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Les jeux vidéos et la violence
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Le titre me rappelle un article que j'avais moi-même écrit, avec quelques idées similaires : gamingsince198x.fr/entre-nous/les-jeux-v...ivement-pas-violent/Yann Leroux écrit: Les jeux video ne provoquent PAS de l’agressivite chez les enfants et les adolescents
Et de mon côté, il me paraît encore plus simple de ne pas répondre du tout et d'attendre que ça se tasse, ce qui ne devrait pas prendre plus de 3-4 jours.Yann Leroux écrit: La nouvelle est tombée dans la soirée : “Les jeux vidéo provoquent de l’agressivité chez les enfants et adolescents”. Dans mon fil Twitter, elle a d’abord été relayée par BFMTV. Je suis maintenant tagué dans des discussion sur Facebook à ce sujet. Plutôt que de répondre à toutes les questions et de participer a toutes les discussions, il me semble plus simple de le faire sur Psy & Geek (-;
Mouais... j'aime bien Yann Leroux, mais j'ai parfois des problèmes avec les histoires qu'il raconte. Il les raconte bien, ce n'est pas la question, mais par moments, il dit des trucs dont je me demande d'où ils sortent... et comme il n'explique pas lui-même d'où ils sortent, je reste sur ma faim avec des affirmations qui sont pour le moins abracadabrantes.Yann Leroux écrit: Il faut d’abord noter le point positif. il y a pas si longtemps encore, les média français ne s’intéressaient pas aux jeux vidéo. Il fallait des semaines voire des mois avant qu’un média parle d’une étude faite sur ce sujet. Aujourd’hui, la réactivité est presque immédiate. Il suffit qu’une étude soit évoquée sur Science Daily pour qu’on la retrouve sur nos téléviseurs.
Parce que quand il dit qu'il "n'y a pas si longtemps encore les médias français ne s'intéressaient pas aux jeux vidéo", j'ai bien du mal à saisir de quels "médias" ils parlent, et de quelle période exactement. Il y a 15 ans, quand l'association Familles de France a lancé son action contre les jeux "violents", la polémique a duré pendant des mois, relayée par Le Figaro, France-Soir, Libération, et que sais-je encore. L'an dernier, quand la joueuse féministe Mar_Lard a publié son dossier sur le sexisme chez les geeks, elle a été relayée pendant 1 mois par les médias généralistes. Lesquels ont, pour la plupart, un blog "jeux vidéo" où on teste les titres importants et décrypte les tendances du moment (quant à leur qualité, c'est une autre histoire).
Rien de surprenant à cela : quand AFP, Associated Press ou Reuters publient une dépêche, elle est copiée-collée partout, quel que soit le sujet. Si l'AFP annonce que "les jeux vidéo, c'est le bien" (et ils me semblent qu'ils ont dû le faire une fois ou deux), les médias généralistes vont le copier-coller de la même manière. Il me paraît naïf d'en appeler à "l'objectivité" (ha ha !) des journalistes pour ces robinets d'eau tiède que sont les agences de presse.Yann Leroux écrit: Il faut donc féliciter les journalistes pour leur veille sur ce sujet. Malheureusement, cet aspect est largement éclipsé par le traitement fait aux jeux vidéo. Si les journalistes ne peuvent pas faire preuve de bienveillance vis a vis des jeux vidéo, peut être peuvent ils faire preuve d’objectivité ? N’est-ce- pas ce que l’on peut attendre de journalistes ? Or, la brève de BFMTV est un résumé d’une dépéche de l’AFP elle-même traduite d’un billet de ScienceDaily
Quant à la "bienveillance", il me semble qu'on y a eu droit une fois ou deux : à la sortie de la Wii, à l'occasion d'une exposition (Grand Palais ou Cité des Sciences...), après le rapport de l'Académie des Sciences, et j'en passe.
Là, par contre, toute grandiloquence mise à part, je ne peux qu'être d'accord sur le fond. Le fait que "les jeux vidéo violents" deviennent "les jeux vidéo" tout court pose un gros problème. Dans les années 90, et jusqu'au début des années 2000, c'étaient "les jeux vidéo" dans leur ensemble qui étaient montrés du doigt, et quand on avait quelque chose à reprocher aux plus violents d'entre eux (Mortal Kombat, Doom, les premiers GTA...), c'était l'occasion de casser du sucre sur le dos du jeu vidéo (et de son industrie) dans sa globalité. Et c'est d'ailleurs la raison majeure pour laquelle un joueur de jeux vidéo lambda, même s'il ne pratique pas ou très peu les jeux "violents" incriminés, va se sentir visé par ce genre d'articles au titre idiot et racoleur (c'est mon cas), va finir par prendre une critique des seuls jeux "violents" comme une attaque contre "les jeux vidéo" en tant que tels (ça a longtemps été mon cas), et va donc être conditionné à refuser toute critique de son loisir.Yann Leroux écrit: Curieusement, dans la dépêche de l’AFP, “les jeux vidéo violents” deviennent les jeux vidéo. C’est une manipulation du sens qui est vraiment problématique. En ne rendant pas compte des faits, et uniquement des faits, en se livrant à une généralisation abusive, le journaliste – et avec lui l’AFP – contribue à nourrir un climat de méfiance autour des jeux vidéo. En résumant une dépêche AFP sans vérifier la source, le journaliste de BFMTV n’a pas fait son travail. Depuis Albert Londres, le travail de journaliste a t il tellement changé qu’il se limite maintenant à faire suivre des rumeurs ?
