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"Décentralisation : Un nouvel Acte commence" (Café Pédagogique)
- Loys
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Un nouvel Acte, d'accord. Ce qui serait bien, ce serait de savoir quel est le dénouement prévu pour la pièce. En espérant qu'il ne s'agisse pas d'une mauvaise comédie.Décentralisation : Un nouvel Acte commence
Quel sympathique discours punitif."Les enseignants sont hors de ce monde. 80% ignorent ces questions. Les contrats tripartites vont leur permettre de comprendre qu'on est dans de nouvelles réalités qui impactent leurs pratiques". Ces propos de Philippe Tournier illustrent le colloque tenu par Education et territoires à Paris le 27 novembre.
Cette antienne sur l'école "hors du monde" est insupportable. Habituellement chantée par des gens extérieurs de l'école, elle est d'autant plus insoutenable qu'elle est chantée par des responsables de l’Éducation nationale comme M. Tournier, secrétaire général du SNPDEN, le syndicat des personnels de direction. Le même qui soutenait la réforme de l'évaluation des enseignants : un grand promoteur de l'autonomie, donc, et de la décentralisation.
Répétons mille fois si nécessaire : l'école est aussi le monde. On rencontre même dans les salles de classe ou les couloirs de nos collèges davantage la réalité du monde que dans un bureau du Rectorat ou sur un mur Facebook.
"défis", "Acte III" : des mots flottant fièrement comme des étendards mais qui cachent bel et bien une régression des services publics.Cadres de l'Etat et des collectivités locales ont cherché à faire le point des défis et des objectifs de l'Acte III de la décentralisation.
On l'avait compris avec la réforme de l'évaluation et bien avant avec la régionalisation du statut des ATOS.En conclusion une certitude : c'est bien une nouvelle époque qui commence pour l'Education nationale. Comment on ne vous a pas prévenu ?...
Comme en termes diplomatiques ces choses-là sont dites : "copilotage" pour renoncement par l’État à exercer une de ses fonctions régaliennes, l'éducation nationale.Cabinet de conseil en politique éducative, Education et territoires a réussi son pari de réunir de nombreux représentants des collectivités territoriales et de les avoir fait échanger entre eux et avec ceux de l'Etat. Car la grande affaire de ce colloque c'est l'échange de réflexions et d'expériences au moment où s'ouvre une nouvelle étape de la décentralisation avec l'Acte III qui devrait être présenté au Parlement au printemps. Bernard Toulemonde, ancien recteur, fait état d'un rapport non publié sur la décentralisation. Il montre une pénétration des EPLE par les collectivités territoriales et des pressions vers un copilotage des établissements.
La lutte contre le décrochage n'est donc plus un objectif national, mais régional. Et l'orientation n'est plus qu'un enjeu local, lié à chaque situation académique.Il y a aussi "régionalisation" dans el sens où c'est cette collectivité qui s'impose. L'Acte III devrait offrir aux régions des compétences stratégiques nouvelles comme l'orientation, l'enseignement professionnel, la lutte contre le décrochage.
Alors qu'il s'agit d'une fermeture. Les mots cachent la réalité.Ouvrir le système
Sur la question du numérique, on voit donc - avec fascination - que l'équipement piloté par les régions sans concertation aucune avec les enseignants (le plus souvent dans l'anarchie et la gabegie : voir de nombreux fils à ce sujet sur ce forum) justifient à présent que les régions puissent s'ingérer dans l’Éducation que l'on peut commencer à appeler Éducation régionale."On est en train de retisser les liens d'un partenariat durable" estime Edouard Leroy, conseiller du ministre de l'éducation nationale. Ainsi la place des collectivités dans les conseils d'administration des EPLE devrait être revue à la hausse. Mais elles veulent plus. "Les collectivités n'ont pas à mettre des moyens en face des besoins sans avoir un mot à dire face aux besoins", déclare Marie Richard, conseillère générale du 77.
Ben voyons : l'école a pour finalité l'employabilité selon les besoins régionaux. On voit où conduit l'enseignement par compétences.Responsable Education de l'association des régions de France, François Bonneau juge la nouvelle étape très positive. "On se bat pour que le transfert de l'orientation aux régions soit dans la loi d'orientation", annonce-t-il. Avec l'augmentation du poids régional au CA, l'acte III "permet à l'établissement de se mettre en devenir, de réfléchir à la finalité des savoirs" qui sont bien de former les jeunes pour accéder à l'emploi.
