- Messages : 18203
"La grande... et la petite Histoire - L'impartialité de Claude Lelièvre"
- Loys
- Auteur du sujet
Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
A lire sur son blog du 13/03/17 : "Financer les écoles hors contrat: une rupture majeure".Dernier exemple récent : sa brève histoire de la carte scolaire, pour le compte du CNESCO[91]. Nulle part Claude Lelièvre n’y évoque cette sidérante entorse historique à la mixité sociale et scolaire depuis 1959 : l’exception de l’enseignement privé, pourtant financé par l'Etat…
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Le financement du privé hors contrat serait en effet une degré supplémentaire dans la ségrégation scolaire, les atteintes à l'école publique comme à la laïcité républicaine. Il est néanmoins plus que curieux de présenter la loi Debré comme un "compromis" acceptable pour la République, et non comme une première "rupture majeure".
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Messages : 733
Sans vouloir nier le prodigieux déni que connaît le monde intellectuel français sur la question de l'enseignement privé, je critique, Loys la phrase ci-dessus :Loys écrit: Dernier exemple récent : sa brève histoire de la carte scolaire, pour le compte du CNESCO[91]. Nulle part Claude Lelièvre n’y évoque cette sidérante entorse historique à la mixité sociale et scolaire depuis 1959 : l’exception de l’enseignement privé, pourtant financé par l'Etat…
- Le financement du privé est institué en 1959, la carte scolaire nait en 1963. Si on trace l'histoire de cette carte scolaire, il n'est pas aberrant de ne pas parler de la loi Debré de 1959.
- Loi Debré comme carte scolaire s'inscrive dans un phénomène plus fondamental, qui est la massification de l'enseignement. Dans le cadre de cette massification, la loi Debré a permis d'éponger les effectifs du baby-boom en réduisant la facture pour l'Etat, qui a donc trouvé son compte, et on peut donc bien parlé de compromis.
- On peut d'autant plus en parler qu'à une époque où l'église catholique romaine avait prouvé sa volonté d'aggiornamento, mais ne l'avait pas encore institué (cela viendrait avec Vatican II), la loi Debré était un pari d'unification des Français, éloignant les écoles subventionnées du sectarisme né avec les spoliations des débuts de la IIIe République.
- les concepts de "mixité sociale" et "mixité scolaire" sont des inventions récentes. La mixité sociale est apparue dans les années 1990, et "mixité scolaire" désignait, y il a un demi-siècle, le mélange des filles et des garçons dans une même classe.
books.google.com/ngrams/graph?content=mi...9%20scolaire%3B%2Cc0
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
Nouveau billet en pleine présidentielle, ciblant deux candidats en position d'accéder au second tour : "Mélenchon et Fillon en opposition sur la question «public»/«privé»" le 14/04/17.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
Les circonstances ont bien changé depuis 1984 et les termes du débat sont bien différent : ce n'est plus tant la laïcité l'enjeu que la ségrégation scolaire.A-t-il perdu de vue, le temps passant, les difficultés qui ont fini par faire échouer le projet de «grand service public unifié et laïque de l'éducation nationale » qui avait été au programme de l'élection présidentielle de François Mitterrand en 1981 et porté par le ministre de l'Education nationale Alain Savary jusqu'à sa démission en 1984. ?
Or retenons qu'il y a une gauche démissionnaire sur cette question de la ségrégation scolaire. Le billet de Claude Lelièvre s'inscrit bien, de ce point de vue, dans la continuité du quinquennat, comme nous l'avons démontré sur LVM . La communication ministérielle ne cherche qu'à occulter cette démission tout en prétendant lutter activement contre les inégalités.
Mais M. Fillon ne s'oppose pas à cette "transhumance", bien au contraire : il l'appelle de ses vœux ! Non seulement l'opposition supposée entre deux extrêmes, M. Fillon et M. Mélenchon, est donc factice mais la position de M. Lelièvre n'est pas si éloignée de celle de M. Fillon !In fine peut-être que les uns ou les autres ne devraient pas oublier que les variations (de faibles ampleurs) des ''parts du marché'' entre public et privé masquent un phénomène massif, le plus important : le « zapping ». Cela fait de nombreuses années que la moitié seulement des familles utilisent le secteur public pour tous leurs enfants. Et il n'y a que 5% des familles qui n'utilisent que le privé pour tous leurs enfants. Presque la moitié des familles ''zappent'' donc entre les deux . Il y a chaque année une ''transhumance d'environ 150000 élèves du public vers le privé, et du privé vers le public..Malheur (politique) à celui qui apparaîtrait comme se mettant en travers de cette ''transhumance'' d'une façon ou d'une autre (en particulier en apparaissant comme favorisant ''outrageusement'' l'un des deux secteurs : ''public'' ou ''privé'') !
