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La crise d’attractivité du métier d’enseignant
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10 Jui 2022 07:27 - 10 Jui 2022 21:53 #23941
par Loys
Rapport du Sénat "Crise d’attractivité du métier d’enseignant : quelles réponses des pays européens ?" a été créé par Loys
Le 9/06/2022 ce rapport du Sénat :
"Crise d’attractivité du métier d’enseignant : quelles réponses des pays européens ?"
Plusieurs observations à la lecture du rapport.
L'Allemagne est donnée en exemple d'"une amélioration rapide des performances scolaires de l’Allemagne" (p. 64) : "Les résultats de l’Allemagne en termes de performance scolaire se sont nettement améliorés depuis les années 2000, dans le prolongement du « choc PISA ». Or cette amélioration nette et rapide n'a pas du tout été observée. En moyenne, les résultats de l'Allemagne aux trois évaluations PISA sont même passés de 506 pts en 2000 à 500 pts en 2018. Dès lors, toutes les raisons structurelles justifiant "l'exemple allemand" semblent assez dérisoires.
Autre saut logique : le rapport concède que la dépense par élève est bien plus élevée en Allemagne (p. 70) mais relativise en la rapportant au PIB. Or, au delà du fait que le PIB est un indicateur de richesse indépendant du système, le PIB d'un pays dynamique démographiquement comme la France est mécaniquement plus faible (part d'actifs plus faibles). De même la dépense éducative en part du PIB (pp. 71-72) est forcément plus importante dans un pays où il y a plus d'élèves. Pour faire une analogie : si une famille riche dépense davantage en valeur absolue pour ses enfants, elle peut parfaitement dépenser moins en proportion de ses revenus ; et une famille pauvre qui a plus d'enfants dépense davantage en proportion de ses revenus. On le voit : un relativisme dépourvu de sens. Mais encore une fois il s'agit de justifier - absurdement, en s'étonnant de paradoxes avec la meilleure rémunération des professeurs allemands - "l'exemple allemand".
C'est d'autant plus aberrant que le rapport mentionne plus tard (p. 75) l'écart démographique entre France et Allemagne. Mais c'est pour prévenir que la démographie française va suivre la démographie allemande et que des dispositions comme les fermetures d'établissement sont à prendre sur le modèle allemand. Sans faire mention le moins du monde que, malgré sa démographie, la France d'ores et déjà fermé un grand nombre d'établissement (cf "17 000 établissements en moins : pourquoi plus d’un quart des écoles ont fermé en France en quarante ans ?" dans "Le Monde" du 17/05/22)
Le graphique p. 71 semble reposer sur des chiffres inconsistants.
Autre constat absurde p. 77 (malgré un schéma de rappel du système allemand p. 63) : le rapporte constate une "tendance de concentration des filières de l’enseignement secondaire" qui serait "à l’opposé de l’extrême modulation introduite en France par la réorganisation du lycée". Or la première ne concerne que le premier cycle du secondaire (collège) et la seconde le seconde cycle (lycée, et plus précisément lycée général) : c'est précisément une particularité française que le collège unique, mais encore une fois il faut donner l'exemple de l'Allemagne, si absurde soit-il.
On retrouve p. 78 la justification d'une mesure économique - la bivalence - par des raisons pédagogiques : l'interdisciplinarité.
Le rapport perpétue - en gras p. 80 - l'erreur selon laquelle "Les enseignants allemands sont théoriquement tenus d’enseigner de 24 à 28,5 heures" hebdomadaires" alors qu'ils s'agit des séances de 45 minutes. Sans craindre la contradiction, le rapport concède ensuite - mais pas en gras ! - que le temps effectif d'enseignement en Allemagne est "inférieur au temps hebdomadaire réglementaire français".
Mais le rapport s'appuie ensuite sur les publications de l'iFRAP p. 81 pour démontrer, malgré un temps d'enseignement d'enseignement inférieur, un temps de service supérieur en Allemagne (40 semaines contre 36 semaines). De même, le rapport insiste sur l'absence d'heures supplémentaires ou de rémunération pour les missions supplémentaires des enseignants allemands. Le but est explicite : "relativiser la supériorité salariale allemande".
Le rapport oppose le temps de travail des enseignants français (38,2h par semaine quand la dernière enquête du ministère de 2010 l'évalue à 41h dans le second degré) et allemands (48h selon "un organisme indépendant à la demande du ministère de l’éducation de Basse-Saxe").
