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MIA par "EvidenceB"
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twitter.com/T_EvidenceB
EvidenceB est une EdTech créée en 2017 par Thierry de Vulpillières, ex-directeur des partenariats éducatifs chez Microsoft, Catherine de Vulpillières, ENS, ex-professeure Agrégée de Lettres, et Didier Plasse, multi-entrepreneur. Ils ont été rapidement rejoints par Philippe Mero, entré au capital en 2020, ex-associé du Cabinet de conseil international pour l’éducation numérique et par trois experts : Jill Cairns, ex-directrice marketing chez Hachette Education France/international et Eric Groise, serial CTO.
EvidenceB est une entreprise qui propose des ressources pédagogiques adaptatives basées sur la recherche en sciences cognitives et l'intelligence artificielle. Elle s'appuie sur l'éducation fondée sur la preuve et conçoit des assistants pédagogiques pour l'enseignement primaire et secondaire.
Une interface d'essai est en ligne. Nous avons testé Mia en français:
L'intelligence artificielle promise est très décevante : les QCM ne semblent pas appropriées à un niveau de seconde (l'exemple des "phrases inventées"), les banques de questions sont très limitées (une douzaine environ de question par pallier à franchir), quant elles ne sont pas totalement discutables du point de vue de leur conception ou de leurs réponses (parfois fausses : cf supra). Résultat : les mêmes questions sont posées ad nauseam à l'élève (sans même tenir compte de celles qu'il a réussies) jusqu'à ce qu'il réussisse à répondre à toutes (ou presque ?). Or les questions et les réponses étant les mêmes, il suffit de les mémoriser pour progresser.
On peut d'ores et déjà déjà tirer cette conclusion : cet outil n'a rien d'une "intelligence artificielle". L'entreprise EvidenceB surfe sur l'engouement mondial en faisant croire que c'est le cas. "Mia" n'est rien d'autre qu'une vulgaire banque de questions, très mal faite de surcroît.
Au reste, même si ces défauts n'existaient pas, on voit mal en quoi cet outil de QCM apporterait une aide utile en français.
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- Loys
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Voir aussi : evidenceb.fr/articles/evidenceb-et-docap...ux-lyceens-de-france
Sur "BFMTV" du 6/12/23 : "Qu'est-ce que MIA, l'outil d'intelligence artificielle déployé par Gabriel Attal à tous les lycéens?"
Raphaël Grably
Le système, développé par l'entreprise EvidenceB, sera disponible pour tous les lycéens de seconde, dès septembre 2024. Il doit les accompagner en français et en mathématiques.
"Modules interactifs adaptatifs" ou "MIA". C'est le nom de l'outil dont le déploiement a été annoncé ce 5 décembre par le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal. Mis au point par l'entreprise EvidenceB, le système (MIA Seconde, de son nom complet) prend la forme d'une application. Elle sera à disposition de l'ensemble des quelque 800.000 élèves de seconde, en septembre 2024, et dès février 2024 pour 200.000 d'entre eux.
"Tous les élèves entrant au lycée seront désormais accompagnés, à la maison, d’un outil d'IA de remédiation ou d’approfondissement en français et en mathématiques" précise le mail de Gabriel Attal, consulté par Tech&Co.
Une fois l'application ouverte, l'élève est invité à réaliser un test de positionnement, qui prend la forme d'une série de questions en français et mathématiques, afin de définir son niveau à un instant T. Il peut également entrer les résultats du test de positionnement réalisé en classe par tous les lycéens lors de leur entrée en seconde.
Une fois cette étape passée, l'application propose des milliers d'exercices, toujours dans les deux matières. Et c'est la progression de l'élève qui va être articulée par l'intelligence artificielle, grâce à un "algorithme de renforcement".
Apprentissage automatique
"Lorsqu'un élève a terminé un exercice, l'algorithme va ensuite lui présenter l'exercice qu'il juge le plus pertinent dans sa progression, sans que ce soit forcément linéaire. Un élève n'aura jamais la même suite d'exercices qu'un autre" explique Thierry de Vulpillières, cofondateur d'EvidenceB, à Tech&Co.
