genres de jeux vidéo recommandez-vous pour différentes tranches d’âge, et pourquoi ?
Je recommande les jeux de coopération pour toutes les tranches d’âge. D’abord parce qu’ils sont plus rares que les jeux basés sur la compétition. Ensuite, parce que la compétition, même si elle a quelques vertus positives, est aussi un très bon conducteur de l’agressivité. Les membres d’une même famille coopèrent au bon fonctionnement de la maison, tout comme les membres d’un même groupe coopèrent dans un jeu vidéo. Pour les adolescents, les jeux de coopération sont encore plus importants, parce qu'ils apportent à la famille une expérience où la question des conflits ne se pose plus. Un certain niveau de compétition peut être intéressant dans certains cas. Ils peuvent, par exemple, être utiles aux enfants timorés. Mais dans ce cas, l’adulte doit changer les règles du jeu afin de donner un avantage à l’enfant. Par exemple, dans un jeu de foot, on pourra décider que l’adulte a perdu la partie s’il prend un seul but. Que l’on joue à un jeu de coopération ou de compétition, l’important est de s’amuser.
• Comment les parents peuvent-ils identifier les signes d’une utilisation problématique des jeux vidéo chez leurs enfants ?
Lorsque les jeux vidéo ne servent pas à s’amuser mais qu’ils sont utilisés pour d’autres choses, les parents peuvent se dire qu’il y a un problème. Jouer tard le soir aux jeux vidéo peut masquer une insomnie qui elle-même peut être la conséquence d’un stress. Certains enfants utilisent aussi les jeux vidéo pour ventiler leurs émotions. C’est par exemple le cas d’enfants qui ont une colère de fond - liée par exemple à un vif sentiment de dévalorisation - et qui expriment bruyamment leur colère au travers du jeu vidéo. Lorsqu’un enfant ou un adolescent investit le jeu vidéo non pas pour le plaisir mais pour autre chose, il faut s’en inquiéter.
• Comment les jeux vidéo peuvent-ils être utilisés comme outils éducatifs, et quels types de jeux recommandez-vous à cet effet ?
Les jeux vidéo sont avant tout des jeux. De ce fait, on retrouve avec eux tous les bienfaits du jeu. Ils favorisent la socialisation, stimulent la créativité, incitent à développer des savoirs et des savoir-faire, renforcent l’estime de soi. Comme tous les jeux, les jeux vidéo facilitent la communication, nourrissent le bien-être émotionnel, soutiennent les relations sociales et augmentent les forces personnelles. Dans leur choix des jeux vidéo, les parents doivent apporter le même soin qu’ils ont apporté au choix des premiers jouets de leur bébé. Ils doivent choisir des jeux qui correspondent aux intérêts actuels de leur enfant, et aussi, parfois, proposer quelque chose de différent. Les jeux vidéo primés, les jeux vidéo produits par les studios indépendants et les jeux collaboratifs sont généralement de bons choix.
• Comment les jeux vidéo influencent-ils les compétences sociales et la communication chez les jeunes ?
Jouer aux jeux vidéo nécessite de communiquer avec les partenaires de jeu. Les joueurs doivent apprendre à interagir ensemble, comme une équipe. Dans une partie, un joueur peut donner des instructions tandis que les autres suivent. Les rôles peuvent s’inverser à la partie suivante. Les jeunes joueurs apprennent donc à faire avec la susceptibilité et les compétences de chacun. Comme dans la célèbre partie de cartes sur le vieux port de Marcel Pagnol, il y a aussi une dimension théâtrale dans les parties. Les joueurs se taquinent, fanfaronnent, puis partagent des aspects plus sérieux de leurs vies. Les jeux vidéo sont aussi une occasion de montrer ses connaissances, de montrer leur maîtrise de ce qui est considéré comme étant de bon goût. Cela passe par des comparaisons minutieuses entre Fifa 2023 et Fifa 2022 ou une critique acerbe d’un jeu très attendu mais qui, finalement, aura déçu.