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Plusieurs observations à la lecture du rapport.
L'Allemagne est donnée en exemple d'"une amélioration rapide des performances scolaires de l’Allemagne" (p. 64) : "Les résultats de l’Allemagne en termes de performance scolaire se sont nettement améliorés depuis les années 2000, dans le prolongement du « choc PISA ». Or cette amélioration nette et rapide n'a pas du tout été observée. En moyenne, les résultats de l'Allemagne aux trois évaluations PISA sont même passés de 506 pts en 2000 à 500 pts en 2018. Dès lors, toutes les raisons structurelles justifiant "l'exemple allemand" semblent assez dérisoires.
Autre saut logique : le rapport concède que la dépense par élève est bien plus élevée en Allemagne (p. 70) mais relativise en la rapportant au PIB. Or, au delà du fait que le PIB est un indicateur de richesse indépendant du système, le PIB d'un pays dynamique démographiquement comme la France est mécaniquement plus faible (part d'actifs plus faibles). De même la dépense éducative en part du PIB (pp. 71-72) est forcément plus importante dans un pays où il y a plus d'élèves. Pour faire une analogie : si une famille riche dépense davantage en valeur absolue pour ses enfants, elle peut parfaitement dépenser moins en proportion de ses revenus ; et une famille pauvre qui a plus d'enfants dépense davantage en proportion de ses revenus. On le voit : un relativisme dépourvu de sens. Mais encore une fois il s'agit de justifier - absurdement, en s'étonnant de paradoxes avec la meilleure rémunération des professeurs allemands - "l'exemple allemand".
C'est d'autant plus aberrant que le rapport mentionne plus tard (p. 75) l'écart démographique entre France et Allemagne. Mais c'est pour prévenir que la démographie française va suivre la démographie allemande et que des dispositions comme les fermetures d'établissement sont à prendre sur le modèle allemand. Sans faire mention le moins du monde que, malgré sa démographie, la France d'ores et déjà fermé un grand nombre d'établissement (cf "17 000 établissements en moins : pourquoi plus d’un quart des écoles ont fermé en France en quarante ans ?" dans "Le Monde" du 17/05/22)
Le graphique p. 71 semble reposer sur des chiffres inconsistants.
Autre constat absurde p. 77 (malgré un schéma de rappel du système allemand p. 63) : le rapporte constate une "tendance de concentration des filières de l’enseignement secondaire" qui serait "à l’opposé de l’extrême modulation introduite en France par la réorganisation du lycée". Or la première ne concerne que le premier cycle du secondaire (collège) et la seconde le seconde cycle (lycée, et plus précisément lycée général) : c'est précisément une particularité française que le collège unique, mais encore une fois il faut donner l'exemple de l'Allemagne, si absurde soit-il.
On retrouve p. 78 la justification d'une mesure économique - la bivalence - par des raisons pédagogiques : l'interdisciplinarité.
Le rapport perpétue - en gras p. 80 - l'erreur selon laquelle "Les enseignants allemands sont théoriquement tenus d’enseigner de 24 à 28,5 heures" hebdomadaires" alors qu'ils s'agit des séances de 45 minutes. Sans craindre la contradiction, le rapport concède ensuite - mais pas en gras ! - que le temps effectif d'enseignement en Allemagne est "inférieur au temps hebdomadaire réglementaire français".
Mais le rapport s'appuie ensuite sur les publications de l'iFRAP p. 81 pour démontrer, malgré un temps d'enseignement d'enseignement inférieur, un temps de service supérieur en Allemagne (40 semaines contre 36 semaines). De même, le rapport insiste sur l'absence d'heures supplémentaires ou de rémunération pour les missions supplémentaires des enseignants allemands. Le but est explicite : "relativiser la supériorité salariale allemande".
Le rapport oppose le temps de travail des enseignants français (38,2h par semaine quand la dernière enquête du ministère de 2010 l'évalue à 41h dans le second degré) et allemands (48h selon "un organisme indépendant à la demande du ministère de l’éducation de Basse-Saxe").
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Dernière édition: 10 Jui 2022 21:53 par Loys.
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10 Jui 2022 13:51 #23943
par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Rapport du Sénat "Crise d’attractivité du métier d’enseignant : quelles réponses des pays européens ?"
Dans "Le Monde" (abonnés) du 10/06/22 :
"La crise dans le recrutement des enseignants n’épargne ni la France ni les pays voisins"
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