Au passage, il est intéressant de noter que M. Lelièvre ne s'inquiète pas de cette "transhumance" quand il s'agit de mettre en place les cycles : 20% des élèves (souvent en difficulté) changent ainsi d'établissement durant leur scolarité au collège.
L'argument (immobiliste) de la "transhumance", déjà évoqué plus tôt cette année par M. Lelievre, est bien celui d'une démission : il revient en effet à cautionner publiquement la ségrégation scolaire (que l'actuel ministère a tout fait pour occulter en prétextant d'autres "ségrégations" dans les établissements scolaires (les classes de niveaux, les sections bilangues, les sections latinistes), dont certaines permettaient justement de lutter contre la ségrégation entre les établissements...
Mais il y a plus grave de la part de l'historien : cette "transhumance" donnée comme naturelle dans un système dual est précisément l'un des effets de cette ségrégation. Le "zapping" montre bien que l'école privée confessionnelle n'a plus grand chose de confessionnel. Son "caractère propre" consiste de plus en plus à constituer un refuge vis à vis d'une école publique qui se dégrade fortement. Les chiffres de la DEPP depuis 1987 en attestent, malheureusement.
Bref, l'argument unique de M. Lelievre fait la démonstration éclatante de ce qu'il s'évertue à faire oublier : la ségrégation scolaire ne cesse de se creuser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide
Claude Lelièvre rend néanmoins hommage à cette ministre qu'il a soutenue pendant tout le quinquennat sur son blog du 01/05/17 : "La jeune ministre a tenu bon la rampe".
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Amusant comme M. Lelièvre reproche, après avoir soutenu le ministère de la majorité précédente malgré son calendrier au pas de charge et son absence de concertation, sa précipitation et son peu de concertation au nouveau ministère. On doit mieux voir du dehors de la vue de Grenelle.
Amusant également comme il interroge le volontarisme de M. Blanquer sur le calendrier scolaire, à défaut d'interroger la pertinence de sa proposition. Et ce pour une raison bien simple : il soutient bien volontiers cette proposition et assurait jusqu'ici le ministère de son soutien (en février 2015 "Une rentrée en août ? Bouh !" ).
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18203
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Quelques commentaires :
D'accord que les inégalités sont le premier problème : mais il n'empêche que "l'égalitarisme" peut également constituer un problème, pour autant qu'on s'entendre sur ce que ce terme signifie, comme nous allons le voir.C'est le cri du cœur poussé par Jean-Michel Blanquer dans le JDD d'hier. On voit que le nouveau ministre de l'Education nationale vient à l'évidence d'une droite ''décomplexée'' : le ''vrai ennemi'' pour lui et les siens, ce ne sont pas les inégalités (pourtant particulièrement lourdes en France selon les résultats réitérés de PISA).
Deux égalitarismes opposés, en somme : l'égalité des chances et l'égalité à l'arrivée. Reste que, dans le second cas, deux points ne sont pas explicités par Henri Wallon :Pour tenter d'y voir plus clair dans les débats sur « l'égalité » en matière scolaire (qui se sont plus embrouillés que démêlés durant la dernière période), le mieux sans doute est de prendre du champ historique et de rappeler la nette distinction faite par Henri Wallon dans sa conférence du 23 mars 1946 entre deux conceptions bien différentes de la « démocratisation » (qui a permis d'orienter clairement la rédaction du célèbre Plan Langevin-Wallon de 1947)..
« Il y a deux façons de concevoir l’enseignement démocratique. Il y a d’abord une façon individualiste qui a prédominé dans la période d'entre les deux guerres : c’est poser que tout enfant, quelle que soit son origine sociale, doit pouvoir, s’il en a les mérites, arriver aux plus hautes situations […]. C’est en fait une conception qui reste individualiste en ce sens que, si les situations les plus belles sont données aux plus méritants, il n’y a pas, à tout prendre, une élévation sensible du niveau culturel pour la masse du pays. Aujourd’hui, nous envisageons la réforme démocratique de l’enseignement sous une forme beaucoup plus générale […]. Car même si c’est un enfant du peuple qui est passé au lycée et a pu accéder à l’enseignement supérieur, il entre dans une société qui n’est plus celle de ses origines. Il bénéficie de ses aptitudes intellectuelles et de son zèle au travail, mais en se déclassant, je veux dire en se déclassant vers le haut. Il y a, par conséquent, une sorte d’écrémage progressif, continu, des classes populaires, qui donnent leurs meilleurs sujets pour occuper les situations les plus élevées, les plus rémunératrices ou seulement les plus propres à rendre fiers ceux qui les occupent. La conception démocratique de l’enseignement qui envisage une élévation totale de la nation quelle que soit la situation occupée, ou plutôt quel que soit le travail et quelles que soient les fonctions qu’auront à accomplir tous les individus de la société, exige – elle - que, selon ses aptitudes, chacun ait accès à la culture la plus élevée ».
