"Les jeux vidéo ont-ils leur place dans une médiathèque ?"

A lire sur le site de la ville de Saint-Avertin : "Les jeux vidéo ont-ils leur place dans une médiathèque ?" (28/02/13)


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Les jeux vidéo ont-ils leur place dans une médiathèque ?

Poser la question, c'est déjà y répondre.

Avec sa trentaine de tablettes en libre service pour les prêts et les retours, son appli, ses liseuses numériques, ses consoles de jeux et ses 400 jeux vidéo disponibles (500 prévus fin 2013), la toute nouvelle médiathèque de Cangé à Saint-Avertin (37) franchit plusieurs étapes importantes dans l'introduction des nouveaux médias dans ce qu'on appelait simplement «bibliothèque» il y a encore peu de temps. On est allé voir ça de plus près.

Le progrès en action.

Nous avons passé une grosse demi-heure dans l'espace numérique de ce nouveau lieu, en compagnie d'Alice, bibliothécaire spécialisée dans les nouvelles technologies et, il faut bien le dire, nous avons été bluffés par la convivialité des lieux et par le brassage des générations.

C'est vrai que "convivialité des lieux" et "brassage des générations" sont les objectifs premiers des bibliothèques... euh des médiathèques.

"Les gens ne peuvent emprunter qu'un jeu à la fois...

Comme c'est strict !

... cela les incite donc à passer du temps sur place pour essayer les jeux avant de choisir. Une grand-mère qui vient avec son petit-fils ou un père qui accompagne sa fille peuvent se retrouver dans l'obligation de jouer, car de nombreux jeux proposés se jouent à plusieurs. Il y a alors un échange sympa entre eux deux et entre eux et moi."

Les parents obligés de jouer aux jeux vidéos, quel renversement moderne !

Très sollicitée, Alice passe en quelques minutes d'une femme d'une cinquantaine d'années qui veut des renseignements sur une liseuse numérique avant de l'emprunter «pour essayer», à une jeune ado coincée dans un jeu, en passant par une famille venue emprunter une console pour le week-end !

"Il y a 5 consoles différentes (Wii 2, PS2, Xbox, 3DS et PSVita), en deux exemplaires chacune : un qui reste sur place, l'autre qui est empruntable pendant 3 semaines. Cela permet aux personnes de découvrir de nouvelles consoles, au lieu d'en acheter une ou de la tester tranquillement - les prêts durent trois semaines - avant de l'acheter."

En fait cette médiathèque est un show-room.

Dans cet espace public permanent entièrement dédié aux jeux vidéo et aux liseuses - un phénomène encore très rare en France -, on trouve deux espaces de jeu avec de grands écrans et une partie avec des tables hautes équipées de tabourets, où l'on peut jouer sur des tablettes.

Insonorisés, bien sûr.

D'après un sondage SOFRES datant de 2004, les joueurs âgés de 15 ans et plus jouent en moyenne moins de 25 minutes par jour. Ce qui est plutôt rassurant....

On se rassure comme on peut avec des sondages d'il y a dix ans.

D'après le SNJV en février 2011 : "95% des garçons de 8 à 12 ans jouent aux jeux vidéo et y passent 6 heures par semaine ; durée qui augmente chez les 13 – 19 ans, atteignant les 9 heures de jeu par semaine, contre 10h pour la télévision et 11h30 pour Internet."

En attendant, la lecture chez les jeunes s'effondre . Mais ce n'est pas grave : ce n'est pas une mission des bibliothèques... euh des médiathèques.

Nous avons demandé à Alice ce qu'elle en pensait.

Alors, Alice, chronophages et dangereux, les jeux vidéo ?

"Je ne suis pas seulement passionnée de jeux vidéo, mais aussi bibliothécaire professionnelle et adulte responsable !

Voilà qui nous rassure.

Bien sûr qu'il y a des dérives, tous le monde le sait, mais cela concerne très peu de personnes, et souvent des ados qui avaient déjà des problèmes.

Et puis c'est comme avec les livres : il y a aussi des dérives chronophages.

Les jeux ont énormément évolué : ils sont variés, structurés, bien conçus par différents professionnels comme des scénaristes, des illustrateurs, des graphistes, entre autres. Beaucoup de jeux sont maintenant d'une grande richesse intellectuelle, ludique et pédagogique."

Ne jamais oublier l'adjectif "pédagogique" quand on promeut les jeux vidéos.

Différents événements autour du jeu vidéo sont mis en place à la Médiathèque de Cangé et ce n'est que le début. Le rôle d'un tel lieu novateur est aussi celui de médiateur, notamment envers les parents qui peuvent être inquiets quand ils voient leurs enfants passer des heures à jouer à des jeux auxquels ils ne comprennent rien.