• Quel est le principal message que vous voulez faire passer aux parents de joueurs ?
Dans mon travail de psychothérapeute, dans les conférences et les formations que je donne sur les jeux vidéo, je suis régulièrement confronté aux questions que se posent les parents et les éducateurs. J’ai rassemblé des connaissances immédiatement utiles dans mon livre. Mais voici les premières recommandations que je veux donner : 1) jouez aux jeux vidéo avec vos enfants, 2) jouez aux jeux vidéo avec vos enfants, et 3) jouez aux jeux vidéo avec vos enfants !
Psychologue clinicien, psychanalyste et conférencier international, Yann Leroux s’intéresse aux mondes numériques et est reconnu pour son expertise dans l’utilisation des jeux vidéo en psychothérapie.
#education #jeuxvideo #parentalite #psy #enfants
• Quels sont les malentendus les plus courants que les parents ont à propos des jeux vidéo ?
Souvent, les parents se représentent les jeux vidéo comme un dispositif tout-puissant qui s’imposerait aux enfants et aux adolescents. Malheureusement, en partant de l’idée que « les jeux vidéo, c’est plus fort que toi », les adultes renforcent l’idée qu’ils sont désarmés. L’envie de contrôler le temps de jeu est certainement la seconde idée la plus courante. Elle se comprend parce que c’est le point sur lequel il est facile d’exercer un contrôle, mais l’expérience montre que c’est une mesure totalement inefficace du point de vue éducatif. Enfin, des parents partent trop souvent de l’idée qu’ils ne peuvent pas comprendre leurs enfants parce qu’ils ne jouent pas eux-mêmes aux jeux vidéo ou parce qu’ils ne l’ont pas fait durant leur enfance.
• Comment trouver l’équilibre entre le temps passé devant les écrans et les autres activités pour les enfants ?
Il y a deux façons de répondre à cette question. La première est de se concentrer sur les temps de jeux. La recherche montre que le temps moyen de jeu vidéo dans les pays du nord économique est de 3 heures par jour. Mais beaucoup de parents trouveront qu’une telle durée est excessive. La seconde manière de répondre à cette question est de réfléchir au développement de l’enfant. Comment promouvoir un environnement qui favorise l’intégration d’une éthique de travail ? Quelles sont les activités dont l’enfant a besoin pour son développement ? Comment aider l’enfant à développer son sens de l’autonomie ? En répondant à ces questions, les parents aideront leurs enfants à mieux organiser leurs journées. De mon point de vue, le temps de jeu vidéo n’est pas le problème. Qu’importe si un adolescent joue aux jeux vidéo une ou deux heures par jour s’il a des amis, s’il arrive à travailler, s’il est autonome, s’il a des objectifs clairs en ce qui concerne ses études, s’il est capable de gérer ses émotions et s’il est en bonne santé physique. La bonne stratégie est donc d’accompagner l’enfant pour que ces constantes restent dans le vert. Si une ou plusieurs passent dans l’orange ou le rouge, la cause n’est pas à chercher dans le temps de jeu mais dans des facteurs classiques tels que la gestion de l’agressivité, le stress scolaire, les problèmes familiaux, les difficultés sociales, etc.
• De quelle manière efficace les parents peuvent-ils encadrer l’utilisation des jeux vidéo par leurs enfants ?
Mon premier conseil est de remplacer la surveillance par la bienveillance et l’encadrement par l’accompagnement. C’est bien évidemment difficile, car l’éducation des enfants est source de nombreux conflits et anxiétés tant pour les parents que pour les enfants. Ces anxiétés et ces conflits ne peuvent pas être évités, aussi est-il important de se donner des moyens de les résoudre. Mon second conseil est de ne pas se centrer sur les jeux vidéo mais de discuter de ce qui pose problème. La discussion doit moins tourner autour du temps de jeu et plus autour d’un objectif éducatif. Ainsi, on discutera davantage des anxiétés et des problèmes suscités par la baisse des résultats scolaires que du temps passé à jouer aux jeux vidéo. Le challenge est d’identifier le problème pour trouver des solutions efficaces.
