Recherche professeurs désespérément

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Des centaines de candidats au job dating pour les profs

C’est la solution extrêmes et choisie par le rectorat de Versailles pour tenter d’attirer des enseignants dès la rentrée prochaine et espérer répondre à la pénurie de professeurs. Reportage ce lundi dans les allées de ce salon inédit.
Mehdi Gherdane

Du jamais-vu. Pour faire face à la pénurie d’enseignants, le rectorat de Versailles mise sur… le job dating. Ce pari osé, inédit pour cette administration, s’est transformé en pari gagnant : des centaines de candidats se sont présentés ce lundi devant les recruteurs de l’Éducation nationale. Et 2 035 postes sont à pourvoir dans les Yvelines, l’Essonne, le Val-d’Oise et les Hauts-de-Seine à la rentrée prochaine*.
Ni l’image dégradée du métier ni les salaires jugés trop faibles ni les conditions de travail dans certains établissements n’ont entamé la motivation des candidats. « Ça fait depuis un an que je réfléchis à faire le grand saut, confie Romain, un intérimaire de 48 ans diplômé en électronique. J’en ai marre des horaires à rallonge et de l’instabilité de l’intérim. Je veux changer de métier, avoir des journées régulières et transmettre mes connaissances. » Venu de Melun (Seine-et-Marne), il a laissé ses coordonnées pour rencontrer un recruteur et tenter de décrocher un poste de vacataire, dans un collège ou un lycée. « Je suis prêt à faire beaucoup de kilomètres pour cela », ajoute-t-il.
Dans l’imposante salle du rectorat, on croise une majorité de femmes piochant dans les nombreux prospectus à leur disposition et discutant avec le personnel présent pour les renseigner.

Condition indispensable : être titulaire d’un bac +3

Pôle emploi dispose d’un stand dédié. L’agence locale a été mobilisée pour apporter son savoir-faire en termes de communication et parce qu’elle dispose d’un fichier considérable de personnes à la recherche d’un emploi. « En dépit des offres numériques, ils ont toujours le réflexe Pôle emploi », assure Kheira Eddrief, manageuse à l’antenne de Versailles.
C’est le cas de Camille. Cette maman de 31 ans, venue avec sa petite Emmy dans les bras, veut arrêter son métier d’infirmière, fatiguée par les conditions de travail, et se reconvertir en professeure des écoles. « J’y pensais déjà bien avant le Covid, dit-elle. Je veux un métier qui ait du sens, je veux transmettre, échanger avec les élèves. »

Cette trentenaire a obtenu, ce lundi matin, des informations pratiques sur les étapes à venir. Elle sera d’abord contactée, dans les prochains jours, pour un entretien de motivation. Si elle est retenue, une formation est prévue au mois d’août. Ensuite, elle sera suivie tout au long de l’année par un professeur titulaire. « On n’est pas lâchés comme ça, on est entourés. Ce cadre me rassure », ajoute Camille.
Pour elle, comme pour les autres postulants, une condition indispensable est réclamée : avoir bac + 3. « Jusqu’à présent, je ne postulais pas car un master était requis et je ne l’ai pas, confie Manel, titulaire d’une licence d’espagnol. Cet assouplissement m’a permis de venir déposer mon CV ce matin. »
L’Éducation nationale n’avait pas vraiment le choix. La rentrée 2022 s’annonce très tendue, et certains concours sont déjà déficitaires en termes de candidats. Et les syndicats redoutent des vacances de postes, notamment en Île-de-France. Pour remédier à cette crise des vocations, certaines académies n’hésitent pas à casser les codes : celle de Nancy (Meurthe-et-Moselle) va ainsi expérimenter l’enseignement à distance pour les professeurs remplaçants.