Il faut noter que dans les pays anglo-saxons, les médias généralistes font le plus souvent la part des choses entre "violent video games" et "video games", même si la nuance n'est pas comprise par tout le monde. En France, par contre, la confusion est faite sans arrêt. Michel Desmurget et Bruno Harlé m'ont confié il y a longtemps qu'ils ne comprenaient pas qu'on soit incapable de saisir que quand ils disent "les jeux vidéo rendent agressif", ils parlent bien évidemment des jeux "violents". Et naturellement, ils n'ont pas davantage compris que l'hostilité dont ils ont fait l'objet (avec leur article "grandir avec la violence pour modèle", par exemple) venait en partie de là.
... ainsi que pour leurs quelques publications sur les effets positifs des jeux vidéo non-violents et "prosociaux" (quoi qu'on pense de ces études par ailleurs.Yann Leroux écrit: Que dit la recherche ?
La recherche a été menée par Indonésie sur 3000 enfants indonésiens. Elle est signée par 5 auteurs dont deux (Douglas Gentile et Craig Anderson) sont connus pour leurs nombreuses publications sur les effets négatifs des jeux vidéo violents.
Là encore, je suis d'accord, même si Craig Anderson et Douglas Gentile se sont expliqués sur la distinction entre "corrélation" et "causalité". Ici, le problème est l'interprétation idiote qui est faite de leur étude.Yann Leroux écrit: Que peut-ont en conclure ?
La recherche trouve un lien entre une pratique (les jeux vidéo violents) et des comportements. Mais il n’est pas possible de dire que l’un est la cause de l’autre. La corrélation n’est pas une relation de causalité. Il est inexact, même avec cette étude, de conclure que “les jeux vidéo violents produisent des comportements violents”. Il est malhonnête d’écrire que “les jeux vidéo produisent des comportements violents”
Sources ? Qui sont "les psychologues qui travaillent sur cette question" ? Quelles sont ces "études répétées" ?Yann Leroux écrit: Deuxièmement, il existe déjà beaucoup d’études montrant ce type de relation. Pour les psychologues qui travaillent sur cette question, elle n’apporte rien. Nous savons par des études répétées que jouer a des jeux vidéo violents est lié au fait d’avoir des idées, des émotions, et des comportements violents. Nous savons également que la taille de l’effet est modeste, et qu’il n’y a pas de lien entre les jeux vidéo violents et les conduites violentes.
Par ailleurs, l'étude dont on parle ici mesure des effets à long terme, alors que les précédentes mesuraient pour la plupart les effets à court terme. Donc quoi qu'on pense de sa qualité, il y a du nouveau.
Au hasard, par les progrès de la médecine ? Par la politique de "tolérance zéro" adoptée par certaines forces de police ? (à New York, par exemple) Et puis quand on parle de "criminalité juvénile", est-ce qu'il s'agit seulement des meurtres ? Parce que la criminalité, ce sont aussi les agressions non mortelles, et les vols.Yann Leroux écrit: En effet, depuis la généralisation des jeux vidéo dans les années 1995 aux USA, on note une baisse de la criminalité juvénile aux USA. Comment comprendre cette baisse avec la généralisation des jeux vidéo ?
"Consternant", peut-être, mais surprenant, certainement pas. Et puis, ce n'est pas comme si leur dépêche allait changer quoi que ce soit dans le non-débat sur le rapport entre violence et jeux vidéo.Yann Leroux écrit: Il est scandaleux de voir l’AFP trahir volontairement le sens d’un texte qu’elle a traduit. Il est consternant de voir que des journalistes se contente d’un copier-coller.
Il me semble plutôt qu'Anderson et Gentile ont toujours été clairs sur leur volonté de ne pas faire du jeu vidéo (y compris violent) un bouc émissaire. Tout comme ils ont été clairs sur le fait que les causes de la violence étaient multiples, et que ce n'était pas parce qu'on jouait à un jeu "violent" qu'on allait automatiquement sortir dans la rue flinguer tout le monde. Ils ont parfois commis des déclarations maladroites et à l'emporte-pièce. Mais ils ont au moins essayé de rester modérés dans leurs prises de position.Yann Leroux écrit: Par leurs publications, Douglas Gentile et Craig Anderson maintiennent une tension dans l’espace public. Ils contribuent, avec les journalistes, à construire un lien entre les jeux vidéo violents et les conduites violentes. Il construisent ainsi une chimère. Ils jouent sur le mot violence pour laisser entendre que la violence des écrans la violence tout court, et que les comportements violents qui sont corrélés aux jeux vidéo violents sont ces crimes graves que l’ont voit à la télévision.
