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Les intox sur le métier d'enseignant
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Et rebelote :Loys écrit: Dans un discours du 9/03/16 à l’occasion de la journée consacrée par Les Républicains (LR) à la réforme de la fonction publique :
www.liberation.fr/desintox/2016/03/10/sa...nctionnaires_1438648Nicolas Sarkozy écrit: Les obligations de service : à mon souvenir, maternelle-primaire vingt-quatre heures par semaine. A mon souvenir, pour les enseignants certifiés : dix-huit heures en collège et en lycée. Et à mon souvenir, pour les agrégés : quinze heures… et six mois de l’année.
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Rythmes : Gérard Longuet évoque l'écart entre les 864h faites par les profs et les 1657 qu'ils doivent
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Ces chiffres sont donnés en dollars et en parité en pouvoir d'achat (PPA). Il aurait été bon d'indiquer plus lisiblement qu'il ne s'agissait pas d'euros et qu'il s'agit de salaires bruts ("avant déduction des impôts, y compris les cotisations salariales aux régimes de retraite, d’assurance-maladie ou autres, mais diminué des cotisations patronales à la sécurité sociale et à la retraite. Il ne s'agit pas de "Regards sur l'Europe" mais de "Regards sur l'éducation").
Plusieurs observations s'imposent :
Mme Pech affirme que les enseignants du secondaire "sont moins bien payés qu'en moyenne des pays de l'OCDE ; en revanche en milieu et en fin de carrière ce retard est rattrapé". En réalité, les salaires des débutants des pays de l'UE sont supérieurs de 5,3% (léger rattrapage depuis 2012), mais les salaires à 15 ans d'ancienneté sont très supérieurs : +19,7%. Et on ne parle ici que des moyennes européennes : voilà la réalité des carrières enseignantes. Les seuls pays de l'UE offrant des salaires inférieurs sont la Grèce, la Pologne, la Lituanie ou les pays d'Europe centrale (République tchèque, Hongrie, Slovaquie).
S'agissant du salaire en fin de carrière des enseignants français, il fait l'objet d'une grossière erreur de copie : $66 436 et non $76 373 (chiffre qui correspond... à la Belgique francophone). L'infographie s'en trouve beaucoup modifiée... Ajoutons que ce salaire maximum est obtenu beaucoup plus tard (34 années d’ancienneté sont nécessaires pour atteindre l’échelon maximum en France, contre seulement 24 années en moyenne dans les pays de l’OCDE) : est-ce celui des certifiés, des agrégés, une moyenne ?
A ce sujet, une comparaison des RSE récents pour cet indicateur montre que l'OCDE a changé sa méthode de calcul en ne prenant plus en compte, à partir de 2016, les salaires statutaires au sommet de l'échelle avec "qualification typique" mais avec les "qualifications les plus élevées" : dans beaucoup de pays (en Allemagne par exemple), cela ne change pas grand chose puisque le plus haut de l'échelle est atteint rapidement. En moyenne de l'UE et du fait de ce nouveau mode de calcul, le salaire en haut de l'échelle s'est retrouvé dans RSE 2016 (salaires 2014) 12% plus élevé que dans RSE 2015. Mais en France, la progression a été spectaculaire : un bond de 26%, passant de $52 661 (2013) à $66 311 (2014). Or pour connaître le vrai salaire des enseignants, il semble nécessaire de s'intéresser non au maximum théorique (dernier échelon de la plus haute classe) mais à l'échelon typique de fin de carrière des enseignants.
En 2017, le salaire au sommet de l'échelle avec les qualifications typiques des professeurs du premier/second cycle : $54 010. Source data.oecd.org/fr/eduresource/salaires-des-enseignants.htm
La différence entre les $54 010 correspondant à la réalité en fin de carrière et les $76 373 du "Figaro Live" ? Des salaires bruts surestimés de 41% !
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Geoffroy Roux de Bézieux écrit: Moi je ne suis pas dans la chasse aux fonctionnaires mais onn a plus de fonctionnaire par tête d'habitant que n'importe quel autre pays au monde [...] On a plus de personnels de l’Éducation nationale que partout dans le monde !
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Nicolas Sarkozy écrit: [...] avec dix-huit heures d’obligation de service, bien souvent les enseignants concentrent sur deux jours, et il n’y a plus d’adulte pour aider les enfants en difficulté dans le collège ou le lycée.
Éternel recommencement pour la rentrée 2019 :
Réponse chiffrée :
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Eric Verhaeghe écrit: Les enseignants sont décidément très bien organisés collectivement. Alors que la performance globale de leur profession, à en juger par le classement PISA ou Shangai, reste très médiocre, ils obtiennent augmentations de salaires sur augmentations de salaires.
