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"Les enjeux de la formation des enseignants : attirer, former, accompagner et retenir" (L'éducation déchiffrée)
- Loys
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A lire sur ce blog hébergé du "Monde" : "Les enjeux de la formation des enseignants : attirer, former, accompagner et retenir " (5/04/13)
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Bon, une tarte à la crème : la mauvaise formation des professeurs explique tous les maux de l'école. J'aurais plutôt tendance à penser que marteler de telles choses, c'est participer activement à la dévalorisation des enseignants.Au moment où les discussions sur les rythmes scolaires s’essoufflent un peu (et au fond, tant mieux après tout), il me semble opportun de répéter combien il sera crucial d’améliorer la formation des enseignants (initiale et continue) pour réussir la refondation de l’école.
Une remarque en passant : le système scolaire français n'a jamais été si peu efficace que depuis que la formation des enseignants a été mise en place, en 1989, dans les IUFM. Troublant, n'est-ce pas ?
La qualité des enseignants n'est pas nécessairement liée à leur formation mais peut-être davantage à leurs conditions de recrutement (niveau mais aussi attractivité du métier).Ce sujet est au cœur du débat : l’OCDE elle-même a organisé le 18 mars un colloque sur ce thème ( www.oecd.org/fr/edu/scolaire/enseigner.htm ) pour souligner une nouvelle fois, à travers des exemples de bonnes pratiques internationales, combien la qualité des enseignants est le premier levier d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation (bien plus que toute autre mesure quantitative).
Et surtout ont fait le choix de mieux rémunérer leurs enseignants. La France est une exception incompréhensible dans ce paysage.Les pays performants dans les évaluations internationales, tout comme les pays qui ont reformé en profondeur leur système d’éducation ces dernières années, ont tous mis la formation des enseignants au cœur de leurs préoccupations.
On peut en douter...S’agissant de la France, il ne faudra pas oublier que la mise en place des nouveaux rythmes scolaires est juste un ingrédient susceptible de contribuer au succès de la réforme...
Ah... C'est l'absence d'individualisation qui explique l'échec scolaire. Ravi de l'apprendre. Je serais au passage curieux d'apprendre comment réaliser cette "individualisation" dans un des pays de l'OCDE où le taux d'encadrement est le plus faible. Mais c'est sans doute très secondaire....mais qui ne portera ses fruits que si les enseignants sont formés et préparés à utiliser cette nouvelle répartition du temps scolaire pour introduire davantage d’individualisation dans leur enseignement et faire ainsi face à l’échec scolaire grandissant.
Le premier dépend du quatrième...Les enjeux principaux de la réforme peuvent se résumer en 4 objectifs à l’aune desquels il sera possible mesurer sa réussite : le premier, « attirer » les étudiants vers le métier d’enseignant ; le deuxième, mieux les « former » ; le troisième, « accompagner » les nouveaux enseignants en début de carrière ; et enfin, le quatrième et dernier défi, les « retenir » dans ce métier en leur proposant des évolutions de carrière, mais aussi en leur donnant accès à la formation continue.
La nuance est importante : on peut avoir des compétences pour devenir enseignant sans être un bon étudiant. Merci pour la considération...Susciter des vocations : comment attirer les étudiants vers le métier d’enseignant
« Attirer » tout d’abord, attirer les bons étudiants vers ce métier, ou du moins ceux qui ont les meilleures compétences pour devenir enseignant...
...voilà, à l’évidence, un élément essentiel. L’actualité est malheureusement plutôt à la crise des vocations en France et dans de nombreux pays européens, alors que dans le même temps, il y a en Finlande 10 candidats pour un poste d’enseignant, et qu’à Singapour et en Corée, les élèves se bousculent pour s’inscrire dans les filières préparant au métier d’enseignant, permettant ainsi aux universités de sélectionner les candidats parmi ceux qui ont obtenu les meilleurs résultats (sur la base des examens du secondaire).
Faut-il vraiment chercher très loin ?
L'insistance sur le second point est suspecte.Pour Singapour et la Corée, l’aspect financier peut certes également peser dans le choix du métier d’enseignant, mais la valorisation de la profession par les autorités du pays, et la reconnaissance qu’elle suscite au sein de la société, sont des leviers tout aussi importants dans le choix des étudiants, aspect particulièrement négligé ces dernières années en France.