Encore une fois, une source ou deux pour appuyer cette affirmation n'auraient pas fait de mal. Au hasard, les réfutations du psychologue, Christopher Ferguson, adversaire déclaré de ses collègues Anderson et Gentile.Yann Leroux écrit: Rien n’est plus éloigné de ce que l’on sait par les expériences de laboratoire et les études longitudinales : les jeux vidéo violents ne sont pas la cause des conduites violentes et ils ne conduisent pas devant le juge.
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Du coup j'ai lu votre article avec beaucoup d'intérêt. Merci !Shane_Fenton écrit: Le titre me rappelle un article que j'avais moi-même écrit, avec quelques idées similaires : gamingsince198x.fr/entre-nous/les-jeux-v...ivement-pas-violent/
Notez que - sur un autre sujet que nous avons traité ici - on peut faire le même le même reproche à Yann Leroux concernant les généralisations abusives : de l'affirmation qu'il n'y a pas de consensus scientifique sur l'addiction aux jeux vidéos, il en déduisait... qu'il n'y a pas d'addiction aux "objets numériques".
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Je viens de tomber sur un (bref) contrepoint : projet4270.wordpress.com/2014/04/01/trag...presse-videoludique/
Serait-il possible que les mêmes journalistes spécialisés jeux vidéo, qui vivent de rémunérations induites par le succès global du loisir vidéoludique, puissent, se faisant médiateurs éclairés, parler des dangers supposés liés aux jeux vidéo ? En rappelant par exemple que le jeu vidéo, s’il ne crée pas la violence des plus jeunes certes, peut, dans une certaine mesure, être considéré comme un terrain propice, favorable à l’expression d’une agressivité pré-existante, surtout quand le jeu choisi présente une imagerie violente et que sa pratique semble fréquente et soutenue ? Les mêmes journalistes pourraient-ils rappeler qu’une exposition prolongée à certains jeux d’action (2010) est susceptible de provoquer une altération du fonctionnement du lobe frontal ?
Alors que cette question semble avoir été débattue, et discutée (2008) avec virulence, le simple fait que la question ne soit pas tranchée définitivement et avec certitude nous impose réserve et prudence. D’autant que les travaux menés se sont montrés incapables de prédire les effets sur le long terme, d’autant plus quand on constate que le jeu vidéo évolue vite, que le photo-réalisme espéré n’a jamais été aussi saisissant qu’aujourd’hui et que la surdité des parents à l’égard du PEGI laisse filtrer des jeux inadaptés dans les mains des plus jeunes. Prétendre qu’il n’y a aucun risque potentiel, c’est clairement mettre en hypothèque le développement de nombreux enfants et avec lui celui de nos sociétés futures.
Ne serait-il pas temps qu’il y ait une vraie prise de position adulte sur la question, un journalisme de la maturité, qui ose aborder certains problèmes et confronter les points de vues, sans systématiquement se sentir menacé par ses annonceurs et se sentir obligé de prendre des positions tout aussi abracadabrantes qu’irraisonnées ?
On le comprend assez vite, critiquer le jeu vidéo, révéler ses aspects négatifs, dangereux ou inconnus c’est prendre un risque, pour le journaliste qui en vit, d’inquiéter son public (et son mécène) et de le voir déserter. Alors il faut parfois savoir faire le choix de l’omission, et se référer à une unique vision universitaire ayant pignon sur rue, remarquablement consensuelle et qui – et ça tombe à point nommé – viendrait soutenir l’industrie française et se féliciter de la qualité indéniable, constante et incontestable du jeu vidéo, sa capacité à susciter de la créativité et de l’imagination, à exprimer son individualité librement voire à comprendre et traiter des pathologies (pour aller plus loin, un article du même club de pensée reprenant des discours technophiles typiques des utopies promises par les nouveaux médias). Au pire, GTA les tiendra éloignés des vices de la rue…
(...)
Une dernière chose, je n’agis ni ne parle en adéquation avec un quelconque courant de pensée préexistant. Le jeu vidéo est ma passion, je le côtoie depuis 1985 et je vois en lui de nombreuses qualités. Je souhaite simplement qu’il soit enfin considéré avec sérieux et justesse afin de pouvoir être partagé avec le plus large des publics, sans idées reçues, ni discours utopistes.
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www.lemonde.fr/pixels/article/2018/03/21...5274403_4408996.html
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Curieuse confusion "ado"/"enfant". Mais qu'on se rassure avec cette découverte psychologique : un adolescent est capable de distinguer la fiction de la réalité.
"plusieurs psychologues" choisis parce que promoteurs du jeu vidéo.Le problème n'est JAMAIS le jeu vidéo en soi, d'après plusieurs psychologues
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