Par ailleurs, l'intelligence artificielle va pouvoir s'évaluer elle-même, grâce à un processus apprentissage automatique. Notamment pour déterminer si l'enchaînement des exercices qui a été proposé a permis à un élève de progresser plus rapidement. En analysant les données de l'ensemble des élèves, l'algorithme pourra automatiquement faire évoluer ses recommandations.
"La machine fait progresser chaque élève, et chaque élève fait progresser la machine" ajoute Thierry de Vulpillières.
En plus du mode classique (baptisé "Solo IA"), l'application propose des outils plus classiques, comme des tutoriels vidéo, un mode atelier (à utiliser par le professeur en classe), ou encore un mode duo pour réaliser des exercices en binôme. Les données liées à la progression des différents élèves sont ensuite accessibles aux enseignants, par le biais d'un tableau de bord.
Le fondateur d'EvidenceB assure que ces outils, dont le fonctionnement est basé sur des travaux effectués des chercheurs en sciences cognitives, sont les plus à même de faire progresser la France dans le classement PISA, qui accuse un retard de plus en plus important.
Malgré le déploiement de MIA Seconde à l'ensemble des élèves, le cabinet de Gabriel Attal assure à Tech&Co qu'il ne sera pas obligatoire.
Raphaël Grably
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L'article de Nicolas Six mérite quelque commentaires.
Il fait le constat - presque un an après - que "Mia" ne relève pas de l'"intelligence artificielle". Mais au lieu de signaler que le produit a été vendu comme tel de façon trompeuse (il suffit de consulter les titres de presse la concernant ), le titre de l'article maintient qu'il relève de l'intelligence artificielle mais serait peut-être "obsolète"...
Ce qui revient donc à ne pas proposer les mêmes apprentissages à tous. Curieux progrès...C’est un défi vieux comme l’éducation : adapter les apprentissages à chaque élève plutôt qu’imposer la même leçon aux meilleurs comme aux moins bons.
Accessoirement, ce "défi" de la personnalisation des apprentissages n'est pas "vieux comme l'éducation", mais relève d'une aspiration plutôt récente dans l'histoire de la pédagogie.
Où l'on voit que l'effet d'annonce ne profitait pas qu'à la communication publicitaire d'"EvidenceB" mais également à la communication politique du ministre :Gabriel Attal a annoncé en 2023 le déploiement d’un tuteur numérique, Mia Seconde, auprès de 800 000 élèves de lycéens en classe de seconde – une classe d’âge presque entière – en soutien des cours de mathématiques et de français à compter de la rentrée 2024. Ses successeurs au ministère de l’éducation nationale ont minoré cette ambition : « Mia Seconde n’est proposé qu’à quelques dizaines de milliers d’élèves pour le moment », observe Catherine de Vulpillières, la cofondatrice d’EvidenceB
L'article du "Monde" présenterait un outil "complexe" capable de proposer un "parcours personnalisé". Ce que nous avons testé plus haut montre tout le contraire : "Mia" n'est qu'une vulgaire banque de questions, au demeurant très mal faite.
Comme souvent, dans le numérique éducatif, une mode en chasse une autre. Les investissements massif, eux, ne s'évanouissent pas pour tout le monde.Le choix d’un logiciel basé sur cette technologie peut surprendre car la popularité de l’apprentissage adaptatif est en berne chez les experts en apprentissage numérique depuis 2017 – selon un sondage mené par le cabinet d’études Opensesame. Des start-up médiatiques des années 2000 et 2010, comme Knewton et Amplify, ont été revendues pour des sommes très modestes.
Voilà donc les "outils clés" de l'avenir pour "élever le niveau des élèves"...« Trop de systèmes déployés sont trop basiques ou mal fondés sur le plan théorique », pointe Fien Depaepe, professeure au Centre pour la psychologie pédagogique et la technologie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique.