Bref, rien de tel qu'une bonne campagne publicitaire martelant qu'être professeur, c'est le pied...Il paraît donc indispensable de valoriser ce métier pour le rendre plus attractif et des exemples récents montrent qu’il est possible d’y parvenir en peu de temps. Le Royaume-Uni a ainsi lancé en 1997 une campagne de recrutement nationale pour faire face à l’importante pénurie d’enseignants observée à la fin des années 80. Cette campagne s’articulait autour de deux axes : la mise en avant de l’importance du rôle des enseignants dans la société et l’adoption d’une stratégie de profilage valorisant autant dans la sélection des candidats leurs compétences académiques que leur motivation, évaluée par des entretiens individuels. Cette même campagne soulignait l’aspect évolutif du métier d’enseignant et s’accompagnait de la mise en place de passerelles pour permettre aux futurs enseignants de voir leur statut évoluer au fur et à mesure de l’avancement de leur carrière, leur donnant la possibilité, s’ils le souhaitaient, de s’orienter vers un autre type de métier.
Bilan : en 1997, avant cette campagne, on comptait moins de 28 000 candidats enseignants pour 35 000 postes à pourvoir ; 4 ans après, ils étaient plus de 40 000.
C'est peu de le dire... De toute façon la paupérisation des enseignants remonte à bien avant 2000.Attirer, c’est donc possible, même s’il faut reconnaître que la conjoncture économique actuelle est plus délicate qu’au début des années 2000.
Ben voyons... De jeunes instituteurs qui ne peuvent même pas louer un logement en région parisienne, mais tout va bien.Par ailleurs, le levier financier n’est pas indispensable en soi, même s’il doit entrer dans la réflexion en France...
Bonne idée pour revaloriser le métier : ne revaloriser qu'une partie des enseignants....notamment concernant les futurs enseignants du primaire ou les incitations financières pour les postes dans les établissements difficiles.
Quelle bonne suggestion, qui se marie idéalement avec la réforme des rythmes scolaires et la demi-journée de présence supplémentaire des enseignants du primaire !Former les enseignants : en finir une fois pour toute avec le modèle consécutif
Deuxième élément clé de la réussite : avoir une formation de qualité qui mêle apprentissage des savoirs et du savoir-faire, une formation qui devra également évoluer au fil du temps pour faire face aux changements qui s’opèrent dans la société et aux nouveaux enjeux qui en découlent.
Et pour quelle raison, au juste ?Disons-le clairement : pour cela, il est nécessaire en France d’en finir une bonne fois pour toute avec le modèle consécutif, où la formation pédagogique n’intervient qu’une fois la formation initiale terminée.
Ah oui, c'est une bonne raison...Ce modèle est quasiment obsolète et très minoritaire en Europe, où seules l’Espagne, l’Italie et la France l’appliquent pour former les enseignants du secondaire, mais également minoritaire dans les autres pays de l’OCDE...
C'est bien connu : les étudiants passent les concours de l'enseignement par désœuvrement.Cette approche présente deux inconvénients majeurs : la décision de rejoindre l’enseignement est de facto prise plus tard, après l’obtention du diplôme universitaire...
C'est faux : les enseignants du primaire peuvent se former chaque année pendant deux semaines. Et une grande partie du concours du secondaire porte sur la pédagogie....mais surtout, une partie des candidats au métier d’enseignant sont éliminés directement aux épreuves d’admissibilité, avant même d’avoir été évalués sur la partie pédagogique du métier.
Heureusement dans la nouvelle maquette des concours du secondaire, le disciplinaire n'occupe plus qu'un sixième de la note ( voir ici ).
Comme si l'apport théorique était nécessairement positif : c'est précisément cet "apport", plus idéologique que théorique d'ailleurs, qui est responsable d'une grande partie des maux actuels de l'école.La plupart des pays ont aujourd’hui adopté un modèle dit « simultané », avec alternance de formations disciplinaires et professionnelles. Dans ce modèle, la décision de devenir enseignant est prise plus tôt et le volet pratique a beaucoup plus de poids dans la formation. Ainsi, en Finlande, les futurs enseignants doivent accomplir dès leur première année de formation des périodes de stage, en passant graduellement, sous la supervision d’un enseignant chevronné, de l’observation à la pratique accompagnée. Ces stages sont toujours mis en relation avec un apport théorique, ce qui habitue les futurs enseignants à adopter un regard critique sur leur pratique.
