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"Un ancien de l'Education nationale suggère une renversante "nouvelle alliance" avec les collectivités" (CdD)
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Difficile de considérer P.-Y. Duwoye comme "un ancien" lors qu'il était directeur de cabinet du ministre qui a lancé la "Refondation" pendant le quinquennat écoulé, puis recteur jusqu'à mars 2017.Un ancien de l'Education nationale suggère une renversante "nouvelle alliance" avec les collectivités
Et pour changer, écoutons ceux qui en ont été les auteurs.Partant du constat que "ces 30 dernières années, les politiques éducatives ont cruellement manqué d’efficacité", il y avançait déjà l'idée qu'"une nouvelle alliance doit être nouée avec les collectivités".
La décentralisation, la territorialisation (avec la réforme des rythmes scolaires par exemple) : des mesures se présentant pourtant comme progressistes."L’éducation n’est plus forcément nationale"
"De financeurs puis associés, les collectivités veulent désormais devenir co-auteures des politiques éducatives", rapporte Pierre-Yves Duwoye, après avoir rappelé qu'elles participaient, en 2015, à hauteur de 23,5% à la dépense intérieure d’éducation (DIE), contre 14,3% en 1980. "Leurs investissements dans les domaines du bâti, du fonctionnement, de l’équipement, du numérique, leurs aides importantes en dehors de leurs strictes obligations sont plus que jamais totalement indispensables au service public d’enseignement", estime-t-il, soulignant immédiatement que "la hauteur de leur financement masque des disparités très importantes qui font que l’éducation n’est plus forcément nationale, au sens de l’équité entre les territoires et donc entre les élèves".
Il affirme par exemple que "les crédits alloués aux écoles par les 22.000 communes qui en ont une sur leur territoire varient selon un facteur 10". Et que "les moyens des activités péri-éducatives liées aux nouveaux rythmes scolaires présentent la même disparité".
Moins de 1%, plutôt.Pour les collèges et les lycées, "au-delà de leurs obligations, les exemples fourmillent de collectivités s’engageant à fournir gratuitement les manuels scolaires, aidant les élèves pour leurs devoirs, complétant les bourses ou les fonds sociaux ou allouant des moyens aux établissements pour des projets culturels, des aménagements ou des voyages". En matière d’équipement numérique, "depuis 5 ans, le ministère estime que 70.000 élèves et 8.000 professeurs ont accès à un environnement numérique performant, soit moins de 10%".
Au collège, les manuels scolaires sont acquis sur crédit d'Etat.
Pierre-Yves Duwoye estime ensuite qu'il faudrait transférer la compétence "enseignement scolaire" aux EPCI, au cours du prochain quinquennat, dans l'objectif de favoriser le regroupement des écoles.
C'est faire abstraction et de la géographie et de la démographie que d'établir de tels parallèles. M. Duwoye ne fait ici qu'emboîter le pas à l'iFRAP, fondation libérale.Cette idée est largement développée dans son article du 24 avril intitulé "Fédérer les entités d'enseignement en réseaux territoriaux".
Pierre-Yves Duwoye y juge que "les réseaux scolaires français sont beaucoup trop dispersés sur le territoire national, notamment dans le premier degré", ajoutant que "avec environ 52.000 écoles réparties dans 22.000 communes, et plus de 11.000 établissements du second degré, la France bat tous les records des pays développés". Il avance avec prudence que "en se mettant 'au niveau de standards allemands', l’économie serait de 3,17 milliards d’euros dans le primaire et de 7,6 milliards dans le secondaire".
Les "problèmes" sont surtout les surcoûts de ces petites structures.Une loi "SRU" pour imposer la mixité dans les collèges
Autre suggestion décoiffante : "la mixité scolaire (privé compris) pourrait être imposée, si nécessaire, aux collectivités par un dispositif de type SRU". Selon Pierre-Yves Duwoye, "la contrainte ultime de la loi conduira, à n’en pas douter, à des dialogues fructueux". Il faudrait pour cela retravailler la carte des collèges "avec les conseils départementaux", ce qui permettrait par la même occasion de traiter "la question des petits collèges". Car selon lui, "les petites structures posent des problèmes d’organisation (équipe de direction incomplète, équipe enseignante partagée entre plusieurs établissements…) mais surtout ne sont pas les plus performantes pour leurs élèves : ambition des élèves limitée à l’offre locale, poursuite d’études moins bonne…" Sur cette question comme sur d'autre, "garant de l’équité scolaire sur le territoire, l’Etat doit prendre ses responsabilités (...) et ne plus s’en remettre à la seule sagesse des collectivités", estime-t-il.
Pour le reste, on a vu l'efficacité de la loi SRU : "D’après les chiffres 2016, sur les 1 981 communes soumises à la loi SRU, 1 218 communes (contre 1 115 en 2015) ne respectent pas leurs obligations légales".
Quant à la responsabilité des collectivités en matière d’architecture et d’équipement matériel des bâtiments scolaires, il note qu'aujourd'hui "l’architecture de nos écoles primaires notamment n’a pas vraiment évolué depuis deux siècles : de longs couloirs, certes beaucoup plus larges, distribuant sur une série de classes qui se succèdent" avec des salles des professeurs volontairement "exiguës" de par la volonté des syndicats qui parviendraient à "imposer" cette configuration aux collectivités pour que les professeurs "ne soient pas tentés de demeurer trop longtemps dans l’établissement (sic)".
Perspective radieuse...La porte ouverte à l'intrusion des collectivités dans la pédagogie
Aux collectivités qui voudraient "s’inviter dans l’organisation et le fonctionnement pédagogique des écoles et des établissements", il répond qu' "il ne faut pas fermer cette porte, bien au contraire". Il juge au contraire que "les collectivités proposent des initiatives souvent innovantes au service des élèves et qui contribuent à faire bouger l’institution dans ses fonctionnements habituels", qu'elles "ouvrent des possibles sur la culture, le sport, l’environnement… pour des projets à la main des équipes", et cela "selon des modalités d’interventions souples et rapides qui facilitent la vie des établissements (des crédits facilement mobilisables par exemple), que n’a plus toujours l’Etat".
Mais cette invitation aurait une condition : "que les actions menées concourent bien à la réalisation des objectifs et des finalités nationales, qu’elles ne recouvrent pas des opérations de pure communication ou des lubies locales (si, si ! ça existe !) (sic), et que tous aient en tête que 'qui paie les violons, choisit la musique'".
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