MIA par "EvidenceB"

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06 Déc 2023 21:42 #24860 par Loys
MIA par "EvidenceB" a été créé par Loys
evidenceb.fr/

twitter.com/T_EvidenceB

EvidenceB est une EdTech créée en 2017 par Thierry de Vulpillières, ex-directeur des partenariats éducatifs chez Microsoft, Catherine de Vulpillières, ENS, ex-professeure Agrégée de Lettres, et Didier Plasse, multi-entrepreneur. Ils ont été rapidement rejoints par Philippe Mero, entré au capital en 2020, ex-associé du Cabinet de conseil international pour l’éducation numérique et par trois experts : Jill Cairns, ex-directrice marketing chez Hachette Education France/international et Eric Groise, serial CTO.

EvidenceB est une entreprise qui propose des ressources pédagogiques adaptatives basées sur la recherche en sciences cognitives et l'intelligence artificielle. Elle s'appuie sur l'éducation fondée sur la preuve et conçoit des assistants pédagogiques pour l'enseignement primaire et secondaire.

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Une interface d'essai est en ligne. Nous avons testé Mia en français:



L'intelligence artificielle promise est très décevante : les QCM ne semblent pas appropriées à un niveau de seconde (l'exemple des "phrases inventées"), les banques de questions sont très limitées (une douzaine environ de question par pallier à franchir), quant elles ne sont pas totalement discutables du point de vue de leur conception ou de leurs réponses (parfois fausses : cf supra). Résultat : les mêmes questions sont posées ad nauseam à l'élève (sans même tenir compte de celles qu'il a réussies) jusqu'à ce qu'il réussisse à répondre à toutes (ou presque ?). Or les questions et les réponses étant les mêmes, il suffit de les mémoriser pour progresser.

On peut d'ores et déjà déjà tirer cette conclusion : cet outil n'a rien d'une "intelligence artificielle". L'entreprise EvidenceB surfe sur l'engouement mondial en faisant croire que c'est le cas. "Mia" n'est rien d'autre qu'une vulgaire banque de questions, très mal faite de surcroît.

Au reste, même si ces défauts n'existaient pas, on voit mal en quoi cet outil de QCM apporterait une aide utile en français. 

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06 Déc 2023 21:44 - 06 Déc 2023 22:06 #24861 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet MIA par "EvidenceB"
Le "logiciel souverain" choisi par le ministère pour tous les élèves de seconde en 2024 : www.laviemoderne.net/veille/vers-l-ecole...ecole?start=20#24851

Voir aussi : evidenceb.fr/articles/evidenceb-et-docap...ux-lyceens-de-france

Sur "BFMTV" du 6/12/23 : "Qu'est-ce que MIA, l'outil d'intelligence artificielle déployé par Gabriel Attal à tous les lycéens?"

Attention : Spoiler !



 
Dernière édition: 06 Déc 2023 22:06 par Loys.

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29 Oct 2024 10:43 - 29 Oct 2024 12:47 #25279 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet MIA par "EvidenceB"
Dans "Le Monde / Pixels" (abonnés) du 29/10/24 : "MIA Seconde : à l’heure de ChatGPT, le tuteur sous intelligence artificielle de l’éducation nationale est-il déjà obsolète ?"

Ce message contient des informations confidentielles

L'article de Nicolas Six mérite quelque commentaires.

Il fait le constat - presque un an après - que "Mia" ne relève pas de l'"intelligence artificielle". Mais au lieu de signaler que le produit a été vendu comme tel de façon trompeuse (il suffit de consulter les titres de presse la concernant ), le titre de l'article maintient qu'il relève de l'intelligence artificielle mais serait peut-être "obsolète"...

C’est un défi vieux comme l’éducation : adapter les apprentissages à chaque élève plutôt qu’imposer la même leçon aux meilleurs comme aux moins bons.

Ce qui revient donc à ne pas proposer les mêmes apprentissages à tous. Curieux progrès...

Accessoirement, ce "défi" de la personnalisation des apprentissages n'est pas "vieux comme l'éducation", mais relève d'une aspiration plutôt récente dans l'histoire de la pédagogie.

Gabriel Attal a annoncé en 2023 le déploiement d’un tuteur numérique, Mia Seconde, auprès de 800 000 élèves de lycéens en classe de seconde – une classe d’âge presque entière – en soutien des cours de mathématiques et de français à compter de la rentrée 2024. Ses successeurs au ministère de l’éducation nationale ont minoré cette ambition : « Mia Seconde n’est proposé qu’à quelques dizaines de milliers d’élèves pour le moment », observe Catherine de Vulpillières, la cofondatrice d’EvidenceB

Où l'on voit que l'effet d'annonce ne profitait pas qu'à la communication publicitaire d'"EvidenceB" mais également à la communication politique du ministre :

Attention : Spoiler !


L'article du "Monde" présenterait un outil "complexe" capable de proposer un "parcours personnalisé". Ce que nous avons testé plus haut montre tout le contraire : "Mia" n'est qu'une vulgaire banque de questions, au demeurant très mal faite.