Bref, ne retenir de l'exemple finlandais que ce qui contribue à dévaloriser les enseignants français actuels et ne pas mentionner le reste : meilleurs salaires, publics plus homogènes, taux d'encadrement plus élevé, affectation non nationale etc.À l’instar de la Finlande, l’Allemagne a récemment renforcé cet aspect pratique et inclus dans les programmes de formation de ses enseignants des modules où les futurs enseignants apprennent dès les première années de formation à cibler les problèmes spécifiques des élèves en difficulté, à établir des diagnostics et à utiliser des méthodes différenciées pour y remédier.
Les problèmes de disciplines les plus graves ne devraient pas être gérés par les enseignants : voilà l'origine de ces difficultés.Accompagner les enseignants durant les premières années de leur carrière
Une formation initiale de qualité est essentielle, et ceci implique également une réflexion sur la formation des formateurs. Mais permettre aux enseignants d’être soutenus lors de leur entrée dans la profession est tout aussi déterminant. À ce titre, l’Enquête internationale sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) met en évidence qu’un tiers des nouveaux enseignants dans les pays de l’OCDE estiment avoir un besoin élevé de formation professionnelle pour les aider à gérer la discipline et les problèmes de comportement au sein de leur classe.
Non, l'exercice de l'autorité dans l'établissement est mille fois plus importante.L’accompagnement des jeunes enseignants est donc primordial.
En France les stagiaires du secondaire sont supervisés pendant un an depuis belle lurette... L'auteur de cet article connaît-il seulement le système de formation français ?C’est l’approche adoptée par l’Allemagne, où les jeunes enseignants sont désormais accompagnés lorsqu’ils terminent leur formation et commencent à enseigner. Ils doivent tout d’abord être étroitement supervisés pendant un ou deux ans en fonction des Länder où ils exercent.
C'est-à-dire le système qui existait avant la suppression des IUFM par le gouvernement précédent.Au cours de cette période, l’enseignant débutant doit généralement bénéficier d’une charge de travail réduite, être suivi de près par des enseignants expérimentés et poursuivre sa formation.
On n'a pas noté à ce sujet que cette "bonne pratique" apportait un progrès à l'école française. La faute à "l'apport théorique" ?
Retourner à l'université, c'est "parfaire ses connaissances sur des cas pratiques" ?D’autres bonnes pratiques ont attiré l’attention des participants en 2011 lors du premier Sommet international de l’OCDE sur la profession enseignante ( www.oecd-ilibrary.org/education/ ... 4113046-en ).
Parmi celles-ci, citons : la possibilité donnée aux jeunes enseignants dans certains pays de retourner à l’université pour parfaire leurs connaissances sur des cas pratiques ;
Sans commentaire...... l’utilisation du numérique permettant aux enseignants de partager via Internet les méthodes pédagogiques innovantes ;
Bref il faut individualiser en uniformisant l'enseignement !...et enfin, l’organisation de séminaires entre enseignants pour mettre en commun leurs méthodes pédagogiques et échanger sur des études de cas.
Enfin une remarque sensée.En France, accompagner les jeunes enseignants, c’est aussi repenser leur première affectation et leurs conditions de travail au début de la carrière. Cela signifie en d’autres termes qu’il faudrait créer des incitations pour attirer des enseignants expérimentés vers les postes des établissements défavorisés et permettre ainsi aux jeunes enseignants de se sentir plus épaulés qu’ils ne le sont aujourd’hui.
On se demande bien comment faisaient les instituteurs et professeurs du temps jadis, qui n'apprenaient rien de leur propre expérience professionnelle...Retenir les enseignants : redonner toute sa place à la formation continue et aux passerelles pour évoluer tout au long de la carrière
Il s’agit vraiment d’un message fort du colloque de l’OCDE du 18 mars. De nombreux participants l’ont souligné, tout comme le Secrétaire général de l’OCDE, M. Gurría, dans son discours de clôture : « La formation professionnelle continue a autant d’importance, si ce n’est plus parfois, que la formation initiale dans le succès d’un système d’éducation. »
Toujours coller un peu de numérique dans une réflexion sur l'éducation : ça fait plus sérieux. Tout en restant dans le vague, bien sûr.Le métier d’enseignant évolue et les enseignants doivent disposer des moyens de se perfectionner pour utiliser de nouveaux supports et tirer profit des avancées technologiques, notamment du numérique, dans l’apprentissage.
