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"Avec la "classe à l'envers", l'école garde les pieds sur terre" (Le Monde)
- Loys
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Comme c'est joli.Avec la "classe à l'envers", l'école garde les pieds sur terre
Comme on les aime dans les journaux des familles.C'est l'histoire d'une trouvaille.
Situation initiale, comme dans le conte de fées.En 2004, Jonathan Bergmann et Aaron Sams, deux enseignants de sciences, débarquent à Woodland Park High School. Dans ce lycée du Colorado, les deux nouveaux se trouvent vite démunis face à l'absentéisme des élèves. "Dans ces zones rurales, ils passaient un temps fou en transport et couraient toujours après un cours raté." Agaçant pour les deux enseignants.
Élément perturbateur. Quelle découverte extraordinaire : la puissance du Powerpoint !Aaron Sams tombe un jour par hasard sur un logiciel capable d'enregistrer un document Powerpoint, de plaquer dessus une voix off, des annotations et de transformer le tout en un produit vidéo.
Il y a tout de suite moins d'absentéisme quand il n'y a plus de cours, effectivement."On était au début de YouTube et on s'est dit qu'on tenait notre solution pour répondre à l'absentéisme", explique-t-il.
Rappelons qu'on parle ici d'étudiants.En lançant la formule, les deux enseignants ne mesuraient pourtant pas la petite révolution qu'ils étaient en train de mener. Le fait que les jeunes visionnent le cours et intègrent la théorie avant la leçon libère le cours pour un temps d'échange, avec un enseignant disponible.
Une vraie interaction passe mieux par une vidéo YouTube standardisée que par la présence à un cours où l'enseignant observe et interroge ses élèves. C'est une évidence.Au fil du temps, leurs classes changent parce qu'une vraie interaction s'installe entre les profs et les élèves.
Chouette ! Les étudiants apprennent entre eux ! Non seulement il n'y a plus besoin d'école, mais il n'y a plus besoin de professeurs !Mais aussi entre les élèves, qui sont devenus une vraie petite communauté d'apprentissage.
CHANGEMENT D'ÉTAT D'ESPRIT
"Nous sommes devenus les coaches d'une communauté d'étudiants.
Quels besoins ? L'étudiant ne peut pas apprendre tout seul, avec sa communauté en ligne ? (déception)Nous ne débitons plus notre cours à un bloc d'élèves, mais nous intéressons de près aux besoins individuels de chacun", souligne M. Bergmann.
S'il s'agit d'étudiants, pourquoi parler de "classe" ou d'"école" ?Avec la classe inversée, l'enseignant aide directement à l'acquisition de connaissances.
Ce qui s'applique à des étudiants en université s'applique également à des classes du secondaire ou du primaire ?
Ce genre de confusion devient décidément habituel dans "Le Monde" (voir par exemple ce topic : www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=40&t=277 ). Le même jour Maryline Baumard écrit un article sur la fin de l'école primaire et secondaire : www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=43&t=483 .
De combien d'heures de cours les élèves qui doivent regarder les vidéos ont-ils été déchargés ? Peut-on dans ces conditions observer une amélioration de la présence des étudiants ? Quels progrès dans les résultats ?Mais ce n'est pas tout. Les élèves aussi changent d'état d'esprit. Ils ne viennent plus en cours pour prendre des notes, et donner le change, mais pour se faire expliquer ce qu'ils n'ont pas compris en travaillant seuls.
Où peut-on consulter le protocole de cette étude enthousiasmante ?A compter du printemps 2007, le cours inversé devient la norme à Woodland Park High School. Et peu à peu, les deux apôtres convertissent d'autres collègues ailleurs à leur pratique, qui a aussi l'avantage de faire entrer Internet dans le coup sans transformer les enseignants en techniciens à chaque cours. L'usage du Net, c'est hors du cours !
Greg Green, le directeur de Clintondale High School, près de Detroit (Michigan), suit le mouvement et inverse toutes ses classes en 2010. "On a testé sur 140 étudiants et réduit l'échec de 33 % en anglais, de 31 % en mathématiques, de 22 % en sciences et de 19 % en sciences sociales dès la fin du premier trimestre, plaide-t-il sur le site de son école.
Très pratique en plus pour la gestion de personnel. Et pour les étudiants, on n'est jamais absent devant une vidéo en ligne, effectivement.On a très vite converti toute l'école puisque, outre les résultats, cela nous permettait d'introduire les nouvelles technologies, de répondre aux absences des enseignants et étudiants."
Mais ne se passe-t-il pas quelque chose pendant un cours ? Pourquoi les professeurs font-ils cours, au lieu de distribuer un polycopié à lire ?"UNE VRAIE CULTURE DE CE QU'EST APPRENDRE"
Pour Jonathan Bergmann et Aaron Sams, le vrai changement réside dans le fait que "cela développe chez les élèves une vraie culture de ce qu'est apprendre. On ne vient plus en cours pour recopier une leçon qu'on peut trouver ailleurs, mais pour progresser dans le maniement d'un savoir nouveau", insiste M. Bergmann.
Zut alors.Peu à peu, la classe inversée s'installe. Peu à peu aussi, on mesure que ce n'est pas non plus un remède miracle.
Tiens, c'est vrai ça.Dans le magazine norvégien Bedre Skole, Elisabeth Engum, une enseignante norvégienne adepte de la formule, rappelle que celui qui ne fait pas ses devoirs chez lui n'aura pas plus envie d'écouter un cours.
Quel progrès saisissant !En classe, il ne profitera pas de la disponibilité de son enseignant puisqu'il devra commencer par visionner le cours ! Dans la classe d'Alfonso Gonzalez au collège de Chimacum (Washington), l'enseignant met son cours à disposition, pour ceux qui voudraient l'étudier avant, mais autorise aussi ceux qui ne l'auraient pas visionné à le faire en classe.
Aucun doute : le numérique, c'est magique !Est-ce que l'incitation créera un cercle vertueux ?
S'ils ont "regardé", le progrès est indiscutable.Si le mouvement est aussi suivi dans son école que sur Internet, tous les espoirs sont permis. En 2007, 15 % des internautes avaient déjà regardé une vidéo éducative - une conférence TED (technology, entertainment and design) ou un cours de la Khan Academy -, ils étaient deux fois plus trois ans après.
Mais progrès de quoi, au fait ?
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