Je croyais que ce n'était pas chronophage et que le temps moyen était de 25 mn par jour ?

"Un espace numérique comme celui-ci a un rôle pédagogique important à jouer, il permet de faire sortir les jeux vidéo de la chambre des enfants et des ados et de les rendre accessibles à tous.

Oui, comme ça les écrans sont définitivement omniprésents dans la vie des enfants.

La Wii est déjà une évolution importante dans les familles, mais les jeux plus «individuels» peuvent aussi être partagés par les parents et les grands-parents, c'est juste une question de dialogue entre les générations. Nous pouvons faciliter ce dialogue", précise Alice avec son air malicieux, parfait hybride de geek et de bibliothécaire.

Le côté bibliothécaire semble avoir quelque peu disparu...

Et hop, entre deux bouts de conversation, des usagers nous ont déjà kidnappé Alice cinq ou six fois... Le succès de cette salle, à peine un mois après son ouverture, est indiscutable. Même si l'espace numérique n'en est évidemment pas le seul responsable, le lancement de cette nouvelle médiathèque est remarquable : 120 nouvelles inscriptions en deux jours lors de l'ouverture et 600 nouveaux inscrits sur tout le mois de janvier. Chez les 16-25 ans, ce sont 139 nouvelles inscriptions en 5 semaines... Un record !

Succès de fréquentation sans doute... mais du point de vue culturel ?

Je renvoie à cet article : "Le fond du fonds" .

Sur le même principe, sur NetPublic, avec les "didacthèques" : "Prêter des tablettes : guides pratiques, règlement et sélection d’applis" (3/13)

La didacthèque-bibliothèque de l’Université de Montréal met désormais à disposition des tablettes en prêt aux étudiants en Sciences de l’Éducation qui souhaitent se familiariser avec les possibilités offertes par ce type de matériel en contexte scolaire et pédagogique.

Dans ce cadre, la didacthèque met à disposition un espace en ligne de ressources avec une rubrique dédiée : Tablettes en sciences de l’Éducation qui peut servir à des EPN et espaces publics numériques qui désirent mettre en place une utilisation régulière et/ou un prêt de tablettes auprès des publics.

Ils se sont donnés le mot ?

A lire sur "EducaVox" du 8/03/13 : "Les serious games en bibliothèque" .


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Bonjour, étant prof en collège, créateur de jeux vidéo amateur mais aussi lecteur régulier de votre blog, je voudrais réagir à ce post.
Je suis d'accord, le fait que des jeux soient introduits dans une bibliothèque est loin d'être un "progrès", et le côté "show-room" du lieu avec les consoles à emprunter laisse songeur... Quand à l'intérêt pédagogique de la plupart des jeux vidéos, il est en effet quasi-nul.
Ceci dit, tous les jeux ne sont pas à mettre dans le même panier, et certains jeux sont bel et bien riches et intéressants.
Le rôle de cet "espace numérique" pourrait être de guider les enfants vers des jeux plus conviviaux ou originaux, et de les inciter à jouer de façon plus raisonnée. Si ça peut amener des gosses de 12 ans à jouer à World of Goo ou Nintendo Land pendant 30 mn par jour, plutôt qu'à Call of Duty jusqu'à 2h du mat, pourquoi pas?
Donc en effet, cet espace tel qu'il est décrit dans l'article ne fait pas envie, mais l'idée de faire essayer des nouveaux jeux aux enfants et à leurs parents n'est pas si mauvaise que ça (dans un autre lieu qu'une bibliothèque/médiathèque, bien sûr)

Bienvenue sur LVM, Théo.

Je comprends votre agacement à la lecture de mon post mais comprenez celui d'un professeur de lettres. Je veux bien que certains jeux soient plus intelligents que d'autres mais regardez ce reportage (vers 1'45) sur cette médiathèque : faire croire qu'on fait entrer les jeux vidéos dans une bibliothèque "pour faire passer les enfants à la lecture" est un bel exemple de double pensée façon 1984.

vimeo.com/59746681

C'est certainement une "évolution", mais pas un progrès...

Cerise sur le gâteau : devinez quel nom a été donné à cette médiathèque ?


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Et aussi cette Bibliotech du futur ... sans livres ! A lire sur "LivresHebdo.fr" du 14/01/13.

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En fait, ça existe depuis longtemps et ça s'appelle un cyber-café.
Merci à Nadejda. Voir l'article original ici sur la "Bookless library BiblioTech" (sic) : www.mysanantonio.com/community/s ... z2NXhg7f5B