En définitive, selon le plan Langevin-Wallon, « l’enseignement doit offrir à tous d’égales possibilités de développement, ouvrir à tous l’accès à la culture, se démocratiser moins par une sélection qui éloigne du peuple les plus doués que par une élévation continue du niveau culturel de l’ensemble de la nation »
- Que signifie, pour tous, accéder "à la culture la plus élevée" et "une élévation totale de la nation" : l'accès de tous "à l’enseignement supérieur" ? On peut en douter car ce serait mépriser toutes les situations, métiers et fonctions qui ne l'exigent pas.
- Par égalité à l'arrivée, Henri Wallon entend "une élévation totale de la nation quelle que soit la situation occupée" : il envisage donc un "accès à la culture la plus élevée", mais pas explicitement une élévation sociale pour tous (c'est-à-dire la réalisation d'un idéal communiste). C'est donc en rester à une "conception qui reste individualiste", la "démocratisation" n'étant que scolaire et pas sociale. Il est vrai que, dans la perspective communiste (Henri Wallon était membre du PCF depuis 1942), toutes les fonctions et situations doivent être d'égale dignité : idéal remarquable, mais qui ne dépend pas du système éducatif, et dont la réalisation en URSS a été source de beaucoup de déceptions.
On pourrait ajouter un troisième "égalitarisme", plus problématique encore que le deuxième : celui qui consiste à donner l'illusion que l'égalité à l'arrivée est atteinte du point de vue scolaire. D'où l'inflation artificielle des diplômes, des mentions, de l'accès au supérieur que nous connaissons. Un égalitarisme de façade en somme, bien loin de plus de l'idéal communiste, puisqu'il méprise ceux qui n'accèdent pas à l'enseignement supérieur.
En somme, pour Claude Lelièvre, la réforme du collège, c'est le plan Langevin-Wallon.Et cela se manifeste par un certain nombre de prescriptions significatives. Par exemple, pour le deuxième cycle (dit d'orientation, de 11 à 15 ans) du Plan Langevin-Wallon, il est affirmé que « d'une façon générale, il semble que l'assujettissement à des options proprement dites doive intervenir seulement dans les dernières années du deuxième cycle, les deux premières années du cycle étant plutôt consacrées à une pédagogie active sous la direction de maîtres peu nombreux. Le passage d'une option à une autre devra toujours rester possible grâce à des méthodes rapides de rattrapage. Le rattrapage sera plus facile si, dans chaque option, les enfants ne sont pas répartis suivant la classe d'enseignement commun à laquelle ils appartiennent ».
Toute ressemblance avec la problématique de ce qui a été appelé récemment « la réforme du collège » serait évidemment tout à fait fortuite. Mais ce n'est pas à l'évidence le problème de Jean-Michel Blanquer, loin s'en faut.
Curieusement, l'opposition de gauche à la réforme du collège (dont celle du PCF) ne pose aucun problème à Claude Lelièvre.
Sur le fond, il est facile de le contredire : Henri Wallon parle "d'assujettissement à des options", ce qui renvoie à l'organisation de filières à partir de treize ans (d'où "Le passage d'une option à une autre"). L'allusion au latin n'a donc aucun sens puisqu'il ne s'agit pas d'une filière, mais d'une option proposée à tous et partout. Un grave contresens historique, en somme. Chose amusante : Henri Wallon estime légitime l'existence de filières à partir de 13 ans : on est encore loin du collège unique...
Le latin proposé à tous (alors qu'il était jusque dans les années 1960 le symbole du collège bourgeois) représente d'ailleurs la réalisation d'une partie de ce que souhaitait Henri Wallon : l'accès "à la culture la plus élevée". Avec un demi-million de latinistes en France, jamais cette culture humaniste n'a été autant démocratisée que depuis la mise en place du collège unique. Mais pour Claude Lelièvre, au lieu de généraliser cet enseignement, il faut le supprimer comme la réforme du collège en avait l'intention. Curieux égalitarisme, non ?
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.