Curieux : l'OCDE montre des salaires en baisse de 9 à 10% entre 2000 et 2013 en France et en hausse de 9 à 12% en Union Européenne sur la même période (RSE 2015)...
Edit du 6/01/20
Après avoir été contredit sur les augmentations permanentes des enseignants avec les chiffres de l'OCDE, M. Verhaeghe - sans reconnaître son erreur - change son fusil d'épaule en s'appuyant sur d'autres chiffres pour fusiller les enseignants : "Salaire des enseignants : ces chiffres favorables que les profs ne citent jamais"
Au-delà des politesses d'usage ("les contribuables obligés de financer un corps d’un million de fonctionnaires d’une amabilité souvent douteuse et d’une appétence limitée pour l’intérêt général"), ce billet mérite quelques commentaires.Le salaire des enseignants serait trop faible en France. Les syndicats enseignants ne cessent de le répéter. Au vu des comparaisons internationales, le point de vue peut se défendre sous certains aspects. Mais faut-il en conclure que l’Éducation nationale manque de moyens ? Bien au contraire. Toute la difficulté tient à l’allocation de ceux-ci, et sur ce point, les enseignants français en sont directement responsables.
M. Verhaeghe - pris la main dans le sac précédemment - s'appuie à son tour sur les statistiques de l'OCDE auxquelles je l'avais renvoyé. Sa thèse ?
A vrai dire, la question de la motivation vient après celle du recrutement... mais on comprend l'idée : après avoir affirmé - à tort - que les enseignants français sont bien payés et avoir été contredit, il s'agit de défendre l'idée qu'il n'y a pas besoin de bien les payer. De ce point de vue, M. Verhaghe ne semble pas avoir les idées très claires puisque son billet se conclut ainsi : " il existe une façon simple et rapide d’augmenter fortement les salaires des enseignants"...Mieux les enseignants seront payés, meilleur sera le niveau éducatif. Le drame de beaucoup de politiques est de s’être laissés piéger par cette imposture syndicale, équivalente à l’idée selon laquelle la motivation de l’employé serait directement corrélée à son niveau de salaire.
Mais sur quels "chiffres favorables" M. Verhaeghe s'appuie-t-il donc ?
Les meilleures performances dans PISA s'obtiendraient "dans des pays où la part des ressources éducatives consacrées au salaire des enseignants est inférieure à la stratégie éducative française" (sic). Cet indicateur de l'OCDE (RSE C6.2) n'est guère utile puisqu'il ne compare pas des niveaux de rémunération, mais des parts de la dépense éducative : cette part peut-être faible et les revenus des enseignants néanmoins élevés. En Corée, comme on va le voir, cette part est la même qu'en France mais les enseignants y sont bien mieux payés.
Car M. Verhaghe (qui utilise le conditionnel : "Le salaire des enseignants serait trop faible en France") ne cite guère les chiffres qui lui sont défavorables, à savoir justement les niveaux de rémunération (D3.2 ou 5). Sa démonstration tomberait en effet d'elle-même. Les salaires statutaires européens sont en moyenne supérieurs de 21% pour les professeurs de collège en milieu de carrière. Pire : dans les pays les plus performants à PISA, de 15% en Finlande, de 24% au Japon ou... de 45% en Corée du sud ! La part des dépenses éducatives consacrée aux rémunération des enseignants ne démontre donc rien.
Peu importe ce problème de logique élémentaire : M. Verhaghe s'appuie sur la répartition des ressources éducatives pour démontrer qu'en France "dans la masse salariale consacrée à l’éducation, la part des salaires enseignants est faible" et surtout que celle des non enseignants est trop élevée.
Or, si l'on se fonde sur le tableau de l'OCDE présenté par M. Verhaeghe lui-même (et malgré sa lecture : "la France est championne mondiale après les États-Unis et l’Estonie"), la France d'une part consacre 58% de ses dépenses éducatives aux enseignants et 17% aux personnels non enseignants et l'Estonie d'autre part consacre 45% de ses dépenses éducatives aux personnels enseignants et 25% aux personnels non enseignants mais M. Verhaghe (qui ne semble pas très au fait des comparaisons internationales) oublie de préciser que l'Estonie est le pays européen... qui a obtenu la meilleure performance dans PISA 2018, et de loin !
C'est donc toute la démonstration de M. Verhaghe qui est absurde.
Sa conclusion ("l’école publique en France est plombée par sa sur-administration, cette armée de fonctionnaires occupée dans d’innombrables cascades de bureaux aux lugubres enfilades de portes") est d'autant plus compromise que les "personnels non enseignants" ne sont pas pour la très grande majorité des personnels administratifs : les inspecteurs, les formateurs, les assistants d'éducation, les auxiliaires de vie scolaire etc.