Le fait que les classes soient prévues comme "de plus en plus hétérogènes", voilà qui ne pose pas question, en erevanche.En outre, il est aussi important pour eux de développer leurs compétences sur de nouvelles pratiques pédagogiques qui leur permettront de faire face à des classes de plus en plus hétérogènes.
Si les inspecteurs étaient déchargés de toutes les missions inutiles ou secondaires dont ils sont accablés, ils pourraient certainement venir observer, conseiller et inspecter les enseignants tous les ans.À titre indicatif, à Singapour, chaque enseignant est évalué annuellement sur ses forces et faiblesses, et bénéficie de 100 heures de formation professionnelle par an pour lui permettre de s’améliorer.
En France, les nouveau enseignants sont doublement évalués pendant leur première année.Par opposition, l’étude TALIS révèle qu’en moyenne, dans les pays de l’OCDE participants, 20 % des nouveaux enseignants et 13 % des enseignants expérimentés n’ont jamais reçu de retour sur leur enseignement.
Éric Charbonnier ne voulait-il pas que les professeurs expérimentés soient affectés dans les zones prioritaires ?Dernier point, outre le développement de la formation continue, il est également primordial de permettre aux enseignants, à mesure que leur carrière avance, de pouvoir s’impliquer progressivement dans des activités autres que l’enseignement. Au Québec, les enseignants peuvent ainsi devenir assistants de recherche auprès des universités.
Tant que d'autres aspects prioritaires de l'enseignement ne seront pas repensés, je doute fort de progrès possibles.Des progrès rapides sont possibles
Formation initiale, formation continue, le succès de la réforme passera par des améliorations significatives en France dans ces deux domaines. Les exemples internationaux montrent qu’il est possible de faire des progrès rapides quand les réformes sont bien ciblées, et surtout qu’elles continuent de porter leurs fruits à moyen et long termes, notamment lorsqu’elles touchent la formation des enseignants.
En France le Ministre s'assoit sur l'avis du Conseil supérieur de l'enseignement...Le colloque de l’OCDE a également montré que même si syndicats et gouvernements peuvent être en désaccord sur bien des aspects, la réussite passe souvent par un travail de concert sur ces questions. À ce titre, l’exemple de la Norvège est éloquent : en 2008, le gouvernement et les syndicats norvégiens, s’accordant sur certaines insuffisances de la formation continue et des évolutions de carrière proposées aux enseignants, ont travaillé ensemble pour mettre en valeur les compétences des enseignants et instaurer différentes mesures visant à accroître les performances du système de formation continue.
Bref, encore un débat périphérique sur l'école qui permet de ne pas aborder les vraies questions tout en désignant implicitement les enseignants comme responsables de l'échec de l'école.Le débat sur les rythmes scolaires reprendra sûrement au moment des élections municipales, mais il est fortement souhaitable que celui sur la formation des enseignants ait pris, d’ici là, une place plus grande dans le débat public entre acteurs de l’éducation que celle qui lui est accordée aujourd’hui.
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- Loys
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Le voici donc:
"Quelle aube nouvelle s'annonce! Quelles merveilles! Quels lendemains chantants "Жить стало лучше, жить стало веселей!"
En effet:
- l'idéologie pédagogiste et ses pseudosciences de la déséducation vont obtenir toutes les manettes: ils pouvaient déjà "barrer" le candidat indocile osant apprendre des choses aux élèves (et pas aux zapprenants), mais étaient encore gênés aux entournures si le susdit impétrant était nanti d'un bagage universitaire suffisamment lourd pour imposer, sinon le respect, du moins une certaine réserve.
- désormais, le "formatage" idéologique ("les compétences sont les seuls dieux et l’ENT est son prophète") va s'imposer dès le début de la formation, et il deviendra possible, ô miracle de la compétence généralisée, d’enseigner ce que l’on ne saura point, et de le faire bien!
- on note que «le problème financier ne se pose pas». Chacun sait, en effet, que les profs français sont des nantis, ce n’est pas comme s’ils étaient les plus mal payés d’Europe. Il est sur que tant que la recherche n’aura pas de débouchés en France, on arrivera encore à faire rêver des bac+8 avec des CAPES à 1500 euros nets mensuels en début de carrière.
Les fossoyeurs de l’éducation jouaient, depuis les années 70, de la pelle. Ils vont à présent recevoir les clés du cimetière, et un corbillard en prime.
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- Loys
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