Quelles jolies formules creuses mais pleines de menaces : "permet à l'établissement de se mettre en devenir". Et quelles perspectives radieuses de laisser à des instances sans ni compétence ni légitimité éducative la "permission" de "réfléchir à la finalité des savoirs".
C'est la logique même : faire administrer un établissement scolaire par une personne qui lui est étrangère. Je propose d'appliquer ce principe à toutes les entreprises publiques et privées de chaque région.La nouvelle contractualisation tripartite, Etat, région, établissement, doit amener les établissements à affirmer leur projet. "Il faut ouvrir le système éducatif", lance F Bonneau. Faut-il aller jusqu'à faire dépendre le gestionnaire des EPLE de l'autorité régionale ? Certains dans la salle le souhaitent. F. Bonneau pense que ce serait faire éclater l'équipe de direction. Faut-il imposer des présidents de CA différents des chefs d'établissement ? Beaucoup dans la salle estiment que ça faciliterait l'ouverture des établissements sur leur environnement.
Quel magnifique aveu !Les TICE semblent une bonne voie pour faciliter cette ouverture aux pouvoirs régionaux.
Le numérique est l'un des chevaux de Troie de la décentralisation et de l'éclatement de l’Éducation régionale
Tu m'étonnes vu que cet équipement s'est fait sans concertation (et sans réflexion sur le véritable intérêt pédagogique des TICE).Le numérique éducatif enfin clarifié ?
C'est que depuis des années , les collectivités locales, régions en tête, ont énormément investi pour introduire les TICE dans les établissements, sans grands progrès dans les usages.
La logique est donc la suivante. L’État lance un grand plan du numérique, les collectivités locales sont chargées de mettre en œuvre cette grande ambition pour la France ; elles le font dans l'anarchie et dépensent sans compter mais constatent peu à peu l'échec retentissant de cette mise en œuvre à la hussarde, échec imputé tantôt à sa lenteur, tantôt au manque de formation des enseignants mais jamais à la pertinence même de ce plan ; en toute logique, après avoir imposé des salles multimédias, des réseaux, des ENT ou des tablettes sans grand intérêt pour les enseignants à des échelles parfois massives et toujours extrêmement coûteuses (au détriment souvent d'autres dépenses moins flamboyantes mais sans doute nécessaires dans de nombreux collèges ou lycées), elles arguent de cet échec pour entrer dans les établissements et influer sur leur direction.
Un personne pour la maintenance du parc informatique de trois lycées, c'est presque trop !On attend de la nouvelle décentralisation qu'elle trouve une solution au vieux problème de la maintenance, aujourd'hui attribuée ni à l'Etat ni aux régions. Eric Mazo rappelle qu'en région PACA cela représente un emploi pour 3 lycées, 60 au total pour la région. Un chiffre à faire réfléchir la région Ile-de-France et ses 470 lycées.
C'est bien de se poser la question de la maintenance du matériel seulement après avoir procédé à un équipement massif. L'argent public est géré avec toute la proactivité nécessaire, pour reprendre un terme entrepreneurial à la mode.
Traduire : il faut amadouer le corps enseignant. Sans concertation c'est bien parti !Pour Sandrine Dangreville, chargée des TICE au conseil régional Ile-de-France, la gestion des TICE dans les EPLE demande d'abord d'établir une relation de confiance avec les enseignants.
Quelle libéralité !La pédagogie, la formation des enseignants doivent rester des compétences étatiques.
C'est sûr que faire lire un livre, c'est tout à fait inadaptabilitoire (moi aussi j'innove !). Où l'on retrouve toujours la même injonction : ce qui est dans l'école doit être identique à ce qui est hors de l'école. On pourrait en ce cas appliquer ce précepte à beaucoup d'autres choses que le simple numérique : pourquoi des règles de vie collectives, l'imposition de la laïcité, l'interdiction de fumer etc. ?Jean-Pierre Quignaux, chargé des usages numériques à l'Assemblée des départements de France souligne le "basculement sociétal" qui s'est produit dans la société sans l'Ecole. Celle-ci fait preuve "d'inadaptabilité" dans uen société qui s'est largement ouverte au numérique.