• Quel rôle les jeux vidéo peuvent-ils jouer dans le développement des compétences sociales et cognitives chez les jeunes ?
La recherche a identifié plusieurs bénéfices liés aux jeux vidéo. Tout d’abord, jouer aux jeux vidéo permet de développer des compétences cognitives. Les joueurs de jeux vidéo ont de plus grandes compétences dans les domaines de l’attention visuelle et de la mémoire de travail que les personnes qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Cet effet est plus important pour les jeux de tir, probablement parce que ce sont des jeux qui nécessitent de prendre rapidement de bonnes décisions. Plusieurs recherches ont mis en évidence l’effet d’entraînement de ces compétences cognitives. Cela signifie que jouer régulièrement à un FPS conduit la personne à développer ces compétences attentionnelles visuelles. Les compétences sociales sont les habiletés nécessaires pour interagir avec les autres. Elles sont développées avec les jeux vidéo parce que les joueurs doivent intégrer une culture commune, collaborer et communiquer, et avoir des idées claires sur la situation des autres joueurs. Avec les jeux vidéo, les compétences sociales sont donc renforcées, car ils exigent une interaction et une coopération constantes entre les joueurs, ce qui est essentiel pour le développement social.
• Quelles stratégies proposez-vous pour aider les parents à comprendre et à apprécier les jeux vidéo auxquels leurs enfants s’adonnent ?
Chaque chapitre de mon livre se termine par des conseils donnés aux parents et aux éducateurs. L’idée est de fournir des indications tirées des connaissances qui ont été développées dans le chapitre. La lectrice ou le lecteur trouvera également à la fin du livre une Foire aux Questions qui regroupe les questions que les parents se posent le plus fréquemment à propos des jeux vidéo.
• Comment les éducateurs peuvent-ils utiliser les jeux vidéo comme outil pédagogique ?
Le jeu est la principale source de développement des enfants et des adolescents. Le jeu vidéo est un moyen d’accéder à cette expérience particulière qu’est le jeu. Partant de là, la principale tâche des éducateurs est de les rejoindre dans les jeux vidéo. Ils peuvent tout d’abord s’intéresser aux activités vidéoludiques des plus jeunes. De la même manière qu’un éducateur s’intéresse à ce qui se passe dans la salle de danse ou sur le terrain de rugby, en s’intéressant à ce qui se passe dans les parties de jeu vidéo, les éducateurs aident les enfants à réfléchir sur leurs expériences passées, à identifier ce qui peut poser problème et à renforcer ce qui a une valeur positive. Les éducateurs peuvent aussi jouer avec les enfants et les adolescents. Partager les émotions apportées par une partie de jeu vidéo contribue à renforcer les liens entre les joueurs, ce qui pour les éducateurs est un élément très important. Ensuite, pendant les parties, les éducateurs peuvent transmettre aux enfants et aux adolescents certains comportements et attitudes. Comment perd-on avec grâce ? Comment exprime-t-on des émotions comme la déception ou la joie ? Comment arrête-t-on une expérience plaisante ?
• Quels genres de jeux vidéo recommandez-vous pour différentes tranches d’âge, et pourquoi ?
Je recommande les jeux de coopération pour toutes les tranches d’âge. D’abord parce qu’ils sont plus rares que les jeux basés sur la compétition. Ensuite, parce que la compétition, même si elle a quelques vertus positives, est aussi un très bon conducteur de l’agressivité. Les membres d’une même famille coopèrent au bon fonctionnement de la maison, tout comme les membres d’un même groupe coopèrent dans un jeu vidéo. Pour les adolescents, les jeux de coopération sont encore plus importants, parce qu'ils apportent à la famille une expérience où la question des conflits ne se pose plus. Un certain niveau de compétition peut être intéressant dans certains cas. Ils peuvent, par exemple, être utiles aux enfants timorés. Mais dans ce cas, l’adulte doit changer les règles du jeu afin de donner un avantage à l’enfant. Par exemple, dans un jeu de foot, on pourra décider que l’adulte a perdu la partie s’il prend un seul but. Que l’on joue à un jeu de coopération ou de compétition, l’important est de s’amuser.