Le choix d’un logiciel basé sur cette technologie peut surprendre car la popularité de l’apprentissage adaptatif est en berne chez les experts en apprentissage numérique depuis 2017 – selon un sondage mené par le cabinet d’études Opensesame. Des start-up médiatiques des années 2000 et 2010, comme Knewton et Amplify, ont été revendues pour des sommes très modestes.

Comme souvent, dans le numérique éducatif, une mode en chasse une autre. Les investissements massif, eux, ne s'évanouissent pas pour tout le monde.

« Trop de systèmes déployés sont trop basiques ou mal fondés sur le plan théorique », pointe Fien Depaepe, professeure au Centre pour la psychologie pédagogique et la technologie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique.
Pour d’autres experts interrogés par Le Monde, l’adaptive learning souffre de problèmes plus profonds. Christophe Jeunesse regrette que ces cours soient désincarnés et « imposent leurs exercices plutôt que de les proposer ». Jan L. Plass, professeur à l’université de New York, membre du consortium pour la recherche et l’évaluation des technologies avancées dans l’éducation, se rappelle que ses propres enfants ont utilisé un système semblable à Mia Seconde : « C’était la chose la plus pénible que leur prof pouvait leur assigner. Ça enlève toute la vie du processus d’apprentissage. »

Voilà donc les "outils clés" de l'avenir pour "élever le niveau des élèves"...

Selon ce fin connaisseur de l’apprentissage adaptatif, cette technologie ne répond que très partiellement à la problématique de l’individualisation : « Elle s’adapte uniquement au niveau de connaissance de l’élève...

Dans le cas de "Mia", nous avons vu que ce n'est même pas le cas...

...pas à ses émotions (frustration, ennui, etc.), ni à ses préférences d’apprentissage (actif/passif, abstrait/concret, etc.), par exemple. Elle répète en boucle la même façon d’apprendre, même après trois échecs, quand un tuteur humain tenterait une approche pédagogique radicalement différente. »

Deux questions ici : quelle intelligence en serait capable ? Et quel sens de comparer avec un "tuteur" puisqu'on parle de classes ?

La vidéo de démonstration de Mia Seconde, publiée par la région académique Ile-de-France, montre que l’outil peut poser plusieurs fois de suite une question très proche.

Les mêmes, avec les mêmes réponses : nous en avons fait l'expérience plus haut. Pourquoi se contenter d'une vidéo de communication publicitaire ?

L'article s'interroge sur l'efficacité de ces outils. Pour Pierre-Yves Oudeyer, le fournisseur du principal algorithme de Mia Seconde : "Il faudra par exemple enquêter sur les besoins et contraintes des enseignants".

Oui, il aurait même peut-être fallu par consulter les enseignants avant !

Peu importe l'efficacité aujourd'hui : pour Christophe Jeunesse, "cette technologie va commencer à tenir ses promesses, il va y avoir un rebond d’intérêt".

Mais, pour l'auteur de l'article, si "Mia" relève de l'"adaptative learning" plus que de l'intelligence artificielle, les critères de l'appel d'offre de l'Education nationale ont été "sagaces". L'algorithme de "EvidenceB" est ouvert (même s'il a fallu saisir la CADA pour les obtenir, cf supra...), issu de travaux d'universités partenaires, il est "relativement jeune et innovant" et conçu par "des experts en pédagogie".

Enfin, la bonne marche des sciences de l’éducation a été respectée : l’outil a été expérimenté dans huit académies avant de faire l’objet d’une évaluation à plus grande échelle depuis la rentrée, par le laboratoire indépendant J-PAL. Interrogés par Le Monde, les experts Jan L. Plass et Fien Depaepe n’ont qu’un reproche à adresser à Mia Seconde : l’algorithme étant entraîné sur des enfants de 8 ans, il leur paraît imprudent de le transposer à des élèves de 15 ans.



Une évaluation très récente, donc, dont on serait curieux de lire le compte-rendu.

Peu importe puisque le déploiement est encouragé :

Ce qui n’empêche pas Jan L. Plass, le plus sceptique des experts interrogés, de juger positivement son déploiement : « Il faut lancer des projets à hauts risques mais à hauts bénéfices potentiels. »


Nicolas Six, l'auteur de l'article, s'inquiète néanmoins du retard par rapport à l'intelligence artificielle.

Quelques enseignants se saisissent déjà de ChatGPT. « Quand je donne un extrait de roman aux meilleurs élèves, je lui demande d’en rédiger une version simplifiée pour les autres », témoigne ainsi Delphine Moreau, qui enseigne à des enfants neuroatypiques aux niveaux très disparates.

Question : l'apprentissage avec la version simplifiée est-il bien le même ?

Aux Etats-Unis, l’application Gauth, numéro un des téléchargements de la rubrique « Education » dans le magasin d’applications d’Apple, permet de photographier un problème de mathématiques, de physique ou de chimie pour obtenir une réponse découpée en plusieurs étapes. L’application est éditée par ByteDance, la maison mère de TikTok.

Un grand progrès pédagogique, n'en doutons pas !

L'article se termine - heureusement - par un certain scepticisme sur les vertus pédagogiques des IA.
Dernière édition: 29 Oct 2024 12:47 par Loys.

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