Traduction : à quoi qu'il a servi, le pognon ?Il pose aussi la question de l'évaluation des usages issus des investissements des collectivités territoriales.
Tiens ça me rappelle un article que j'ai écrit il y a quelques mois : "Ma petite entreprise : chronique d'une gabegie annoncée" .Représentant le ministre, Gilles Braun, conseiller TICE de V Peillon, ne dit pas grand chose des choix ministériels qui devraient être connus le 13 décembre. Mais il présente une vision du déploiement des TICE qui privilégie leur centralisation. Ainsi la floraison des ENT impose maintenant des normes de compatibilité.
Une vision commune qui - accessoirement - pourrait inclure celle des premiers intéressés : les enseignants.L"intégration des TICE doit amener à "définir une vision commune sur ce qu'il convient d'acheter".
Les lobbys politiques et commerciaux sauront bien lui faire entendre raison.L'accès au très haut débit doit se faire aussi dans un souci d'égalité qui ramène l'Etat en position d'arbitre. Si les TICE ont été une porte d'entrée des collectivités locales dans les EPLE, l'Etat semble vouloir en garder le pilotage...
Bref le chef d'établissement devient un exécutant : il choisit la stratégie mais pour des "contrats d'objectifs" que lui impose le Rectorat. Et bientôt la Région ?Quel contenu pour les nouveaux contrats ?
Puisque l'Acte III envisage la signature de contrats tripartites entre l'EPLE, l'Etat et la région quel doit en être le contenu ? Qui doit le signer ? Une dernière table ronde partage les expériences de la rectrice Florence Robine avec celles de Jean-Charles Ringard, DG délégué des Pays de la LOire, Cécile Bourderionnet, directrice des collèges de la Creuse, Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN et Marie-Dolorès Cornillon, gestionnaire d'un EPLE. Dans l'académie d'Amiens, F Robine a mis en place des contrats d'objectifs qu'elle détaille. Le contrat repose sur un diagnostic, est suivi à travers des indicateurs et permet au chef d'établissement de concevoir sa stratégie.
Elle n'est pas consultée, mais par contre engagée par ces contrats.Il doit engager la communauté éducative.
Aveu indirect que le numérique n'est pas guidé par des préoccupation pédagogiques.Le contrat tripartite doit permettre de dépasser les conflits de territoire.
Faut-il mettre des objectifs de résultats dans ces nouveaux contrats ? Pour JC Ringard, ils ont l'avantage de concentrer le rectorat sur le pédagogique.
Ça passe mieux comme ça : "contributeurs" au lieu de "surintendants".Ils font apparaitre les régions non comme des surintendants mais comme une structure qui apporte une vraie contribution.
La démocratisation, mais chacun dans sa région.Il n'est pas possible de faire ces contrats sans qu'ils contiennent des objectifs ambitieux comme la démocratisation.
Tout ira bien. Ce n'est pas comme si certaines régions étaient lourdement endettées.Doivent-ils flécher de smoyens ? C Bourderionet craint que les collectivités soient prises en otage de politiques d'établissement. Mais JC Ringard estime que le fléchage de moyens est indispensable. P Tournier y voit une condition d'un vrai contrat. "La convention à trois obligera les trois à respecter leur signature ce qui n'est pas le cas pour les contrats d'objectifs actuels.
Je confirme. Surtout qu'ils ne signeront rien eux-mêmes, mais seront "engagés" par ces contrats.Et les enseignants ?
"On aura du mal à faire admettre aux enseignants que la région signe en bas d'une document qui fixe des objectifs pour l'établissement", prévient F Robine.
Si par cette expression, M. Tournier pense à la décentralisation, il a toutes les raisons de s'en réjouir puisque l'Acte III pourra être adopté sans difficulté."Les enseignants sont hors de ce monde. 80% ignorent ces questions", rappelle P Tournier.
Drôle de modernité où l’Éducation n'est plus nationale. Mais le mot joue son rôle habituel : qui donc pourrait être contre la modernité ?Les nouveaux contrats tripartites s'avèrent être des supports d'une modernisation de l'Ecole.
Ces ignares, a-t-on envie d'ajouter.Encore fait-il que les enseignants, à qui on demande de les porter, en saisissent les enjeux.
Combien d'enseignants invités ?Rien que pour cette prise de conscience le colloque organisé par Education et territoires se justifiait.
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