• Comment les parents peuvent-ils identifier les signes d’une utilisation problématique des jeux vidéo chez leurs enfants ?
Lorsque les jeux vidéo ne servent pas à s’amuser mais qu’ils sont utilisés pour d’autres choses, les parents peuvent se dire qu’il y a un problème. Jouer tard le soir aux jeux vidéo peut masquer une insomnie qui elle-même peut être la conséquence d’un stress. Certains enfants utilisent aussi les jeux vidéo pour ventiler leurs émotions. C’est par exemple le cas d’enfants qui ont une colère de fond - liée par exemple à un vif sentiment de dévalorisation - et qui expriment bruyamment leur colère au travers du jeu vidéo. Lorsqu’un enfant ou un adolescent investit le jeu vidéo non pas pour le plaisir mais pour autre chose, il faut s’en inquiéter.
• Comment les jeux vidéo peuvent-ils être utilisés comme outils éducatifs, et quels types de jeux recommandez-vous à cet effet ?
Les jeux vidéo sont avant tout des jeux. De ce fait, on retrouve avec eux tous les bienfaits du jeu. Ils favorisent la socialisation, stimulent la créativité, incitent à développer des savoirs et des savoir-faire, renforcent l’estime de soi. Comme tous les jeux, les jeux vidéo facilitent la communication, nourrissent le bien-être émotionnel, soutiennent les relations sociales et augmentent les forces personnelles. Dans leur choix des jeux vidéo, les parents doivent apporter le même soin qu’ils ont apporté au choix des premiers jouets de leur bébé. Ils doivent choisir des jeux qui correspondent aux intérêts actuels de leur enfant, et aussi, parfois, proposer quelque chose de différent. Les jeux vidéo primés, les jeux vidéo produits par les studios indépendants et les jeux collaboratifs sont généralement de bons choix.
• Comment les jeux vidéo influencent-ils les compétences sociales et la communication chez les jeunes ?
Jouer aux jeux vidéo nécessite de communiquer avec les partenaires de jeu. Les joueurs doivent apprendre à interagir ensemble, comme une équipe. Dans une partie, un joueur peut donner des instructions tandis que les autres suivent. Les rôles peuvent s’inverser à la partie suivante. Les jeunes joueurs apprennent donc à faire avec la susceptibilité et les compétences de chacun. Comme dans la célèbre partie de cartes sur le vieux port de Marcel Pagnol, il y a aussi une dimension théâtrale dans les parties. Les joueurs se taquinent, fanfaronnent, puis partagent des aspects plus sérieux de leurs vies. Les jeux vidéo sont aussi une occasion de montrer ses connaissances, de montrer leur maîtrise de ce qui est considéré comme étant de bon goût. Cela passe par des comparaisons minutieuses entre Fifa 2023 et Fifa 2022 ou une critique acerbe d’un jeu très attendu mais qui, finalement, aura déçu.
• Quel est le principal message que vous voulez faire passer aux parents de joueurs ?
Dans mon travail de psychothérapeute, dans les conférences et les formations que je donne sur les jeux vidéo, je suis régulièrement confronté aux questions que se posent les parents et les éducateurs. J’ai rassemblé des connaissances immédiatement utiles dans mon livre. Mais voici les premières recommandations que je veux donner : 1) jouez aux jeux vidéo avec vos enfants, 2) jouez aux jeux vidéo avec vos enfants, et 3) jouez aux jeux vidéo avec vos enfants !
Psychologue clinicien, psychanalyste et conférencier international, Yann Leroux s’intéresse aux mondes numériques et est reconnu pour son expertise dans l’utilisation des jeux vidéo en psychothérapie.
#education #jeuxvideo #parentalite #psy #enfants
Dernière édition: 02 Mar 2024 15:16 par Loys.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.