La méconnaissance du système éducatif français par M. Verhaghe est saisissante...
Le tableau d'une administration kafkaïenne par M. Verhaghe est donc purement idéologique, mais il n'en reste pas là : pour pointer la responsabilité des enseignants et de leurs syndicats, et sans donner aucun chiffre précis (et pour cause !), il accuse cette administration imaginaire d'être au service des enseignants et de leur mutation "qui occupe des armées d’administratifs au travail totalement inepte" : les affectations n'ont rien d'inepte, et elles n'occupent aucune armée de centaines de milliers de fonctionnaires que dans l'esprit de M. Verhaghe, lequel se contredit d'ailleurs lui-même en fustigeant "la co-gestion syndicale" pour "réaliser la gestion des ressources humaines". On sait que les décharges syndicales, pour 850 000 enseignants, sont de l'ordre... de 2500 postes.
La conclusion finale du billet est plus fumeuse encore, M. Verhaghe semblant ignorer que l'évaluation pédagogique des enseignants incombe aux inspecteurs.
[les syndicats] bénéficient de l’aide complice des enseignants, heureux d’avoir à travailler avec des chefs d’établissement qui n’ont aucun pouvoir pédagogique sur eux, et sont donc incapables de leur demander des comptes sur leur manière d’enseigner. D’où un nombre incalculable de déviances enseignantes devant les élèves ou d’insuffisance qui débouchent de plus en plus souvent sur des conflits ouverts. Pour préserver cette impunité, les enseignants payent le prix : ils maintiennent une sur-administration chargée de faire vivre des procédures qui les protègent.
On trouverait bien des exemples d'emplois non justifiés dans l’Éducation nationale, qui n'est pas exempte de défauts (notamment autour des actions de promotion pédagogique aberrantes, en particulier numériques). Mais le problème est plutôt que la part des dépenses publiques pour l'éducation a augmenté de 9% entre 1995 et 2014 dans l'OCDE et baissé de 9% en France (RSE 2013 et RSE 2017).
On le voit, M. Verhaghe, pourtant ancien cadre de l’Éducation nationale, ne connaît pas grand chose au système éducatif français : son discours n'est pas très éloigné des positions idéologiques et des méthodes peu scientifiques de l'iFRAP, qui dénonce le nombre trop grand d'enseignants en France en comptabilisant une centaine de milliers de professeurs des écoles en maternelle... mais pas les 2,5 millions d'élèves scolarisés en maternelle !
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Comme le bandeau de "LCI" l'indiquait, M. Perri aurait pu faire le lien avec les problèmes de recrutement (et donc de non remplacement) car, de fait, pour expliquer des absences non remplacées plus nombreuses, le temps de travail ne peut être considéré comme une explication... Mais surtout M. Perri, reprenant les chiffres de la Cour des comptes, confond - comme c'est le cas dans le grand public - le temps d'enseignement et le temps de travail, ce qui est pourtant facile à comprendre. Il compare avec le temps de travail correspondant à 35h par semaine pour laisser entendre que les enseignants travaillent beaucoup moins que les salariés à 35h.
Interpellé par les enseignants sur les réseaux sociaux, M. Perri, au lieu de reconnaître son erreur, persiste et signe ensuite dans un "droit de réponse" (les enseignants n'ayant pas la parole par ailleurs...) aux enseignants "piliers de la République" :
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"Vous avez des profs qui font très bien leur boulot, qui préparent les cours, correction des copies. J'ai moi-même enseigné dans l'enseignement supérieur pendant une dizaine d'années... j'ai vu des confrères, des collègues qui n'avaient jamais touché un cours : c'était le même depuis vingt ans. Donc on peut tout faire : il y a autant de façons d'enseigner qu'il y a de profs". Mais par ailleurs "respect pour les enseignants" insiste M. Perri...
Et lorsqu'on pointe son énorme erreur, M. Perri dénonce le "corporatisme" enseignant :
Le 6/12/21 : Pascal Perri évoque des réactions "épidermiques" et tente de rattraper son erreur. "A côté [du temps de travail des salariés] on avait le temps passé devant les élèves [...] on l'a bien précisé dans le commentaire. Simplement il y a beaucoup de gens, des enseignants, qui n'ont pas écouté le commentaire, qui se sont arrêté là-dessus : il y a quand même une certaine malhonnêteté intellectuelle, une certaine mauvaise foi".
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Rappel sur le temps de travail des enseignants :
DEPP, Note d’information n° 13.12, juillet 2013 : www.education.gouv.fr/les-enseignants-du...aine-en-moyenne-6479
DEPP, Note d’information n° 13.13, juillet 2013 : www.education.gouv.fr/les-enseignants-du...ine-en-moyenne-10784
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