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"Refus de l’école : fausses raisons et vrai malaise" (Esprit)
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Considérer Jean-Claude Milner et Alain Finkielkraut comme des "idéologues"... Et laisser penser qu'ils ont eu la moindre influence sur l'évolution de l'école depuis les années 80...Pas si sûr, car l’un des mots d’ordre de cette mobilisation est « nous demandons à l’école d’instruire, pas d’éduquer », soit très exactement celui qui avait été au coeur de l’offensive instructionniste conduite contre la rénovation pédagogique, dans les années 1980, par plusieurs idéologues dont Jean-Claude Milner, Alain Finkielkraut, etc., qui avait trouvé une oreille complaisante dans la personne de Jean-Pierre Chevènement et qui a servi ensuite de ciment idéologique au paradigme laïciste cherchant à bannir de l’école toute manifestation d’appartenance ou de convictions. Nous nous réservons donc bien des surprises dans le constat des convergences idéologiques !
Curieuse façon de former des esprits "libres" en commençant par les asservir à Internet.Or l’école publique se doit d’éduquer, car sa tâche n’est pas d’abord (et de moins en moins, il y a l’internet pour cela) de transmettre des connaissances, mais de former des esprits libres et critiques.
On ne peut être que déçu de voir "Esprit" donner prise à cette image d’Épinal qui ferait de l'école un vaste entonnoir à connaissances rendu dispensable et même inutile par Internet, comme si la transmission des connaissances se résumait à un simple acte d'enregistrement. Et comme si un esprit pouvait devenir "libre et critique" sans acquisition (au sens complexe) de connaissances. On est très proche de Michel Serres et de sa "petite Poucette" sans tête, d'un enseignement se résumant à une "éducation aux médias". Bientôt "Esprit" défendra, comme "France Culture", l'entrée de l'ordinateur dans la classe et le renoncement de l'école à sa mission, l'instruction.
A relire et méditer :
Dans CINQ MÉMOIRES SUR L'INSTRUCTION PUBLIQUE, I, 1, Condorcet écrit: Il est impossible qu'une instruction même égale n'augmente pas la supériorité de ceux que la nature a favorisés d'une organisation plus heureuse.
Mais il suffit au maintien de l'égalité des droits que cette supériorité n'entraîne pas de dépendance réelle, et que chacun soit assez instruit pour exercer par lui-même et sans se soumettre aveuglément à la raison d'autrui, ceux dont la loi lui a garanti la jouissance. Alors, bien loin que la supériorité de quelques hommes soit un mal pour ceux qui n'ont pas reçu les mêmes avantages, elle contribuera au bien de tous, et les talents comme les lumières deviendront le patrimoine commun de la société.
Ainsi, par exemple, celui qui ne sait pas écrire, et qui ignore l'arithmétique, dépend réellement de l'homme plus instruit, auquel il est sans cesse obligé de recourir. Il n'est pas l'égal de ceux à qui l'éducation a donné ces connaissances ; il ne peut pas exercer les mêmes droits avec la même étendue et la même indépendance.
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Le renoncement à l'instruction, il est là, franc et massif. Un bémol toutefois : il ne s'agit pas de la position d'Esprit, mais de celle de Joël Roman. Sur l'éducation, Esprit a des positions plus prudentes, même si elles penchent dans cette direction-là.Loys écrit: Bientôt "Esprit" défendra, comme "France Culture", l'entrée de l'ordinateur dans la classe et le renoncement de l'école à sa mission, l'instruction.
Du côté des cuisines, il faudrait faire l'histoire de la relation de Finkielkraut avec Esprit. Cela commencerait avec Domenach, directeur de la revue, qui choisit Finkielkraut pour lui succéder à Polytechnique. Il y aurait la Croatie, l'affaire Lindenberg, et plus récemment Finkie laissant son poste à Mickaël Foessel. Et l'histoire continue...
Plus fondamentalement, il conviendrait d'étudier les influences croisées entre Esprit et la République des idées. Et pour le coup, à la République des idées, on entretient sur l'éducation des idées qui ne sont pas ce que l'on appelle républicaines.
Pour en revenir à ce texte de Joël Roman, il est surtout naïf et inconséquent, mais il ne brille pas non plus par sa bienveillance vis-à-vis des enseignants.
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