Pour d’autres experts interrogés par Le Monde, l’adaptive learning souffre de problèmes plus profonds. Christophe Jeunesse regrette que ces cours soient désincarnés et « imposent leurs exercices plutôt que de les proposer ». Jan L. Plass, professeur à l’université de New York, membre du consortium pour la recherche et l’évaluation des technologies avancées dans l’éducation, se rappelle que ses propres enfants ont utilisé un système semblable à Mia Seconde : « C’était la chose la plus pénible que leur prof pouvait leur assigner. Ça enlève toute la vie du processus d’apprentissage. »
Dans le cas de "Mia", nous avons vu que ce n'est même pas le cas...Selon ce fin connaisseur de l’apprentissage adaptatif, cette technologie ne répond que très partiellement à la problématique de l’individualisation : « Elle s’adapte uniquement au niveau de connaissance de l’élève...
Deux questions ici : quelle intelligence en serait capable ? Et quel sens de comparer avec un "tuteur" puisqu'on parle de classes ?...pas à ses émotions (frustration, ennui, etc.), ni à ses préférences d’apprentissage (actif/passif, abstrait/concret, etc.), par exemple. Elle répète en boucle la même façon d’apprendre, même après trois échecs, quand un tuteur humain tenterait une approche pédagogique radicalement différente. »
Les mêmes, avec les mêmes réponses : nous en avons fait l'expérience plus haut. Pourquoi se contenter d'une vidéo de communication publicitaire ?La vidéo de démonstration de Mia Seconde, publiée par la région académique Ile-de-France, montre que l’outil peut poser plusieurs fois de suite une question très proche.
L'article s'interroge sur l'efficacité de ces outils. Pour Pierre-Yves Oudeyer, le fournisseur du principal algorithme de Mia Seconde : "Il faudra par exemple enquêter sur les besoins et contraintes des enseignants".
Oui, il aurait même peut-être fallu par consulter les enseignants avant !
Peu importe l'efficacité aujourd'hui : pour Christophe Jeunesse, "cette technologie va commencer à tenir ses promesses, il va y avoir un rebond d’intérêt".
Mais, pour l'auteur de l'article, si "Mia" relève de l'"adaptative learning" plus que de l'intelligence artificielle, les critères de l'appel d'offre de l'Education nationale ont été "sagaces". L'algorithme de "EvidenceB" est ouvert (même s'il a fallu saisir la CADA pour les obtenir, cf supra...), issu de travaux d'universités partenaires, il est "relativement jeune et innovant" et conçu par "des experts en pédagogie".
Enfin, la bonne marche des sciences de l’éducation a été respectée : l’outil a été expérimenté dans huit académies avant de faire l’objet d’une évaluation à plus grande échelle depuis la rentrée, par le laboratoire indépendant J-PAL. Interrogés par Le Monde, les experts Jan L. Plass et Fien Depaepe n’ont qu’un reproche à adresser à Mia Seconde : l’algorithme étant entraîné sur des enfants de 8 ans, il leur paraît imprudent de le transposer à des élèves de 15 ans.
Une évaluation très récente, donc, dont on serait curieux de lire le compte-rendu.
Peu importe puisque le déploiement est encouragé :
Ce qui n’empêche pas Jan L. Plass, le plus sceptique des experts interrogés, de juger positivement son déploiement : « Il faut lancer des projets à hauts risques mais à hauts bénéfices potentiels. »
Nicolas Six, l'auteur de l'article, s'inquiète néanmoins du retard par rapport à l'intelligence artificielle.
Question : l'apprentissage avec la version simplifiée est-il bien le même ?Quelques enseignants se saisissent déjà de ChatGPT. « Quand je donne un extrait de roman aux meilleurs élèves, je lui demande d’en rédiger une version simplifiée pour les autres », témoigne ainsi Delphine Moreau, qui enseigne à des enfants neuroatypiques aux niveaux très disparates.
Un grand progrès pédagogique, n'en doutons pas !Aux Etats-Unis, l’application Gauth, numéro un des téléchargements de la rubrique « Education » dans le magasin d’applications d’Apple, permet de photographier un problème de mathématiques, de physique ou de chimie pour obtenir une réponse découpée en plusieurs étapes. L’application est éditée par ByteDance, la maison mère de TikTok.
L'article se termine - heureusement - par un certain scepticisme sur les vertus pédagogiques des IA.
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